Table of Contents Table of Contents
Previous Page  540 / 970 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 540 / 970 Next Page
Page Background

'fldérée fans quzlité , mérite, chofe pr&te

~

tout,

il'é–

-tant ríen,

&

ceífant d'etre ce qu'elle devlent, [e re-

...pofant,

fi

rien

ne.la

meut.

,

.,

Le principe aéhf eft oppo[e au

pnnClp~

pallif. Ce

feu artificiel eíl propre

él.

former de la matlere , avec

une adreífe [upr.eme & [elon 'les

rai[o~s q~l'il,

a

en

' lui-meme les [emences des chofes.

V

Olla

la

fecoll–

dité. Sa

[~btilité

permet qu'on l'appelle

incorporel;,

-immatériel.

Quoiqu'il [oit corps ,. en

con[équ~nce

de. [on op–

<pofition avec la matiére , -on peut

~re

qU'11 eft ef-

prit.

• 11

efr la caufe rationne11e, incorrllptible, fempiter-

'neIle, premiere, originelle, d'oll chaqHe fubfiance

'él

les flua lités qui lui font propres-.

.

,

Cette caufe eíl bonne. Elle eíl parfalte.

·11

n y-a

,point de qualités lonables qu'elle n'ait.

Elle efr prévoyante; elle régit le tout

&

fes par–

-ties; elle fait que le tout perfévere dans fa nature.

On lui donne di-fférens noms. C'eílle monde donl

'rlle eíl en effet la portion principale, la nature :. le

defrin , jl1piter

~

Dieu.

Elle n'efr pdint hors du monde; élle yefr com–

prife avec la matiere; elle conftitue tout ce qui efr ,

ce que nous voyons & ce que nous ne voyons pas ;

' elle habite dans la matiere

&

dans tous les etres; elle

la

pénétre

&

l'agite, felon que l'exige la rai[on uní–

,verfelle des

choú~s;

c'efr 'l'ame du monde.

Puifqu'elle pénétre toutes les .portions de

la,

made:.

re, elle y efr intimement préfente , elle con'nolt tout,

elle y opeTe tout.

, '

C'efr en agitant la matiere

&

en luí imprimant les

/qualités qui étoient en elle, qu'elle a formé le mon–

de. C'eíll'.origine des chofes. Les chofes font d'elle.

C'efr par fa,préfence

a

chacun qu'elle les con[erve;

c;'eíl en ce [ens que nous difons qu'elle efr Diea;,

&

'que Dieu eílle pere des chofes, leur ordinatellr

&

,J.eur confervateur.

.

,

Dieu n'a point procluit le monde par une déterrili–

nation ,libre de fa volonté 1en étoit une partie ; il

~

étoit compris. Mais il a rompu I'écorce de la ma–

tlere qui l'envelopp'Oit; il s'eft agité & il a opéré par

une force intrinféque , fdon que la néceffité de [a

·nature

&

de la matiere le perme,ttoit. • .

.

Il

Y a donc dans l'univers une

101

immuable

&

1:!ternelle, un ordre combiné de caufes

&

d'effets,

enchalnés d'un lien

fi

néceífaire , que tout ce qui a

·été, eft

&

[era, n'a pú etre autrement;

&

~'eft-la

le

deftin.

Tout efr foumis au deílin,

&

il n'y a rien dans l'n–

nivers qui n'en fubiífe la loi, fans en exempter Dieu;

puifque Dieu fuit cet ordre inexplicable & {acré des

chofes ; cette chalne qui lie néceífairement.

Dieu, ou la grande caufe rationelle n'a pourtant

'rien qui la contraigne: car hQrs d'elle & du tout,

il n'y a que le vuide infini; e'eft la nature {eule qui

la néceffite; elle agit conformément

a

cette na ture ,

.& toutfuit conformément

a

fon aaion; ilnefaut

pas

'-avoir d'autre idée de la liberté de Dieu, ni de celle

~e

l'hornme; Dieu n'en eft ni moins libre, ni moins

.puiílarrt , il eft lui-meme ce qui le néceffite.

Ce (ont les parties

01:1

les écoulemens de cet ef–

cprituniverfel du monde, diftribués par-tout,

&

ani–

m ant tout

c~

qu'il y a d'animé daos la natme:> qui

-donnent nalífance aux demons donttout eft rempli.

Chaquehomme a fon Génie

&

fa Junon qui diriO'e

fes aaions , qui infpire fes difcours, & qui mérit ele

plus grand refpea ; chaque particule du monde a ron

<lémon qui lui eft préfent & l'affifte; c'eft la ce qu'on

él

défigné fous les noms de

Jupiter

,de

Junon

~

de

Yu!.:ain ,

de

Céres .

Ce ne foot que ceTtaines partions

.ce l'ame univer(eUe , réfidentes dans l'air , dans l'eau,

'¿ans

~a

terre , dans le feu ,

&c.

,

~ul[que

les dieJ,.lx·ne [ont que

cl~s éC?~erl?-en.s

de

r ame uríiverfelle, diftribuées

a

chaqüe pafticule d

la nature , il s'enfuit que dans la déflagration

gén~:

. rale qtÚ finira le monde, les dieux retourneront

el

un Jupiter confus, &

a

leurs anciens élemens.

Quoique Dieu foit préfent

a

tout ,

a~ite

tout veil-

le

a

t?~t ,

en efi l'ame ,

&

dirige les

~ho(es

f;lon

l~

' condltlol~ d~.cha.cune,

&

la

~?tute

.qui lui efi pro–

pre ;

~Olqu

11

[Olt bon

',&

qu.

11

veu~lle

le bien , il ne

.pe~t ~alre ~ue t~ut ~e

qll1 eíl bien arnve , ni que tout

ce qlll arnve fOlt bien; ce n'eft pas l'art qtlÍ fe répo·.

fe

~

mais c'eft la matiere qui eft indocHe

él.

l'art. Dieu

'ne peu.t etre que'ce qu'il eft,

&

i1 ne pent changer

la matlere.

Quoiqu'il

y

ait

u n

lieTl

priñci¡ral

&

uflive'rfel des

cho[es

~

qui les enchaine , nos ames ne font cepen:.

dant fujettes au deftin, qu'autant

&

~ue

felon

qn'i'1

convient-a -leur nature; toute force exterieure a beau

confpirer contre elles,

Ú

leur bonté efr oriO'inelle

&

premiere ,elle perféverera; s'11 en eft

aut'r~ment

fi

elles [ont nées ignorantes, grollieres , féroces ;

~'il

ne [urvient rien qui les améliore , les inftruife

&

'les fbrtifie; par cette [eule cónditiotl, fans

auc~mé

~nfluence

dn deftin, d'un mouvement'volontaire

&

.propre, ellesfe porteront au vice

&

aI'erreur.

Il

n'eft

p.~~ diffi~il~

de

con~l~m:

de ces principes;

que les ftolclens etOlent matena1i1l:es ., fataliftes, &

-<1

proprement parler athées-.

No.u~

venons .d'.e,,;,p<;>fer leur doaril}-e fur le princi–

pe efficlent;

VOlCI

mall1tenam: ce qulrls penfoient

de

la

cau{e paíiive.

,

La matiel'e premiere ou la natme eft la premiere

des cho[es , l'eífence

&

la bafe de leurs quálités.

La matiere gé'néra1e

&

premiere eft éternelle ;

tout ce qu'il en a 'été eft, elle n'aug,mente ni ne di–

minue

~

tout efr elle; on l'appelle

ejjenc'e

~

confldérée

dans l'univerfalité des etres;

maiie",

confiderée dans

chacun.

La matiere da'ós chaqtle &tre,

eA

[u(celJtible d'ac::

' ~roiífement

&

de diminution ; elle n'y refte pas la

meme, elle [e mele, elle fe fépare;, fes parties s'é

l

chappent dans la féparation, s'uniífent dans le mé.;.

lange; apres la déflagration générale , la matiere

retrouvera une;

&

la meme dans Jupiter.

Elle n'eft pas ftable, elle varíe fans ceífe; tout eft

emporré comme

lm

torrent , tout paífe, rien de ce

que nous voyons ne refte lemeine; mais rien ne

chan~

ge l'eífence de la matiere

~

il n'en périt ríen, ni de ce

qui s'évanduit

a

hos yeux; tom retourne

a

la [ource

premiere des chofes

~

pour en émaner derechef; les

chofes ceífent ; mais ne s'anéantiífent paso

La matiere n'eft pas infinie; le monde a fes

lío::

mites.

11 n'y arien

a

qüoi eile ne puiífe etre réduite,

ri~ri

qu'elle nepuiífe fouffrir, qui n'en puiífe etre fait; ce

qui [eroit impoffible

fi

elle étoit immuable ; elle

eíl!

divifible

a

l'innni; or ce qui eft divifible ne peut etre

infini ; elle eíl: contenue.

,

'

C'eftpar la matiere

j

par les chofes qüi [ont de

li

matiere,

&

par la raifdn générale qui eft préfente

a

tout

~

qui en eft le germe, qui le pénetre, que le

monde eft , que l'univers eft, que Dieu eíl ; on

etl~

tend que1quefois le ciel par ce mot,

Dieu¡

Le monde exifte féparé du vuide qui l'environne ;

comme un reuf, la terre eft au centre; il Y a cette

différence entre le monde

&

l'univers , que l'univers

eft infini; il comprend les chofes qui [ont ,

&

le vui–

de qui les comprend; le monde eft fini, le monde eft

comp ris dans le vuide qui n'entre pas dans l'acception

de ce moto

Au commencement il n'y avoit que Dieu

&

la

matiere; Dieu, eíIence c;les chofes , nature ignée ,

etre prolifique, dont une portion combinée avec la

matiere

~

a produit l'air, puis l'eau ; ileft aumonde

co~me l~

germe

a

la plante

~

il

~

dépo[é le perme ddu

mOll

~