EDI'FIANTES ET CURIEUSlHe
J!t7
invoquer le Saint-Esprit, et le patriarche se disposa
a
céléhrer la sainte messe. Pénétrés des seutimens
de la plus tendre piété , tous les assistans fondoient
en larmes, et si la majestueuse simplicité de ce
religieux, spectacle n'avoit pas de quoi éblouir les
yeux, ríen n'étoit plus capahle de toucher les coours..
Au
milieti de
l'
église, on avoit placé uue chaire
essez élevée;
j'y
montai apres l'évangile, et je pro–
non9ai
un
petit discours qui dura environ une demi–
heure:
il
rouloit tout entier sur le sujet de rassem–
hlée; toute autre matiere auroit été déplacée. C'étoit
bien alors que je pouvois m'appliquer
a
moi-meme
ce que disoit autrefois l'apótre saint Paul :
Nous
prechons
la sagesse au milieu des par:foits.
Il
n'y
avoit ríen de recherché dans mon discours ; mais
comme les esprits étoientbicn disposés, on m'écouta
avec honté.
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est des circonstauces heureuses,
01\
fon trouve passahle dans la houche d'un orateur
chrétien, ce que dans d'autres temps on ne daigneroit
pas écouter. Mon sermon ne mérite pas de vous etre
envoyé : mais comme il fait partie de la cérémonie ,
et que mon supérieur exige de moi cette marque
d'obéissance, je l'ai traduit en notre langue le plus
littéralement que j'ai pu, et je l'ai transcrit pour
vous ; vous en ferez tel usage qu'il vous plaira.
A.u
reste, je compte sur votre iuduJgence, plus encore
que sur celle des Maronites, et j'en
ai
plus besoin.
Les
Fran~ais,
quand il s'agit de sermons, se piquent
d'~tre
plus délicats que les autres peuples: d>ailleurs,
vous trouverez dans cette piece beaucoup d'expres–
sions figurées , des métaphores qui paroisse
t
un peu
outrées, des applications presque continuelles de
l'E?riture. En France, tout cela pourroit choquer,
ma1s toutcela pla1t aux Orientaux,et j'ai ponr ma:xime
quequand on preche, il fauts'accornrnoder et au génie
de
la langue qu'on parle ,
et au
gofü des
auditetlrS
devant qui l'on parle..
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T. I..
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