LIV
ont propnfé de fe borner
a
deux
livrn
pour toute
~tude
favoir, l'éeriture, qui nous appr.end ce que e'ell que
D ieu,
&
le
livre
de la création., c'cll-3.-dire, cet uni–
vers qui no\l'S découvre Con pouvoir. Mais toutes ces
régles,
a
force de vouloir
rctr~nchcr
IOUS
les
liv rn
fu–
pcrftus, donnent daos une autre extrémité,
&
en
retr::lll
chent auffi de néedfaires . 11 s'agit done dans le grand
n ombre de ehoifir les meilleurs,
&
paree que l'ho mme
cfi naturcllemcnt avide de favoir, ce qui paroit fuper Hu
en ce genre peut
a
bien des égards
~VO!r
fon Utiliré .
Les
livr~s
par leur multiplicité nous forcent en quelq•.>e
forte
:1
les tire, ou nous
y
engas:ent pour peu que nous
y
ayons de penchant . Un ancten pere remarque
qu~
nous pouvons retirer eet avantage de la quantité de.
li–
v r-s
écrits fur le m eme fujet : que fouvent ce qu'un le–
éteur ne faifit pas v ivement dans l'uu, il peut
l'emen –
dre m ieux dans un autre. Tout ce qui ell éccit, ajoutc–
c-il, n'efi pas également
1t
la portée de tout le monde,
peut-Ctre ceux qui
liront mes
ouvra~es
comprcqdront
mieax: la matiere que
j'y
traite, qu'ils n'auroient fa it dans
d'autres
livrn·
fur le mtime fujet. 11 efi
~onc
nécerfaire
qu'une
m~
me chofe foit traitée par différens écrivains ,
&
de différentes m:1nieres; quoiqu'oo parte des mémas
principes , que la folution des
difficult~s
foit juCle, ce–
pendan< ce font différens Ghemins qui menent
a
1& con–
noilrance de la vérité . Ajomons
a
cela, que la mult i·
tude des
livru
efi le feul moyen d'en empl:cher la perte
ou
J'cnti~re
de!lruétioo. C'eCl cette multiplicité qui les
a préí)!rvés des inj ures du tems , de la
r~e
.des ryran<,
du fanatifme des
perf~cu1eurs,
des ra,•ages des barbares,
4
qui en a fait parfer au moins une partie jufqu'il nous ,
a· travers les longs intrvalles de l'ignoranoe
&
de l'ob–
fcurit!!.
SolafiU non nontnt
IJte~
;nonumenta mori .
Voye>:.
Bacon,
au¡:mene. S ciene. lib.
l .
e.
1/1. P".J:·
49·
S.
Augu!lin.
de Tnnit. lib.
l.
c. iij.
Barthol.
de
ltb.
le–
gmd. diffirt fle.
l .
pa$ .
8.
&
fuiv.
A l'égard du eho1x
&
du
iugement que
l'o
n doit
faire d'un
livr~,
les aureurs ne s'accordeot pas
íi.trles
qualités nécerfatres pour conClituer la bonré d'un
livrc.
Quelques-uns exi¡¡ent feulement d'un auteur qu'il ait du
bon feu s ,
&
qu'il traite fon fujet d'une 1n2niere
conv~·
nable . D'autres, comme Salden, defirenr dans un ou–
v ra¡;e la folidité , la clareé
&
la enncifion; d'autres l'in–
telligence
&
l'exaétitude. L a plupart des critiques atfu–
~ot
qu'un
livre
doir avoir roures
les
perfeél:ions
dont
l'c(prit humain efi capable : en ce cas
y
auroir-il rieu de
plus rare qu'un bon
livre?
Les plus raiConnables cepcu–
dant conviennent qu'un
livre
en
bon quand
il
n'a que
peu de défauts :
optimru ille
'{tÚ
minimis
urgn.t¡.r
vitiii;
ou du-moins dans lequel les chofes bonnes ou
intéref–
fantcs excedent
no tabletnent
les mauvaife¡ ou les inud–
les. De meme un
liv re
ne peut poim l:tre appellé mau–
v ais , quaod il s'y rencontre dlt bon 3-peu-pres
égal~ment aurant que d'autres chorcs.
Vo)•e>:.
Baillet,
j~tg.
des
{av.
t.
l .
part .
l .
c. vw:
··
.
19.
&
Jiti<•.
Honor.
rejlex.
f ur les regles áe crit .
d~
ere .
t.
D epuis la décadenco
e la
la n~ue
latine, les auteurs
femblent'
~ere
moins curieux de bien écrire que d'écrire
de bonnes chofes ; de Corte qn'un
livre
eti commnué–
rnent regardé co mme bon s'il parvient heurcufement au
but que l'auteur s'étoit propofé , quelques fautes qn'il
y
ait d'aill<u" . Ainfi un
livre
pcur érre bon, qnoiquc le
fiyle en foit mauvais, par cooféquent un hiClorien bien
informé, vrai
&
JUdicieux; un philotbphe qui raifonne
ju!le
&
fur des príncipes Ctlrs; un théologicn onhodnxe,
&
qui ne s'écarte n i de I'Ecriture, ni des max!mes de
l'E¡;Iife primirive, doivent crre re¡;ard 6s comme de bnns
au~eurs:,
quoique peur-c!!trc;: on trou ve dans
leurs écrits
des défauts dam des mariere< pea erfemielles, des nl!'–
glicenccs , méme des defaurs de
llyle .
Voyn
Baillct,
jug. J.s fav. e. [.
c.
v ij. p .
~4·
&
fuiv.
Aio íi plufieurs
livres
penvent erre contidérés comme
bons
&
utiles, fous ces diverfes manieres de le< env ifa–
ger, de Corte que le choix femble erre diffi cile, non pos
tant par
r~pport
nux
liv res
qu'on doi\ ohoifir;., que par
rapp::>rt
a
ccux qu'il faut rejetter . Pline" l'ancien avo!t
eoatume. de dire qu
1
il n'y avoit point de
livre
qu elque
mauvais qu'il fOt , qui ne renfermit quelque chofe de
bon :
nul!ttm
Jibrum
tam malum ej¡e,
'f11Í
non alír¡ua ex
paree pro/it.
Mais ceue bonté a des degrés ,
&
dans
certaios
liv r.s
elle ell fi médiocre qu'il
efi diffic!le de
s'en rerfentir ; elle eCl ou
1
cachée fi profondémem, o u
tellement i!touffée par les mauvaifcs chafes , qu'elle nc
vant pas la peine d'ctre recherchée. Virgile difoit qu'il
tiroit de l'or du rumier d'Ennius ; :nais tout ·te monde
n'a pas le m
eme
talent , ni la m eme dextériré.
V oyez
T ome/:)(.
L
IV
49 I
H ook ,
rolldl.
11.
f .
pag.
u¡.
&
lJf.
Plinc,
;¿p
i¡ . .
f·
l . 11/.
R eimman,
bibl. orrom. in pr-::fat.
par.~g.
7·
'g
H.
&
f uiv.
S;tccbin,
ti<
r fltioll. lib. leP;end. c.
iij.
ag.
10 .
&
jitiv.
Ccux-lil icmblcnt m ieux artcindre
a
ce but, qui re–
co:nmandent un pctit nombre des
1ncilleurs
liv ,·es,
&
qui confeillent de li(e beaucoup, mais non pas beaucoup
de eho fes;
muleum /,gere , non m
t.:
lea
Cependant aprCs
cet avis, la tnCme querlion revient to ujours : con1tuent
f.~ire
ce ch<>i• ? Pline,
cpift.
9· l.
V I!.Ceux qui ont établi des regles po.ur juger des
livres ,
nous confeiUcnt d'en obferver le titrc ,
le nom de l'au–
rcur, de l'é direur, le nombre des é dirions,
b:s
lieLn
&
les années oU elles
on~
p:uu, ce qui dans les
liv rcJ
nn–
ctens t:fi rouvent morqué
a
la ·fin' le nom de
l'impri–
meur , fu r-tOut
fi
c'en eCl un célebre. Ellfuite il
faut
examiner la pré face
&
le dcrfcin de l'aureur; la caufe
ou l'occation qui le
~étermine
a
écrirc; quel efi fon
pays , ear chaque natinn a Con génie parriculicr. Banh.
di
U.
4•
pag.
19. Bail!et,
c. vij. p.
218.
&
fiu v.
L es pcr–
fnnncs par l'ordre defquclles l'ouvrage a été compofé,
ce qu'pn apprend quelquefois par l'épirre déd icacoir¡:. lL
faur dlcher de favoir quelle é toit la vie de l'auteur , fa
profellion, ro n raog ; fi quelquc chofe de rcmarquable
C\
arcompagné fon éducat:on
t
fes études
t
fa tnanierc de
vi vre;
s'il étoit
en c:omtnerce de
leurcs avec d'aut rrs;
r.~vons;
quels éloges on Jui a donné (ce qui fe trouve
ordinairement
3U
commenccinent
du
livre)
.
On
doit
encore s'informer fi Con ouvroge a étc! cri¡iqué par qucl–
que écrivain JUd!cfeux . S i le derfein de l'ouvrage n'cfi
~as
expofé daos la préface, on doit paifer
a
l'ordre
&
3 la difpoCitio n du
liv ,-e ;
rcmarqucr tes
points
que l'au–
tcur a tr>ités; obfa ver fi
le fentiment
&
les chofes qu 'il
expofe font folides on furiles, nobles ou ntlgaires, fauf–
fes ou puif6es dons le vrai. On doit pareillement exa–
m iner
fi
PtLuteur fuit une ro ute
déja
frayée, ou s'il s'ou–
vrc des cheJnlns nouveaui",
inc:onuus; s:'il
érablit
des
príncipes jufqu'alors
ignorés
~
f'i
fa man!ere d'écrire cCl:
une
dichotomie;
li
elfe
efl
conforme aux
re.r;!es
g6n é–
rales du fl ylc' ou pnrticulicr
&
proprc
a
la maricrc qn'il
tr~itc.
Struv.
introd. nd r.otit. rci lttt.!r. c. v. parag.
:.. .
P·
338.
&
fuiv.
M ais on ne peut j uger que d'un tr cs-petit nombre de
livres
par
la
lcéture, vll d'une par( la multitude immenlc
des
liv res,
&
de 1'3utre t'curC1ne briévcté de In
vic
.
D 'ailleurs
il
en
trap
t3rd pour
jn~er
d'un
II'VY~
d'aucn–
dre qu'on l'ait )u d'un bout
a
l'autre. Que!
tems ne
s'expoferoit-on pas
:1
perdre par cettc palience? 11 paroit
done néce!faire d'3voir d'11utrcs in dices , pour juger d'un
livr~
méme fans l'avoir In co enticr. Baillot, Swllius
c5c
plufieurs aueres, ont donné
il
cet égard des regles, qui
n'étant que des préfomptions
&
conféqucmment fujette>
a
l'erreur ' ne fon t néantn oins pas aofolutn en t
:'i
tnépri–
fer . L es journaliCles de Trc!voux direm que In mérhode
la plus courte de juger d'un
liv re ,
e'ell de
le
tire quand
on eO: au
fait
de
la
matierc,
ou de s'en
ra.pporter
3u>..
conr:loi(Jeurs.
Heuman dit
3-peu-prt:s 13
1nén1c
chofe ,.
qunnd il arrurc que la marque de la bonré d'un
livre'
eCl
l'eftim e que lui accordent ceux qui porfedent le fujet
dont il traite, rur-mut s'ils ne fnnt ni gagés pour le pré–
conifer,
ni
ligués :1vcc l'auteur, ni intérdrés:
plr
!a con..
fo rmiré de religion ou d'opinion• fyCl ématiqucs . Budd.
a~
eriterii1 boni libri p_a.ffim .
W ate,
hifl. &r itic. ling .
lat . c. viij. pag.
320.
lltUm.
de Trev . ann.
17)2.
are.
1 7 .
Heuman ,
comp. dup . lite.r. c. v;. pare.
11 .
pag.
>.So.
&Jui<J.
D ifons quelque chofe de plus précis . L es marques
plus
p~rticulieres
de la bonré d'un
liv re,
fon t
t
0 •
S i l'on tilit que l'auteur excelle dans la pnrrie ab–
folumem nécelfaire pOllr bien rrairer tel OU tel rnjet qu'j[
a choift, ou s'il a déJa publi<! quelqn'ouvrage eClimé dans
le
m~
me genre. Ainli l'on peut conclure que Jules·Cé–
far entendoit tnicux le méder de
)3
~u
erre
que P. Ra–
lnus; que Cata n , Palladius
&
Columelle
f.'
lvoie.nr1 nieu ~
1' A griculture qu' Ar ifiotc ,
&
que C iceron
fe con noilfoit
en élo quencc tout :mtreinent que V arron · AjoU.tc:1
..
qu'it
ne fuffit
p3S
qu'un autcur foit vcrfé daos un art, qu'il
faut encorc qu'il polfede tomes les bronches de ce
m~tnc
art. 11 y
~
des gens par ctcmplc , qui exccllenr dans le
Dro it
civil,
&
qui ig uorent parfaitcment le
Droit
public .
S3uln3ife.
:1
en juger par
fes
exercitl.tions fur Pl inc , efl
un cxccl!ent critique,
&
paroit
trcs-infétieur
il
IV.lilton
dans (on livre
imitul~
J, (mfio
re~ia .
2.
0
.
Si le
/J"v,·~
roulc fnr une
matierc
qui dcm3nde une
g rande Jcaure, on
9oit
pré fumer que l'ouvr3ge ctt bo n,
pourvU que I'autcur
:tit
cu les fcco urs
n6ccffaire
,
quo i...
..::¡u'on
doivc
S
1
3ttendrc 3 étre
3CCabJé
de citadons, fur •
tout, dit Struvius,
fi
l'auteur cfi jurifconfulre.
Q qq >.
4° · Un