. CIIAPITRE V
L'HOTlfME DE SOCIÉTÉ ACCOllfPLl
C'est pour les cours et, au fond, bien plus encore pour
lui-méme, que se développe et s'aftine le courtisan tel
que l'entend Casliglione.
JI
est,
a
proprement parler,
l'homme de société idéal;
iI
est le produit nécessaire, la
quinlessence de la culture de cette époque, et la cour
est plus faite pour lui qu'il n'est fait pour la cour. Tout
bien pesé, on ne pouvait rien faire d'un tel homme dans
une cour, attcndu qu'il a
lui-~éme
les qualités et les
allures d'uo prince accompli, et que sa supériorité, toute
simple et toute naturelle, suppose un étre trop indépen–
dant. Le mobile secret qui le fait agir, c'est, - l'auteur
a beau vouloir le dissimuler, - Don pas le service du
prioce, mais sa propre perfeclion. Un exemple le fera
mieux voír:
a
la guerre, le courtisan refuse
I
des missions
utiles oil
iI
trouverait
a
courir des daogers et
a
se dévouer,
quand elles manqueQt de grandeur et d'éclat, comme,
par exemple, la capture d'un troupeau; ce qui l'attirc
.dans les camps, ce n'est pas le devoír, mais
l'onore.
La siluation morale du courlisan vis-a-vis du prince,
telle que l'auteur la défioit dans le quatrieme livre, est
tres -libre et tres-indépendante. La tbéorie des
am~)Urs
I
n
corligiano,
l. 11 , fo!. 53. - Sur le
Corligiano.
comp. plus baut.
p.
105,122.
133