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DuRÉE

DBS CHOSES,

·le

Tcms:

'18f.

l'exiíl:ence des chofes , venoit

a

détruire tout mouvement

que konque dans la Namre matérielre , en confervant

a

norre fobíl:ance intdligente

&

feníible , l'avantage ou le

défavantage d'avoir, comm,e auparavant, des perceprions

cl'idée

&

de fentiment, des perceptions de plaiíir

&

de dou–

leur ; il eíl: clair que le tems exifieroit eneore : p1úfque le

tems eft la durée focc eílive ou l'exiíl:ence continuée des

chofes .,

tant

que cette durée ou cette exiíl:ence eft comprife

entre des termes finis.

·

· Mais comment pourrions-nous, , dans ·cet-te hypothefe ;

évalu er la durée fucceílive des chofes?

N

ous ne pourrions

l'évalu er, qu'en la comparant avec l'~xiíl:ence fucceílive de

nos différentes perceptions : ce qui ne nous donneroit

a

cet éga rd, qu'une mefure infiniment variable, infiniment

équivoque

&

incenaine.

·

Car,

il eíl: clair qu'une Ame

a

perceptions lentes

&

tar~

dives, pourroit avoir, dans un tems déterminé

~

par e~em–

ple, dans un tems é?;al

a

ce que nous nommons une heure;

un bien moins grand nombre de perceptions ",_qu'une autre

Ame

a

perceptions vives

& ,

rapicles;

&

ert foppofant que

celle-ci eut dix perceprions., dans le meme tems que celle–

la

n'en a qu'une; une meme durée des chofes, paroirroit

dix fois plus grande a celle-ci qu'a celle-la.

D'ailleurs,

íi

l'une de ces deux Ames venoit

a

ceífer

d'avoir des perceptions,

a

erre comme dans un état de

fommeil, pendanr .une durée égale

a

une année ou

a

un

fiecle;

&

qu'en

fe

réveillant, elle eut le fouvenir

&

le

femiment de la

demiere perception

qu'elle eut dañs fon état

de veille : il eíl: clair que tome la durée fucceffive des cho.:..

!es, qui auroit eu lieu pendant fon érat de fommeil, n'en-·

treroit pQur ríen dans la fupputation qu'elle en feroit

au

tems de fon reveil.

'

.

256. D ÉFINITION II.

L'Eternité

eíl: une infinie permanence

'cl'exiíl:ence; telle qu'aucune durée finie, répétée incléfini–

inenr un nombre fini de fois, ne puiífe

jama.is

l'égaler

&

la mefurer; telle qu'en la concevant au terme ou nous 'lni

co-exiíl:ons , on ne puiífe jamais remon!er par la pen[ée

a

un autre terme antérieu.r, auquel ou ,en-dec;a duquel on en

puiífe placer le commencement.

T ell e eíl: l'éternelle exiíl:ence , l'érernelle durée de Dieu:

exiíl:ence

&

durée qni n'eíl: coníl:ituée par aucune variaüon

inrrinfeque dans ~ette Nature incréée; exiíl:ence

&

durée,

qui n'eíl: a11tre chofe que l'immuable eífence de cette na–

ture incréée , de cette Nature to ujours eífenriellement fub–

fifi ante , toujour~ eíf~ntiellement la

meme;

exi!lence

&