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CYP

avec des arbres de meme hauteur. On en forme de

belles allées: il figure fort bien daos les plattes-ban–

des des tres -grands jardins. On en peut planter une

maífe fur des hauteurs rafes , pour y repofer les

yeux, en environner des colonades

&

des ruines,

pour fe procurer un poil!t de vue au bout d'une tres–

longue allée' au milieu des arbres

a

fleurs du prin–

tems; il feroit naitre la meme idée que le tombeau

dans le payfage du Pouffin , qui repréfente la déli...

cieufe vallée de T empé.

Le véritable

cypres

de notre

n°.

2.

n'eíl: connu

que de tres-peu de botaniíl:es. Miller lui-meme ne

l'a diíhngué des amres que dans le tems

oit

il don–

noit fa derniere édition : encore a-t-illaiífé fubíifier

une équivoque dans fa phrafe; car tout en convenant

que c'eíl: tÍne efpece clifiinél:e qui fe reprocluit tou–

jonrs par fa graine fans varier' néanmoins

il

donne

a

ceéypres

le fexe mafculin; mais s'il fe reproduit par fa

graine ' les eones qui ont produit cette graine ont

done été des flenrs femelles

?

ces fleurs femelles ont

dú etre fécondées ; done ce

cypres

a des fleurs

des

deux fexes comme les autres: quand bien meme '

ce qu'on ne fait pas,

H

auroit des individus males

&

d'autres femelles; il n'en réfulteroit pas que le

cypres

dud!tre qualifié de ma[e' puifque l'efpece eíl: com·

pofée

d~individus,

&

que dans une phrafe botanique,

c'eíl: de l'efpece qu'il s'agit.

On

a confondu ce

cypres

avec un autre qui étend

auffi

f~s

brancbes, mais moins horizontalement ,

&

qui n'eft qu'une variété produite fouvent par égale

partie de la femence du

cypres

pyramidal. Cette va–

riété n'efi pas plus male que le

cypres

d'Orient, dont

il efi queíl:ion ici , _puifqu'elle porte des fleurs des

deux fexes fur le meme individu. Ces erreurs tien–

nent encore aux anciens préjugés : on appelloit

males pluíieurs plantes androgynes ' je ne fais fur

quel air mafculin qu'il plaifoit de leur trouver. Encore

a

préflent nos payfans font une plus lourde équivo–

que.lls appellent males dans le chanvre' les indivi–

dus portant graine;, par conféquent les femelles, ap–

paremment a caufe de leur hauteur

&

de leur force.

Cependant il y a entre ces deux variétés obtenues

de la meme graine ' une différence aífez eífentielle :

ceux qui étendent leurs branches, font moins feníi–

bles

a

la gelée que les pyramidaux. La raifon en

dl:

que leurs branches font plus groífes

&

plus robuiles.

Ces

cypr~s

doivent erre placés dans l_es maffifs, leur

port n'étant pas aífez agréable pour figurer dans les

parties les plus foignées des jardins.

,

L'efpece

n°.

.2..

eíl: tres-commune en Orient. L'ex–

cellente qualité du bois de ce

cypres

a engagé les

Candi~ts

a en faire de grandes plantations , qu'on

y

appelle

dos filúe,

tant elles font de bon rapport. En

effet cet arbre. qui croit auffi vite pour le moins

que le chene , devient prefqu'a.uffi gros

&

plus haut.

Son bois eíl: tres-dur , tres-odorant, inacceffible aux

infeél:es. U pr'end un beau poli,

&

une couleur·agréa–

ble. Selon Thucidide, on l'employoit pour les far–

cophages des héros,

&

pour les caiífes ou l'on enfer–

moit les momies d'Egypte. Les portes de S. Pierre a

R0me étoient auffi faites de ce bois : elles ont duré

depuis Confiantin-le-grand' jufqu'an pape Eugene

IV, c'eíl:-a-dire, onze cens ans ,

&

toutefois elles

éroient encore parfaitement faines, lorfque ce pape

y

fubíl:itua des portes d'airain. Cet arbre abonnit

l'air par ion infenfiblé tranfpit1ation. Les médecins

orientaux ·envoyoient les poitrinaires refpirer dans

l'ifle de ·candie , ott ces arbres abondent. Hyppo–

crate

fit

faire aútour d'Athenes des feux de

cypres

&

d'autres bois réúneux' pour arreter les progres de

la peíl:e· ú

b~en

décrite p¡tr Lucrece ,

&

le fucces

répondit

a

fon attente. Ces faits doivent engager les

botanifies cultivateurs

a

fe procurer de l'Orient

quantité de graines de ·cet arbre ' pour fe mettre

a

e

Y P

P?rtée d'e!fayer fa culture en grand. Comme il cro1t

bten dans les terres les moins pr:ofondes

&

les plus

feches' il ferviroir

a

couvrir la nudiré de nos coteame

ras'

&

a

tirer de ces lieux arides le feul produit qu'ils

nous puiífent accorder. Ce

cypres

efi beaucoup plus

dur que le

cypres n°

1.

Ilréuffit parfaitement en Angle..

terre, o

u

l'on en a fait quelques plantations fur des

montagnes infertiles.

Nous ajouterons aux caraél:eres exprimés dans la

phrafe du

cypres n°

3.

&

dans

f.es

fynonymes, qu'il

eil d'un verd plus tirant fur le g

lauq

ue que les autres,

dont il fe difiingue d'ailleurs au premier coup d'aúl

par fes branches tombantes.

Cet arbre eíl: bien plus délicat que le

cyprts

n°.

';

daos le climat ott nous faifons nos expériences : il

demande oul'abri des couches

a

vitrage ' ou l'oran- .

gerie , ou pour le moins d'etre couvert fuivant la

méthode indiquée

a

1'

article

ALA

TERNE.

Peut-etre

pourra-t-on , lorfqu'on en aura d'aífez forts, en rif–

quer quelques pieds dans les endroits les mieux abrí–

tés des bofquets d'hiver, dont ils augmenteroient l'a–

grément. Frappé de la gelée, il demeure eneore long–

tems verd : cette circoníl:ance ilous a induits dans

l'erreur de croire qu'ilavoit réíifié

a

l'hiver de

1768'

ainú que nous l'avons avancé dans notre

Traité des

arbres réflneux coniferes ;

•mais les vents fecs de mars

nous ont défabufés : ils ont féché les branches ,

&

rougi le feuillage en fort peu de tems : nous avons

été convaincus des-lors ,

&

de notre perte,

&

de

·notre erreur. Cet arbre eíl: originaire de Goa, d'oit

il a été apporté ,

il

y a fort long-tems , en Portugal.

I1 s'en trouve en granel nombre dans les jardíns de

Bufaco, aupres de

Crimbra~

Le

cypres,

n°.

reífemble parfaitemenr aux au•

tres par les parties de la fruél:ification, mais il en

di~ere

infiniment daqs tout le teíl:e. Il porte des

feuilles étroites

&

linacées' conjuguées deux

a

deux

fur un long íl:ipule fort mince. Ces feuilles font ai'fez

rares,

&

s'étendent horizontalement. Elles ont une

grande reífemblance avee celles du vrai acacia; leur

veid

g~i

les rend

tres-~gréables.

Elles fe dévelop–

pent vers la fin de mat ,

&

tombent vers le

1

5 de

novembre , apres avoir rougi. Le bois eft rougeatre

&

ftrié; il paroit fec lorfque la feve de l'arbre ne

circule plus:

&

ú l'on ouvre alors l'épiderme, le tiífu

cellulaire n'offre fouvent aucune verdeur; Cle forte

qn'il eíl: fort aifé

d~

croire cet arbre mort, tandis qu'il

eíl: en pleine vie. Ses branches font tres-horizontales.

Selon Catesby , cet arbre parvient en Amérique

a

la

hauteur de foixante-dix pieds, avec une groífeur

proportionnée. Son bois eíl: excellent. Le meme

auteur dit qu'il croit dans les lieux o1t l'eau eíl: tou–

jours

a

trois ou quatre pieds au-deífus du terrein :

nous avons d'autant moins de peine

a

le croire, que

nous le voyons languir dans des terres ni feches ni

humides '

&

qu'il ne fait pas meme daos nos terres

fraiches des progres proportionnés'

a

ce qn'on dit,

de fa vite croiífance aux lieux inondés ou la nature

le fait croitre.

Cet arbre eíl: du petit nombre des arbres réúneux

propres aux marais. Ceux qui auront des pofitions

femblables, feroient done tres-bien de le cultiver en

granel. Les arbres naturels aux marais , ainfi que

ceux qui s'éleveat fur les rochers, de

fi

petite valeur

qu'ils puiífent etre ' font

néanm~Jins

extremement

précieux:

ces

derniers ne feroient-ils que garnir les

coteaux arides'

&

les faire foutire aux yeux' na.

feroient-ils qu'humeéler la terre dans les pays fecs ,

par la tranfpiration de leurs feuilles, ils feroient par

cela feul rres-utiles. Les arbres de marais, par l'enla·

cement de leurs racines , parviennent enfin

a

les

deílecher en partie ; ils rendent auffi par-Ia meme

I'air

plus fain. Mais quel cas ne doit-on pas faire des

arbres propres

a

ces pofitions nues, mal-faines

&