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1.80

CEL

1Cette queít:ion mérite une férieufe difcullion pou r

fe précautionner ·contre

1

erreur qui attribue

a

une

nation ce qui con· ient

a

une autre. Les fa ans

()nt travaillé

a

répandre la lumiere fur ces COntrées

r ~ nébreufes;

la

diverfité de leurs opinions en dé–

~nontre

l'incertitude . Les uns prétendent que le nom

e

Celtes

ne convient qu'aux Gaulois

~

c'eft-a-dire ,

aux peuples corñpris entre

l~s

Pyténées .' les Al–

pes ,

la Meditértanée , le Rhm, la

Manch~

&

1'0-

téan · les a ntres l'etendent fur tous les hab1tans de

l'Eur~pe.

La premie re opinion,paro}t .la plus

pr~bable ;

M.

Schoephlin, pout

1

accredlter, l'appme

fur les autorités des écrivains refpeélables par leur

antiquité : tels

qu'Hér?~ote

,

Po~yb~, P~utarque

,

Ariíl:ote, Diodore de S1ctle, Dems d Hahcarnaífe ,

Arríen

Strabon , Appien , Pline , Suidas, Céfar ,

Tite-Li~e

&

généralement fur tous les Hiftoriens

qui vivoient dans des tems ou ils pouvoient tout

voir par leurs yeux. Quelques ufages communs

aux différens peuples de

l'Europe ne prouvent

point l'identité de le ur

origine.

Le Lappon

&

J'Hotten tot peuve nt avojr certains traits de reífem–

blance' fans prétendre erre des rameaux fortis de

la rrieme tige.

Quoique les

Celtes

ptivés du fecours '(}es lettres

n'aient point eu d'hifiorien pour nous tranfmettre

leur aloire, il nous refie des précieux monumens

cle

l~ur

valeur. C'efi. de la bouche de leurs enne–

mis que nous apprenons que ces peuples

h€lliqueux:~

apres avoir donué des maitres

a

la moitié de l'Eu–

tope

,

établirent leur domination dans pluíieurs

contrées de

1'

Afie. Ce fut fous le regne de Tarquin

ranci€n '

qu'ils commencetent a figurer avec le

plus d'éclat. Leur pays fu.rchargé d'habi!ans ne pou–

voit tournir

a

leurs befoms. Plus guerners que cul–

tivateu s

~

ils formerent une armée de foldats aven–

turiers fous la conduite de Bellovefe

&

de Sigo–

,r

fe qui furent chercher chez l'étranger l€s ref–

fources que

leur

fol refufoit

a

leur paretfe dédai–

gneufe. Ttois cens mille hommes partagés en deux

corps' fuffifoient pour donner des loix

a

tous les

peuples de la

ter~e/

L'un tourna fes. armes

~ontre

l'I~alie,

alors hab1tee par plufieurs natwns belliqueu–

fes qui n'avoient qu'a r éunir leurs forces pour etre

invincibles; l'atltre dirigea fa marche vers Ja foret

d'Hircinie, qui pour lors couvroittoute

1'

Allemagne.

Bellovefe, général de l'armée contre l'ltalie

~

tra–

verfa les Alpes fans etre arreté par la refifrance des

habitans qui furent fubju.gués par fes armes.

11

éten–

dit

fa

dom1nation jufqu'aux rives du Po,

&

cette

paftie de l'Italie perdant fon nom avec fa gloire,

prit celui de fes conquérans. Les Romains

&

les

Grecs l'appellerent

Gaule-Cifalpine ,

ce qui défigne

fa fituation par rapport

a

eux; ce pays qui s' ' ten–

doir entre ce fleu ve

&

les Alpes , avoit d'excellens

pacurages ' ce

qui

le rendoit d'autant plus précíeux

a

un peuple qui nourriífoit beaucoup de chevaux.

C'efi: aujourd'hui le Piémont, le Milanez,

&

une

partie du Mantouan, avec le Bergamafc

&

leBreífan.

Sigovefe eut encare des fucces plts brillans. Apres

avoir parcoun1 en vainqueur toute la Germanie, il

s'établit dans la Boheme; bien-tot cet arbre vigou–

r eux couvrit de fes rameaux les rives du Danube

&

les bords du Ponr-Euxin. La Rhétie, la Norique, la

Panncnie , la Thrace, la Grece, la Bythinie , la Cap–

padoce, la Paphlagonie

&

1'

Afie mineure, furent

forcées

de

plier fous

le

joug des defcendans de ce

Gaulois conquérant. Ils

y

fonderent plufi.eurs états,

dont celui de Galatie ou de Gallo·Grece a jetté le plus

d'éclat. Les monarques Afia tiques, pénétrés de vé–

nération pour cette race conquérante , recherche–

rent fon alliance,

&

ils fe croyoient invincibles,

quand ils avoient des Gaulois a leur folde. Polybe

nous apprend

que les Etrufques qui

habi,toient

}<~$

CEL

pays

fitué5

le long

du

Po ,

furent remplacés

par les

Boyens, les Lais, les Lébriciens , les Infubres

&

les

Cénomaniens. Les Ananes, les Boyens, les Egons

&

les Senonois fe fixerent pr ' s de la mer Adriatique.

Etienne de Bifance

&

Strabon, penchent a croire que

!es

V

énetes ou

V

énitiens defcendent d une colonie

du t€rritoire de Vanne dans la Bretagne Armorique.

La conquete de Rome par Brennus, fut

1

ouvrage

des Boyens

&

des Infubres que Strabon appelle

Celtes.

Dans la fuite ils clégénérerent de la valeur de

leurs ancetres. Leur courage énervé par les délices

du

climat

~

infpira au peuple vaincu l'audace de s'af–

franchir de fes tyrans amollis. Apres avoir eíruyé plus

fieurs défaites, ils furent chercher des établiífemens

fur les bords du Danube

Olt

ils eurent des guerres

a

foutenir contre les Daces, jufqu'a ce que leur nation

fut entiérement détruice. Les

Celtes

en abandonnant

l'ltalie, y laiíferent des monumens de leur domina–

tion. Milan, Pavie, Verceil, Breífe

~V

érone, Come,

Bergame, Trente, Vicenfe, Novare

&

Lodi fe

glorifient de les avoir pour fondateurs.

L'armée aux ordres de Sigovefe traverfa des pays

qui n'avoient point de poífeífeurs titrés.

L~s

prodnc–

tions de la nature appartenoient

a

celui qui vouloit

les récueillir. Les Helvétiens, felon

Tacite~

s'étendi–

rent entre le Rhin , le Mein,

&

la foret Hercinie

Les Boyens, pénétrant plus loin , s'établirent dans

la Boheme. Les différens peuples qui compofoient

cette armée , tirerent au fort les provinces foumifes

par leurs armes. Les Carnes eurent l'Illirie, les Tau–

riífes une partie de l'lllirie pres du Mont-Claude

~

les

Japides les campagnes dominées par l'Albron, rnon–

tagne extremement élevée qui ferme les Alpes.

C'étoit une nation i-nquiete

&

belliqueufe, qu'Au–

guíl:e eut peine

a

réprimer. Les Eftiens occ.upéreut

la Lirhuanie, la Pruífe

~

la Livonie

&

la droite de

la mer Baltique ,

Otl

ils conferverent

la

langue

des

Celt~s,

&

firent fleurir ragriculture. La plupart des

villes qui fubfifrent encore aujourd'hui, portent

des

noms qui défignent leur origine gauloife.

Ces colonies

s~étant

multipliées, €hercherent .de

nouveaux érabliífemens fous la conduite d'un géoé–

ral nommé

Cambaule.

Cette expédition n'eut pas

un auffi. heureux fucces que la premiere; ils péné–

trerent Jufqnes dans la Thrace , dont par défiance

de leurs forces , ils n'oferent tenter la conquete.

Ce torre¡:.n fe diffipa de lui-meme, ne laiífant

que

quelques vefiiges de fes ravages.

Quelque tems apres' ces memes peuples' fous

la conduíte d'un Brennus, différent du vainqueur

de Rome, allerent affiéger le temple de Delphe,

dont les riches· offrandes allumoient leur cupidité.

Ce ftege fanglant leur coC1ta.

lenr

&énéral; cette perte

les Jetta daos la confrernattOn , 1ls furent attaqués

&

mis en fuite; les uns fe difperferentdans

1'

Afie,

&

dans la Thrace: d'autres 'fe fixerent

au

confluent du.

Danube

&

de la Save. Quelques·nns réveillés par

l'amour de la patrie, fe retirerent a Touloufe

pou~

y jouir du fruit de leur brigandage. Une

épidémi~

ayant défolé tout le pays

~

ils coni\.1lterent les auau–

res fur les moyens de détourner ce fléau ,

&

fur

leur réponfe, ils jetterent dans le la

e

de Touloufe,.

l'or

&

l'argent qa'ils avoienr amaífé dans leurs guer–

res facrileges. Cepion

~

conful Romain , dans fon

expédition contre les Cimbres , épuifa

les

eaux

de

ce lac pour en retirer ce riche tréfor.

Les

Celtes

~

comme leurs defcendans, exer<;oien.t

leurs brigandages , moins par avarice, que par les

mouvemens d'un efprit inquiet,

&

qui ne trouve

des charmes que dans les lieux otl

il

n'efi: pas.

Ce

merne peuple qui s'armoit pour dépouiller les t em·

ples

~

voyoit avec mépris toutes les richeífes d'opi–

njon.

C~\.JX

qui s'étoient

établis f\Jr

les

bords dtt

Danube