J
t'EsPACE
INFINI, LiEU DES
cüosts:
1.77,
ti'érniere extrémité des mondes exifrans , au zénith ou
au
nadir, au nord ou au rnidi, au levant ou au couchant:
il
eíl:
clair que je puis la prolonger indéfinirnenr par la penfée.,
dans l'e(pace immenfe que je con~ois au-dela de tous _les
étres c0rrorels , en la doub}ant, en la triplant, en la qua–
clrupla1
t,
&
ainíi de fuite
a
l'infini;
&
que, quelque
gran~
deur finie que j
'affig.oea
cette ligne , je ne corn;ois point
tJU'elle arteigne ou c{a'elle p.uiífe atteindre le bout de cet
eípai:e immenfe.
. Done cet efpace efl: infini: pui.fque s'il étoit fini ,·
il
pour..' \
roit
etre mefuré par une ,ligne plns ou rnoins grande d'une
grandeur finie; Done la longueur de cet efpace, efi un infini
~n longue1.1r : done la largeur de cet efpace eíl: un infini en
largeur: done
la
profondeur de
cet efpace
eft
llfi,
infini
en
profondeur.
C. ·Q.
F. D.
247. REMARQUE.
On ne peut guere attaquer l'
exiíleo.ce'cl'un Efpace infini, telle que nous l'adinettons, que
par
qnelques vaines chicanes , qui ne méritertt pas beauccmp
d'attention : notlS allons momrer les d~ux principales.
lº.
En vain nous objeaeroit-on d'abord que, dans
l'hy–
pothefe
d\111
efpace réellement
infini ,
il
y
auroit
un lnjirri
plus gr,znd
qu'un autre;
que
Pinfini en
largeur,
par
exemple ~·
feroit infinirnent plus
grand
qt1€ l'infini en longuenr. La c-Hofe
eíl:
vraie, & elle ne peut paroitre abfnrde , qu'a ceux qui
fo
feroieut formé de fauífes
idees¡
de l7infini.
(Phy{
63 ). .
Les Géometres conc;oivent différentes efpeces d'infinis
~
tlont les uns font infiniment plus grands que les auttes·. Un
infini <lu premier ordre oo, efl: infiniment moindre qu\m.
infiní
du
fecond ordre oo
2
:
un
infini
<ln fecond ordre
00- 2..,
eíl: infiniment moindre qu'un infini
dll
troiíieme ord-re oo ~–
Telles font les trois efpeces d'infinis que nous concevons ,
clans les trois dimenfiogs de l'efpace ínfini dont
il
eíl:
ici
_quefiion.
Uº. En vain nous objeéteroit-on e11cor.e, pour infi.rmer les
preuves t-,1auíibles par
ou
nous établiffons l'exiíl:ence d'm1
efpace infini, que nous ne connoiffons cet efpace infini ,
que par les
ldées que nous en avons,
ou que nous nous en
formons.
La
chofe eíl: encore vraie. Mais nous ne conn oif–
fons non plus les propriétés du cercle & du triangle, que
par les idées qne nous avons on que nous nous fo rmo-n§
clu rriangle ou du cercle.
Or que pourra-t-on aífurer
&
affirmer des chofos :
ft
l'on
fofp eéte le príncipe
fontlam en tal
de ro tites les co-n noi{fances
aumain
s ;
Íl
l'on doute qu'on puiffe ou qu'o-n doive affir"'..
M