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EXP

qu'a ve e des violons; avee des violons,

~u'avec

des

Ilutes.

Enfin choiíiífez un ton convenable. Ind 'pendam–

ment du plus ou moins de gravité de ton, chaque

mode a encore un effet phyfique fur nous qui d ' pend

de fon tempérament. Iletl cla·r que plus il y auiade

tons altérés daos l'échelle du mode , moins ce mode

peut faire fur nous une impreffion agréable. Chaque

mftrument a fon tempérament: c'eft au compofiteur

a

s'en inftruire.

Je ne parlerai pas du

piano

,

du

forte,

du

crifcendo,

en

minuendo,

des fourdines,dupiz:z:icato; tous moyens

d'augmenter l'expreffion de la fimple mélodie, paree

que leur effet phyfique eft ttop frappant pour s'y

tromper.

Apres ce qtte je viens de dire des moyens de ren–

forcer l'expreffion de la fimple m ' lodie, niera-t-on

encore les effets de la mufique des anciens? Je ne le

crois pas, au moins fi l'on fait attention que ne con–

noiífant pas l'harmonie, tous les foins des anciens

durent fe tourner vers la mélodie: que chaque n1ode

avoit chez eux fon emploi affigné; qu'enfin ils n'en–

tre-meloient guere les infirumens. Quand un Grec

entendoit préluder dans le mode Phrygien, il favolt

qu'on altoit parler de guerre, de combats. Efi:-il

étonnant que ce mode l'enflammat?

,Au refi:e , .tour ce que j'ai dit de

fexpre.!Jiotz

de la

rnelodie, a tellement fon fondement daos la nature ,

qu'on en trouve des traits dans prefque tous les airs

un peu paífables.D'ott vient done, me dira-t-on, que

notre mélodie produit fi peu d'effets ? Je l'ai déja dir,

paree qu'on abufe des moyens , paree qu'on les em–

ploie mal-a-propos.

Un air a-t-íl quelque chofe de triíl:e; au lieu d'un

mouvement un peu lent, on lui en donne un tres–

lent; on prodigue tous les moyens; on les mele mal

enfemble. Nous l'avons déjaremarqué;& perfonne,

je crois, ne voudra le nier: une fui re de notes afeen–

clames

&

diaroniques ne peut pas produire le meme

effet que la rrieme fuite de notes defcendantes a

ve

e le

meme mouvement ; cependant on trouve tres-fou–

vent ces deux traits de chant dans le meme air & fous

les memes paroles. Un compoíiteur a un motif tres–

expreffif: ce motif va en montant: en le rranfpofant

dans un des modes adjoints, ce motif ne peut plus

aller en montant'

a

caufe de l'étendue de la voix :

on le renverfe,

&

il

procede

ep

defcendant. Pe1o1t-il

avoir la meme expreffion?

Nous avons donné

a

notre portrait fon coloris.

Donnons lui l'attitude

&

l'habillement.

II.

De

fexpr~/fion

de l'harmonie.

L'on acG:ufe or–

dinairement les muficiens

d~attribuer

par préjugé de

l'expre/fion

a

ce qui n'en a point. Cette accufation fe

porte fur-tout contre

l'expreflion

de l'harmonie; c'eft

pourquoi jeme bornerai fimplement au phyíique de

l'harmonie.

Tour fon porte avec lui fon oaave, fa douúeme

&

fa dix-feptieme majeure : fi done vous accompa–

gnez un fon de fon oaave' de fa douzieme

&

de fa

dix-feptieme majeure , vous aurez l'accord le plus

confonnant po.fiible : c'eft l'accord que donne la

nature meme.

Subfiituez la quin te

a

la douzieme, en laiífant tout

le refi:e , vous fentirez plus diftinétement la tierce

que dans l'accord précédent'

a

caufe de fon éloigne–

nlent des autres parties;

&

comme la tierce majeure

a toujours quelque chofe de fort, c'efi, je crois, la

face de l'accord parfait qui fera le plus de bruit.

Subftituez ta dixieme majeure

a

la dix-feptieme ,

enforte que votre accord foit compofé de quin te,

1

oél:ave

&

1

dixieme , & vous fentirez que cet accord

moins confonnant que le premier , eft auffi moins

bruyant que le fecond.

Enfin baiífez encore la dixieme d'une oélave, en

EXP

la r

1

duifant

a

la tierce majeure ,

0 \I S

anrez

U

accord de tierce majeure , quint

,. oél:a e, le moins

confonnant de ces quatre.

uand oo vo tdroit nier 1

xprcflion

que j'attribue

a

la_íe onde

&

a

ia

troifieme fa e

d

la ord parfait'

tOUJOurs ne pourra-t-on me nier que l'accord parfait

fous la premiere face ne foit le plus confonnant, le

plus un ,

&

que les autres le font

moins~

. L'accord. parfait majeur eft done au moins fufcep

nbl~

de fatre un effet phyfique , plus ou moins

agreable.

L'accord de íixte qui en eft renverfé , fait un effet

moins plein que 1accord parfait.

L'accord de fixte-quane eft le moins confonnant.

La díífonapce, quelle qu'elle 'foit, fait une impref–

fion défagréable fur l'ouie ; on peut augmenter on

diminuer ce défagr 'ment.

Les premieres diífonances n'étoient que des fuf–

peníions qu'on fauvoit toujours en defcendant , je

crois qu'on peut en conclure que les fufpeníions fau–

vées en defcendant font celles qui caufent l'impref–

fion la moins défagréable.

Quant

a

la feptieme mineure, Oll

a

la diífonance

proprement dite , mettez-la dans 1' 'Ioignement con–

venable , elle ne diífonne prefque plus , elle fera

done l'effet

le

moins défagréable de toutes les diífo..

nances effeél:ives.

·

L'expérience confirme ce que je viens de dire..

Frappez

íur

un davecin un accord compofé de l'utle

plus grave, de fon oél:ave , de fa douzieme, de

fa

double oél:ave, de fa dix-feptieme majeure, & de fa

feptieme mineure,

&

vous ne fentirez aucune d_iífo–

nance; feulement cet accord femble avoir quelque

chofe de plus ferré que l'accord parfait.

A

pres les accords confonnans, celui de domi–

nante tonique efi done le moins diffonant.

Enfuite vient celui de íimple dominante qui a

.meme quelque chofe de plús doux que le précédent

a

caufe de fa tierce mineure.

L'accord de feptieme avec quinte fauífe eft moins

agréable , il efi: plus trifte que les deux

a~tres.

L'accord de feptieme majeure avec tierce ma-

jeure, eft dur & bruyant.

·

Enfin celui de feptieme mineure, accompagné

d~

tierce majeure & quinte fauífe, eft fombre.

Arretons-nous-la , une énumération étendue de

l'effet de chaque accord nous meneroít trop loin.

Si done un muficien , apres avoir compofé une

mélodie douce , y met une harmonie , ott

~

trou–

vent beaucoup d'accords mineurs , peu de diffo–

nances ,

&

parmi celles-ci plus d'accord:s de feptieme

que d'autre.s,

&

fur-tout plus de íimples dominantes

que de dominantes toniques ; néceirairement fa mé–

lodie, bien loin de perdre de fon expreffion, ne

peut qu'avoir gagné , paree qu'outre 1'expreffion de

cette mélodie, il aencore employé l'effet phyíique de

l'harmoníe; maisfi le muficien n'a point d'égard

a

ce

que nous venons de dire ,. ,bien loin de ,renforcer ·

l'effi t de fa mélodie , ille diminuera ; il en viendra

meme jufqu'a le rendre nul.

.

Si

a

une mélodie qui exprime du graod, du maref–

tueux, on ajoure une harmonie pleine, compofée

d'accords parfaits , plut

ot que d

e renverfés, mettant

toujours autant qu'on le

peut.la

tierce ma jeure dans

le deífous , évitant les

accord

s de dominante,

&

leur préférant ceux de dominante tonique, l'on ren–

dra cerrainement fa mélodie encore -plus expref–

five.

Mais une diífonance doit etre préparée

&

fauvée

pour .faire l'etfet le moíns défagréable; en omettant ,

quand cela fe peut, la préparation , o u bien en ren–

dant la préparation tres-courre

&

la _dilronance lon–

gne, on augmente done fa dure té, &

fi

avec ceJa on

change fon fauvement, ou qu'on le fame par ellipfe ...