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L'UNIVERS.
cher la terre, ils employaient des ins–
truments de cuivl'e ; leurs haches du
meme métal resscmblaient aux no–
tres. lis entendaient assez bien l'irri–
gation des terres' et répandaient sur
le so-1
les cendres des plantes brulées
pour lui donner une nouvelle vigueur.
L"art des clotures ne leur était pas
étranser: ils entouraient leurs cbamps
de haies d'aloes ou de murs en pierre
seche. Leurs granges, construites de
troncs d'arbres posés les uns sur les
autres, et réunis avec tant d'art, que
la lumiere ne pouvait passer au tra–
vers, étaient couvertes d.e ron<lins pla–
ces
transversalement qui lesdéfendaient
de Ja plui . Ces batiments n'avaient
que de11x petites ouvertures. On ren–
contre encore, dit Clavigero, des restes
de granges de cette nature évi<lern–
ment antérieurs
a
Ja con<¡uete. On pré–
tend que le grain s'y conserve mieux
qu e daos les greniers bíl.tis par les Eu–
ropéens.
L'imperfection des instruments ara–
toires, et les autres causes que 11ous
venons d'in<liquer, ont dtl néeessaire–
ment influer sur le dél'eloppement de
l'agriculture des Azteques. Leurs ter–
res u'ont pas dtl produire, entre leurs
muins, tout ce qu'elles ont donné de–
puis aux Espagnols. Toutefois, si nos
céréalcs et notre riz manquaient aux
Azti~ques,
en revanche ils avaient la
racine du jatropha manihot, qui leur
fournissait ce pain de maniClc
ou
cas–
save, nourriture des naturels de
I'
Amé–
riqu e éq uinoxiale depuis la plus ·haute
antiquité, et le mals, dont la cu lture
était encore plus importante et surtout
plus générale. Elle s'étendait depuis les
cotes jusqu'a la vallée de Toluca, et at–
teignait le territoire dei Otomies no–
mades et barbares; c'est-a-dire qu'elle
. dépassait le Rio:Grande de San-lago.
C'était la seule espece de blé que lr.s
Mexicains connussent avant l'arrivée
eles Européens, mais seul il sufllsait
a
Jeurs besoins, quand la température
avait été fovorable. Le grain ele ma·is
en infusion leur procurait une innom–
brable variété de boissons spiri tueuses.
De la tige ils exprimaient une matiere
sucrée qu'ils.savaient concentrer par
évaporation. Cortes, en décrivant
a
l'empereur Charles V toutes les denrées
que
l'on vendait au grand marché
de Tlatrlolco, lors de son entrée a
'feriochtitlan, nomme expressément
le
miel de tige de ma'is,
le miel d'abeil–
les et Ja cire. Le
cacomite,
espece
de
tigridia , donnait aux Azteques
une fari ne excellente ('). lis possé–
daient de nombreuses variétés de
pomme d'ar.nour, la pistpche de terre
et différentes especes de piment. On
vendait sur leurs mai·chés des oi–
gnons, des porreaux, de l'ail, du cres–
son alénois et de
fontaine, de la
bourrache, de l'oseille et des cardons.
Ni pois, ni choux, ni navets ne figu–
rent sur la Ji te de leurs légumes; il
est probable qu'ils ne les counaissaient
P<!S.
Cerisiers, noyers, pommiers,
rm1riers ombrageaient leurs champs et
leurs jardins, ou Ja fraise, la grosei lle
montraient aussi Jeurs fruits. Si le jus
du raisin était inconnu de l'indigene du
Mex.ique, il obtenait d'un autre végé–
tal, le
maguey,
dont nous avous déja
parlé , une boisson qui
remplacait
_pour lui le vin de notre Europe. 'La
· culture de ce végétal s'étendait aussi
loin que la langue azteque. Pour l'an–
cien l\:lexicain, le maguey était un vé–
ritable bienfait de la Providence; non–
.seulement
il
lui tenait lieu de vigne,
mais de cbanvre.
11
tirait de ses feuil
les un
fil
excellent et le papier sur ·
lequel il peignait ses figures hiérogly–
phiqdes (..).
II
composait de son sucre,
tres-acre avant J'époque de lafloraison,
(•) La pomn11• de !erre que les Espagnols
trouYcrent dans l'Amérique elu Sud, n'était
¡10int connue eles Az1eques
ii
l'épO()UC
d~
dernier Moctezuma. Elle fut iutroeluite au
Mexique dans le meme te·mps ·que les cé–
réales de l'ancien coutinen t. Ce fait, dil
M. de Humboldt, esl d'autanl plns impor-
. tant qu'il csl un ele ceux dans lesq uels l'his–
toire des migrations d'une plante se lie
a
l'histoire des migrations des peuplcs.
('•) Ce papier se fabriquait avec les fibres
des feuilles du maguey (agave américaine).
On les faisait ma(·érer dans l'eau, et on les
collait par couches comme les feuilles du
cyperus d'Égypte.
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