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L'ÉCOSSAISE.
n'y
a pas une si grande différence. Je ne sais pas pour–
quoi vous faites tout seul tant de réflexions sur son age .
MONROSE.
Dix-huit ans ! et née dans ma patrie! et elle veut etre
inconnue ! je ne me possede plus: il faut, avec votre per–
mission, que je la voie, que je lui parle totlt-a-l'heure.
PO LL Y.
Ces dix-huit ans tournent la tete
a
ce bon vieux gen–
tilhomme. Monsieur,
il
est impossihle que vous voyiez
a présent ma maitresse; elle est daos l'affliction la plus
~ruelle.
MONROSE.
Ah!
c'est pour cela meme que je veux la voir.
PO L LY.
De nouveaux chagrins qui l'ont accablée, qui ont
déchiré son creur, lui ont fait perdre l'usage de ses sens .
Hélas ! elle n'est p'as de ces fill'es qui s'évanouissent pour
peu de chose. Elle est
a
peine revenue
a
elle, et le peu
de repos qu'elle goute dans ce momen~ est un repos melé
de trouhle et d'amertume : de grace, monsieur, ménagez
6a faiblesse et ses douleurs
!
M ONR. O S'E.
Tout ce que vous me dites redouble mon empresse~
ment. Je suis son compatriote; je partage toutes ses
afflictio11s; je les diminuerai peut-etre; souffrez qu'avant
de quitter cette ville je puisse entretenir votre maí'–
t resse.
POLL "".
Mon cher ,compatriote, vous m'attendrissez; attendez
CI1core _quelques moments. Les filles qui :;;e sont éva-
(