990
P. NATAL ALEXANDRI EP lSTOL .t.E
fericordite operatus efi eos
'-
q14i
&
elegit eos in Filio [uo ante
con{iítutionem mundi
per
eleftion em Grati&e
•
Ce choi x
eU
graruit ,
il
eíl: indépendant des merites
parce que la Grace efi
~a
fource
&
le
principe_de tous leurs _merites •
.Q_uonia~
fecundum
propo{1tum
vocati
funt
,
profeélo
&
eleétt f unt per eleéltonem GratilfJ
,
non
pr~cedentium
meritorum fuorum: quia Gratia efi illis omne meritl4m.
Ces beaux
en.
droits de
S. Aug uíl:in,
aufquels
j'
en
pourois ajouter
d
autres, prouvent évi–
demment
q~' ~I
n' a
pas
r~gardé
la que{tion de
la
prédefüna,tion
a
la gloire
avant
la prev1fion des merJt c:s , comme
une
quefiion
de
mots
•
Cependanr, mes
RR
Peres ,
je
n~
ay
garde d'
avancer
&
de
fouten ir que
e'
eíl: une verité de
foy,
que la prédefünarton
a
la gloire eíl: avant la prévilion
des meri tes,
fi
l'ou reduit
"la
quellion
a
l'ordre des decrets de
Di~u
,
&
fi
l'
on
aífore feulemem que la defiinacion
a
la grace précede la deílination
a
la.
gloire felon notre maniere imparfaire de concevoir • Ce
n'
eíl:
pas
le fent i·
ment des
Difciples
de
S.
Auguflin
&
de S.
Thomas, qui le croyent contr;iire
a
la
' oétrine de ces faints Doéteurs: mais le refpeét qu' on a pour les Theo–
log iens
qui
le foutiennent, le fait regarder comme une opinion fupportable •
Cela
n'
empéche pas que cette propofüion ne foit une veriré de
foy ,
fi
nous
la confiderons abfolumenr
&
felon la propreré
&
la force des termes:
La
Pré–
de/lznation
efi
purement ¡.ratuite
&
indépendante des merites prevus.
Pour
me fa1re entendre,
je
vous prie de remarquer avec moy , que cette
propofüion peut a
voir
plufieu rs .fens.
.
Le premier eíl , que
ll
Prédeílination dépend de
la prévifion des reuvres
qui fe font par les feules forces de la nature,
&
que les O!Uvres moralement
bonnes meritent la gloire
a
juíle titre • Ce fens
dl 1'
erreur de Pelage dans
le premier érat de fon hereíie •
.
Le fecond íens eH: , que la Prédeílination dépend de lJ prévifion des <l!U–
vres moralement bonnes faites fans la Grace , qui ne meritenc pas
Id
gloire
par -=-titre
de
jufüce, mais par bierl'feance, parce que Dieu
a
égard
a
ces
Cl!U–
vres )
&
qu' elles luy fervent de motif pour deíl:iner
fa
gloire
a
ceux qu' il
prévoit les devoir faire. Ce fens eíl: une erreur manifelle des Demipebgiens,
comme il paro1t par les Lettres de faint: Profper
&
d'
Hilaire
a
S.
Auguílin.
Le troiíiéme fens eíl: , que la Prédefünat ion dépend de la prévií1on abfo–
lue des bonnes <l!UVres que 1' homme doic faire avec le fecours de cetre
Gra~
ce genierale, que les Theologiens de l' Ecole appellent
f ulfifante,
laquelle
to~ire
foi s eft rendue efficace par le libre arbitre. Ce ·fens
ell:
encore Demipelag1en ,
rnmme il efl: aifé
de
le prouver par les mémes Lettres de S. Profper
&
d'
Hil aire que je viens de ci·ter. (a)
Qui autem creditu
j
f
unt ,
qui'l
1
e in ea fide
9ua?.
dein ceps per Dei gratiam
fit
juvanda ,
manfuri f unt, prce{ciif!e ante
Mundi
.conflttu.–
t
ionem Deum,
&
eos
pr&de/linaffe in
regnum
fuum
,
quos grtrtis
vocatos
,
dignes fu-
turos
eleElio~e,
&
de /:Jac
vi
ta
bono
fine
exceff
uros
ef!e
p1·~viderit .
,
Le quat rtéme fens eíl:, que la Prédeíl:inat ion
a
1.1
gl oire depen<l de la pre..
vifion des bonnes O!UVres que
1
homme
doi t
fair e avec le fecours de la Gra–
ce efficace, qu i tire toute
fa
force
&
fon effica ité de
ll
rourepu iífance
&
du
<lecret ou de la volonré de Dieu, non du con fe ntement
&
du bon ufage du
libre arbitre,
&
des circonaances favorables <la
1
lefquelles elle
luy
eU: don –
née • Ce fens n'" ell nullement contraire
a
la
foy
Catholi que . Cette opin ion
ne differe du fentiment de S. Augoílin
&
de
S.
Thomas, que par l>ordre ima–
ginaire
q t1'
elle
éta bli~
dans les <l eer rs ·de
Diell ,
affurant
qu'
il d fiine
des
gra-ces efficaces
a
un cerrain no . bre
cV
bammes qu"
i~
a choiíis
gra tuitem~nt:
fr ien fon bon-plai íi r ,
&
qu~
il leur a preparé
fa
glot\e
~n v d~
des memcs
qui font les effcrs de ces graces ,
&
les dons de
fa
m1fencorde,
Si
( a)
S. Profpir Epi{t. 11d
,
Aug.
de
rg/iq.
H;.•tfi5
l':!ng,