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1 \

S P 1

deux fujers dilfércns,

~onr

1'un

~ir_

une eonnoillancc

infinie d'un ob¡er,

&

1

aurre n'en a1r qu'une conno!l–

fance finie . L :t- connoiflance infinie du premier ne

donne point l'excluGon

a

la connoil!'ance finie du fe–

cond . De ce qu'un erre connoir roures les proprié-

. tés

&

rous les rapporrs d'une chofe, ce n·en pas une

raifon, pour qu'un aurre n'en puille du-moins faifir

quelques rapporrs

&

quelques propriérés. Mais, dira

Epinojñ

,les degrés de connoil!'ance qui fe rrouvenr dans

l'~cre

fini, n'éranc poi

m

ajourés

~

cette connoil!'ance

que nous fuppofons infinie, elle ne peur

1"1>

l'érre.

Pour répondre

a

cette objeélion , qui n•en qu'une

pure équivoque, jc demande,

ti

les degrés de

13

con–

noil!'ance linie ne fe rrouvcnr pas

d~ns

la connoif–

fance inlinie, on ne fauroir le nier. Ce ne !eroir pas

il

la vériré les

~~mes

de<Trés numériques, mais ce fe–

ronr les mi!mes fpécifiqueme,nr, c•en-i\-dire, qü'ils fe–

ronr femblables . Or il n'en faur pas d,tvanrage pour

la connoillance infinie. Quanr aux dea rés inlinis donr

elle en compofée on ajou reroir encore rous les de–

grés qui fe. rrouvenr épars

&

défunis dans mures les

connoillances finies, elle n'en deviendroir pas plus

parfaire ni plus érendue . Si j'avois préc::ifémenr le

mlme fonds de connoiffitnces que vous fur quelqu'

objer, en deviendrois-je plus h:tbile

&

mes lumieres

plus érendues , paree qu'on ajomeroir vos connoif–

fances numérique5

:1

celles que je pollede déja? Vos

connoil!'ances

~ranr

abfolu01enr femblables aux mien–

nes, cert'e

r~péririon

de la meme fcience ne me ren–

droir pas plus favJnt. D one une connoil!'ance infinie

n 'exigt" poim les degrés finis des anrres connoillan–

ces; done une chofe n•en pas précifémenc finie, paree

qu'il exlne d'aurres

~eres

de la

m~

me narure.

Ses raifonnemens fur l'inlini ne fonr pas plus ju–

fies.

Il

appelle

i11ji1Ji ,

ce done o

o

nc peur rien nier,

&

ce qui renferme: en foi formellemenr mures les réa–

lirés pollibks. Si on lui pal1'e cerre défin irion, i

1

en

cla ir qu'il lui fera aifé de prouver qu'il n'y a dan

le monde qu'une fubnanc::e unique,

&

que cerre

fubnance en O ieu,

&

que

ro

ures les chofes íonr les

mudes de ce¡re fnbllance. Mais comme il n'a pas

prouvé cerre définirion,

rour

ce qu'il barir defi;us,

n'a qu'un fondemenr ru ineux • P our que D ieu

fojr

inlini,

il

n•en pas nécel!'aire qu'il

rcnferme en lui

toures le5 réal¡rés pollibles qui fonr finies

&

bornées,

mais feulemenr

les

réalirés

&

perfeélions pollibles

qui fom immenfes

&

inlinies: ou,

ti

l'on veur, pour

parler le langage ordimire de l'école, qu'il renferme

éminemmenr mures

les réalirés

&

les perfeélions

po$bles ; c'en-

a-

dire , que roures

les perfeélions

&

réa lirés qui

fe

renconrrenr dans les

individus

de chaque

~rre

que D ieu peu c former, fe rrouvenr

en luí daos un degré éminenr

&

fouverain: d'ou il

ne s'enfuir pas que la fubnance

de

D ieu

r~nferme

la fubnance des individus !(mis de fes mains.

Les axiomes de

Spi11ofi¡

ne lonc pas

m

ins faux

&

caprieux que fes déliniríons: cho"lillrms ces deux qui ,

fonr les principaux:

La co1lnoi!f!!nce de I'•Jfet drpmd

Je la connoi/Tancc de la •·a,¡fl,

&

la ret¡{erme

1Jéc~({airement: De.r chqfos

qtti

n'ont rieJt de

coJit'J~ml

e11tre

e/les,

ne pe!IVmt.férvir

a

fl

foire

CUIJIJ01re 1JIIItt1el/e–

tntllt .

On lenr rour-d'un-cou,p le caprieux de ces deux

axiomes ;

&

pour cnmme!lcer par le prem ier , voici

comme je raifonne. On peur contirlérer l'effer de deux

manieres, en-tanr qu'il en formellemenr

Ull

elfet, OU

marériellemenr, c•en.a,dire, rouc limplemenr, en–

ranr qu'il ell en

lui-m~me.

ll

en vrai que l'ef{er con–

fidéré fo¡·mellemenr .comme effer, ne peur én:e oonnu

féparémenr d!! la caule, lefon cer axiome des écoles,

eon·etat{l fo1)t

./imul

cog11itio11e

.

M

1is

íi

vous

prl)ne~

l'effer en lui-me!lle, il peur

~rre

coqnu par

lui-~~me.

L'ax.i,bme de

Spmo(a

ell done caprieux , en ce qu'il

pe diniC1gU.e pas entre

1es

différenres ml\nieres donr

011

peur

'envífager

l'effer. D 'ailleurs, quand

S

pi:..

rzofñ

dir qu¡:_

la connoiffimce de

l'effet dépend

de

la conóoil!'ánce de la ca,ufe

&

qtl'elle la

renf~rme,

:veuf;il dire .que la

connoiff~n<;~

de l'effer enrra)–

ne nécel!'airemenr une cÍqnooillanc,e parfaire

9e

la

caufe : Mais en

ce fen> ,

l'a~iOI]le

en

~r~s-f~u

,

puifqu~

l'etfet ne conrieor pas roures les perfeaiqns

de l'! ' cau(e, qu'il peur avoir une

n~rure rr~s-9ilfé.

l'ente de la tienne : favoic

ti

1~

caufe agir par fa feulf!

,olqnré; qr tel

[er~ l'c;tf~t ~q'jl p~aira

a

1:¡_

,volg

~e

le prQduire . Mais.

ii S¡¡'-nif

o

pr<~~end

teuleo¡ent;

que l'idé.e de l'effec en

relarí.ve

¡¡

l'idée de la

cá\lfe,

l'a ~iol]le

de

Spinq(a

ef

l vra~ 'al

ors, mais inurile aú

J>~r

9u'il

fe

.p.ropofe ;

i:~r ;

¡:11

parrant de ·.,e

prin~ '

cipe,

i1

!l,e ti',ouvera' jamai:> qu'une fubfiance n'en

S P 1

39~

puille produire une •aurre donr la narure

&

les arrri–

bucs fcronr différens.

~e

dis plus : de ce que l'idée

de l'effer en relarive

a

l'idée de la caufe, il s'en–

fuir dans les príncipes de

Spinqfo,

qu'une fubnance

douée d'arrriburs différens peur

~rre

la caufe d'une

aurre [pbnance • Car

Spi11ojñ

reconnolr que deux

chofes donr l'une en caufe de l'aurre. íervenr mn–

ruellemenr .

a

[e

faire connoirre: or,

ti

l'idée de l'ef–

f~r

en relarive

a

l'idée de

11

caufe' il en éyident

que

deu~

fubnan ces de drfférent arrribur pourronr fe

faire ' connolrre réciproquement' pourvu que l'une

foir la caufe de l'aurre, non pas qu'elles aienr une

r¡¡~me

narure

&

les

m~mes

arrriburs, puifqu'on les

f¡¡ppoíe differens; mais par le rapporr qu'il y a de

la caufe ii l'effer. Pour l'aurre axiome, il n'en pas

moins faux, ,que le

pn~cédenr:

car, qua(ld

Spinofo

dir,

que les chp(es qui n'onr rien de commun en rre ell es,

11e

peuvenr fervir

i\

(a

faire connoirre

réciproq ue–

menr;

par le mo

r de

commun,

il cnrend une meme

norure

fpécifi9.ue

. Or l'axiome prjs en ce fcns, en

rres-fa

ux.; puifqu

e' foir les arrriburs géneriques' foit

la

relarion ele la ca ule

ii

l'effcr, peuvent les faire

connoirre les uos par les aurrcs.

Examinaos mainrenanr les principales propotirions

qui formen c le

fyn~me

de

Spi>Jo.fit .

[1

dir dans fa le–

conM, que

de!IX .fi!bfla>zces 11)/a/1& des attribllt>·

d~tf.¿l'e/1$ ,

tz'o11& rtm

d~

commun mtr'elle4'.

Dans la dé–

monnrarion de cerre propotirion, il n'al legue d'aurre

preuve que la délini rion qu'il a donnée de la fubna n–

ce, laquelle éranr faufle, on n'en peur rico légirime–

menr con

el

ure,

&

par conféqucnr cerre propotirion

en nulle. Mais

a

fin d'en faire mieux

.::omprendre le

faux, il n'y a qu'ii contidérer l' exrnence

&

l'el!'ence

d'one chofe pour découvrir ce fophifme. Car,

pu i!~

que

Spinq(a

convi"ent; qu'il y

a

deux for res d'exinen–

ce, l'une nécel!'aire

&

l.'aurre qui ne l'en pas; il s'en-

fuit que dcux fuhnances qui auronc différens arrribucs,

comme l'érendue

&

la penfée, conviendronr enrr'elles

1

daos une 'exi(lence ele méme

e(

pece, c'en-a-dire ,

qu'elles feronr 'lemblables en ce que l'une

&

l'aurre

' n'exillerour pas néce11'airemenr, mais feulemenr par

la verru d'une caure qui les aura produires. Deu> ef–

fet~ces

ou deux [ubnances P.arfai remenr

femblables

dans leurs propriérés el!'enrielles, fcronr différenres,

en ce que l'exinence de l'une aura précédé celle de

l'aurre, ou én ce que l'une n'en pas l'aurre. Quand

Pierre fcroir íembtable

a

Jeao en ronces chofes, ils

fonr différens ' en ce que Pierre n

1

eft pas JeaR,

&

que J ean n'en pas Pierre. Si

Spimifa

dir quefque cho–

fe de concevable,. cela ne peur

avoir

de fondemenr

&

de vniillemblance; que par rapport

a

des idées mé–

raphytigues qui ne merrenr rien de réel daos la na–

cure . Tanror

Spi11qfo

confond l'e(pece avec

l'indivi–

du,

&

rantÓ \ l'individu avec l'efpece.

Mais, dira-r-on,

Spinojñ

parle de

13

fubnance pré–

cifémenr,

&

confidérée en elle-OJéme. Suivon5 dono

Spi11ojñ .

Je rapporre la délioirion de la fubnan ce

a

('exi!lence;

&

je dis,

ti

cene fubna nce n'exille pas,

ce n'en qu' une idée, une eléfinirion qui ne mer rien

da11s

l'~cre

des chafes;

ti

elle exine, alors l'efprit

&

le corps conviennenr en funnance

&

en exinence.

Mais, felon

Spimifir,

qui dir une fubnance, dir une

chofe qui exine nécellairemenr .

]e

réponds que cela

n·~n

pas vrai,

&

que l'exinence n'en pas plus ren–

fermée dans l¡t délinition de la fubnance en général

que dans la déñn irion de l'homme. En!in, on die,

&

c'en ici le

derni.~r

rerranchemenr, que la fubnan–

ce en up er-re q11L fubGne par lui-m!!me. Voici done

ou en

1

équivÓSI,U~;

car puifque le fyneme de

Spi–

tzofo

n•en fondífuniquemenr que fur cerre délinirion,

avanc qu'1l pu[ll e argumenrer

&

rirer des conféquen–

ces de cerre

' .Jé~{li~ion,

il faur

pr~alablemenr

conve–

nir avec moi ¡ju fens de la

délini~ion.

O r, ,quand je

définis la

1

ubfla

nce u

n

~rre

qui fubtine par lui-mi!–

me, ce n'en p;¡s

go.ur

~ire

qu'il exine nécel!'airemenr,

je n'en ai pas

l

í\ _pe

nleé; c•en uniquemenr pour la

dinlnguer

d~'s

accidens qui ne peuvenr e,..iner que

d~ns

la fubllance

&

par- la verru de

la

[ubnance. On

voir done

gqe

cout ce fyneme de

Spino(a,

cerre fa-.

nueufe démonnration n•en fondée que iur une équi–

voque frivÓie

&

faci le

a

dilliper .

La

croi!ieme propotirion de

SpitJojñ

en que.

dallr–

lu &boja qt•i n'o11t rim de commrm entr'dtu, l'unt!

11e pmt l(rf. la· carifo de

f

autn .

Certe propotirion , :\

l•e¡cpliquer

~récilement.

en auffi fa u!fe; ou dans le (cul

íens

v~rirable

qu'elle peur avoir, on n'en peur ríen

"conclúre' .

E~le

en fa u!le dan.s roures les ca

uf~$

mo–

rales

&

occalionnellei. Le íon du nom de Die';! n'a

nen