ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.
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golfe,
ou
elle pénétra partout sans Jn.'aucoup incom–
modcr, l'odtur n'en étant pas trop
mal-faisante~
La nuit du
19
au
20
de juillet, on vit du milieu
de cette fumée s'élever des langues .de feu; ce qui
fit
faire bien des réflexions aux gens de Santor:in , et
l)articulierement
a
ceux
~u
chatean de Scaro , les
plus exposés de tous, et par le voisinage, n'étant pas
a
plus d'une demi-lieue de 1'1le bnllante ; et par la
situation, Scaro étant bati sur la pointe d'un pro-.
montoire fort étroit, et comme
a
demi suspendu sur
des précipices qui
VOfll
se terminer
a
la mer. A la
triste vue du feu et de la fumée qui s'éla.nºoient si
pres d'eux, ils ne pouvoient s'attendre, disoient-ils,
ou qu'a sauter en l'aii.1,
a
cause des veines de matiere
combustible, qui apparemment de la nouvelle lle
communiquoient sous leurs pieds, et qui prendroient
bientot feu, ou enfin qu'a etre renversés dans la met'
avec leurs maisons, par quelque subit tremblcment
de terre, qui ne manqueroit pas de venir bientot.
Sur tout cela ils prenoient le parti, et avec raison,
d'abandonner le chatean, et de se retirer avec leurs
efrets dans quelque autre He, ou au moins de changer
d'habitation , jusqu'a ce qu'on eút vu oú tout cela
aboutiroit. En effet, quelques-uns prirent ce dernie:i;
partí' et on eut beaucoup de peine
a
faire demeure.1.–
les autres. Les Turcs qui étoient alors
a
Sautorin ,
pour lever le tribut que l"ile paie tous les ans au
Grand-Seigneur, ne furen t pas
lc~s
moins intimidés.
Frappés au-dela de l'imagination de voir des feux
s'élever d'une mer si profonde, ils exhortoient tout
le monde
a
prier Dieu, et
á
faire marcher les enfa:us·
par les rues' criant
a
haute voix
K_rrie eleíson ;
parce que, disoient-ils, ces enfans, n'ayant pasen–
core offensé Dieu, ils étoient plus propres que les
grandes personnes
a
apaiser sa colere. Ce feu néan,
moins étoit e
ncorepeu de chose, puisqu'il ne sor....
toit que d'un
se.nipetit endroit de l''ile
r
oire , et
qu'il ne paroissoit point pendant le jour.