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M:EXI~UE.
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s'ouvrir des voies au travers des bois
et des marais; et lorsqu'apres la con–
quete, Cortes ·se-11asarda
a
marchef de
Mexico dans les provinces de Hondu–
ras,
il
y
rencontra d'aussi grands obs–
tacles qu'il en eut
})U
trouver au mi–
lieu des contrées les moins civilisées
de
I'
Amérique.
Il
luí fallut quelquefois
traverser des forets presque impéné–
trables, des plaines couvertes d'eau, et
des terres en friche·ou il pensa mourir
de faim.
L'esprit d'association, né de la fai–
blesse indi vid uelle et de la convic–
tion de cette foiblesse, s'applique
d'abord
a
la conservation de lé! vie :
on n'osait, da ns l'Anahuac, se ·met–
tre
S•fü
1 en mute. Le mode de voya–
ges par caravanes avait été génerale–
ment adopté. On voyait les marcharlds
partir en troupes de Tenochtitlan,
pour aller, de province en province,
échanger les _produits du Mexique
contre les·objets qui manquaient"
a
leur pays, contre les matietes premie–
res dont son industrie ne 'pouvait se
passer , contre les c,hoses rares
ou
précieuses dont le luxe des rois ou
des
~rands
du royaume s'étaitfait
1m
besom.
Dans l'énumératioi;i del> ifférents
objets livrés en tribu-V par les villes,
on a pu prendre une idée somurnire
de l'ensemble des produits naturels ou
industriels qu i entraient dans le c<im–
merce des Azteques; pour le connal–
tre complétcment, il faut se transpor–
ter au milieu des bazars étahlis' daris
chacune de leurs villes principales et
dans leurs grands marchés, tenus
a
des
époques déterminées , de maniere
a
ne
póint se nuire réciproquement. Cortes
nous a décrit celui de Mexico, ce marché ·
modele, deux fois grand·, dit-il, comme
celui de Salamanqu!\, et tout entouré
d'un porti9ue immense. La se trou–
vait expose aux regards d'une foule
toujours renouvelée, ce qui servait a
la vie,
a
l'habillement
1
a la parure.
Si le luxe
y
poiivait épuiser ses désirs,
l'homme qui n'avait pas
e.lemaison
y
rencontrait taus les matériaux néces–
saires pour s'en batir une en vingt–
quatre heures.
11
y
a, dit Cortes, de
petites rues pour le gibier, pour les
légumes et les objets de jardir1age ;
il
y
a des boutiques ou des barl:¡iers,
ávec des rasoirs d'obsidienr¡e, rasent
la téte.
II
y
en a d'autres, comme
nos .pharmacies, ·dans lesqu.elles se
vendent des médecines
~outes pr.~pa
r ées , des onguents, des empJatres ;
d'autres encare ou l'on donne a man–
ger ou
a
boire pour de l'argent. Cha;
que genre de marchandises se· vend
dans un quartier séparé, pour éviter
la confusion. Au h1il¡eu de la gr¡rnde
place on apercoit un bfitiment que
j'11 ppellerai
l'audienéia
(le palais de
justice), ou siégent dix ou douze per–
sonn~s
qui'jugent les différends surve–
nus entre les acheteurs et les mar–
cha11ds. Des inspecteurs se tiennent
continuellement dans la foule pour voir
si l'on vend loyalement, et briser les
fausses mesures saisies aux mains des
vendeurs. On ne doit pas oublier que
les Azteques ne faisaient point 1,1sage
de betes de somme pour letransport de
leurs marchandises, et qu'elles étaient
portées
a
dos d'homme ' usage qui
se con erve encare dans t0ute la par–
tie montagneuse de la Nouvelle-Es–
pagne.
.La séparatior 9es professions diver–
~e~
pa1:mi les M.exicains est une marque
de pi:ogres que Robertson a fort jus–
tement signalée, mais dont
il
ne faut
pas conclure un haut degré de perfec–
tion absolue, te11e que nous la conce–
vons dans .Je vieux continent.
·naos les arts mécaniques éomme
dans les arts libéraux, la division du
trarail était portée
~
l'infini. L'artiste
Oll
l'ouvrier n'avait a faire qu'une por–
tian d'ouvra7e, et
il
ne sortait jamais
de cette specialité. L'habitude et la
patience, naturelles aux Américains,
suppléaient
a
l'insuflisance ou
a
la
grossiereté des instruments qu'ils
avaient
a
leur disposition.
Nous ne connaissons leur arehitec–
ture domestique et monumentale que
par les récits des premiers conquérants
et des moines annalistes; car aucun
édilice de ce genre n'existe pour ser–
vir de preuve. Nous savons que les
maisons des pauvres étaient faites de