- XIV -
l'idée élevée qu'ils se formaient du Créateur
(1).
Dans leur langue, ils
appelaient le ciel Hana,t-Pa'ha ou
Monde d'en ham,
l'enfer,
U~u-Pa'ha
ou
Monde du dedans;
et le démon Supay ou ·
Génie du mal.
Ils donnaient
encore
a
l'enfer le nom de Supaypa-Wasm,
Maison du diable.
Ces ·
croyances, qui, par elles-memes, montrent
a
quel degré de culture intel–
lectuelle étaient parvenus les anciens Péruviens, se traduisaient en pra- ·
tiques religieuses et en cérémonies qui, exemptes du sensualisme payen,
entouraient le culte d'une grande pompe et de beaucoup de magnificence.
Ils avaient des pretres (2) et des pontifes chargés de présider aux solen–
nités religieuses que l'on célébrait en l'honneur du Soleil (
3 ),
et dans les
grands sacrifices auxquels donnaient lieu ces fetes somptueuses,
il
était
interdit d'immoler des victimes humaines
e~).
Il existait aussi des
Vierges du Soleil vouées au service des temples et au culte de la divinité.
Cette institution, quant
a
la clóture perpétuelle et
a
la pureté des moours,
ne le cédait en rien
a
l'institution des vestales romain'él5 et a•tres'pre–
tresses de l'antiquité (
5 ).
Le palais des Vierges du Soleil de la ville
~
Cuzco était le principal parmi d'autres édifices de ce ge nre, dont il
e~s
tait un nombre considérable dans l'empire;
il
renfermait, en e:tfet,
a
lui
tout seul, mille cinq cents vierges. On rencontrait également des temples
(1)
Garcilaso de la Vega,
Comentarios Reales,
l• Part., Lib. 11, Cap. 7.
(2)
Garcilaso de la Vega.
Comentarios Reales,
l• Part., Lib. II, Cap. 9.
(S)
Marmontel, en parlant de la religion des Incas, s'exprime ainsi: «Le culte du Solei)
avait a Cuzco une majesté sans égale. La magnificence du temple, la splendeur de
la Cour, l'atfiuence des peuples, l'ordre des prlltres du Soleii, et le chreur des Vierges
Choísies, plus nombreux et plus imposants, donnaient, dans cette ville, ala pompe du
culte un caractere auguste.
»
(Les Incas,
chap. 30.) - Voyez aussi Garcilaso de la
Vega.
Comentarios Reales,
l• Part., Lib. VI, Cap. 20,21 et 22.
(4)
Marmontel(Les
Incas,
chap. 2), díta ce sujet:«Lapremiere de ces lois leurprescrít
le culto. Ce n'est qu'un tribut solennel de l'econnaissance et d'amour: ríen d'inhumain,
ríen de pénible: des prieres, des vreux, quelques offrandes pures ; des fétes ou la
píété se concilie avec lajoíe: te! est ce culte, la plus douce erreur, la plus excusable,
sans doute, ou pO.t s'égarer la raíson.
»
Et, en parlaut du sacri.fice religieux des Incas,'
(chap. 3), il dít : «Ce sacrífice est ínnocent et pur. Ce n'est plus ce culte féroce qui
arrosait de sang humain les forets de ces bords sauvages, lorsqu'une mere déchirait
elle-meme les entrailles de ses enfants sur l'autel du lion, du tigre ou du vautour.
L'offrande agréable au Soleil, ce sont les prémices des fruits, des moissons et des
animaux, que la nature a destinés
a
servir d'aliments a l'homme,
>}-
Voyez aussi
Garcilaso de la Vega.
Comentarios Reales,
l• Part., Lib. II, Cap. 8.
(6)
Garcilaso de la Vega.
Comentarios Reales,
l• Part., Lib. IV, Cap. 2, 3 et 4. -
Prescott.
Conquéte du Pérou,
livre I, chap. 3,
¡