EDIFIANTES ET CURIEUSES.
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occupation pendant trois semaines. L'éveque s'invita
lui-meme plusieurs fois
a
nos discours ' et touché
des sentimens de componction dont son peuple don–
noit des marques sensibles par les larmes qu'il ré–
pandoit, il
fit
souvent notre éloge en présence des
auditeurs, en nous e:xhortant de travailler de toutes
nos forces
a
la sanctification de ceux que le Seigneur
avoit confiés
a
ses soins.
C'est ce qui nous engagea
a
parcourir tous les vil–
lages de l'ile, qui n'avoient pas un moindre besoin
de sec0ttrs. Le pere Luchon prechoit matin et soir
a
un grand peuple qui accouroit en foule
a
ses prédi–
cations. Les églises n'étant paS'assez vastes pour con–
tenir la multitude de ses auditeurs, il se vit souvent
obligé de precher en pleine campagne. Le silence
avec lequel ils
f
écoutoient n'étoit interrompu que
par leurs gémissemens e t lem:s larmes. N ous passions
le reste de la journée
a
instruire les enfans'
a
visiter
les malades ' et
a
parcourir les différentes maisons
ou
plusieurs familles s'assemblent pour travailler. La,
nous les instruisions de leurs devoirs , et nous répon–
dions
a
toutes leurs difficultés par maniere de con–
versatioh , et sans interrompre leur travail. Ces.
entretiens particuliers ne leur étoient guere moins
utiles que les prédications publiques. L'usage fré–
quent des sacremens , dont il
y
avoit plus de vingt
ans que plusieurs ne s'étoient approchés, le chan–
gement des mreurs, et la réformation de plusieurs
ahus grossiers, furent le fruit solide que nous reti–
rames de nos travaux.
Apres deux mois et demi que nous employame$
dans
de semblables exercices, nous crümes qu'il étoit
temps de nohs transporter dans les autres iles du voi:...
sinage.
A
la premiere nouvelle de notre départ, ces
honnes gens s'assemblerent en foule autour de nous:
pretres, hommes, femmes, enfans, tous pleuroient,
comme
ils
auroient pu faire dans une calamité