Table of Contents Table of Contents
Previous Page  43 / 970 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 43 / 970 Next Page
Page Background

S

E

Ñ ,

tfbt~JOti'fs,

',é'fárit aa lit " un précipice

de

feu dont il

'taHoit

l~

garantir, par qU,elqne rempart., C'étoit-Ia

tune forte de verhge de 1efpece de cehll de Haller

'ayg:nt la hevre. Le fang agité, épanché, ou pret

el

"l'etre: donne lien

el

de tels Cpeares. Galien, jel1ne

'encbt~"

fe ht ungrand honneur

el

Rome, pour avoir

prédit daas une pareille circonfrance, uae hémor–

rhagie fa1tltatre.

Quand l'ame ne,peut fe défromper par ¡es

fens

ex–

ternes ' de la non-exiftence des phantomes que les

fens ü:terizes

-lui préfenteat, comme .étoir celui qui

croyoit avoir un nez ae verre; ceux qui fe perfua–

dent'etre obl1gés de fuivre tel régiment , dans l'idée

qu'ils y ont été engagés,

&

alttres chimeres: c'e'íl:

dans ce cas ane e[pece de manie, mal qui demande

ues remedes,

&

qui y cede quelquefois. Quiconque

jettera leoS yeux fUf les "trifres effets du dérangement

de 'i'ima<1ination, 'comprendra c0mbien elle eft cor–

porelle

,l!>

&

cG>mbie:n 'eft 'étroite la liaifon qn'il y a

entre les mcmvemeas vilaux

&

les mouvetnens ani-=

maux.

'La méinoire

.,qth

-eíl

le

{ouvenir 'des chofes qui

ont fait des traces dans le 'cerveai:I , eft un quatrieme

Jens ilZterne ·,

1i

dépendant ,des organes du corps, qu'–

'elle fe fortihe,

&

s'affoihlit, felon les changemens

qui arrivent

el

la machine. Ni la converfatÍo n , ni la

i:onnoiífance -des chofes, ni le feritiment interne de

'notre propre exiíl:ence ne peuvent réfider en nOtlS

"fans la mémoire. W epfer parle d'un malade qui aV0it

perd~

les idées des,'éhof

7

s

~

il prenoit le manche p,our

le (:reux de

l~

'Cnelll-ere

i

11 en a vu un autre qm ne

pouvoit jamais nair fa phrafe, parce qu'il perdoit

ti'aberd la mémoire du commencement de f0n idée.

n

donne l'hiftoire d'un troifieme, qui V9yant les.

ienres " ue pouvoit plus les

épele~

Un homme qui perdroit toute mél:TIoire, ne feroit

pas menie un er,re penfant,; car peut?n penfer fans

eHe? Cela ne repugne pOInt aux phenomenes des

ínaladies dans lefquelles nous voyons les malades

faire plllíieurs ailions, dont ils n'ont aucune réminif–

cenc,e ; 10rféJú'ils foñt rétablis; or ces aél:ioQs que

i'ame fait fans coltt\'oiífance, fans jugement, doivent

etre rangées f'armiles mouvemens automatiques qui

fe trouvent partout pour confei-ver la machine. M.

j

ean le CIen::

fi

C0Il:IÍÚ

dans la république des lettres,

-&

frere de M·.Daniel le Clerc non moíns célebre par

fon

hifloire de la

M.¿dtcine

,

a écrit que la hevre fuffi–

foit pour boulverfertolites les traces des images dans

ie cerveau,

&

eaufer un oublí univerfel;

i1

a été lui–

meme un trifte exemple de cette vérité; apres une

petite hevre de deü'x ou troís jours, il tomba dans

1'0ubli total de tout ce 9u'il avoit jamaís fait

&

fu;

l'enfance

&.

l'imbécillite fuccéderent; le favant ne

fut plus qu'un objet de pitié !

'

.

Thucidide raconte que dans la pefte d'Afrlque ,

plufieurs pt!rHmn!s perdirent entierement la

~él~lOi­

re. Mais toils les Jours la perte de eette faculte n eft–

elle pas dépendante du fommeil, du vin, de l'apo–

plexie" ce la chaleur exceffive

?

Et puis , elle fe ré–

kablit avec le tems par des remedes convenables. En–

fin l'hydrocéphale, la molleífe aqueufe du cerveau,

lOliteS dégértérations de cette partie, une chute, un

ulcere trop tot fermé, ces caufes

&

pluíieurs autres.,

font perdre la mémoire, fuivant l'obfervation de

tous les auteurs. Cependant puifqu'elle revient

~uffi

méchaniquement qu'elle fe

di~pe "

elle appartlent

<lone au eorps , elle eft donc preiqlle corporelle.

Mais alors quelle place infiniment petite,

tie~t,la

mémoire dans le

ftnforium r:ommune ?

Cette eXllité

inhnie effrayera I'imaginarÍon de ceuxqui calculeront

les miIlions de mots, de faits, de dates, de chofes

différentes, exillantes dans le cerveau

~e

ces

b.om

'

mes dont parle Baillet,

fi

fameux par leu méno;–

~ ,&

qui ú:mbloient ne rien onblier. Tant de

,ho

es

'pHmXY.

i-éfidoient done dans la nioeIe dll cerveau de ces

gens-la,

&

ne 1'0ccllPoient pas meme toute entiere?

Que cette faculté

e~

immen{e ,

&

que fOil domicile

'eft réellement borné !

.. On fait

bie~ ~es

queftions infolu?les

rnr

les

fens

mternes;

e'u VOlCI qltelql1es-tUles qu'Il femble qn'on

peut réfoudre.

Pourquoi les fignes corporels qú i n'ont ríen que

d'arbirraire, affeé.l:ent-ils, changent-ils fi fort les

idées? Il falloit

a

'l'hóm,me Un grand nombre de ter–

mes púur exprimer la fOltle de fes idées ; ces termeS

qui font arbitraires, deviennent tellement familiers

pad'habitude Ol:t l'oa eft de les prononcer, qu'on ne

fe fouvient pas davantage le plus rouvent des idées

memes des chofes, que des termes qlli font des cara–

éteres expreffifs de ces ídées ;

&

les mots

&

ces idées

font

fi.

intimement liés enfemble, que l'idée ne re–

vient point fans [on expreffion, ni le mot fans l'idée.

D'aillenrs, en penfant nous fommes moins occupés

des mots que des chofes , parce 9u'il en coltte

él

l'i–

magination pour trouver des idees complexes ; aú

li;ll que" les mots fimples

&

faciles , fe préfentent

d ellx-memes.

D'olt

vient

que l'attention, l'imagination fufpen–

dent l'aél:i0n des

fens

externes

&

les mouvemens dti

corps? Parce qu'alors rien ne diíl:rayant les

fens

ex–

ternes, l'imagination en eft plus vive

&

la mémoire

plus heurellfe. Ceux qui font devenlls avetlgles, font

f~~t

'própres

él

eombíner

a

la foís un grand noiubre

d Idees.

Pourquói eft-on fi fóible lor(qn'on a trop 1011<1-

tems, OH fortement exercé les

fens internes?

Par~e

qu'i1 s'eft fai,t une tres-grande confo'mmation des ef:;

prits du cerveau;

&

par la meme raifon, toutes les

panies du corps humain trop long-tews tendues , fe

fatiguent.

'

Pourquoi les alimens

~

les boiífons, les médicá–

mens , les poifóns, les paffions, le r,epos, le mouve–

vement, l'air, le chaud, le froid , l'habitude, pour–

qnoh dis-je , toutes ces chofes ont-elles tant de pou–

voir íhr túus les

JeizS?

Parce qu'ils dépendent du hon

état, ou du mauvais état des organes du corps. TOll!

le jufti6e, l'édllcation , les mreurs, les lois, les di::.

mats, les brellvages; les maladie's , les

á

veux de

foi–

bleífes

&

de paffions qu'on fait aux médecins

&

aux

confeífellrs , les remedes, les poifons ,

Ere.

Tour in:'

dique l'empire de ce corps terreftre; tout connrme

l'efdavage, l'obfcurciífenierit de cette ame ql1i de:'

vroit lui commlÍnder.

Efl-ce

la

ce

rayon de l'1fence

fitpreme

Que

l'on nous

peiTu

ji

Lumineux?

Efl-ce

la

cee ifprit fitT'vivant

a

Lui-meme

¡.

Hélas

!

on ne reconoit plus fa fpiritualité au miliéti

du tumulte des appétits corporels, du feu des paf–

fions, dtl déran'gement de l'économie animale: Quel

flambeau pour nous condui're, que eelui qlli s'éteint

él

chaque pas!

(Le

chevalier

DE JAUt;@URT,)

SEN

S

(LE BON) ,

GOUT

(LE BON),

(BeLles-Let–

tres.)

le

hon fens

&

le

hon goti.t,

ne font qu'une meme

choíe,

el

les confidérer du coté de la faculté. Le

bon.

flm

eft une certaine droiture d'ame qui voit le vrai,

le juíl:e

&

s'y attache; le

hon goti.t

eft cette

mem~

droiture, par laquelle l'ame voit le bon

&

l'approu~

ve. La différence de ces deux chofes ne fe tient que

du coté des objets. On reftraint ordinairement le

hon.

fens

aux chofes plus

fenfibl~s

,

~

le

hon goút

'i.des

o~.

¡ets plus nns

&

plus releves. Amfi le

hon gOltt

,

pns

dans cette idée, n'eft autre chofe que le

bon fens

~

raffiné

&

exercé fur des objets délicats

&

relevés ;

&

le

hon fens

n'eft que le

bon goút ,

reftraint aux ol;;;.

jets plus fenfibles

&

plus matériels. Le vrai

~ft

l'oh–

jet du gOllt, auffi-bien que le bon ;

&

l'efpnt a f(jo

gout alúIi-bien que le creur.

(D.

J.

i

,

E