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L'UNIVERS.
vieux blanchi par les ans,
comme
le nomment poétiquement les in<li–
~enes,
montrant son cone oblique,
ecrasé,
les trois géants des monts
américains, dont
les
éblouissantes
neiges se dessinent au-dessus des nua–
ges sur le bleu foncé du ciel le plus
beau et le plus pur du monoe. •
Daos les enviro ns de la Paz, et en
s'acheminant vers la province de Yun–
gas, M. d'Orbigny contemple des
paysages d'une autre nature :
«
J'é–
tais' dit-il , entouré de montagnes se–
ches, dont la roche se cachait par en–
droits soil sous qu elques larnbeaux de
pelouse, soit sous les neiges éternelles.
Un silence solennel rég nai t de tous
cotés, ces régions sauvages et glacées
n'étant pas merne fréquentées par le
passereau voyageur. Le guanaco ou
l'agile cerf des Andes, l'isoard ou le
chamois de ces co ntrées , parcourent
seu ls les montagnes voisines, que le
pasteur montagnard craint quelquefois
· d'aborder.. ... Arrivé au sommet des
Andes, l'admiration l'emporta sm· la
souffrance que me causait le froid pi–
quant dont j'étais sai i, et me fit ou–
blier les effets si pénibles de la iaré–
factio n de l'air.J'étais tellemPnt ébloui
par la majesté du tableau, que je n'en
vis d'.abord que l'immense étendue,
sans pouvoi r en distinguer les détails.. .
Ce n'était plus une montagne neigeuse
que.jecroyais saisir , ce n'étai t plus ce
vaste plate:rn sans nu ages comme sans
végétation active. Tou t ici était diffé–
rent : en me Í'etourn ant du co té de la
Paz, j'apercevai,s encore des monta–
gnes arides et ce ciel toujours si pur,
caractéristique des plateaux. Au ni–
veau ou je me trouvais, partout des
sommités couvertes de neige et de
glace; mais vers Yungas, q uel con–
traste l Jusqu'a cinq ou six cents me–
tres au-dessous de moi ,
~es
monta-
tiou appliquée par le voisinage de la ville
de ce nom au pie de la montagne appelée
A11c11ma11i
par les Indiens. Cetle montagne
cst la plus haute de l'Amérique méridio-
1~ale_,
d'ap1·es
!-'1·
Pentland; elle est plus
elevee que l'lhma111 , puisqu'elle
a
7,696
mclr~s
au-dessus de l'Océau.
gnes couvertes d'un riche tapis vert de
pelouse , sous un ciel pur et serein
!
A ce niveau , un rideau de nuages
blanchatres, représentant comme une
vaste mer qui battait les flanes des
rnontagnes , et sur lesquels les pies les
plus élevés veuaient se détacher et re–
préseoter des tlots. Au -dessous <le
cette zone, derniere limite de lavé–
gétatioo active(*), lorsque les uuages
s'cntr'ouvraient' j'apercevais
a
une
profondeur incornmensurable le vert
bleuatre fo11cé des forets vierges qui
revetent toutes .les parties du sol le
plus accidenté du monde.
»
Arrivé au pied d'une chute d'eau,
sur la montagn.e de Quiliquila, le sa–
vant observateur fait Je parallele sui-
vant :
•
• La composition géologique des
montagnes a la plus gr.ande influence
sur l'aspect pittoresque des loca lités.
Lorsg u'on parcourt les Pyrénées et
(') L'ensemble des monlagnes , par celte
latitude, offre trois climats tout différeuts,
déterminés par les vent
r~gnants
et les bar–
rieres que leur oppo ent les diver es chai–
nes;
1º
dans la province de Yungas et sur
tout le versant or'ieutal eles Andes, les nua–
ges exi tent toujonrs
1 Oll
meme, pendant •
neuf mois de l'année , ue franchissent pas
une limi te d ·tcrminée, arretés qu'ils ;out
par les monlagnes; il cu r ésulte des pluies
continnelles et la plus belle végétation
<lu
monde;
2º
~ur
les plateaux, neuf mois de
l'année, aucu n nuage ne se montre
a
l'ho–
rizon ; mais
a
l'instant de l'été les nuages
clu versan! s'élevent un peu, quelques-uns
franchissent les montagnes et pas ent sur
les plateaux ; alo1:s des orages fréquents ,
presque journaliers, et pour ainsi dire
it
heure fue,
y
vcrsent (vers trois heures) des
torrents de pluie ou de grele, et font naitre
une végétation maigre et rabougrie;
3°
ces
nuages sont arretés par la eordillére occi–
dentale, et
iJ
en résulle qu'aucun ne passe
sur le versant ouest, oú par suite du man–
que continucl de pluie , il n'existe plus
qu'une végétation artificielle. Ainsi le ver–
san t occidental , oit jarnais on ne voit de
pluie ; les plateaux oú il pleut.trnis mois'de
l'année ; le versaut .oriental oú il ple11t tou–
jours; telles sont les h:ois zones tranchées
qu 'on trouve sous les trnpiques en Boli1•ia
et
au
Pérou.
.
(No/e de
./l'I.
d'Orbig11y-.)
,