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e o ·M

vert us évangeliques.

Sa

femme

&

fa

filie fe

firent

religieufes. ll mourut pen de tems apres.

CoMNEiNE (ALEXIs), fils de l'empereur Ifaac,

écoit agé de treme- fept ans ' loríqu'apres l'abdi–

c ation forc ée de Nicephore le botoniate, il par-vinr

a

l'empire. Il íignala les premiets jours de fon regne

par des viétoires fur les Turcs ; mais il ne fut pas

auffi heureux contre les Normands qui, fous la con·

duite de Robert Guifcard, duc de la Pouille, lui en–

l,ev~rent plu~eurs

villes confidérables. Tandis qn'il

etolt acharne contre cetre race de conquérans, les

Tartares

&

les Comans faifoient des courfes juf–

qu'aux portes de Conftantinople. Les Turcs établif–

foient leur domination daos l'Orient,

&

auili puiifans

fur mer que fur terre, ils fe promettoient l'empire

du monde. Al exis trop foible contre tant d'ennemis,

implora l'affiftance des princes d'Occident. Le pape

U

rbain

li

publia une croifade ,

&

trois cens mille

hommes marcherent vers la Paleftine. Des alliés

íi

nombreux parurent p lus redoutables

a

Alexis que

{es

anciens ennemis. Leur conduite impérieufe

fit

connoitre qu'ils étoient venus moins pour défendre

les Grecs que pour les opprimer. Cette multitude

fans frein

&

fans difcipline , défola tous les Iienx

de fon paffage ' ·

&

quiconque ofa fe plaindre, fut

traité en €nnemi. Ils avoient promis de rendre aux

Grecs les villes qu'ils enleveroient aux infideles ;

rnais ces conquérans parjures violerent la fainteté de

leur ferment . .Les principaux feigneurs d'Occident

s'érigerent en princes indépendans,

&

l'empire des

Grecs ne fut plus qu'un trone

mutilé~

qu'ils avoient

dépouillé de fes rameaux.

· Alexis, auffi. humilié de leur hauteur infultanre

que de leurs parjures, employa la force

&

les artí–

fices pour s'oppofer

a

leurs u{urparions. Les croifés

qui avoient tout enfreint,

{e

plaignirent de la perfi–

die des Grecs qui ne vouloient pas erre letlrS efcla–

ves. Les Grecs,

a

leur tour, firent, pour fe jufiifier,

un tableauaffreux, mais reffemblant, des brigandages

des Occidentaux qui, la croix {ur

ley.rs

habits, vio–

loient les femmes

&

maífacroient les enfans. Alexis,

accablé également par fes alliés

&

les infideles, ne

put etre que malheureux dans la guerre ; mais

00

ne

put lui conte.fter les talens d'un prince véritable–

ment né pour occuper le trone. Son malheur fur de

naitre dans un fiecle oi1 il

y

avoit plus de férocité que

de

~randeur

d'ame, plus de perfidie que de cancleur.

ll fit éclater fa bienfaifance

&

fon amour 'Pour l'hu-

- rnanité, par la fageífe de fes érabliífemens : il fonda

des hofpices ou les orphelins de l'un

&

l'autre fexe

étoient élevés aux dépens du tréfor public. Indul–

gent pour les coupables, il eut tant d'horreur pour

les fupplices, qu'illaiífa íouvent la licence impunie.

Sa clémence fm taxée de foibleífe par un peuple fa–

miliariCé avec les empoifonnemens

&

les aífaffinats.

Cette humanité qui fait plutot l'éloge de fon creur

que de fa politique, eft la feule foibleífe que l'hifioire

puiffe lui reprocher. Ce prince, ami des favans

&

favant lui-meme, en ettt été le proteél:eur, fil es dé–

pen{es de la guerre n'euífent épuifé fes tréíors. Il

tomba dans une maladie

d~ la~gueti.r

qui l'emporta

daos fa foixante

&

dixieme ·année :

il.

avoit r égné

trente-trois ans.

CoMNgNE (

CALO-JE.~N),

Rls d'Alexis, lui fuc–

céda en

1

1

i

6.

Irene fa mere, qui avoit des fentimens

de prédileél:¡on , employa de cri inelles intrigues

pour placer

hu

le trone fon

ndre N icephore

Briene. Cett..e mere dénarurée paya des aífaffins qui

furent -découverts a vant d exe cmer leur crime. On

prétend que

Nicephor~ .preífé

p.ar

fes r emords, s'op–

pofa

lui-m ~Q1e

ji

c~tt~ atro~i~é

dont il auroit retiré

tout le fruit. Certe :JÍ10dé.rcation le fit tomber daos

le mépris de ·fa femme c¡ui étoit plus ambitieufe que

bli. Calo-jean, héritier de la clémence de fon pere,

'

Tome

JI.

COM

S3

fut

afi'eD

maitre de lui pour ne punir leS confpira–

teurs que par la confifcation de leurs biens: il crut

que les m¿chans éroit fuffi.famment chatiés, quand

its éroient réduits

a

l'impuiífance de nuire.

Il

eut

enfuite des guerres

a

foutenir COntre Les Turcs,

les Perfes, les Serviens

&

les Patzinaces , qu•it

vainquit dans plnfieurs combats Í:'lns pouvoir les

détruire. Des ennemis plus redoutables profite–

rent de fes embarras pour l'attaquer. Les Frans:ois

ligués avec les Vénitiens, lni enleverent les iles de

Samos ,

el'

Andros , de Rhodes

&

de Lesbos. Ce

prince qui avoit trop d'ennemis pour faire la guerre

avec gloire , avoic toute la capacité d'un grand ca–

pitaine, comme il en avoit la valeur: fa paffion pour

la chaffe lui devint funcfre. Un jour qu'il pourfui–

voir un cerf dans une fo re t de Cilicie , une fl eche

empoifonnée. lui perc;a la main : les médecins furent

d'avis de la couper,

&

ils lui aífurerent que c'étoit

le íeul moyen de conferver fa vie: Calo-jean leur

répondit avec une intrépidité tranquille

~

qu'il pnE–

féroit la mort

a

cette mutilation

~

&

qu•it ne convenoit

pasa un empereur de tenir d·unefeule main les réneS dtt

gouvemement.

Le poifon fi.t de prompts ravages. Alors

fentant fa fin approcher, il fit venir fes officiers ,

&

nomma en leur préfence pour fon fucceífeur le plus

jeune de fes

fi.ls,

en difant :

que

ji

fes freres

avoient

fur ltti le privilege d'aínejfe, il leur étoit fup érieur

en courage

&

en capacité pour les affaires.

Ce choix

diél:é par fon amour pour fes fuj ets , fut générale-:

ment applaudi,

&

fut le dernier de fes bienfaits. I1

mourut en

I

14

3, agé

d~

foixante

&

llX

ans: ce fut

le plus grand empereur de la maifon des

Comnenes –

Les Occideotaux, accoutumés

a

défigurer les traits

des princes Grecs, ont refpeél:é fa mémoire.

CoMNENE (MANUEL

ou

EMMANUEL), étoit

le

plus jeune des fils de Calo-jean, dont quelques-uns

prétendent qu'il étoit le frere. Les heureux penchans

qu'il manife!la daos fon enfance

~

déterminerent fort

pete

a

le choifir pour fon fucceífeur. Conrad,

erri–

pereur d'Allemagne, rechercha fon alliance contre

Roger, roi de Sicile , leur ennemi commun. Ce

prince Normand clétruifoit la domination Allemande

dans l'Italie, tandis que fes flottes ravageojent toutes

les cotes de la Grece. Conrad

&

Manuel réunirent

enfuite leurs forces pour chaífer les Mufulmans de

la Palefiin e. I\s eurent d'abord quelques fucces

1

mais la

ja lou~e

du

comma~d~m~nt

en lit d'impla–

cables ennem1s. Manuel qu¡ et01t au milieu de fes

états, ne vouloit point avoir un maitre dans fon allié.

Conrad qui avoit des forces fupérieures, ne

recon~

noiífoir point d'égal: il eut bientot

a

fe repentir de

cette hameur imprudente.- Son armée preífée par la

famine, n'a voit d'autres reffources que dans la rré–

nérofité de Manuel , il fallut fe dépouiller de fon

orgueil

&

defcendre

a

la priere. Le prince Grec,

pour fe venger ·des humiliations qu'il avoit ef–

í\.1yées, panlt compatir au malheu.r de fon allié : il

lui fournit des farines melées de platre ' dont le fol–

dat fe raífafia avec avidité. Ce fecours meurrrier fi.t

périr plus de la moítié de l'armée Allemande. Cette

perfidie l'a rendu odieux

a

tons les peuples d'Occi–

denr ; mais

les

Grecs le juftifient par la néceffité

de fe délivrer de fes hotes altiers qui le tenoient

dans l'abaí:ffement. La politique lui confeitloir de les

affoibli r pour n'etre pas leur efclave. Il ufa quel–

que tems apres de la meme perfidie envers les

Frans:ois qui croyoient

avoir

droit d'enlever les

femmes,

&

de maltrai ter" les maris dans tous les

li.eux dont ils étoient les maitres. Les lieutenans de

Roger , roi de Sicile, érenclirent leurs conquetes

ju:qu es fo us les murs de Confiantinople. Ils Ian–

s:oient pa r dérifion des fleches d'or

&

d'arge nt dans

les [ardins de 1'empereur. Les Vénitiens lui

~nvoye­

rent des ambaífadeurs pour r égler d'ancie,nnes

/

X

XX

ij