~oo
IMP
Or de toures les
imprlcations,
dont les écrits des poi:'- .
tes fom remplis, les plus
remarq~ables
ont elé cdle,s
que les peres irrités 001 fuites conlre leurs enfans.
11
f3m d'"bord obferver ql!e foi t qu'elles en(fent Ic;.ur
fondement légitil1lc dans qudques grand omrage , foil
'lu'elles ne fuIrem que le produil d'un efprit troublé par
des
[oup~ ons
inJunes , I'événemenr o'en élOit pas moios
funelle
a
ceu x qui en éroient frappés.
Pour découvrir la caufe de ceue opinion
re~(le
ehez
les aociens, il fout remomier allX lems du monde, qui
<Dm précédé I'établi(fement des élats . Alors un pete de
famillc, mallre abrolu de la deClinée de
[es
eltfans, ne
voyoil rien au'de(fus de lui que les dieux.
~l
en élOil
en quc1que fone I'image vivante;
&
comme les peres
par Ieur
r.,~eíIe,
s'aniroient de le'lrs enfans
~'admiration,
&
le refpea Qui en ell inféparable, de meme par leur
tendre(fe
&
par Icurs foins, ils
en
avoient le creur
&
}'attachemcnt . Les enf.1llS ne voyoient done aptes les
dieu~,
riell qui fat fi bOIl ni fi grand, que les aUleurs ,
de leur nai{[,nce; au
fIi
de IOtlte ancienneré, le refpea ,
dtl aux peres par leurs enfans marche
a
ebté du culle
des dieux,
'
'"
L es Furies, nées fel on H é{iode du
(¡mg
d'un pere ou–
Iragé par fon fils, de Célus mUlilé par Saturne, étoient
les minillres iufatigables des verigeances pateruelles. C'é–
toil
a
elle; qoe les peres dans l'exces de leur colere,
a(¡re(foienl les
imprlcat;dJ11
contre leur propre [ang;
&
5'Ils appel10iem quclq!le aUlre diviuité
¡¡
leor yengean–
ce, les I"ULies éloient 10ujOurS pretes
a
fe join'dre
a
el –
les, pOllf excculcr leurs ordres. Ahhée, dit Homere ,
frappoit
.a
I',enollx la lerre avee les mains , lorfqu'elle
proféroit fon
iml rlcatio"
contre ron fils M éléagre,
&
demandoil aux dleux de$ enfers
&
a
Proferpine la mar! de
ce fi ls infortuné , la FÚtie qui erre dans les léneóres,
enttintnt d,u fdnd du Tartare
r.~
funefle priere .
L 'effet meme des
imprl caeio"s
palernelles fur des en–
fans innocens, ne fe ré voquoit point en doule, paJce
qué le pere
~rQil
rega.rdé eomme le' fouverain feigneur
de fa f.1 mille. L a pnlirlque fOrlifia dans 1 'e[prit des hom–
mes une opinion d'ou dépendoil le repos de l'ordre
'public.
Entre les
imprlca,io1tI
~rononcées
par un pete avee
jultice, peffonne ne peut oublier celle d'CJEdipe contre
:Et~oele
&
Polinice, qui leur fut a falale. C'el! le prin–
cIpal point de vüe des '
Phénic ienne1
d'Eurypide,
&.
de
'la rragédie (j'E(ehyle, intimlée
les
fopt
de"4n' 'I'liebn .
On ne fe re(fou
~ienr
pas mqios des
imprlcaeions
de
T ,héfée , qu' toutes iu¡ufles qu'ellcs éroient, donnerenr la
*,ort
a
liyppol ite fon 61s vcrtueux,
~
a
lui lIne dou–
feur mortel1c . C:efl encare le fUJel de la Iragédie d'Eu-
rypide, qlli a pour tilre
Hyppo!i".
'
\ L'hilloire moderne rappone que le m,lheureux Henri
IV ,
empercur d' Allemagne, Irompé par Con indigne
615,
qui le dépouilla de fa couronne, s'écrioll en mOllraDl.
" O ieu
des
vengeances ,
VOllS
vengerc'L ce
parricide " .
A ina de tout ¡em, , les hommes ont imaginé que Dieu
exau~oit
leS
im¡r'lcatiu>11'
des mourans,
&
Útr-IOllt eel'
les des peres. Erreur utile
&
refpethble, dit
M.
de
Voltaire , a elle pouvoil arreter ' le crime!
En général, les Romlins CÍ'oynien¡ que les
imprlca–
tionJ
avoicnt une tel1e f,Jfce, qu'aucun de ceux contre
'lui elles av"ient é té faites, n:en pouvoit éviter l'eftet .
C'efl en prontam de celle opinion fupertlilie'ufe, qu'Ho–
race dans un ode fatyriqoe contre la magicienne Cani–
die , lui dit : " \'OS maléficos ne changeront ¡'oint le
" COllrs
d~
la jUlfi'ce des dieox; ¡nais !nes
impr/cotions
" VOIl( arurer [ur vous 1. colere du clel,
&
uul faeri–
" fice
~'en
pourra
d~tOurner
l'aeeompli(fement,
Dira d. eeJl"tio
Nu/lá apiatur vlétimtÍ .
Ode V. lib. V .
Je ne dois pas oublier de remarquer que les anciens ,
• la prife
&
a
la deílrudion <les villes, qui leur avoienr
coulé beaucoup de
farl~ ,
prononc'errnt quelqoefois des
¡m"r !carions
eontre quiconque oferoil les
r~tabl
ir .-
Quelques-uns croiem que ce fnl-1i\ la principale rai–
on, pour '!aquelle Trnie ne pm jamais fe relever de fes
cendres , les Grecs l'ayam dévouée
a'
une chule élernel1e
&
inéparable.
Ces
¡"'I'rlcatiolls
comre des vil1es enrieres facca/1:ées
&
renverfées ,' palll!reut che'l les Juifs, qui les goule–
rem avee avidilé ,
&
les 'émployercO! imp itoyablement .
Aina nous lifons que Jofné
¡¡
la dellruélion de J éri–
cho,
til
de falales
imprl,atio",
COntre quicouque oferoit
la reMi tir; ce
q~i
fut accompli au Dout d'environ >37
IMP
!ns,
d~ns_ la
porfonne d'Hiel de Btlhel;
&
s'il ell
P!r1~
dan
s
ce !oog
~rpace
de r<l1\s d'une ville de Jéricho,
,C.IIl! ville n'auoil poim élé b311e fur les londemens de
-I' ancienne, ll1ais daos fon voifinage. Ce oe liu qu'apres
'la
mar! <f.1:liel, q"'OO vim demeurer daos la premiere
qu'il avoir' -réparée .
Mai JOps les peuples s'accorderent
a
lancer des
im–
prl caeio,,;
con'lre les violateurs des fépulchres, qui par–
rol\(
éloient des licuK réputés faerés . On chargeoil les
tombC3uX de cliverfes formules terribles: que le viola–
reur meure le dernier de fa raee, qu'il s'atrire l'indigna–
lion des dieuI, qu'il foie privé de
la
fépul ture, qulil «,i,
précipiré dans le Tartare, qu'il v<>ie les o(femens des
fiens
d~lertés
&
difperfés, que les mylleres d'llis Itou–
blenr
ii
j~r-,ais
ron repos , que fes dcfcendans foient
ré–
duils au ii'i¿me élal qu'il éprouve.
Deos iratos babeal
. ...
ofTa
[¡..
rkm truta at"s.. di{perfa 1Jide,",
ji
'fuis de eo
fepul<bro violprit, &c.
'
Enli .. , les
'<~mprl(Rtions
furem en ufage che'l. les Gau'
lois,
m.isil
'p'apparlen" il qu'aux druides d. les prollon'
cer,
&
la défobél(fance • kurs décianns élOil au rap–
pon de Céfár,
iÚ
bello Gallico,
lib. VI, p.
220,
edito
variorum,
le cas le plus orcinaire ou ils les emplnyaf–
fem. On
en
peUl croire CHar fur fa parole,
il
avoit vil
ce qu'il
avan~oit,
&
s'iI ne l'avoil
pa~
vft,
00
pourroit
I'en croire encare ,
(D
J )
IMPRÉcATtONS,
r.
f.
pI.
~Litt!rat.) dir~:
ce fom
les dée(fcs impiloyables que 1'0n nommoit
fimo
fm la
terre;
Euml"id.s
aux enf<rs,
&
imprlcations
d30s .le del,
dit
S~rvius
fur
l. quaeneme livre de l' Enlia'•.
Quelquh uns croieO! que leor nom lario
dir~
vieot
du grec
1" ,... ,
qui lignifie
terriblo.
["cinfla igni
[,,,edli,,t
'Hm
ardmeibus toRdis.
On les invoquoir toujours dans toutes les prieres qu'on
faiCuit eontce [es ennemis, ou contre les fcéleralS .
C!'S
pr~(Cndue,s
déelTes vcngere(fes avoiem ou·tre leurs
lemples
&
leors bois faerés, des libalioos ql1i leur étoient
propres,
&
dans lefquelks 00 o'employoir que l'eau
&
le miel, fans aucun melaoae de vin. O n lIe parloit
qu'avec une horreur religieufe de ces divinirés infernales
&
eélellcs . On évitoit de prononcer leue. deul noms
d'imprlcatio"s
&
de
Furie!,
&
l'on lenr fubllituoi, ce–
lui d'
ETlm¿"ides,
qui o'offroir rien d'atfreux .
l/oyeZo
Eu–
~(ÉNIDES
.
Ett6n, com!l)e on t,emble toujours • l'arpea de la
main qui va nous frapper, auffi n'y avoir-il rico 'l'ti
pOrt~1
avec f,i plus d'épouvame que le caraélere des Fu–
ries, dOn! Héraclile difi,it qu'elles arreteroieor le foleil
meme , s'il vouloit fe dérqu.rner de fa route; mais il ne
s'agit pas ici de s'étendre davantage, le leaeor peot con–
fulter leur anicle, ou l'on eíl enlré dans de grauds dé–
rails.
{D .
J.)
h!PRÉC!\T1qN,
(Lite/rat. )
figure de
rhé~nrique
par
laquelle l'orateu r fouhaite des malheurs
a
ceux • 'qui il
parle. Elle efl quelquefois diélée par I'horrenr pour le
erime
&
pour les fcéJérats, comOte celle-d du grand–
pr~t~e
Joad daos 1'1}lhalie de Raeioe .
Daigne, daig"" mon Die;¡,
[¡Ir
Matban
&
[tlr el/.
R lpa"dre cet efprit'tI.'ímprud;"ce
&
t1.'erreur,
D~
la ckúte
d~$
rOÍl,
fi¡ndle
4vaftt·eOllreur.
Quelquefois elle ctll'elfel de l'indignarion, mais le plus
fouvent celui de la eolere
&
de la fureur . Aior. dans
Rodo~u ne
Cléopatre exp;rame , fouhaite
a
ron fils An–
liochus
&
3
eelle princelfe 100S les inalheurs réunis,
P lliffe
le ,¡el,
t01l1
deux
'VOUJ preHaflt pOllr 'Viéfi11lu,
L uiffir tambel' fur
'..tON!
la peine de mes
erimu.
Pui/Jiez.-voUJ"~
troltver dedanl
VDtre
unjon,
0 '"
horreur, (file ;al')f4ie,
&
que confHjion;
Et pOTlr V01l1 fOMbaiter eOllf les mafbe¡¡rs cnremble,
P uiffe "aitre de VOTlS
IIn
fils
'fni me rt./
J.mb(e .
1M P R
E'G
N A
TI
O N ,
f. f.
(Ouo". a"im.)
ce
lerme efl prop'rement fynon'yme de
Jlcondaeio11 . Voyú,
F t coNDAT1oN, GtNÉRAnON, GROSSESSE.
lMPREGNER, verbo aél:
(Gram.) i...preg"er
un
corps d'un aut're, c'efl répandre
~s
molecules de celui–
ci
entl'e les molécules du premier, enforte qu'il
y
en
gil par-toot également :
c'ea
aina qu'on drap efl
imprl–
gnl
de
la
liqueuf colorante; qu'une eau efl
imprlg"le
de
'rel.
8
c.
Ainfi
l!imprlg,ratioll
fe fait ou par le mé!an–
ge,
0\1
par
l'im~ibilion,
0 0
par la cOD'\binairon, ou par
la diíIolulion,
&.C,
"
,
~M-