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COM

Come per aqua o per crijlallo intero

Trapaj{a iL raggio

,

e non divide, o parte;

P er dentro il chíaro manto ofa il penjiero

Si penetrar, nella vítata parte.

Ivi jifpatia, ivi contempla il vero.

Si la

comparaifon

peint vivement fon objet,

é'eíl

aífez: il n'efi pas befoin qu'elle le releve. Ainíl cette

-comparaifon de Molfe efr fublime, quoiqu'au deífous

de ton objet :

jicut aquila provocans ad volandttm

pullas fuos

&

fuper eos

voli~ans,

expandit alas f;las

(

Deus)

&

aJ!umpjit eum

(

J

acob) atque portavit ir.z

lzume.ris fuis.

Ainíi, pourvu que les fourmis

&

les

abeilles nous donnent une jufl:e idée de la diligence

<les Troyens

&

de l'indufirie des Tyriens, on n'a

plus rjen

a

demander

a

Virgile. Tout ce qu'on peut

exiger, c'efi que les images foient nobles, c'efi-a–

<lire, que l''Opinion commune n'y ait point attaché

l'idée Ü1étice de baífeífe. Mais l'opinion change d'un

fiede

a

l'autre ,

&

a cet égard Ie fiecle préíent n'a

pas droit de juger les íiecles paífés. Si l'on a raifon

de

reprocher aHomere

&

a

Virgile d'avoir comparé

Ajax

&

Turnus a un ane, ce n'efl: done pasa caufe

de la baífeífe de ces images ; car ces poetes favoient

mieux que.nous

íi

elles étoient viles aux yeux des

Gr~cs

&

des Romains,

&

leur choix fait du moins

pr~fumer

qu'elles ne l'étoient pas. Mais ce qu'on ne

peut défavouer, c'efl: que l'obfiination de l'ane ne

peint

qu'a

demi l'acharnement d'Ajax. Ce que l'ar–

denr d'

m

guerrier a de fier, d'impétueux, de ter–

rible, n'y efr point exprimé: voila par or1 la

com–

}'araifon

efr défeétueufe. L'intention

dn

poete , en

employant une image , n'efi remplie que lortque

tout fon objet s'y fait voir, au moins dans ce qu'il

a

de relatif aux fentimens qu'il veut exciter: or,

les fentimens qui naiífent de la peinture des combats

font l'étonnement, la pitié, la crainte.

Il

efl: done

-décidé par la nature mema'

&

indépendamment de

l'opinion, que les images du lion , du tigre, de l'ai–

gle ou du vautour , rendent mieux l'aébon d'un

guerrier au milieu du carnage, que celle de l'ane

qui ne peínt qu'une patiente fiupidité. Je dis la meme

chofe de la

comparaifon

d'Amate

-a

vec

un

fabot que

fouette un enfant: j'y vois la rapidité du mouve–

ment, mais ce n'efi point alfez;

&

l'égarement de

Didon eft bien mieux rendu par l'image de la bi·che

que le chaífeur a bleífée ,

&

qui courant dar.1s les

forets, emporte le trait mortel avec elle;

C'eft la plénitude de l'idée qui fait la beauté de

la

comparaifon;

&

en fuppofant meme que le poere

ne voulíH que rendre fon objet plus fenfible, la

comparaifon

qui l'embraífe le mieux efrcelle qu'il cloit

préférer.

J

e fais qu'il n'efi pas befoin que l'image

¡>réfente toutes les faces de l'objet, mais la face

qu'elle préfente doit fe peindre vivement

a

l'efprit ;

&

c'eft l'affoiblir que d'en retrancher

ce

qui en fait

la

force ou la grace.

Une épreuve fl"1re de la honré ou du vice des

coni–

paraifons,

c'efr de cacher le premier terme,

&

de

demander

a

fes juges a quoi reífemble le fecond. Si

le rapport efr jufre

&

fenfible, il fe préfentera natu–

rellement. Qu'on donne

_a

lire a un homme intelli–

gent ces beaux; vers de

l'

..IEnéié:le:

Qu.alis, rtbi abruptis fugit prcefepia vinelis,

T

añ.d¿m über equus, campoque potitus aperto;

Aut ille in pajlus, armentaque tendit equarum;

.Aut aJ!uetus aquce, perfundi jlumine not(i}

Emicat,

arr~aifqae

fremit cervic.ibus alte

L"uxurians

,

luduntqu.~

j

ubce per coLla

,

per armas.

ou

ces beaux vers de la Henriade:

Tel

qu)écflappé du fein d'un riant páturage,

(iu brnie

de

ta

tr<Jmpette animan& {on ccmrage,

COM

Dans

l~s

cllamps de

la Thrace

~

úñ

éDúrJi~f

orguedleux

,

/ndocile

1

in~uieé,

plein

d'unfe

u helliqueux;

Levan~

les cnns :nouvans

de.fa

tite fuperbe,

lmpattent du frezn, vole

& bon

die .fur L'herbe.

ou ceux du meme pG>eme :

Tels aufond des foréts précipitan.t leurs pas

~

Ces animaux hardis, nourris pour les combt%ts

F. .

.r:

j

'

ters

eJcLaves del homme,

&

nés pour le carna CYe

~

Prej/ent unfanglier, en raniment la rage:

0

lgnorant le danger, aveugles, furieux,

Le cor excite au loin leur injlinél belli.queux:

on

~'aura ~as

befoin de 1ui dire que ce courfier eft

un Jeu,ne ?eros,

&

que ces thiens font des

eombat~

1

taos reums contre un ennemi terrible.

_Il efr difficile qu'un objet

vil

&

bas ait

une

par...;

fa1te re.ífemblance avec un objet important &,noble"

~ l'analo&i~

de_

~un

a

l'autre .eft une preuve que

fi

l1mage

a

ete av1he par le capnce de l'opinion , c'eft

une tache paífagere que le bon fens

effa~era.

Par'

exemple

~

le chien n'efi pas chez nous un animal

aífez noble pour l'épopée:

M.

de Voltaire

~en

ne le

nommant pas, a tnénagé notre délícateífe · mais

ll

1'

.

'

a.pemt

a':e~

eles

t~aits

qui le vengent de ce

mé-

pru,

&

qml

ennobhífent

a

nos yeux memes.

C'e~

ainfi qu'on.

~oit

en ufer toutes les fois que l'avilif–

fement eft IOJUfte ;

car

alors

le

préjugé s'attache auJG

mots,

&

on l'élude en les évitant.

.N

'?us n'avons vu eneore .dans la

comparálfon

qn'un

mitOir

fimple

&

ñdele; ma1s fouvent elle embellit '

r .

..leve, agrandit fon objet. Telle eft dans une od;

d'Horace la

comparaifon

de Drufus avec l'oifeau

qui

porte la foudre. Telle efi dans la Pharfale la

compa–

raijon

de l'ame de Céfar avec la foudre elle-mameó

Jl:fagnamque cadens

,

magrtamque

r~verteJis

Dat jlragem latt, fpaifofque recolligit igrzes.

Que!quefois auffi l'intent\.on du poete efr de rava.a·

ler ce qu'il

pein~,

comme

d~ns cett~

comparaifo rz

fi

nouvelle

&

~

¡ufte des Setze avec le limon

qui

s'éleve du t0nd des eaux.

A

inji, lorfc¡ue les vents ,fougueux tyrdtzs des eaux

De

~a

Sein.;

OTt

_du

Rlzóne ont foulevé lesjlots,

'

Le lzmon croupif!ant dans leu¡·s grottes profonde s

S'élev~

en boui!LonnatztJur

lafa.ce

des oades.

'

Mais_alors,.;

&

cet

exen~ple

en

e1l,

la preuve, 1'objet

efi v1l

&

ltmage efr noble: cela depend

du

choix

des

mots ; car

la

noblelfe des termes efi indépendante!

de l'idée. C'efr l'ufage quila donne ou quí la refnfe

a

fon gré

¡

témoins la boue

&

le limon qu;il a .res:us

daos le fiyle héro1que. En cela l'ufage n'a d'autre

n~gle

que fon caprice,

&

c'efi

lui

qu'il faut

con-:

fulter.

Enfin) la

totnpara/{on.

s;empl<?ié quélquefois

a

raífembler en un tablean circonfcrit

&

frappant

une colleétion d'idées abftraites,

que

l'efprit, fan;

cet artiflce, auroir de la peine

a

faifir. Ainíi , Bayle

compare le peuple aux flots de la m r,

&

les paf–

fions des grands aux vents qui les [Qule ent.

Ainíi

Fl&hier , dans

I'Eloge

dt

Turenne,

dit, en s'adref–

fant a Dieu:

'~

Comme il s'élt}-.e du fond des vall' es

;~

des vapeurs groffieres, dont fe forme la foudre

;, qui tombe fur les montagnes;

il

fort du creur des

>>

peuples des iniquités , dont vous déchargez le

>>

chatiment fur la tete de ceux qui les gouvernent

, ou

qui les défendent

H •

De meme, lucain, pourexpdmet I'inclinatlon

des

peuples a fuivre Pompée, quoiqu'épouvantés des

progres de Céfar , fe fen de

l'image

des flots

qui

obéiífent encore au premier vent

qui

les a pou.ífés

~

quoiqu'un vent oppofé fe

leve ,

&

tegne daos

l~s

airs.