CON
ne foi
&
le feos eommun pour s'en eOl1va;nere ) , on
ne
f:lUfOit
rien décider, moins encere rien entreprcndrc,
fans uue lémerilé ineseufable
&
tres-dangerellCe. O n
peut appliqucr celle regle :l talH de gens qui prennen t
parti fu r des difpules de
13
R eli¡;íon, ou fur des que–
Il ions diffi ciles de M orale , de Politique , fur des made–
res de D roit , des proces délicats , des rrairemens de ma–
ladies eompliquées ,
&e.
11. SuppoJE
flt'.,,-
gé"'rnl
O>J
ait la lumieru
&
les
f~collrJ
niceffatrcl pour juxcr
de la
c-hofe
dont il
l'll¡,it,
il faut voir
ji
I'on
m
n faie rynge all:<cllcmcr. t , en–
forte '{uton
pllij]i
fe
porter
fan! mitre examell
ti
ce
'{fU
/a eonfeien" fuggcrc .
D ans le N égoee , par exemple ,
&
daos les aurres affaires de la vie eivile, 011 fe lailfe
aller tranquillemenr a des obliquir,,¡
&
des inj ullices ,
dom on verroir aifément la rurpirude
fi
I'on fai foir at–
temian
:l
des príncipes trcs-clairs, dont on ne pem s'é–
caner ,
&
que I'on reeonnol! d'ailleurs en général .
Comme
i1
ell nécelfaire de dillinguer emre le juge–
ment que I'ame porte a"am I'naion ,
&
celui ql1'e lle
pon e apres I'aaion, on n nommé ces deux chafes en
rermes fcholalliques
olle~
commodes ,
co'Y ei."ce nm¿–
cedente
&
eOlJfeioza ji¡bJErucnte.
11
n'y a quelquefois
dans les aaioos que le deroier de ces jugemens, lorf–
que, par exemple ( ce qui ell
alfe~
ordinaire), on fe
délermine a agir (,ns examiner ni penfer feuk mellt
(j
)'on fe ra bien ou mal .
Q uand les deus jugemens ont été produits par rap–
pon :l une feule
&
meme aaion, ils a)lH <¡uel'luefois
conformes, ce qui arrive lorfque I'on a agi eomre fes
)umi«es; car alors on fe condamne encore plus fon e–
m ent apres I'aaion : il y 3 peu de geDs qui , ou aequie–
reD! en
(j
peu de tems des lumieres capables de leur
perfuader que ce qu'ils croyem mauvais en légitime, ou
t évoquent 1;-IÓr leur propre fentence en maliere d'une
~hofe
effea ivemem eomraire
3
la loi . Q llelquefois aum
JI y a .de
In
diverrité dans ces jugemens , ce qui a lieu ,
ou .Iorfque I'on s'ell dérerminé
:l
quelque chofe fans une
plerne
&
emiere délibératioo, foir par pallioo ou par pré–
cipitation, de maniere qll'o n n'a pas eu la Iibené d'en–
v ifager fuffifamment la nature
&
les fuiles de 1'3aion ;
ou lorfque, quoiqu'oo ai, agi avee tine pleine déJibéra–
tion, on s'eft d¿terminé fur un examen tres- Iéger ; car
)'idée de la chofe faite frappe plus vivemellt que I'idée
de la chofe :l faire,
&
les réfl exions viennent commen–
cer ou aehe ver apres eonp I'examen .
Voici les divers aaes du jugemeot anticipé , felon les
clifférens états
Otl
I'ame fe trouve alors.
L a
c011f cime.
ell ou
dlcijive
ou
dOl/terye ,
felon le '
degré de perfua(jon d,os lequel
0 0
ell, au fujet de la
q ualit': de I'.aion
i1
faire . Quand on prononce décifive–
ment que telle ou relle chofe ell conforme ou eontrai–
re
a
la loi, e'ell une
eonfciena dicijive
qui doir étre
divifée en
Jlmonflrati1,.
&
probable.
L a
(onfeien" dlmon/lratrv e
el1 eell e qu> ell fondée
fur des raifons démonÓrarives, autanr que le permet la
nature des chafes morales ;
&
par eODféq uent elle ell
toíljours droite ou conforme " la loi. L a
confeima pro–
bable
ell ¡:d le qui n'ell fondée que fur des raifons vraif–
femblable"
&
qu i par conféquem cll ou
droite
ou
er–
ronle,
felon qu'il fe trouve que I'opinion en
elle-m~me
ell ou n'ell pas conforme
a
la loi .
L orfque I'on agit con tre les m('lUVemells d'une
eon–
f eima Jleijive,
ou I'on fe détermine fans aueune ré–
pugn:mce ,
&
:llors e'
en
une
c011feiClu e ma1lvaifc
qui
m arque un gralld fonds de méehalleeté; ou bieu 00 fue–
combe:l la \'iolence de quelque pamon qui Halte agréa–
blemenr , o u :l la
cr~ime
d'un graod mal,
&
alors c'ell
un péebé de foiblelfe, d'in6rmilé . Que
(j
I'o n fu it les
mouvemens d'uoc
,on!c;tntt
¿,cifi"
e
ou Pon fe dé[er·
m ioe (¡¡os héGter
&
avee plail;r,
&
alors c'ell une
h01J–
'1<
eonfeima,
quand meme O" fe tromperoit , eomme
ji
paro;r par I'exemple de
S.
Paul,
Ail.
xxiij.
l . o u
bien
0 0
agit avee quelque répugnaDee ,
&
alors, quoiquc
l'aaion en elle-mi:me Coit henoe , elle o'ell poim r¿pu–
tée telle " caufe de la difpofition peu eonvenahle qui
l'aecompagoe .
L es fondemens de la
(o"fei",« probable
véritablement
telle , fonr !'autorité
&
I'exemple (outenus par un cenaio
femimenr eOl1fus de la convenaoee natorelle qu'i1 y
:1_
clans les chafes qui fon r la matiere de nos devoirs,
&
'luelquefois 3Um par des roifons populaires qui Cem –
blenr tirée de la nature des chofes. Comme rous ces
fondemens
Oc
fom pas
jj
folides , qu'on ait Iieu de s'y
re–
pofer abfolumem,
iI
ne fuu t s'eo eontent<r que quand
00
ne peur faire mieux;
&
eeUI qui fe eODduifem par
UDe eelle
e~nfeimc.,
doiveot emp)oyer tous leurs eflo ns
CO N
pour au¡(menter le degré de vrailTembl3nee de leurs opí –
nions,
&
pour approeher autanr qll' il ell pomble de la
confeience di mo1tJflrtuive .
La
,owreie"ce Jotlte,,(_,
que nous avons oppofée " la
dicijiw ,
eH
ou
irr¿fol".
ou
(cruptlletl(e .
La
eonfc;,nce
irrifolrte,
c'ell lorfqu'on ne (air quel parti prendre
~
cau–
fe des raifoos 'lui fe préCement de pan
&
d'aurre , (j'fOlI
parf, item"nt égales, du moil1s relles qu'
iI
n' y a rien
d' un eÓ,é ni d' autre qui paroilfe
arre~
fort pour que
I'on fonde la-dellus un jugement fu r . Dans un rel eas
quelle conduite fau t-il tcnir ? La voici :
11
faut s' em–
pecher d'agir ram que
1' 0 11
ne fait pas
fi
I'on fero bien
o u mal . En efle r , lorfque I'on fe determine
a
agir "vant
que les doutes qu'on avoit foieot emicrement dimpés,
cela emporre o u uo delfein formel de pécher, ou du
mOltls un mépris indifere t de la loi, 3 laquelle il peut
arritn:r que
)'a8ion
fe
trou\'e eft"eél¡vement
contC3ire.
L a
eo"fúen« fcrl/pu l_ufe
ell
produite par des diffi–
eu ltés tres-Iegeres ou frivoles
1
qui s'élevcO! dans I'cfprit,
eendanr qu'on ne voit de I'autre eÓté aucune bonne rai- '
fon de douter . C omme le ferupule ne viem d'ordinaire
que d'une fauOe délicatelfe de
eonfeima,
ou d'une grof–
fiere Cuperflitiol1, on en fera bienrÓr délivré ,
Ii
I'on veut
examiner la chofe fériw fement
&
dans toutes fes faces .
L , n
E R T E' D E
e o
N S
e
I E N
e
E.
Entre plufieurs
queOions que 1'0n fait au fujel de la
eonfeiena <Traille, '
iI
Y en a quatre de grande importance fur lefquelles on
oc fauroit fe refufer de dire un mot : les autres pour–
rom fe décider d'apres les memes pril1cipes.
1. On demande, !i celui qui fe trompe ell obl igé de
fu ivre les mouvemens de fa
eonreí",,,.
O n répond que'
o üi, foit que I'erreur foit invincible ou vincible : ear des-'
la qu'on ell fermement perfuadé , eomme nouS le fu p–
pofons , qu'une chofe ell preferire ou défendue par la
loi, on viole direaement le refpea díl au législareur,
(j
,'on agit eontre ceUe perfua(jon , quoique ma l fondée _
11. M ais s'cnfuit-il de-la que l'
0 11
foit lOujours ex–
eufable , en fui.-nnt les mouvemens d'une
conftiene.
tr–
~OIth ~
N ullemenr': cela o'a· lieu que quand I'erreur ea
¡nvlOclble.
11 1.
Un homme peut-i1 juger du priocipc des erreurs
d'un
3:.Jtrc
hornme en mat1ere de
conftiel1Cc?
'en
la"
~roi(jeme
quellion, fu r laquelle on répondra d'obord , 'lu'
d n'ell pas toOjnurs abrolument impollible aUI hommes–
de favoir
(j
quolqo'un ell d3ns I'erreur de mauvaife foi,
ou s'iI fe fait ill ufion
a
lui-meme : mnis pour poner un
tel j ugemcnt , il ne faut pas moins que des preuves de
la derniere évidenee ; & il arrive rarement que I'on nit de
(j
fon es preuves Je ne f2i
ti
on pourroit rapponer
it
eeei
I~erreur
amrefois
a
eommuoe chez les Grecs
&
les R o–
mains, de ceux qui eroyoien, qu'il étoit permis
a
un
pere ou une mere d'expofer leors enfans . Mais
iI
fem-.
ble du moins qu'on .y peut rapporter une aUlre erreur
prefque au m gromere des Juifs du tems de Jefu s-C hrill .
qui la leur " proch. fortemenr .
M atth. x v.
4-1'. Car
on a de la peine
a
co ncevoir que des gens qui avoienr
la loi de M oyfe
(j
elaire
&
(j
exprelfe fur la nécerIi t6
d'honorer
&
d'amller un pere ou !lne mere, pulfent de
bemne foi etre perfuadés qu'oo étoit difpenfé de ce de–
voir par un V<E!l témérairc , ou pl01Ót impie.
Pour ce 'lui ell de favoir fi I'erreur d'un homme quí
fe t,ompe de bonoe foi ell vincible ou invincible,
iI
faut.
convenir que , mertant a pan les prí ncipes les plus gé–
néraux du droit naturel ,
&
les vérirés dom les C hré–
ticos , quoique divifés en différente, fea.s , fo nt convenus
de tour tems, tout
le
relle cll de nature, qu'un homme
no peur fans rémérité juger en aucune man:ere du prin–
cipe de I'ignorancc,
&
de, erreurs d'autrui: ou s'iI peut
dire en général qu'il y a des eirconaanees qui reodene
villCiblr' relles ou telles erreur"
iI
lui ell extrememcnt
difficile de rien déterminer la-delfus par rappore
a
quel-·
qu'un eo pan ieulier ,
&
iI o'eO jamai, oécelfaire qu' H,
le falle.
I V.
L a derniere queClion ell
(j
en eonféqueoee du ju–
geOlem que I'on (ait de l'igDorance ou des erreurs d'au–
troi en matiere de
, onfeie".. ,
on peut
fe
porter :l quel–
que aaion contre ceux que
1'00
croi, etre dans certe
ignorance ou da,lS ces erreurs? lci nous répondoas que
lorfque I'erreur ne va poim d faire
OU
a·
enfeigner des
chafes manifellement comraire, au" lois de la fociét6
humaine en général,
& •
eelles de la foeiété civile en
pan ieulier, I'aaioo la plus eonvenable par rappOn
au~
erraos, ell le foin eharitable de les ramener
JI
la vérité
par des inllruélions pai(jbles
&
fol ides.
Perféculer quelqu'un par uo mo tif de
ton(cien«,
de–
viendroir une efpeee de coutradillion; ce reroir reofer,.
mer dans I'éteodue d'un droir une chofe 'lui par elle,
01; -