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S T

o

Stockholm

eíl: grande , fort peuplée,

&

faít ttn

<:ommerce confidérable. La pll1part de fes mai[ons

{ont aauellement baties en briqlle, au-lieu que précé–

demment elle.s étoient pre[que tontes de bois. On y

remarql:le entr'autres beaux édinces le palais du chan–

celier, celui de la nobleífe,

&

le chateau, qui eít un

natiment fpaciellx, oü non-Ceulement la cour loge,

mais 011 s'aífemble auffi la plflpart des COllrs fupérieu–

ns du royaume. Ce chateau eít fitué de fac;on que

d'tm coté i,l a vue fur le port,

&

de l'autre fur la

le 011 il fait face a une grande glace décorée des

plus beHes maifons. Le palais de la n0bleífe eít le liea

()u

elle tient [es féances.

Stocklzolm

n'ouDlira jamais la fete funeíte de ce

01&–

me palais, dans laquelle Chriillern rétabli roi,

&

fon

primat Troll, ment égorger en

1

po

le fénat entier,

&

tant d'honnetes citoy ens. Le tyran devenu par–

tout exéc-rable , hIt enfin dépofé,

&

nnit fes jours en

prifofl

~

T

roH mourut les armes

el

la main; dignes l'un

&

l'autre d'une fin plus tragique

!

011

divife ordinairement

Stock/lOlm

en quatre par–

lies; {avoir, Sud-Malm,

&

Nor-Malm , qui font les

deux fauxbourgs , au milieu defquels la ville ít fi–

tuée,

&

dans une ile. La qu atrieme partie eít Garce–

land ,

&

le tout compofe une des grandes villes de

rEurope.

L'ile dans laquelle la plus grande partie de

Stock–

holm

fe trouve enfennée , eH environnée de 'deux

bras de riviere, qui fortent impétueufement du lac

Meler,

&

fm chacun de ces bras', il y a un pont de

bois; enfuite il [e forme encore quelques atltres iles

quin'en fo t:!t féparées que par un peu d'eau. D'un

coté on a la vlle fur le lac,

&

de l'antre [ur la

mer , laquelle forme un g0lfe qui s'étend a-travers

plufieurs rOCflers, enforte qu'on le prendroit pour un

autre lac. L'eau en eít fi peu [alée , qu'on en pour–

roit boiLe devant

Stock/lOlm

,

él

cauCe de la quantité

d'eau douce qui

y

tombe du lac Meler.

On rapporte la fondation de la ville a Birger , qui

fut gouverneur de Suede apr(!s la mort du roi Erric,

furnommé'le

Begae

,

&

on prétend qu'elle re<;ut le

Dom de

Stockholm

d'une grande quantité de poutres

qu'on y apporta des lieux circonv.oifins ;

flok

fignine

en fuédois une

poutre,

&

holm

une

lLe

,

&

meme un

liea

defert.

Quoi qu'il en foit, outre la force de fa fi–

tuation, elle eít encore défendue par une citadelle

toute bordée de canons.

Prefque tout le

commer~e

de Suede fe fait

a

Stock–

holm

;

il coníifie en fer, fil-de-fer, cuivre, poix,

r éfine, mats,

&

fapins, d'oü on les tranfporte ail–

leurs. La plltpart des marchandi[es

&

denrées qu'on

rec;oit des pays étrangers viennent dans ce port,

dont le havre eít capable de. contenir un millier de

navires: il ya encore un quai qui a un quart de lieue

de long, 011 peuvent aborder les plus grands vaif–

{eaux ; mais fon incommodité confiíte en ce qu'il eít

a

dix milles de la Oler,

&

que fon entrée eít dange–

reufe

a

cau[e des bancs de Cable.

On compte dans cette ville nenf églifes baties de

brique,

&

couvertes de cuivre, iddépendamment

<le celles des f(luxbourgs. La nobleífe

&

les grands du

. royaume réfident

a

~tock/lOlm

,

011 l'on a établi , en

'1735,

une académie des Sciences

&

de Belles-Let–

tres.

Le gouvernement de la ville eít entre les mains dn

ftadtholder, qui eít auffi confeiller du confeil privé.

Apres lui [ont les bourg-mefues , au nombre de qua–

tre, ['un pour la juítice ,l'autre pour le commerce,

le troiíieme pour la police,

&

le quatrieme pour

l'infpeaion fur touS les

b~himens

publics

&

particu–

liers. Les tributs

qui

s'impofent fur les habitans pour

le maintien du gouvernement de la ville,les batimens

pablies •

la

paie d'une garde d trois cens bommes ,

G>c.

les tributs , dis-j¡¡ , que

1

s bourgeois doivent

Tome Xv.

S T O

5

2

3

paye!'

pOUf

eette dépenfe , reroient

regarcl~s

comrne

un pe[ant fardeau, meme dans les pays le plus opu–

lens

~

auffi tache-t-on de dédommager les citoyens

fur lefquels tombent ces charges, par les privileges

qu'on ¡eur accorde , foit pour les douanes, foit pour

le commerce du pays qlli paífe néceífairement par

leurs mains.

Long.

de

StockltoLm,.

fuivant Harris,

3

J.

. /. d.

latif.

.58.

JO.

Long.

fuívant Caffini,

3

o.

.50.

3 o .latÍ!. J9'

20.

La célebre reine Chriítine r.aquit

él

Stockholm,

en

"1626, de Guítave Adolphe, roi de de Suede ,

&

de

Marie-Eléol1ore de Brandebourg.Elle avoit beaucoup

de fagacité dans l'efprit , l'aír male , les traits grands,

la taille un peu irréguliere. Elle étoít affable, uéné–

teufe,

&

s'illuítra par Con amour pour les

fcie~ces,

-&

fon affealon pour les

g~ns

de lettre. Elle {uccéda

aux états de Con pere en

1653,

&

abdiqua la cou–

ronne en 1654,' en faveur de Charles Guítave , duc

des Deux-Ponts , de la branche de Baviere palatine,

fon coufin germain, nls de la freur du grand Guf–

tave_

Peu de tems apn::s cette abdication, Chriítine vint

en E'ance ,

&

les fages admirerent en elle une jeune

reine qui,

a.

27

ans , avoit renoncé a la fOl1veraineté

dont elle étoit digne, pour vivre libre

&

tran·quille.

Si l'on veut connoitre le génie unique de cette reine,

on n'a qu

a

lire fes lettres , comme

M.

de

V

oltaire l'a

remarqué.

Elle dit dans celle qu'elle écrivit

él

Chanut, autre–

fois ambaíradeur de France aupres d'elle : (( j'ai pof–

., fédé fans faite, je quitte avec facilité. Apres cela

~,

ne craignez pas pour moi, mon bien n'eít pas au

H

pouvoir de la fortune

H.

Elle écrivit au prince de

Condé. (('

J

e me tiens autant honorée par votre

.efri–

H

me

qu~par

la comonne que j'ai portée. Si, apres

H

ravoir quittée, vous m'en jugez

O1oi.ns

digne,

" j'avouerai que le repos que j'ai tant fouhaité , me

H

coute cher; mais je ne me repentirai point ponr–

" tant de l'avoir acheté an prix d'une couronne,

&

" je ne noircirai jamais par un laehe repentir une

"

a~ion,

qui m'a femblé fi belle; s'il arrive que vous

" condamniez cette aaion, je vous dirai pour toute .

" excufe, que je n'aurois pas quitté les biens que la

»

fortunem'a donnés, fi je le enífe cm néceífaires

" a

ma félicité,

&

que j'aurois prétendu

a

l'empire

H

du monde, fi j'euHe été auffi aífuré d'y réuffir que

" le feroit le grand Condé.

T elle étoit l'ame de cette perfonne ·fi fin uuliere .

tel étoit fon ítyle

d~ns

n.otre lange qu'elle

av~it

parlé

rarement. Elle favolt hmt langues; elle avoit été diCci–

pIe

&

amie de Defcartes qui mourut

aS

lOcklzo/m

dans

fon palais, apres n'avoir pu obtenir feulement une

penfion en France, 011 fes ouvrages furent meme

profcrits pour les fenles honnes chofes qui y fuífent.

Elle avoit attiré en Suede tous cetlx qui pouvoient

l'édairer. Le chagrin de n'en trouver aucun parmi

res fujets , l'avoit dégoutée de regner fur un pellple

qui n'étoit que foldat. Elle crut qu'il valoit mieux

vivre avec des hommes qui penfent , que de comman–

der

a

des hommes fans lettres ou fans gé¡¡¡ie. Elle avoit

cultivé tous les arts dans un climat 011 ils étoient alors

inconnus. Son deífein étoit d'aller fe retirer au mi–

lieu d'eux en Italie. Elle ne vint en France que pour

y paífer , parce que ces arts ne commencoient qu'a

y naltre.

'

Son gOla la fixoit aRome. Dans cette vlle elle

avoit quitté la religion luthérienne pour la catholi–

que; indifférente pour l'une

&

pour l'autre,elle ne

fit

point fcrupule de fe conformer en apparence aux [en–

timens du peuple chez lequel elle vouloit paífer

[a

vie. Elle avoit quitté Con royaume, en 1654 ,

&

fait

publiquement

a

Infpruck la cérémonie de ton abj u–

ration. Elle plut allez peu ala Cour de France, parce

qu'il ne s'y trouva pas une femme dont le génie püt

yv

v

ij