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S

E

N

3

_ ,

c;rue l'ce,a,

&

dans lequel

i~

n'y a pas nn

~uíIi grah~

epanoUlífement de nerf, n aura pas le meme degre

de feníibilité , & ne pourra pas etre affetlée par des

parties de matieres auffi petites

qu~

celles de la lu–

íniere ; mais elle le

fer~

par des parties plus groíres

qui font celles quí forment le fon, & nOlls donnera

encore

une fen(atíon des chofes élo·gnées , qui pom–

ror1t mettre en mouvement ces parties de matieres.

Cómme elles íont beaucoup plus groífes que celles

de la lumiere

&

qu'el1es ont moins de viteíre, elles

ne pourront s'étendre qu'a de petites di{lances ,

&

par conféquent l'oreille ne nous donnera la fenfation

que de c?ofes beaucoup

mojn~

éloignées que celles

dOl1t l'rell noits donne la [enfahon.

La membrané

qi.ti

ea

le fiege de l'odorat étant en–

core moins fournie de rierfs que celle qui fa it le fiege

de l'oule , elle ne nous donnera la fenültion qu e des

parties de matiere qui fom plus groífes & moins éloi–

r;nées , telles que font les particules odorantes des

eorps qui font probablement celles de l'huile eíren–

tielle , qui s'en exhale & furnage , pour ainíi dire ,

dans I'air.

Comme les nerfs font·encore en moindre quanti–

té & plus groffiers fur le palai6

&

fm la langue , les

partlcules odbrantes ne íont pas afíez fortes pour

ébranler cét orga,ne ; il faut que les parries huileufes

&

{alines fe d 'tachent des autres cotps,

&

s'arretent

fur

lá langué pour produire la fenfatíon qu'on

ap–

pelle le

goút,

&

qui differe prin'Cipalement de 1'0-

dorat , parce que ce dernier

Jens

nous donne la fen–

fation des chofes

¡\

une c:ertaine diaance,

&

que le

gOLlt ne peut la doilner que par une efpece de con–

tatl, qui s'opere au moyen de la to nte de c.ertaines

parties

de

matieres, telles que les fels, les hUl1es,

Y ·c.

Enfiri, comme les nerfs [ont le plus divifés qu'il

ea

poffible

&

qu'ils follt tres-légerement parfemés

dans la pean, áucune partie auffi petite que eelles

qni form ent la 1umiere , les fons, les odeurs , les fa–

veur" , ne pourra les ébranle'r, ni les affeéter d'une

manie're fenfible , & il faudra de tres-groífes parties

de matiere ,.c'efr-a-dire des corps folides, pour qu'íls

pujírent en etre affeétés. Auffi le fens dtl toucher ne

nous dorme aucune fenfatíon des chofes éloignées ,

mais feu1ement de c !les dont le eontatl e{l

itnmé~

diat.

Il parolt donc que la différence qui efr enire nos

fins

vient de la poíition plus ou moins extérieure

des nerfs , de leur vetement , de leür exilité, de leur

quantité plus ou moins grande, de leur épanouiíre–

ment dans

~es

différentes parties qui confriruent les

brganes. .C'efr par cette raifon qu'un nerf ébranlé

par un coup , ou découvert par une b1eírure ; nous

donne fouvcnt la fenfation de la lumiere, fans que

l'reil y ait part ; comme on a íouvent auffi par la

nleme,caufe des tintemens

&

des fenfations des fons,

<Juoique l'oreille ne foit affetlée par rien d'exté–

rieur.

Lorfque les petites particules de la matiere lumi–

neu{e

&

fo nore fe trouvent réltnies en tres-grande

quantité, elles forment une efpece de corps

{01"

de

qui produit différentes ('fpeces de fenfatioos , lef–

quelles ne paroiírent avoir aucun rapport avec les

premieres ; car tomes les fois <Jue les parties qui

compotent la1umiere {om en tres-grande quantité,

.elles atletlent non-(eulemellt les yeux , .mais auffi

toutes les parties nerveufe de la peau ;

&

elles pro–

duifent dans l'reilla feniation de la lumiere ; & dans

le rea e du corps , la fenfatíon de la chalem qui

ea

tme autre efpece de fenti rr..ent dilférent du premier,

quoiqu'il foit produit par la meme caufe.

La chaleur n'efr done que le tOllcher de la lumiere

qui agit comme corps folide, ou comme une maífe

de ma iere en mOllv ement ; on reconnoit éviclem–

ment l'atlion

d~

cette maífe en mouvement, lorf-

SEN

CJl~;O~

expofe ies mari:eres légeres au foyer ¿lun

f>o

mlrOlr ardent; l'atllOn de la lumiere réunie leur

comrr.unique, avant meme que de les

échauff~r

mi

mouv.ement qui les pouíre

&

les déplace ; la chaleur

agit done comme agiírent les corps iolides fur les

autres eorps ,

p.l~ifqu'elle

ea

capable de les aépla–

cer en commumquant un mouvement d'impu1fi0n.

De meme lorfque les parries fonores fe trouverir

réil11ies en tres·grande quantité, elles produifentune

fecouíre

&

un ébranlerhent td:

-D

níible;

&

cet ébran–

lem~nt

efr forr différent de l'aétion du fon fur

1'0-

réille. Une violente explofion, un grand eoup

de

tonnerre ébranle les maiíons, nous frappe

&

commu–

nique une efpece de tremblement a tous les corps

voifins ; c'eH par cette aalon des pardes fonores

qu'une corde en vibration en fait remuer une

au–

tre;

&

c'efi par ce toucher du fon que nous

fenton~

nOlls-;nemes, lor(que le b:·u!t efr violent, une efpece

de tremouífement fort dl1ferent de la fenfiltion du

fon par l'oreille, quolqll'il dépende de la meme

caufe.

Toute la différence qui fe trouve dans nos fenfa.!

t.ions ne vient done que du nombre plus ou moins

grand, & de la poíition plus on moíns t:xtérieuredes

nerfs. C'efr pourquot nous ne jugeons des chofes

que d'apn!s l'imprefIion que les objets fom fur el1X -

&

comme eette impreffion varíe avec nos

d.i(poíi~

tions, lesflns

nous en impofent néceírairement: les

plus importans ne font fouv,ent que

de

légeres

im.:.

preffions ;

&

pour notre ma1hem, le méchanifme

de tout le monvement de la machine dépend de ces

reíforts délicats qui nons échappent.

Cependant

lesflns

nous étoient

abfo1um~nt

nécef–

faires ,

&

p(JHlr notre etre & pour notre bien-etre :

ce font, dit

M.

le Cat, autant de fentinelles

qui

nous

avertiÚent de nos be[oins

&

qui veillent

a

notre

confervation. Au mi1ieu

d

s corps

miles

&

nuiíible.i

qui nous environnent, ce font autant de portes

qui

nous 10nt ouvertes pom communiquer avee

les

au–

tres etres,

&

pour jouir du monde on nOllS fommes

placés. Ils ont enfanté des arts fans nombre pour {a–

tisfaire leurs délices ,

&

fe garantir des impreffions

facheufes. On a taché dans cet ouvrage de develop–

per avec briéveté le méchanifme

&

des arts

&

des

fens;

p(mt-etre meme trouvera-t-on qu'on s'y efi trop

étendu ; mais quand ceda feroit vrai , comment ré–

fifrer au torren! des chofes cmieu{es qlli s'offrent en

foule fur leur compte ; & combien n'en a-t-on pas

fupprimé avec quelque regret

?

Car enfin les arts

font précieux,

&

les

fens

offrent le flljet le plus in–

téreírant de la phyíique, puifque ce font nos

moyen~

de commerce avee le refre de l"univers.

Ce commerce entre l'unlvers .& nOtls fe fair tou–

jours par une matiere qui affetle quelque arganeo

D epllis le toucner jufqu'a la vúe, cette O1atiere ea:

de plus en plus

111brile ,

de plus en plus répandue loin

de nOtls,

&

par-la de plus en plus capable d'étendre

les born(¡'s de notre commerce. Des corps , des li–

queurs, des vapems, de l'air, de la 11Imiere , voila

la gradation de íes corre{pondances;

&

lesfins

par

lefque

15

elles fe foot nos interpretes

&

nos gazettiers.

Plus leurs nouvelles viennent de loin, plus il faut

,,'en défier. Le tOl1cher qui

ea

le plus borné

desjéns

efi auffi le plus fúr de tous ; le goíh

&

I'odor~t

le

font encore aírez, mais 1'oule .commence

a

nous

rromper tres-fouvent; pour la vúe, elle

ea

fujet.te

el

tant d'erreurs, que l'induftrie des hommes, qui

fait tirer avantage de tout, eo a compofé

UA

art d'en

impo(er aux yeux ; art

admirabr~

,

&

pOl

fi loin

par les peintres , que nOlls y aunons peut-etre per–

dtl

a

avoir

desfens

mo·ns tromp nrs. Mais que dire

des conjeélures dans lefquelles ils nous entrainent?

'par

exem~ie

, la lumiere, flui de particnlier qn

i

r end

..."

l(;O~

vifibles, nOLlS fait conjetlurer un

all: