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A MADEMOISELLE CLAIRON.
l'
on pouvait l'introduire, et qu.'il au~ait été
déplacé
par-tout ailleurs.
Le pere de Zulime a pu ne pas dép1aire, parce
qu'il est le premier de cette espece qu'on ait osé
·mettre sur le théatre. Un pere qui a une fille uni–
que
a
punir d'un amour crimine! est une nou–
veau!é, qui ,n'est pas sans iütéret : mais le role de
Ramire · m'a toujours paru tres faible, et c'est
pourc1uoi je.,ne voulais plus hasarder cette piece
sur la s.cene franc;:aise. Tout n'est qu'amour dans
cet ouvrage; ce n_'est pas un défaut de 1'.art, mais
ce n'~st pas aussi un grand mérite. Cet amour ne
peche pas contre la vrai_semhlance; il
y
a cent
exemples d,e pareilles aventures et de semblahles
passions ; mais ·je voudrais que sur le théatre
1
1'amour
füt
toujours tragique.
11 est vrai que celui de Zulime est toujours an-.
noncé par elle-meme comme un'e passion tres c.@n–
damnable.; mais ce n'est pas assez :
Et que l'arnour souvent, de remords combattu,
Paraisse une faiblesse, et non une vertu.
Les autres peJ'.SOnnages doivent concourir aux
effets terribles que toute tragédie doit produire.
La médiocrité du personnage de Ramire se répand
sur tout l'ouvrage. Un héros qui ne joue d'autre
role que celui d.'etre ~imé ou amoureux ne _peut
jamais émouv,oir; il cess·e des-loi-s d'etre u.n per–
sonnage de tragédie: c'est ce gu'on peut quelque–
foi~
·.l'eproche,;-
a
Racine, si l'on peut reproche