AMADEMOISELLE CLAIRON.
CETTE
tragédie 'vous appartient, mademoiselle;
vous l'avez fait supporter au .théatre. Les talents
comme les votres ont un avantage assez unique,
c'est celui de r,essusciter les morts : c'est ce qu.i
vous est arrivé quelquefois. 11 faut avouer qtie
sans les grands acteurs une piece de théatre est
sans vie; c'est vous quí lui donnez l'ame. La tra–
gédie est encore plus faite po'ur etre représentée
que pour etre lue; et c'est sur quoi je prendrai la
liberté de dire qu'il est bien singulier qu'un ou–
vrage qui est innocent
a
la lecture puisse devenir
coupable aux yeux de certaines gens en acqu·é–
rant le mérite qui lui est propre, cclui de paraitre
sur le théatre. On ne comprendra pas un joti~–
qu'on ait pu faire des reproches
a
mademoiselle
de Champmelé de jouer Chimene, lorsque Au–
gustin Courhé et Mabre Cramoisi qui l'impri–
maient étaient marguilliers de leur paroisse
;
1
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l'on jouera peut-etre un "jour sur le théatre ces
contradictions' de nos mreurs.
Je n'ai jamais con9u qu'un jeune homme qui
réciterait en public une
Philippique
de Cicérou
dut déplaire mortellement
a
certaines personnes
qui prétendent lire avec un plaisir extreme les in–
jures grossieres que ce Cicéron dit éloqnemment
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