COL
étudié pendant pluíieurs années, levera toutes nos
in
certitudes.
(M. B
EGtlILLET.)
COLOR,
f.
m. (
Hijloire naturelle. lcluhyologie.)
poilron des iles Moluq\Ies, fort bien
ravé
&
enlu–
miné fous ce nom ,
&
fous celui de
colorfoufounam,
par Coyett, au
n°.
106,
de la premiere partie de {on
RecueiL d'Hijloire naturelll.
I1
a le corps elliptique, court; extremement com·
primé par les cotés , pointu vers la queue , arrondi
vers la tete , couvert de petites écailles; la tete , la
bouche
&
les yeux petits.
Ses nageoires font au nombre de fept; favoir,
deux ventrales, pe tites, fous· le milieu du ventre ,
loin derriere les petl:orales, qui font triangulaires;
une dorfale triangulaire , plus longue que profonde,
a
rayons antérieurs' plus courts ; une clerriere l'a–
nus, de meme forme
&
grandeur; enfin une arrondie
a
la queue.
La rnoirié antérieure du corps efi rouge, avec
une tache bleue fur la tete; la moitié pofrérieure noire,
a
queue rouge; les nageoires pe&orales
&
ventrales
{ont
jauries ; celle du dos
&
celle de l'anus font
bleues.
La
prunelle de l'reil efr blanche, entourée
d'un iris jaune.
Maurs.
Le
color
eficommun dansla mer d'Amboi–
ne, autour des .rochers.
Remarques.
Ce poiífon forme, avec celu) qu'on
nomme
ekor
dans le meme pays' un genre particu–
lier, qui fe range natureltement dans la famille des
carpes, ou nous l'avons placé dans notre
lchthyolog.
.(M.
ADANSON.)
. §
COLORIS , (
Peinture.
)
c~efi
la partie de
]a
peinture par laquelle on donne achaque ohjet la cou–
leur qui luí convient, pour que le tout imite exac–
tement
la
nature. On entend encore fous le terme
de
colori.s
en peinture, l'aífemblage des diverfes cou–
leurs d'un tableau confidéré par rapport
a
l'effet de .
l'enfemble.
C'eíl: par le
coloris
que· la peinture fe diítingue du
ftmple de.ffin
&
de l'efiampe.
S1
la nature n'avoit
qu'une couleur pour tous les objets, comme la gra–
vure en taille douce, elle feroit fans doute privée
d'une partie confidérable de fa beauré.
Il
y a dans les
couleurs un attrait qui fouvent ne le cede guere a ce–
lui qui réfulte de
la
beauté des formes. Ríen dans
la nature inanimée n'égale la beauté d'un foleil cou–
chant, ou le gracieux d'une aurore riante. Meme
dans la nature a·nimée, les charmes des couleurs qui
brillent fur le vifage d'une belle jeuneífe, ne le cede
point aux appas de la ñgure. Tous les effets qui ré–
{ulrent
~es
formes, font auffi produits par les cou–
leurs ·,
&
peut-etre avec la meme énergie. La paleur
monelle réveille la compaffion;
&
certaines cou–
leurs qui révoltent par leur desharmonie, font tres–
capabies d'exciter l'horreur.
Ceux qui n'admirent que le deffin, font peu d.e
cas du
coloris
,
méconnoiífet;1t .la beaaté qui réfide
dans les couleurs,
&
oublient que dans les o
u
vra–
ges de l'att, c'efr l'illufion qui produit le plus haut
dégré d'énergie; or
il
n'y
a
point d'illufion ott lavé–
rité n'efi pas
parfa~t
ent repréfentée ,
&
par con–
féquent en fait
~,objet~ vif1ble~,
la perfeéti<?n du
co–
loris
efi un arttcle tres-eífenttel pour attemdre au
grand bLit de l'art. On efi frappé
a
la vue du Laocoon
de marbre: cet
afp~a
excite en nous divers fenti–
mens tres-vifs. Mais que ne feroit -
~e
pas , fi ce
grouppe commenc;oit
a
s'animer ? Si nous apperce–
vions la paleur d'une angoiífe mortelle fur le vifage
&
fur toutes- les . chairs, les traces du fang fur la
peau , l'é.cume venimeufe du ferpent , colée fur le
bandean du ma1heureux pretre; c'eítalors feulement
'que l'impreffion feroit
a
fon plus haut dégré'
&
qu'il
nous fembleroit entendre les p 'nibles accens d'une
refpiration fuffoquée. La Niobé de marbre excite la
COL
)l
plus forte compaffioñ; mais qu'on yajoute le
coloris
de l'effroi, des yeux hagards, fixes
&
mornes per–
f~nne
ne pourra fouteuir l'afpea d'un pareil tableau .
L
Apollon du Belvedere eil aél:uellement d'une
be~uté ra~iífante
: qu'on
con~?ive
l,'effet qu'il pour–
roJt prodmre 'fi
a
tout ce qu tl a d attrayant fe joi–
gnoit encore le
colori.s
d'une divine jeuneífe,
&
l'éclat éblouiífant du pere de la lumiere. Convenons
done que le
coloris
parfait a un prix indépendant
de la beauté des formes,
&
qu'il confiitue une par–
tie
au~ eífenti~lle
de l'art du peinrre , que le deffin.
Ma1s en quot conúíte cette perfeélion du
coloris
J
~par .q~elle voi~,
par quelle étude
le
peintre par–
VIent-tl a
la_po~eder
? C'eíl peut-etre la le proble–
me le plus dlffiCile de l'art. Le Titien lui-meme au·
roit
f~ns
doute
éré
embarraífé
a
exprimer ce qu'il
fent01t fur la beauté
&
l'énergie du
coloris.
Puifqu'il
efi déja
fi
mal-aifé de déterminer en quoi conúíte la
bea~tté d~n~
les formes, quoique l'on ait diverfes
flotwns ddhntl:es fur les figures, comment feroit-il
poffible de décrire la beauté qui réfulte du melange
&
de l'harmonie des couleurs, fur lefquelles oh ne
peut avoir que des notions confufes? Les propor–
tions du corps humain, pour me fervir des expref:.
fions d'un grand connoiífeur
(M.
de Hagedorn)
nous font beaucoup moins inconnues que les phé–
nomenes de la nature qui font confl:amment fous
nos yeux,
&
que les effets de la lumiere relative–
ment
a
la peinture.
Qu'on
ne demande
point
com–
ment les couleurs impriment dans l'ame l'amour,
la
volupté, une douce langueur , une délicieufe
ex~afe:
on peut le fentir, mais on ne fauroit l'ex-–
pnmer.
C'efi ce
q~Ii
rend l'étude du
coloris
fi
difficile. Je
ne parle point encore de l'art d'appliquer les cou–
leurs ' rnais de celui d'exercer l'reil
a
bien fentir leur
beauté: car quiconque n'a pas ce fentiment du beau
a l'égard des couleurs ' maniat-il toute fa vi·e le pin–
ceau, ne fera jamais ni un Tirien ni un Correge
~
auffi p·eu _,
qn'a
force de s'exercer au. deffin, l'on
peut devenir un Raphael, fi l'on ne fent pas la beauté
qui réíide dans les formes. PouJ.l s'etever au-deífus
du fimple deffinateur, pour devenir peintre,
il
faut
done commencer par accoutumer
l'reil
a
fentir la
beauté du
coloris.
C'efi
a
l'école de la nature que l'anifie doit re·
courir; il
y
verra, fous toutes les formes poffibles,
les plus parfaits modeles dans tous les genres dll
beau. C'efi dans cette école qu'il pourra fe former
un coup d'reil für
&
pénétrant
,
comme le deffina–
teurGrec fe formoit le fien dans les gymnafes, dans les
jeux publícs
&
dans les fetes folemnelles'
a
force d'a–
voir fous fes yeux la belle
na
tu re diverfifiée en mille
manieres. Dans ces heureufes contrées ott la nature
femble rajeunie,
otl
elle eíl: inépuifable en beautés
de divers genres, un amateur de belles vues , qui
aux différentes heures du jour,
&
dans toutes
le~
faifons de l'année, les cherchera d'un reil e
m
preífé
&
contemplarif, tantot dans un vallon folitaire,
tantot fur le haut d'une coUine , d'ou il pourra dé–
couvrir au loin une infinie variété d'objets difiin–
gués par l'éclat des couleurs , fe Iivrera d'abord
aux
douces impreffions de ce ravilfanr fpeétacle ;
il
commencera par fentir ; mais en examinanr de plus
pres la
ca
ufe du fentiment qu'il éprou ve,
il
recon–
noitra enfin que du fimple melange des couleurs ré–
fulte une efpece particuliere de beauté qui ne le cede
point aux beautés d'une nature différenre.
Des obfervations fouvent répétées lui feront en–
ñn démeler une partie des raifons qui rendent ces
fenfations
fi
délicieufes.
Il
remarquera qu e les me–
mes ob jets ' appers:us d'un meme point de vue' for–
ment tantot le fpeétacle le plus raviffant,
&
d'autres
fois
n'ont
ríen
qui l'émeuve'
qnoique les
memes
1