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B R I

place d'abord les briques b01.ltiífes de derriere

a

deux pouces de diítance du parement,

&

dépofe fur

leur champ la pannereíie , avec laquelle il vient

former le parement lorfqu'il a fini le refie de fa

ta–

che: illaiífe de meme quatre pouces de retraite au

parement pour en aífeoir deux pannerdfes.

Sans examiner encore ici les effets du feu fur ce

fourneau ,

il

efi néceífaire d'obferver en paífant,

que les bordures ou paremens ne cuifent pas au

meme point que le refie. Le br-iques de l'intérieu r

aiminuen t plus de volume par la cuiífon'

&

perdent

aavantage fur les dimeníions du moule que celles de

la bordure. D ailleurs le charbon fe réduit totale–

ment en cendres dans l'intérieur du

fOt~rneau

: au

lieu que pres des bords,

it

n efi pas toujours par–

faitement confumé. ll arrive de-la que le fourneau

re<;oit un afFaiífement plus coníid 'rabie dans fon

corps qu'anx paremens'

&

qu'il prendroit

a

fa fur–

face fup

1

rieure

la

forme d'un baffin quarré a bords

en talut, fi l'enfourneur n'avoit foin d'y pourvoir ;

il en réfulteroit un grand iQconvénienr. Les briques

ae bordure ne confervant plus leur parallelifme ni

leur affiette horizontale, puifqu'elles feroient for–

céei '&in linées par celles de derriere, bientot les

paremens fe détacheroient dn corps quarré : l'édifice

s'écrouleroit.

Pour prévenir cet accident, des que l'affaiífement

commence a paroitre, l'enfourneur forme un des

tas 'de la bordure un peu moins élevé qu'a l'ordi–

naire, ce qu'il appelle faire un

faux

t~,

c'efi-a–

dire, qu'au lieu d'y placer la brique boutiífe vertí–

cale fur fon champ, il l'incline plus ou moins für

!'une des

ard~tes;

enforte qu'il abaiíTe cette bordure

de fix, douze ou dix-huit lignes , fuivant que l'exige

l'affaiifement du fourneau. Si l'affaiífement alloit a

cleux pouces, ce qui arrive raremenr, l'enfonrneur

formeroit le tas de la bordure d'une brique mife

a

plat au lieu d'une de champ. Toutes les fois qu'il

abaiíTe ainíi la bordure'

i1

eft obligé d'incliner

a

pro–

portien les premieres rangées de briques qui la ren–

contrent fur le meme tas. C'eft par ce moyen que

fe rétablit & s'entretient le niveau de la furface fu–

p érieure du fourneau.

Les briques du corps quarré, au-dela des dix-huit

a

vingt pouces de la bordure' n'exigent pas tant de

foin. ll fuffit de remarquer que, comrne de trois en

trois tas on répand un lit général de chardon fur le

fourneau, les briques dn tas qui doit recevoir cette

charboonée ' doivent etre a-peu-pres jointives'

&

beaucoup plus ferrées les unes pres des autres que

celles des deux autres tas, afin que leurs joints ne

laiíTent pas tomber le charbon fur les tas inférienrs:

les briques de ceux-ci peuvent etre efpacécs d'un

pouce entr'elles, .fans inconvénient.

C'efi une manreuvre tres-animée que celle de l'en·

fournage; l'enfourneur efi

c~lui

dont le travail efi le

· plus fatigan

t.

J'ai dit qu'il ne cbarge que la moitié de

la furface du fourneau. Il entre ordinairement pres de

dix milliers de briques achaque tas complet;

&

les

cinq milliers de la tache d'un des enfourneurs luí

.font fournis deux

a

deux pár les entre-deux, en cinq

quarts d'beure de tems; illes met en place , tantot

quatre ' tantot moins

'a

la fois ' felon que l'efpace

le

tui

permet; il fe baiífe

&

fe releve treize a qua–

torze cens fois en cinq quarts d'heure ,

&

cela fur

uri

attelier o1t il fait chaud. Les entre - deux ont bien

rnoins de peine : ils tiennent

a

leurs fonél:ions tout

le long du jour.

'

Au comrnencernent de la confrru8ion du

fo~r­

neau, les rechercheurs font eccupés tous fept

a

aller

chercher les briques,

&

ils commencent par tranf–

porter les plus éloignées. La longueur du roulage

-diminuant done

a

mefure que le fournealil s'éleve

)

Jome

JI.

.

B R I

&

qu'il

y

fa_ut

éleve~

des échafauds pour le

t

nf–

por.t de mam en mam ; ce que le roulage exige de

motns des rechercheurs, fe place en relais fur les

échafauds ,

&

ils gardent entr'eux tous un ordre

proportionné

a

la fatigue des différens poftes qu'ils

occupent.

Le feu qui monte continuellement dans le four–

neau , s'éteint en meme tems

vers

le bas ; enforte

que celui des rechercheurs qui eft placé au relais le

plus élevé, en reífent toute l'incommodiré: Il ne

peut refier qu'environ une demi-heure acetre place;

&

quand il a fervi fes deux milliers de briques, fai–

fant quarante brouettées qu'il cornpte exaél:ement,

il retourne

a

la brouette. Le fuivant le releve;

&

s'il

y

a pluíieurs relais d'échafauds, chacun d'eux

remonte d'un étage : au moyen de quoi toute la fa–

tigue _efi également partagée.l

'

Le fourneau a deux fernblables acces de rampes

&

d'échafauds fur fes cotés oppofés. Si-tot que le

derni-tas de l'enfourneur eft achevé, tout le monde

fe préfenre

a

l'autre bord '

&

la meme manreuvre fe

répete.

Le premier travail du cuifeur efi de charger les

foyers du pied de four. Il y couche obliquernent

quelques gros paremens de fagots, puis des fagots

entiers d'environ trente -íix pouces de tour ,

&

il

charge chaque fagot de trois ou quatre buches de

quartier,

&

y ajoute quelques morceaux de charbon.

Tout

le

refie du charbon qui entre

dan~

le four–

neau a été réduit en pouffi er , a-peu-pres comme ce–

luí des forges. On le paffe

a

la claie,

&

l'on écrafe

tous les morceaux avec une batte garnie de fer. On

en fait un amas au pied du fourneau, d'ou les re·

chercheurs le jettent dans des rnanelettes aux entre–

ueux, qui

vont le po

rter au cuifeur. Celui-ci l'étend

fur

I:

lit de

briqu.es,

en fecouant fa rnanelette fans

fe batíTer,

afin que l

e choc du charbon tombant de

haut fur le fourneau' l'émiette & le répande égale–

ment par-tout. Telle eft la manreuvre pour toutes

les charbonnées qui fe font fur le fourneau, depuis

celles fur le úxieme tas du pied du four,

&

fur le

feptieme , jufqn'a fon entier achevement : par o1t

l'on voit que le travail du cui(eur eíl: un des plus.

fimples ; mais fon art n'en eft pas plus facile.

11 efi tres-eífentiel que le cuifeur ait une grande

expérience de la condnite dn feu; qu'il

foit

un ex·

cellent chauffeur; les moindres inattentions on dé–

fauts de jugement de fa part, peuvent faire man–

quer l'opération & l'entreprife de la briqueterie en

tout ou en grande partie. Ce chauffeur, en plein air,

a bieh d'autres obfiacles a furmonter que ceux d'un

laboratoire commodément monté.

11 faut huit

a

dix heures d'un tems favorable;

pour que le feu des foyers puiffe fe communiquer

a

la charbonnée du íixieme tas. Cet efpace de tems

néceífaire eft ce

qL~

déte rmine le plus fouvent les

briqueteurs

a

metrre le feu dans les foyers vers le

foir. D'ailleurs l'air eil: ordinairement plus calnie

pendant la nuit que de jour : la tranquillité de l'air

favorife l'égalité de l'inflammation dans tous les

foyers. I1 n'y a done qne le mauvais tems qui les

oblige quelquefois

a

différer aulendemain.

L~s

quatre hommes qui veillent cette premiere

nuit fourniífent du bois de corde aux foyers, en

y

enfon~ant

de groifes bt1c:hes avec de longues per–

ches , _auffi long-tems qu'il efi néceífaire pour en

4

flammer la tharbonnée du íixieme tas : c'eft ce

qu'ils appellent

a.f!urer le feu,

c'efi-a-dire, lui don–

ner par-tout une force égale,

&

capable de réíifier

au mauvais tems qui pourroit arriver,

&

déranger.

beaucO\IP le pied de four.

S'il furvient dans le commencemens de l'édifice

du fourneau une groífe pluie qui paroiífe pouvoir

etre d'une durée

\111

peu longue'

fltl

quoi l'on

fai~

I

' '