COL
rent la popul3tion,
&
fonderent de puilTr,lltes monar–
chies.
V.
La cinquieme efpece de
eoloniu
eíl de celles qu'a
fondées l'eCprit de commerce,
&
qUI enrichiífellt la mé–
tropole.
Tyr, Carthage,
&
Marfeille, les Ceules villcs de I'an–
tiquité qui ayen< fondé leur puítfance fur le commerc.
font auffi les feules qui ayen! fuivi ae plan dans
quel~
ques,ulles de leurs
colonies.
Utiquc batie par les Ty–
riens pres de
200
ans avant la fuiee d'Elilfa, plus COll–
nue fous le nom de
Dido",
ne préeendit jamais
il
au–
cun empirc fur les terres de l' Afrique; elle fervoit de
lerr;¡ite aux
vai(feaux des Tyriens,
ain(i que
les
c()/fJJ1ics
érablics ; Malthe
&
le long des cÓees fréquenrées par
Jes Phénieíens. Cadi., rune de leurs plus aneíenlles
&
de Icurs plus fameufes
eolonies,
ne préeendit jamais qu'
:lll
commerce de I'Efpagne, fans entreprendre de lui
donner des lois. La fondatíon de Lilybée en Sicile ne
donna aux Tyriens auculle idée de
conqu~te
fur cetre
tle.
Le commerce ne fut point I'objet de l'érabliífement
de Carrhage, mais elle chercha a s'aggrandir par le
commerce. C'eíl pour I'érendre ou le conferver exelu–
fivemen<, qu'elle fut guerriere,
&
qu'on la vit difputer
a
R ome la Sicile, la Sardaigne, l'Efpagne, l'!talie,
&
memc fes remparts. Ses
<%nieJ
le long des ceHes de
l'A frique fur l' ul1e
&
l'autre mer juCqu'a Cerne; , aug–
mentoient plus fes richefTes que la force de fon empire.
l\llarf"i1le ,
eolo11i.
des Phoeéens ehafTés de leor pays
&
enCuite de l'11e de Corfe par les Tyriens , ne s'oc–
cupa dans un territoirc ílérile que de fa peche, de fon
commerce,
&
de fon indépendance. Ses
c%nieJ
en
Efpagne
&
fur les cÓtes meridionales des G,ules, n'a-
voien t poior d'aurres motifs.
.
Ces fortes d'érablilfemens éroient doublemem 'nécef–
{aires aux
p~uplcs
qui s'adonnoicot
3U
commerce.
LCUf
navigarion dépourvOe du fecoors de la boulfole, ¿toit
timide; í1s n'ofoient fe haf.1rder trop Inin des cOtes,
&
la
loogueor nécelfaire des voyages exigeoit des retraites
fares
&
abondantes pour les navigaeeurs. La plapart
des
peuples avec lefquels ils rratiquoien!, ou lIe fe raC–
fembloient point dans des villes , ou uoiquemen! occu–
pés de leurs beroins, ne mettoieut aucune valeur au
fuperHu.
11
étoit iodifpenrable d'établir des entrep6ts qui
tilfem le commerce iotérieur,
&
ou les vailfeaux puf–
fent en arrivaot
faire
leurs échanges.
La forme de ces
<%nieJ
répondoit alfez
~
celles des
nations
commer~antes
de l'Europe en Afrique
&
dan.
I'Jode; elles y ont ,des comptoirs
&
des forterelfes,
poor l. commodité
&
la CGreté de leur commerce.
Ccs
colonies
dérogeroiem a leur inílitution,
r.
elles de–
venoient conquérantes,
a
mojns que
l'ét3[
ne fe char–
goat de leur dépenfe;
íI
faut qu'elles foíem fous la dé–
pendance d'une compagnie riehe
&
exclulive, en érat
de former
&
de
fuivre des projets politiques. D ans
I' Jo–
de on ne regarde comme marchands que les A nglois ,
parmi les grandes nations de l'Europe qui y commer–
cent; fans doute, parce qu'ils y fom les moins puiíf,ns
en polfeffion¡.
V
J.
' .a
~écouverte
de l'Amérique vers la tio du
quin7.ieme fi de, a multiplié les
c.lonies
Européennes,
&
nous en préfcnte une fixieme efpece.
Toures celles de ce continent ont eu le commerce
&
la culture tout-a-Ia-fois pour objet de leur établilfe–
m ent, ou s'y Com rournées ; des-Iors il étoit nécelfaire
de eooquérir les terres,
&
d'en chalfer les aucieos ha–
bitans, pour
y
en
tranrporrer
de
Ilouveaux.
Ces
<%nies
n'étam établies que poor I'milité de la
m étropole, il s'enfuit;
1 0.
Qu'elles doivem erre Cous fa dépendance immé–
diare,
&
par conféquent fous fa protcélion.
2°.
Que le commcrce doit en etre exc1ufif auS fon–
dateurs .
Une pareille
colonie
remplir m ieUK foo objet,
iI
me–
fure qu'elle augmente le produit des terres de la mérro–
pole, qu'elle f:iit Cubfifler- un plus grand nombre de Ces
hommcs,
&
qu'elle conrribue au gain de fon commer–
ce avec les
aurTes
nariofls" Ces
erois
3vanrn.ges
peuvcnc
ne pas fe reDcomrer
enCem~le
dans des circonílances
particulieres; mais I'un des trois
3U
moins doit compen–
fer les autres dans un certain degré. Si la compenfa.
tian
n'ea
pas cntiere, ou
fi
la
co~on;(!
ne procure
n~cun
des trois avantages, on peut déctder qu'elle efl rumeu–
fe pour le pays de la domination,
&
qu'elle I'énerve.
f\infi le protir du commerce
&
de la cultore de nos
e%nieJ
efl préeífémenr,
10
le plus
gran~
prodUlt que
leur conCommatiOll occafionne au propriétaire de nos
Tome lll.
COL
S39
terres, les fr!is de culture déduits;
2"
ce que re<;:oivént
nos artiíles
&
nos matelots qui travaillem pour elles.,
&
ii
leu~
occalion;
3°
toVe ce qu'elles fuppléent de
nos befolOs;
4°
tout le fuperfiu qu'elles nous donnent
a
exporter.
De ce caleul, on peut tirer plufieurs. conféquences:
L a premiere eíl que
k's
colonies
ne Ceroient plus mi–
l'es,
fi
elles pouvoiem fe palfer de la métrOpole; ainlb
c'eíl une loi prife dans la nature de la chofe, que I'on
doit reílraindre les arts
&
la culture daos úne
colonie,
a
tels
&
tels objets, Cnivam les convenances du pays
de la domiDation.
La feconde eonféqucnce efl que fi la
<
ol.ni.
entre–
tiem un commerce avee les étrangers, ou que
fi
I'on·
y canfomme les march3l\difes étrangeres, le momant
de ce commerce
&
de
ces
marchandiCes
dI
uo vol
fai~
a la métropole; vol trop commun, mais punilfable par
les lois,
&
par lequel la force réelle
&
relative d'un
état eíl diminuée de tout ce que gagnem les étrangers.
Ce n'eíl done poiut atlenter a la liberté de ce com–
merce , que de le reflraindre dans ce cas; toure poli–
ce qui le tolere par Con indifférence, ou qui laiire
11
certains porrs la facilité de contrevenir au premier prin–
cipe de I'inílitntion des
colonies,
e(l une poliee deílru–
EHve du commerce, on de la richelfe d'une- nation .
La troifieme conféquenee eíl qu'une
colo11ie
fera d'.u- .
tant plns utile, qu'elJe fera plus peuplée ,
&
que fes ter–
res f.ront plus enltivées.
Poor y parvenir f6rement,
¡¡
fau~
que:
le premier é–
tablilfemem fe falfe oux dépens de I'érat qui la fonde;
que le partage des Cueceflions y fQjt égal eotre les en–
fans, afin d'y tixcr un plus grand nombre d'habitans
par la fubdivilion des fortunes; que la concurrente dl'
commerce
y
foit parfaitement établie, parce que I'am–
bition des négocians fournira aux habitaDs plus d'avan–
ces poor leurs eu IftJ res , que !le le feroiem des compa–
gnies exc\ufives,
&
des-Iors ma¡ereífes tam du prix des,
marehandifcs, que du tenne des paye mens .
11
faut en–
care que le rorr des habirans foit tces-doux., en com....,
penCation de leurs travaux
&
de leor 6délité; c'eíl pour–
quoi les naeions hobiles ne
retir~nt
tout au plus de leurs
c%nieJ ,
que la dépenCe de,; fortcrelfes
&
des garniCons;
quelquefois, meme elles Ce
comenteut.du.-bénéfice ·géné–
f31
du
COrnmerce.
Les dépenCes d'un étnt avec fes
colonies
,
ne fe bor–
nent pas aux prcmiers
frai~
de
lCUT
érablilfemem. Ces\
Cortes d'cnrreprifes
CXigCDt
de la
con(lallce,
de ¡'opinift–
lecré tnt me,
a
moios que
¡'ambitian de la nadon
n'y
fupplée par des eflorts extraordinaire ; l1lais la con flan–
ce a des etlets plus fars
&
des principes plus folides;
ainfi JuCqu'. ce que la force du commerce ait donné
aux
colo"ies
une eCpece de confíílance, elles om beCoin
d'encouragement continoel,
[uivan[ la
nature de leur po–
lition
&
de leor terrcÍo; fi on les !léglige, outre
la
per–
te des premieres avances
&
du tems, on les expoli,
a.
devenir la proie des peuples plus ambitieux ou plus a–
a ifs.
ee feroit cependant aller contre
l'objc~
meme des
co-
101lies,
que de les établir en dépeuplant le pays de. la.
domination . Les nations intclligentes n'y envoyent que
pen-a-peu le fuperflu de leors hommes , ou ceux qui y
fom a charge
a
la !ociété; ain
r.
le point d'ulle premie–
re population eíl
la
quan!ité d'habitans néeefTaires poue
défendre 1" canton étabJi contre
1\"
"nnemis. qui pom–
roient l'attaquer; les peuplades fu ivantes fer vent
a
I'ag–
grandiífement du comUlerce; l'execs de .Ia population
feroit la quanrité d'hommes inutiles qui s'y
trouveroi~nt,
~u.
la quantité qui manqueroit au pays de la,
domlll~~
tton . II pellt done arriver des circonflances ou
ti
ferott
utile d'empeeher les citoyens de la métropole de Cortir
ií
leur gré, pour hab;ter les
colo>1ia
en général , ou tel–
le
c:olonie
en particulier.
Les
colonies
de l' Amérique ayam érabli une nouvel–
le forme de dépendance
&
de commerce,
iI
a .été oe–
celfaire d'y faire des lois nouvelles. Les léglSl!tteurs
habiles om eu pour objot principal 'de fnvoriCer l'établiC–
Cemem
&
la culture; mais lorfque I'un
&
I'autre font
p,arvenus
a
une cenaine
perfeé[jOl~, ~1
pcut
,~rri~er .
que
ces- lois deviennem contraires
a
I ob)et de I mílnutlon ,
qui eíl le commerce . dans ce cas elles
10m
meme. in–
juíles puifque c'eíl 'le commeree qui par fon aaivité
en a donné
a
toutes les
e%nies
un peu florifTames.
JI
paro¡troit done
conve~able ~e l~s
changer ou de
!es
modifier
:l
mefure qu elles s élOlgnem de leur efpnt .
Si la cul'ture a éré
favorif~e
plus que le commerce,
~'a
été
en faveur
meme
du
commerce;
des
que les
r3i–
fOlls de préférence ceífenr, l'équilibre do;t etre rétabli .
Yy y
2.
L ore-