cot
ce feigneur mériteroit bien d'etre nommé,
&
qu'on
f1t fon éloge; c'eíl: en effet cette fiupide ignorance
qui a occaíionné la defiruél:ion des plus beaux mo–
numens de l"antiquité, dont on employoit
a
de nou–
velles confiruétions les matérianx
tot.ttprépaiés.
Il
y a une autre grande pierre daos le cimetiere
de
Cu.lfy,
qu'on
peu~
voirfur le plan,
&
qu'on do11ne
ordinairement pour le
~hapiteau
de
la
col-ónne ,
mais
il
eft aifé de voir que c'eft une etreur daos laquelle
ont donné les
P.
Lempereur
&
D.
Montfaucon;
le premier dit que cette pierre a huit pieds de dia–
metre'
&
qu'elle a la forme d'un parafol
a
l'antique'
avec des compones d'efpace en efpace, au nombre
de dix; le fecood en donne le plan comme étant celui
<lu couronnement de
la
colorine
;
dans le fait cette
pierre eft oél:ogone , ayant fept
~ieds
un ponee d'un
~ngle
extérieur
a
l'atltre'
&
dix-:neuf pouces d'épaif–
Íeur.
n.
eft vraifemb!able qu 'elle p,ortoit fur huit
,petits piliers ou
colonnes,
qui avec
les
ceintres qui
font
a
e
hacune des huit faces' formoient autant d'ar–
cades'
&
qu'elle fervoit de couronnement
a
un
mau1olée ; car il n'y
a
J'!Í
ftruétnre ni caraétere qui
puiífe en donner connoiífance.
11
y a au milieu d·e
~ette pi~rre
un tron ro·nd 'd'un demi-pouce d'épaif–
feur
&
de quatorze pouces de diametre, qui annonce
.~.
qu'elle éroit encore foutenue daos fon milieu, ou
~l
par une
colonne
plus groífe que les autres , ou par
~me ~rande
urne qui
re~fermoit d~s ·een~res'
mais
)ama1s elle
n~a
pu ferv1r de chapiteau
a
la
colonne
'de Cuf!y.
Pour revenir
·a
cette
colonne,
les figures de fon
piedeílal foflt des efpeces de niches pe
u
enfoncées,
terminées alternativement, les unes en pointe, les
autres en ceintres furbaiífés ( ce qui n'efi póint dif–
'tingué dans le plan duP. Montfaucon), ces figures
'étant prifes dans l'é.paiífeur de la pierre ont peu de
·relief.
La p'remi·ere
qui
regarde ·te midi , repréfente Mi–
'nerve ; ·fon ·caft¡ue
&
fa chbuette la font aifément
connoitre.
La feconcle tournant
a
droite'efr Junon, habillée
'en inatrone , qui tient de la droite une patere qu'elle
femble préfenter
a
fon paon '
&
de la gauche une
hajla pura
, qui eft·une.pique fans fer', marque de fa
- divinité. .
,
La
troifi·eme
·ell:
i:tt1
jedne homme prefque
bud ,
··qui a'le
p~ed
gauche monté fur une pierre ou {ur ua
'Óppe,
&
la main dtoite élevée
~
il eíl di:fficile d'ex–
~pliqt,ter
cene figure, parce·que te·s fymboles en foot
prefqtt'entiéremeri't clfacés : cependant M. Tlyornaf–
fin croit avoir appen;u un foudre
a
fa main droite ;
en
ce. cas ce feroit un Jupit:er fans b-arbe ., ainú qu'il
eíl:
repréfenté fur quelqu.e médaille, avecla légende
Jovi crefcenti.
La quatrieme figure
ell:
un homme, tena::1t fous
fon bras gauche ..m poulet' auquel
il
donñe
a
man.·
·ger daos une patere qu'il tient d.e la main droite, au.
'lieu d'un cafque., ·ce qui acheve de
le
{airé connoi–
'tre pour un augure.
La cinq.uieme figure repréfente unjeune Bacchus,
appuyé fur fon baton, qui pouvoit etre un thyrfe;
i1
en orné de la dépouille d'un tigre'
&
il a un
j
eune
m~tin
a
fes pieds.
. La íixieme femble annoncer une divinité marine;
t'eft une femme prefque nue ' appuyée de la main
droite fur
un
timon ou gouvernail de navire ,
&
foutenant de la gauche une urne renverfée, qui
ré~
pand de l'eau jufqu'en-bas.
La
feptiem~
efi un Hercule, appuyé de la droite
fur fa clav-e ou maífue,
&
tenanr de
la
gauche la
dépouille dnlyon; ce n'efi point un Hercule Gau–
lois , dont il n'a pas les f
y
mboles.
La huitieme
&
derniere figure eft un captif qui a
rair abattLl
&
les
mainS
liées :
il
n'efi: COUVert
que
CbL
d'une .íimple tunique, ceinte par
le
mili
u du
corps,
&
qm ne le
~ouvre
que depuis _les épaules jufqu'aux
genoux, ayant les bras
&
les Jambes découvertes.
Cet habit ñe déúgne
ni
un Romain, ni un Gaulois
·car les Gaulois portoient I·eurs habillemens fort
lono~
avec de grandes manches: feroit-ce l'habit d'un Hel–
vétien? en ce cas la conjeéture du grand Saumaife
feroit pleinement verifiée.
M.
Thomaflin le
foup~on
ne auffi,
&
il ajoute que la beauté de ces figures
ne
perrnet pas de douter qu'elles ne foient
du
haut
empire, vers Augufte ou Tibere au plus tard.
On voit que la defcription de ce bean monument
eft affez différente de celle qu'en donne le P. Mont–
faucon ,
&
11'leme de la figure ci-jointe qui m'a été
communi<:¡uée par un ami ; mais j'ai cru devoir pré–
férer t:e qu'en ont dit d'habiles gens qui ont examiné
cette
colonne
avec
~ttention'
a
des deffins fouvent
altérés par ,les deffinateurs. Le
P.
Lempereur ne
,ctonne aucuñe defcription de ces figures: il dit qu'el..
les on:t íouffert des injures de l'air, qn'on y difiingue
feulement un homme ·guia le doigt fur la bouche
(
~~fr á~p~r-erfune'b!
1'-a'ttitude de la Miñerve qui lui
a J.alt fa1re cette bevue),
&
un autre en habit fa–
-cerdotal : on croiroit que
ce
jéfuite n'a parlé
auffi
légérernent de ce monument que paree qu'il ne
l'a
pas vu.
J
e vais ajoutet quelques éclairciífemens pris dans
une lettre écrite le
1
5
Ottobre
17
53 ,
a
M.
Lardi··
~ion
, par
M.
Tifferand , ancien curé de Crugé
&
de
Savigny, mort fort agé en 176o;
it
étoit alié vifiter
la
colo1uze
avec
_M.
Parifot de Crügey , maitre des
requetes, qui y
fit
faire des fouilles en
1703.
Selon
M.
Tiíferand, la bafe de la
colonne
quí eft
d.'une feule pierre ' efl de quinze
a
feize pieds de
circooférence : elle a été poíee , comme on le re–
cGnnut par les fouilles, fur un fondement de cou–
roy
Oll
maftic, daos lequel On avoit jetté
a
pierres
perdues du laverin en pointe.
Dan·s la fouille du coté du levant , on trouva.
a
un
pied de profondeur, les oífemens de trois corps,
la tete conrre la
colonne,
&
chaque o!fement dans fa
place , avec íix m€dailles, done trois de peri¡ bron–
ze,
&
trois de moyen bronze, toutes repréfentant
Antonio le pieux, dont le nom étoit daos la légende;
c'étoit apparemment pour payer le droit de Caron.
En creuíant au couchant, on trouva encore des
offemens
&
des médailles d'Antonin le
~ieux:
on
fit
~mili
creufer fous la
colonne
meme ' enforte qu'on
paífoit par-deífous, mais on n'y trouva rien. Le nou–
vel hitO:orien de Beaune dit que daos les différentes
fouilles on n'eut pas l'attentionue foumurer les deux:
grandes pierres qui portent
la
colonne
,
&
forment
un quarfé de
fix
pieds de chaque face, ce qui les a
fait furbaiífer au milieu o
u
elles fe joignent, enforte
qu'il ella cra.indre que cette inattention ne caufe un
j-oür la ruin'e de ce monument:
il
tapporte auffi qn'on
a
rrouvé par la fui te , aux environs de cette
colonne.,
des médailles d'Augufte
&
d'autres empereurs.
M.
Tiíferand, qui étoit préfent
a
ces fonilles,
&
qui les
place en
1703 &
non en
1716,
comme l'hifiorien
de Beaune, ne fait point mention de ces pierres
quarrées qui fervent de fondation
a
la
colonne.
Lors de la viíite de M.
Parifot
de Crugey, on l'af ...
fura que daos le bois voifin , appellé
la Pompéi'ane
,
a
deux cens pas de la
colonne,
en monrant le cóteau
qui conduit aux chaumes d'
A
u
venet, on trouvoit
beaucoup de corps hurnains
&
des tombeaux, de
difiance en diílance
~
avec leurs couvercles, qui fe
m"
bloient etre les cercueils des chef.c;' paree que fur
le
meme -slígnement on trouvoit des corps de foldats
~
ayant feulement des pierres rangées pour couvrir
la
tete ; la plupart de ces tombeaux avoient été enle–
vés par les payfans pour en faire des auges.
M..
Pa·
rifot
s'y
étant
fait 'onduire,
on en
trou
va un
enu~ I",