ART
p'~r< ,
de rel
"",,¡,
&
que ¡'clCprclTioll ne foit
plrS
COll–
íaerée par l'uCage au [eul fens fpécifique ou adverbiol,
alors ou peur aJoarer le
'{ni; il fe cond:'¡t m pere te;,–
¿re 'lui;
car c'efl aurant que
Ii
1'00 difoit
(o",me
1m
p,re tmdre;
c'efl le fens particulier qui peut recevoir
énfuite une d¿rermination lingulierc.
JI
eft Mcabli de mal"';;
c'el1-a-dire
de matlx p"rt i–
"die"
ou
de de
&tu
particulieres 'fui ,
&e.
Une forte
'ti.
fm;tJ '{u;,
&e.
"n. forle
rire ce mor
fruitJ
de la
généraliré du nom
frzúl ;
une
(oru
eil
un individu fpe!–
Gifique, ou un individu colleáif.
A infi, je crois que la vivacité , le feu, l'enthoufiaf–
me ,
que le flyle poérique demande , om pú autorifer
R acine
a
dire (Eflher, aa.
11.
[e. viij .)
"fJlle pai"
po",. t impie ; il la cha che, elle f"il:
mais cetre eI–
preflion ne feroir pas réguliere en profe, parce que la
prel1licre propofirion étRm univeríclle négative, & ou
mllle
emporre toure paix pOllr l'impie, les pronoms
1"
&
elle
des propofi rions qui [uivent ne doivenr pas rap–
peller dans un fens affinnatif & indiviQUcl un mo t qui
a
d'abord été pris dalls un fens négarif univerfel . Pellt–
erre pourroit-on dire
nulle paix '{u; fo;e durable n'eft
domlle aux hommes:
l1lais on feroit eneore mieux de
dire
fine paix dHrable n'efl p oint do'm/c allx hommeJ.
T
!le el! la juflclfc d'cfprir , & la précilion que uous
demandons dans ccux qui veulent écrire en notre lan–
gue , & m ':me dans eeu x qui la parlem. Ainfi
011
dir
abCol ument dans un fens indétini,
fe donner
."
Ipe–
aatle, avoi,· pelir, avo;r ¡it il , un
P.Ipr;t de parti,
1m
eIpr;t d'erreur.
On ne doit donc poim ajoiher eLl–
fuire
~
ces. fubflantifs , pris dans un fcns général, des
adJealfs qUI les Cuppoferoiem dans
Ull
fens fin i & en
feroiem des individus méraphyfiques.
011
nc dort done
point dire
fe do",,,r en Ipeaatle f"nefle ,
ni
1m
eIprit
d''''rellr fa tale. , de ¡ I(uritl
~/mlrair~,
ni
avoir peur
terrtble:
on. dlr. pourtant
aVOtr grand pet,r ,
parce qu'
alors cet adJealf
grnnd ,
qui précede fon fubflantif &
q U! perd meme ici fa rerminaifol1 f¿mininc, ne 'fair
q u un
m~mc
mm avec
peur ,
comme dans
grand'meffe
g rand'mere.
Par le mcme principe, je
croi~
qu'nn
d~
nos allteurs n'a pas parlé exatrement quaod il a dit (le
P.
Sanadon , vie d'Horace , pag
47.)
Oaavien dltla–
re en
p/~il1
fena!,
r¡1~'iJ
'lJeut luí. rcmettre le
g0ltver–
n ement de la repu6ltque ; en plem fena.
efl une cir–
c~:lO l1anc~
de líeu, c'efl une rane d'expreffion ad ver–
hlale,
0 '1
fenat
ne fe préfenre pas fous l'idée d'un etre
perConitié ; .c'.efl
e~pen~ant
cene .idée quc fuppofe
lui
,."nete'·e;
II fallOlt dlre,
o aaVten dlclare
(/tt
fenat
.. ffemb ll qH'il veut lui remettre,
&c. ou prendrc quel–
qu'autre [Our .
Si
lei
'angl~eJ
f/uí ont del
artides ,
ont ten
avanta~
ze
¡ur celleJ
f/tt.í
n'en ont point.
L a perfeaion des langues confi fle principalement en
deux poinrs .
1".
A avOlr une alfe? grande abondance
de mOrs pour fuffire
a
énonccr les dlffércns objets des
idées que nous avons dans I'efprit: par exemple, en
latin
"eg""m
lignific
royal!me ,
c'efl le pays dans le–
quel un fouverai n exeree fon autorité: mais les
L~tins n'ont poim de nom panieulier pour exprimer la du–
rée de I'autoriré dll fouverain, alors ils ont rccours
a
la périphrafe; ainli pour dire
[Oltl le regne d' A ugufle
i1s difent
imperante C"'fare A ug"fto ,
daos le rems qu
l
Augufle regnoir, au lieu qu'eo
fran~ois
nous avons
royau,,!e,
& de
pl~s
regne.
La langue
fran~oife
o'a
pas tOllJOurS de parells avantages [ue la latine.
2" .
Une
languc efl plus parfaite 10rCqu'elle a plus de moyeos
pour
cxp.r~mer
les divcrs poinrs ,de vile fous le[quels
notre eCpm peut confidércr le meme obJet: le
ro; aime
l e pettple ,
&
le pmple aime le roi:
daos ehaeune de
ces phra[es, .1,:
roi
& le
¡e"ple
fom confidérés [ous
U.O
rapport dlfférent . D ans la premiere, c'ef} le
ro;
qui
alme; dans la feconde, c'efl le
roi
qui efl aimé : la
place ou pofirion daos laquelle 011 met
ro;
&
pereple
fair conno¡rre l'un & l'aurre de ces poines de vile . '
L es prépofitifs
&
les prépolirions [ervent auffi
ii
de
pareils u[ages en
fran~ois _
Selon ees principes , il paroit qu'une langue qui a une
forre de mots de plus qu'une aurre, doir avoir
UIl
mo–
ye? .de plus poor expri'!ler quelque v.ile fine de l'efprir;
qu alOfi les langues qUl om des
artte/eJ
ou prépofitifs
doivem s'énolleer avee plus de juflelfe & de précifiOl;
que celles qui n'en o nr point. L'artiele
le
rire un nom
de la généralité du nom d'efpece, & en fuit Ull nom
d'individu ,
le roi;
ou d'individus ,
les roiJ;
le nom
fans
nreíe/e
on prépofi tif, ea un nom d'c[peee ' c'efl
UII
adjeaif . L es Larins qui n'avoicm point
d'a:ti"es
avoiem fouvem
~cours
aux adjcélifs démonararifs.
D i;
ART
«1
¡"pid"
ifli
p"'''J jiant
( Mm. jv.
3. )
¿itu '1tte
(el
pierres dev;mltent
pains . Quand ces
adJ~tlifi
man–
quem,
leJ adjointJ
ne fuffifenr pas tcruJours pour met–
rre
la
phrafe dans toure la c1arté qu'elle doir avoir .
S;
jililu
Dei
el
(Man. jv. 6.) on peur traduire
Ji ' IOUS
iteJ
jih de. Dim,
& v,?ila
ji/¡
nom d'dpeee; au liell
qu'en rradUlfam
ji
VOIIJ e&eJ le jils de D iel'
le
jih
en
UH
individu .
'
N
ous mettom
la
différenee entre ces quatres expreC–
lions ,
J .
jiIJ de roi,
2 .
jiIJ d',m roi,
3.
ji/¡
d" rol ,
4. le jiIJ d" ro; .
E n
ji/¡ de "oi, ro;
en: un oom d'efpe–
ee , qlli avee la prépofition, n'efl qu'un qualitieatif,
2 .
ji/¡. d'lln roi, d'un roi
efl pris dans le fens paniculier
dom nous avons parlé: c'efl
le jils de '1"el'{ue ro;; 3.
jih du roi, jih
efl un nom d'eCpece ou appcllatif , &
roi
efl un nom d'individu,
ji/¡ de le ro;;
4·
le
ji/¡
dll
roi, le ji/¡
marque uo individu :
jiJi"J regiJ
ne fait pas
fellt ir ees différences.
EteJ-vo1!J roi? éteJ-v ot/s le roi ?
dans la premiere phra–
fe ,
roi
efl un nom appellatif; dans la feeonde,
roi
ea
pris individuellemenr:
rex
u
tre?
ne diflingue pas ces
diverfcs aeceptions :
nemo fatiJ gratiam reti refert_
Ter.,
Phorn~ .
11.
ij. 24. ou
regi
peut fi gnifier
al< ro;
ou
a un r Ol.
Un palaiJ de ¡rince ,
efl un beau palais qu'un prin–
ce habire, ou qu'un prince pourroit habirer décemmenl;
mais
le palaÍJ du pr;n<e
(de le princc)
efl
le
palais
détcrminé qu'un tel prinee habire . Ces différcnre_ ,ilcs
l1e fom pas difl inguées en latin d'ulle malliere alllTi
limpie. Si, en fe menan!
a
rabie , on demande
le pain,
c'efl une totaliré c¡u'on demande; le larin dira
da
ou
"ffer panem.
Si, erant
a
rabie , on demande
d" ¡ ai" ,
c'efl une portion de
le pain ;
cependant le latin dira
égalcmenr
panem .
11
efl dir au fecond chapitre de S. Manhieu , que
les mages s'étallt mis' en chemin au Corrir du palais
d' Hérode ,
v identes ¡le/16m, gavi/i ¡un/ ;
&
intra11/er
dOY/ll0n , jn'llenerunt p14erllm:
voíl:l
Itoile ,
maifon, tll–
fant ,
fans aueun adJeaif déterminatif; Je conviens que
ee qui préeede fai r entendre que cetre étoile efl celle
qui avoit guidé les mages depuis l'oriem; que eene
niaifon en la maifon que I'éroile leur indiquoit;
&
que
eer entanr elf eelui qu'ils veuojen< ad0rer: mais
I~ I~rin
n'a rien qui préfente
c<'
motS avec leur détcrmll1alJon
paniculiere; il
IOll"
que l'eCprir fupplée
:l
rout.: ces
1~(Jt~
IIC
feroicllC pas énollcé autremeot, quaod lis fel Olent
noms d'clpcccs . N'ell-ce pas un avamage de la lan–
gue
fran~oifc ,
de !le pouvoir emplOrer ees erois mOtS
qu'avec un prépofjtif qui falfe connoltre qu'ils fom pris
dans un [ens indiv iduel dércrminé par les circonllances ?
ih v irent r ltoil. , ih entrerml dam la maifol1,
&
trOltVerei'1t
/'
enfant .
J e pourrois rapponer plufieurs exemplcs , qui feroient
voir que lorfqu'on veut s'exprimer en latin d'uDe ma–
niere qui diflingue le fens indiv iduel du fens adJeélif
ou indéfini, ou bien le fens parrilif du [ens [Oral, 011
efl obligé d'avoir reeours
a
quelqu'adjeaif déqlOnflra–
tir , ou
a
quclqu'alltre adjoiot . On ne doit donc pas
nOllS reprocher qlle nos
"rtie/eJ
rendem nos exprelTions
moins fon es & moins ferrées que ce!les de la langue
latine: le déf.'\ut de force & de préeilion efl le défaut
de I'écrivain, & non celui de la langue.
Je conviens que quand
I'arti".
ne fcrr poim
a
ren–
dre l'expreflion plus elaire & plus précife, on devroit
erre autoriCé
:l
le fnpprimer : j'aimeroi
mieu ~
dire: ,
eomme nos peres,
pauv retl n'efl paJ vice,
que de di–
re,
la pauvrett! n'eJI pa!
1m
vice:
il
y a plus de vi–
vacité & d'énergic dans la phraCe aliciennc: mai cene
vivacité & cene énergie ne fom loüablc" que lor(que
la fuppreffi on de
l'artide
ne fait rien pcrdre de la pré–
cilion de l'idée, & ne donne aueun li u
3
l'indérerll1i–
nation du fcns.
L'habirude de p3rler avee préei fion, de diflinguer le
fens individuel du [ens fpécifique adjeaif & II1défini ,
nous fai t quelquefois menre
I'a,.t;"e
Otl nous pouvit>ns
le fupprill1er: mais nous aimons mieux que notre flyle
foir alors moins ferré , que de nous expofer
3
'ctre ob–
Ccurs; ear en géoéral il cfl certain
'fue rart;"e mú
O" fllppriml devant un nom,
( Gram . de R egnier, pag_
I
p. )
fa;t '{uel'fllefoú une
ji
grande dijférence de [enJ,
'fl<'on ne peut doftter '{'u leJ langueJ qfti admellene
r anicle,
n'ayent ,m grrl1ld avantage
jilr
la !:mg'" lati–
ne porlr e;xprimer nett'ement
&
clairemene ccrtain$
rap¡ortJ
ou viles de I'efprit,
'{ue
I'arriele
feft l Pertt de–
Jigner,
fans quoi le leaeur ett expofé
a
fe l1léprendre .
Je me contenterai de ce feul exemple. Ov ide fai–
[anr la defeription des enchamemens qu'il imagine que
Mé-