O P U S C U L U M VIII.
9H
clefiination
a
la
Grace. Cat· quels merites
y
a-t'il dans
ceux
a
qui Dieu pro..:
cure le
Bat~me,
&
qu'~l
enleve du monde auffi-tot qu'ils l'ont
re~u
, patee
qu'il les a choi!is felon le decret,
&
le bon plaifir de fa volonté pour regner
avec Jefus-Chrifi preferablernent
a
une infiniré d'autres qu'íl a laiffez dans la
maffe de perdition? L'exemple de Jefus Chri{t, ce modelle ,éclatant
&
parfait
de la P(édefünation,
&
de la Grace, prouve invinciblement la meme veri..
té.
(i!)
La núure humaine en Jefos-Chriíl: a éré
prédefl:in~e
de toute éterni–
té
a l'union fobHantielle avec
l:r
perfonne du Verbe Eternel,
á
toutcslesgra–
ces
qui coulent de cette fource adorable ,
&
a une gloire 'proportionée
a
la
dignité de Fils tmique de Dicu :
&
cette prédefiination s'eíl: faite indépen–
damment de
la
previfion des merites,
&
du boh u
fa
ge
d11
·libre arbitre. Com–
me done la predefünation des membres er. conforme a celle du Chef ; les
Saints font prédeílinez independamment des merites abfolument ,
,ou
candi..
tionellement prévus, non feulement a la grace de l'adoption , a toutes les
graces neceffaires durant tone le rnurs de la vie,
&
au grand don de
perfe–
_verance; qui eíl: comme le fceau de la prédefünation; mais auffi a la gloire
éterne\lc, telle qu'elle convient a des enfans adoptifs de Dien. En fin l'exem–
ple des homn1es qui ont p.iífé toute leur vie dans l'in fidelité ,
&
d.ans le cri–
me
>
&
qui fe convertiífatit
&
recevant le Bateme a l'heure de la mort, ex–
pireot auffi-t6t qu'ils l'ont
re~ u,
confirme la gratuité de la prédeíl:inatión a
la gtoire auffi-bien qu'a la grace; car lcur
foy
&
leur Bateme n'ont été pré–
cedez ny fui vis d'aucun merite.
C'dt
l'argument de S .. Pw.ípet' coime les De–
mipelagiens:
(b)
Contemple avant
no.I
jours le naturel
f
auvage
De mi/le
&
rnille
humainI
de tout
(exe
&
tout
agq ..
Q_u'on a vú
Ji
long-tems par tant d'impietes
.AlJerv.fraux
demom
leurs
fauffes libertés.
1lJ
adorpient
l4
pierre,
&
cent Dieux cbimeriques;
lls alloient dans
t'
Enfer c'hercher les arts ma.gique;,.
Leur- Iache efprit
f
uiq,•oit
[is
avares
de6rs.
Leur corps. Jale embvaffoit fes infames
pl-ai{¡rr,
Lcur
fureur
dans le
f
ang tr.empoit leur main
cruelle;
Leur
vie
étoi~
barbare,
aveugle,
&
criminelle:
Cepenclant d
leur fin
,
dans
ce dernier moment,
Q_ui menafoit leur mort d'un e'ternel tvurment,
Lvrfqu'ils
alloient
tombe't
dans
une
nuit profonde,
Leurs yeux ont
apperfii
le vray Soleil du Monde"
Et le divin Bat;me
effarant
leur
laide.ur,
Sa11sJaif!er
la moindre
omhre eñ
leur
pure
[ple.ndeur
,
Leur ame de l'
abime
heureufernenr tirée,
A
paff
e
de la tme au
hrillant
Empiree.
Ya cbercber meintenant dans ces efprits impurs.,
Des merites pre[
em,
ou
pa[Jés,
ou
futrm,
Leur vice a·vant leur
foy de1bonoroit
!eur vie
&
Leur mort apres leur
foy
de la gloire eft
f
uivie.
b<Lnt
perfoadé,
que.
la .gratuité de
fa
Prédefüna~ion
a
fa
gloire
e_íl:a
~1ffi.bi~n
de foy que la Predeíl:mat1on a la grace, da ns le fens que
j'~y
explique,
11
n
y
a pas
moyen, mes RR. Peres , de vous. rien ceder for cet ar ti
de
par
bormére–
tr,
&
par
compl'aifance.
Je ne croy pas que fen puiffe avoir davaurage for le
Syíleme de la fdence moyenne, legue! bien loin de conferver
le
fonverain.
do-
(a)
S, A11g. d1 I'r&d. Sffr;8.
~.
15.
(b)
r m1!"
dt
s.
Profper íomre !et
I11f.rnts .