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1·90

A MADEMOISELLE CLAIRON.

l'

on pouvait l'introduire, et qu.'il au~ait été

déplacé

par-tout ailleurs.

Le pere de Zulime a pu ne pas dép1aire, parce

qu'il est le premier de cette espece qu'on ait osé

·mettre sur le théatre. Un pere qui a une fille uni–

que

a

punir d'un amour crimine! est une nou–

veau!é, qui ,n'est pas sans iütéret : mais le role de

Ramire · m'a toujours paru tres faible, et c'est

pourc1uoi je.,ne voulais plus hasarder cette piece

sur la s.cene franc;:aise. Tout n'est qu'amour dans

cet ouvrage; ce n_'est pas un défaut de 1'.art, mais

ce n'~st pas aussi un grand mérite. Cet amour ne

peche pas contre la vrai_semhlance; il

y

a cent

exemples d,e pareilles aventures et de semblahles

passions ; mais ·je voudrais que sur le théatre

1

1'amour

füt

toujours tragique.

11 est vrai que celui de Zulime est toujours an-.

noncé par elle-meme comme un'e passion tres c.@n–

damnable.; mais ce n'est pas assez :

Et que l'arnour souvent, de remords combattu,

Paraisse une faiblesse, et non une vertu.

Les autres peJ'.SOnnages doivent concourir aux

effets terribles que toute tragédie doit produire.

La médiocrité du personnage de Ramire se répand

sur tout l'ouvrage. Un héros qui ne joue d'autre

role que celui d.'etre ~imé ou amoureux ne _peut

jamais émouv,oir; il cess·e des-loi-s d'etre u.n per–

sonnage de tragédie: c'est ce gu'on peut quelque–

foi~

·.l'eproche,;-

a

Racine, si l'on peut reproche