FON
les différens plans inclinés des maífes mootueufes ne íont
que des déverfoirs qui déterminent l'eau
a
fe précipiter
daos les
ouverrur~s
fans lefquelles la pénétration oe pour–
roit avoir lieu: car j'avoue que l'eau de la pluie ne peut
traverfer les couches de
In
terre fuivanr leur épaiOeur;
mais
~lle
s'inlinue enrr'clles fuivant leur longueur, com–
me daos la capacité cylindrique d'un aqueduc naturel.
Parmi les inrerruptioos favorabi<s
&
tres-fréqueotes, on
peut compter
les fentes perpeodiculaires que l'on re–
marque non-feulement daos
les rochers, mais encare
daos les argilles;
17oyez
FE
N
T
P.
s rE R r
P.
ND
1
e u–
LA
1
RE S.
Ces couchcs étan l fendues do difiance en di–
llanee, les pluies peuvent s'y in linuer, augmen1er la ca·
pacité des feotes ,
&
s'ou vrir vers les cótés des paífa–
ges qui procuren! leur écoulement : elles pénetrent me–
me le tirfu ferré de la pierre, criblenr les lirs, imbibeot,
'diffolvent les matieres poreufes,
&
forment ditférens
dépóts,
&
des cryílallifatioos fingulieres daos le fcin des
rochers ou aux voOtes des cavernes.
Ainli la pluie qui
tombe íur le rocher de la Sainte–
Baulme en Provence, pénetre en rres-peu d'heurcs
a
67
coifes au-delfous de la fuperficie du rocher par les feo–
tes'
&
y forme une tres-belle citerne' qui fourniroit
a
un écoulement, fi
la citerne pouvoit couler par-delfus
fes bords.
Mim. de l'acadimie, annle
1703.
Les fommets élevés des montagnes principales, les
croupes de celles qui íont adolfées
a
la malfe des pre–
m ieres, préfentent plus que rout le refie du globe , des
furfaces favorables
a
la pénétration des eaux . L <s Al–
pes,
l~s
Pyrénées offrent
a
chaque pas des couchcs in–
terrompues, des débris de raches entr'ouverres, des lits
de
terre
coup~s
ii-plomb; en forre que les caux des
pluies, les brouillards, les rofées, fe filtren
e
aifément par
coures ces
illues,
&
formenr des baffins , ou
fe por–
cent daos toure l't!tendue des couches; ¡ufqu'i\ ce qu'u–
ne ouverrure favorable verfe cette eau. Ainfi les fources
ne feront prop1emenr que les extrémités d'un aqueduc
naturel formé par les faces de deux couches ou lits de
cerre . S i ces couches fonr plu s in térieures,
&
qu'elles
aillent aboutir au-delfous du niveau des plaines, en fui–
vant les montagnes adoffées aux principales, comme
<,hns
la plaine de Modene, elles formenr d<S oappes
d'eau qui entretieonent les puits ou des fources qui s'é–
chappent au m ilieu des pays plats. Comme ces con–
ches s'étendenr quelqucfois ¡ufques fous les eaux de la
mer, en >abaillant infenfiblement pour former Con baí–
lin ; elles y voiturenr des eaux dnuces qui enrretien–
neot des puits fur fes bords, ou des fources qui jail–
liffent fous
l'eau falée, comme daos
la mer Rouge,
<hns
le golfe Perfique,
&
ailleurs.
Liofchor rapporcc que daos la mer Rouge, pres de
l'tle de Barcyn, des plongeurs puifent de
1'
eau douce
a
la profondeur de
4
a
j'
brafles; de m
o
me aux en–
v imos de l'lle de Baharau daos le golfe
P~rlique,
oo
prend de l'eau douce au fond. Les hommes fe plon–
gent avec des vafes bouchés,
&
les débouchenr au
fond;
&
lorfqu'ils fonr remontés, ils ont de l'eau dou–
ce, ( Gemelli Carreri,
e
o
me 11. p.
4f3·)
Le fond de
la mer lailfé
a
fec pres de Naples, lors des érup1ions
du Véíuve, a laiffé voir une infinité de perites four–
ces jaillilfantes;
&
le plongeur qui alla dans le goufre
de Charibde, a prétendu avoir rrouvé de
l'eau douce.
De meme, en creufanr les puirs fur le
rivagc de la
mer, les fources y apportent l'eau, non du cóté de la
mer, mais du cóté de la terre; ce qui fe voit aux Ber–
mudes.
Céfar, daos le liége d'Alexandrie, aya
m
fair creufer
des puits fur le bord de la mer, ils fe remplirent d'eau
douce.
H ire. Pan(. comment. cap.
j.r.
Cette correfpondance des couches s'efi fait fentir
a
une tres-grande ditlance. M . Perrault rapporre (
traiel
de /'origine des fontaines,
f ·
17
t . ) un fait tr C:s·propre
Q
en convaincre .
li
y
a
VOl!
deuX fources daoS
UO
pré,
éloignées l'une de l'aurre d'environ ceot toiíes. Com–
me oo vouloit conduire leurs
ea~x
daos un canal au
bas d'un pré, oo fit une tranchée pour recevoir l'eau
d'une des deui fources'
&
la
conr~nir:
mais
a
peine
)'ea
u
de Cette fource fut arretée, qu'oo vint 3\'ertjr que
l'autre fource inférieure
a
la premiere étoit
a
fec :
00
rétablit
les chafes daos le premier état,
&
l'eau repa–
rut
a
cette fource. En fin on remarqua ces etfe1s plu–
íieurs fois;
&
l'eau de la
fource
ioférieure étoit auffi
régulieremeot affo¡ettie
a
l'état de la fource fupérieure
que _li elle s'y füt rendue par un tnyau de conduir fai;
expres: de meme,
i1
y
a des communications aurfi fen–
libles des mooragnes enrr'elles .
Les eaux des
vallan~
ou des plaines
s'~levenc
ordi-
FON
nairement par un canal naturel,
&
franchilfent des col–
lines
&
des montagnes alfe?. élevées,
li une des ¡a
m–
bes du fiphon renverfé, dont la courbure etl da
u,
les
valloos qui féparent les montagnes, fe rrouve adollée
le long d'une croupe plus éle••ée que les a01res,
&
qui
fournifle des eaux en aflh grande abondance pour don–
ner une impulfion fucceffive aux eaux qui
rempliffent
les couches courbées en tiphon. La
fontaine
entretenue
par ce mécbanifme, paroitra íur les revers de quelques
collines ou les couches fouffriront interruption.
On coru;oit ainfi que les réfcrvoirs des
fontaina
ne
fnnt pas toO¡ours des amas d'eau>< ralfemblées daos une
caverne dont la capacité feroit
immenfe,
va
la grande
dépeníe de certaines fources.
11
íeroit
ií
craindrc que
ces eaux fon;:ant leurs cloifous, ne s'échappalfcnc au–
dehors par des inondations fubites, comme cela eíl ar–
.rivé daos
les Pyrénées en
1678.
17oyez
1
N
oNDA–
T
1o
N.
L'eau d'ailleurs fe trouvanr difiribuée le long
de cerraines couches propres
a
la conteoir, coulant en
conféqucnce d'une impulfioo douce qui en ménage la
fortie ,
&
en verru de 1'étendue des branches de ces a–
queducs qui recueillent les eaux,
i1
n'efi pas difficile de
concevoir comment ccrtaines fources peuvent en verfer
une fi grande quantité ;
&
cette difiribution qui deman–
de quelque tems pour s'exécuter, cóntribue
á
la conri–
nuité de l'écnulcment des riviercs.
Ces canaux foOrerreins foot d'une certaine réfifian–
ce,
&
des eaux peuveot fe
faire fentir coutre leurs pa–
rois svec une force capable d'y produire des crevaflcs.
On doit fur-tout méuager leur cffort; car fouvenr par
des
imprudences on force les canaux daos des endroits
foibles, en retenant les eaux des
fontaincJ;
&
ces in–
terruptions en ouvrant un palfage
ii
1'
eau, diminuenc
d'autant la principale
fontaine
vers laquelle ce pe tic ca–
na
1
entr' ouvert porroit fes eaux, ou fou vent fonr di–
fparoltre une íource enliere. Ces eftcts doivent rendre
circonfpeéls ccux qui font chargés de la conduite des
eaux. O u
en
a vO des exemples en plulieurs endroits.
Je puis en cirer un fort remarquable . La
fontaine
de
Soulaines dont j'ai parlé ci- devant, dépo!e dans
iim
baffin des terres fnrt compaéles qui la
~eignent
d' une
couleur ¡aune, apres les pluies aboodantes. L orfque la
matre des dépóts efi confidérable, on vuide le ballin.
Pour expédier cette befogne, les ouvriers imaginerent
de ¡etter ces terres graffcs daos l'ouverrure de la four–
ce, au lieu de les jetter au-dehors;
il
s'y fit une ob–
ílruélion li complete, que l'eau refoulée d(los íon aque–
duc naturel foOleva ii ccnt pas au-deffos une rache fmt
épailfe,
&
s'exrravafa par cette onvcrrure en laiflant le
ballin de la
fontaine
a
fe e. On n'a pu
l'y faire ren–
rrer qu'en couvrant d' une malle de mac;onnerie cotte
large ouverrure,
&
lailfaot un puits d'environ
tj
piés
de diametre, dont on a élevé les bords au-delfus des
murs de
la
fontai>u
.
Malgré cette précaution,
1' ea
u
fort par ce puits,
&
entre-ouvre la
m•~onnerie
qui me–
nace ruine daos les grandes eaux. Ces dters font une
fuite du parti que l'ou a pris d'élever l'eau daos le ballin
de la
fo>Jtaine,
pour le fervice des moulins qui
foot
confirui1s fur un cllté de fon ballin; ce qui tiene la four–
ce daos un état forcé.
De toute cette doélrine, nous tirerons quelques con–
féquences que l'e1périence confirme.
Jo. Ce n'efl point en
traverfaot
l'épaiffeur des con–
ches de la_
teJre
&
en
les
imbibant toralemenc, que
l'eau pluvrale pénetre daos les conduits
&
les réftrvoirs
qui la cooticnnenr, pour fournir aux écoulemens fuc–
cellifs: ainfi
l~s
faits qu'on allegue centre la pénétra–
tiou, ne détrurfcot que la premiere maniere,
&
oe don–
uenr aucune atteinte
a
la feconde.
:¡.
0 •
C'etl dam les monragoes ou daos les gorges for–
mées par les valloos, que fe
trouvent le plus ordinai–
nairement
les
fources ; paree que les conduits
&
les
couches qui comienneor les eaux, s'épanoüilfent fur les
croupes des monragnes pour les recueillir,
&
fe
réu–
oilfent daos les culs-de-fac pour les verfcr.
3°. L es
fontaines
nous paroi!Tent en conféquence de
cette obfervntion, occuper une pufition intermédiaire en–
tre les montagnes ou collines qui w;o¡vent
&
verfenr
les eaux daos les conches organifées,
&
entre les plni–
nes qui préfentenr aux eaux un
lit
&
une penre faci–
le pour lcur difiribution réguliere . Quinte-Curce remar–
que (
ltb. f/II
cap.
iiJ. )
que tOus les fommets des mon–
ragnes fe conriennent daos toure
1'
Afie par des chalnes
alongées, d'otl rous
les
tleuves íe précipirent ou daos
la mer Cafpieone,
&c.
ou daos l'Océan indieo .
On
ne peut ob¡eéler les fources du Don ou Tnnais
&
du
Panube pres d'Eíchingiog, gui font daos des plaines ;
car