ACTE I
7
SCENE
V.
Qui comptez tous vos jours, et marquez tous vos pas,
Par des plaisirs affreux, bu des assassinats;
Qui -savez tout braver, tout oser et tout feindre;
V.ous en fin, qui, saIJs moi, seriez peut-etre
a
craindre.
Vous avcz corrompu tous_les dons précienx
Que pour un autre usage ont mis en vous les dieux;
Courage, adresse ; esprit, gi:ace., fierté sublime,
Tout dans votre ame aveugle est l'i~strument dn crime.
Je détournais_de vous des regards ¡aternels,
Qui veillaien~ au destin du reste des mortels.
l\'lais voix, que craínt l'audace , et que le faibl~ implore ,
Dans le Fang de.s Ver".es ne vo·us mit point encore;
M~is, deveau plus fier par tant d~impunité,
J
usqn'a trahir l'État vou·s avez attenté.
Le désordre est dans Rome; il est dans l'EÚurie
On parle de Préneste; on souleve l'Ombrie;
Les soldats de Sylla, de carnage altérés,
Sortent <le leur retraite , aux meurtres préparés ;
Mallius en Toscane arme leurs mains féroces;
Les coupahles soutiens de ces complots atroces
Sont tous_vos partisans déclarés ou secrets;
Partout le nceud du crime unit vos iritérets.
Ah! sans qu' un jour plus grand éclaire ma justice ,
Sachez que je vous crois leur chef ou lenr complice;
Que j'ai parto~1t des yeux; que j'ai partout des mains;
Que, malgré vous encore, il est de vrais Romains;
Qu e ce C:Ortege affreux d'amis vendus au crime
Sentira comme vous l'équité qui m'anime.
Vous n'a vez vu dans mo·i qu'un rival de grandenr,
Voyez-y votre juge, et votre accusateur,
Qui-va dans un momeut vous forcer de répondre
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A.u tribuóal des lois qui doivent vous confondre,
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