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I

35 8

(

S O N

Daniel, ce prophete lui en avoit donné

l~expnca.

'cion.

Le fait efi rapporté bien différemment dans,le

f~-

cond chapitre. lci

Nabuchodo~?for ~e

voulut

Ja,mal~

déclarer aux mages le

Jonge

qu

11

a~01t,

eu.

11

P!et;n–

'dit qu'ils le devinaíTent, par,ce c¡u'll

~e

P0t,lVOlt s af–

{lIrer fans 'cela que leur explicatlOn fút

~~ale.

n,s ell–

~ent

beau protefier que leur

fci~nce

ne

~

etendolt pas

fi

loin ; i-l ordonna qll'on les 6t

mour.Ir

con:me

d~s

impofieurs. Daniel

yi~t

'enfuite ,

a

gUl .le

~Ol

ne dlt

point le

Jonge

en

que~lOn;

au contralre Illw parla

,;~

ces termes :

me pourne{-vo'us

di~~arer

te

~onge

que

I

al

-eu

&

Jon interprétation?

Dan.

'J.

2:6.

La-deíTus Da-

'lli;llui fait le récit

duJonge

& l'explique.

.

Un favant critique moderne trouve la contra.d,lc–

tion de ces dellX récits

fi

palpable,

&

lenr conClha–

·tionfi difficile, qu'il penfe qu'on .doit

cou~er

le na!ud,

& reconnoitre que les fix premlers

chapltr~s.

de

D~niel ne font pas de lui ; que ce font des addltlOns fal–

par des juifs pofiérieurs

a

fon ouvrage , & .que ce

'n'efi ql1'au chapitre fept que commence le hvre de

'ce

prophete. (

D.

J.)

SONGES,

(Mytho L.)

enf~ns

du

~~m~eil,

felon les

.poetes. Les

Jonges

,

dit <?v1de, qUllmltent toutes for–

tes de figures ,

&

qUl font en, auffi grand n,om–

bre que les épis dans

l~

plaines , les

fe~lI11es

dans les for.ets, & les grams de fable

ft~r

le nvage

·deJa mer} demeurent nonchalamment etendus au–

tour du lit de leur fouverain, & en défendent les ap–

proches. Entre cette multitude infinie de

jonges

,

~I

Y

en a trois principaux qui n'habitent que les palals

·des rois & des grands, Morphée , Phobetor & Phan–

-tafe.

Pénélopl! ayant raconté

unJonge

qu'elle avoit eu

.par lequelle prochain retour d'UIyfe

&

la mort de fes

pourfllivans lui étoient promis , ajoute ces paroles :

" J'ai oui dire

~

que les

fonges

font difficiles

a

enten–

.., dre, qll'on a de la p'eine a percer leur obfcurité ,

" &

que l'événement ne répond pas toujours

a

ce

~,

qu'ils fembloient promettre , car on dit qu'il

a

." deux portes pour les

jonges

,

l'une efi de come

&

." l'atltre d'ivoire; ceux qui viennent par la porte

."

d'ivoire, ce font

lesfonges

trompeurs qui font en–

" tendre des chofes qui n'arrivent jamais ; mais les

"

flnges

qui ne trompent point,

&

qui font vérita–

" bIes, viennent par la porte de come. Hélas ,je

" n'ofe me flatter que le mien foit venu par cette der–

»

niere porte

,,!

Horace

&

Virgile ont copié tour-a-tour cette idée

d'Homere, & leurs commentateurs moralifies ont @x·

pliqué la porte de come tranfparente, parl'air,

&

la

porte d'ivoire, opaque, par la terreo Selon eux, les

fonges

qui viennent de la terre , ou les vapeurs ter–

refues , font les

fonges

faux ;

&

ceux qui vit;nnent de

l'air ou du ciel , font les

Jonges

vrais.

Lucien nous a donné une defcription toute poéti–

que d'une ile des

Jonges

dont le

Sommeil

efi le roi ,

&

la Nuit la divinité. Il y avoit des dieux qui rendoient

leurs oracles en

Jonges

,

comme Hercllle , Amphia.

raiis , Sérapis, FallntlS. Les r.lal?ifirats de Sparte

couchoient dans le temple de Pahphae, pour etre

infiruits

enjonges,

de ce qui concernoit le bien pu–

blic. Enfin on cherchoit a deviner l'avenir par les

fO{lges,

& cet art.s'appelloit

onéirocritique.

Voyez

ce

moto (D.J.)

I

SONGE,

(Poéfie.)

fiétion que 1'0na employée dans

t~us

les genres de poéfie, épique, lyrique, élégia–

que, dramatique: daos quelques-uns, c'efi une def–

cription

d'unfonge

que le

po~te

feint qu'il a,' ou qu'il

a eu; dans le genre dramatlque, cette fiétlOn fe fait

en deux manieres; quelquefois paroit fur la fcene \-m

aéteur qui

fi

int un profond fommeil, pendant lequel

illui vient un

fonge

qui l'agite

~

&

qui le porte

a

par–

ler tout haut; d'autres fois l'aéteur raconte le

Jon:e

s

O N

qu'il a

éú

¡'>e"ndant fon fommeiL AinG dans

la

Maria&

ne de Trifian, Hérode óuvre la fcene, en s'éveillant

brufquement ,

&

dans la fuite il

r~p~orte

ce

flnge

qu'il a fait. Mais la plus belle defcnptlon d'unfonge

qu'on 'ait donnée fuI' le théatre , efi cell.e de Racine

dans Athalie; épargnons au leél:eur la peme d'aller la

cheréher. C'efi Athalie qui parle

fcme v. aRe Il.

Un

fonge (

me devrof.s-je inquieter

,d'un/onge?)

Entretient dans mon ca?ur un chagnn

qlÜ

le ronge.

Je L'évice partout ,.partout iL me pourfuit.

C'

hoit pendant l'Iwrreur d'une profonde nuii.

!tia

mere J é{abeL devant moi s'efl montrée,

Comme au jour de Ja mor!pOl7lpeufement parée..

S es malhwrs n'avoient point abaltu

fo

jierté.

Mime elle avoit mcpre

c~t

éelat emprunté,

Dont eLLe eut foin de peindre

&

d'omerJon vifage,

Pour réparer des ans l'irréparable oulrage.

Tremble, m'a-t-eLle dit

,

fiLLe digne de moi.

Le cruel Dieu des juifs L'emporte au:fJi fur toi.

Je teplains de tomber dans fls mains redoutables;

Mafiüe .... En ac!tevant ces mots épouvantabLes,

.jon ombre vers mon lit a paru fe baij{er.

El moi,je lui tendois mes mains pour l'embraffer,

}¡[aisje n'aipLus trouvé qu'un horribLe méLange

D'os

&

de chair meurtris,

&

traínés dans falange,

Des lambeaux pleins de Jang

,

&

des membres

ajjreux,

,

,

Que des chiens déyoransfedifputoient entr'eux,&c.

(D.

J.)

SONGES

,jete des,

(Hifo.

mod.)

les fauvages

de

l'A–

mérique feptentrionale appellent

jete des fonges

on

du

rmverfement de cerveLLe

,

une efpece de bacchanale

qui fe célebre parmi eux vers la fin de l'hiver,

&

qui dure ordinairement 15 jours. Pendant ce tems, iI

efi permis

a

chacun de faire tóutes les folies que la

fantaifie lui fuggere. Chaque fauvage barbouillé ou

déguifé de la maniere la plus bifarre , court de caba–

nes en cabanes, renverfe & brife tout fans que per·

fonne puiífe s'y oppofer; il demande au premier

qu'il rencontre l'explicarion de fon dernier reve,

&

cellx qui devinent

ju~~,

font obligés de donner la

chofe

a

laquelle on a revé. La fete finie

~

on rend

tout ce qu'on a rec;u,

&

l'on fe met a réparer les de–

fordres qu'lIne joie licentieufe a caufés. Comme l'i–

vreífe efi fouvent de la partie, il arrive quelquefois

des tumultes

&

des catafirophes hmefies dans ces

fortes d'orgies ,

Olt

la raifon n'efi jamais écoutée.

SONGER, V. aéL

(MétaphyJ.) Jonger,

c'efi avoir

des idées dans l'efprit, pendant que les lens extériel!lrs

font fermés , en{orte 9u'ils ne res;oivent point I'im–

preffion des objets exterieurs avec cette vivacité qui

leur efi ordinaire; c'eít, dis-je, avoir des idées, fans

qu'elles nous foient fuggérées par aucun objet de

dehors , ou par aucune occafion connu«,

&

fans etre

choifies ni déterminées en aucune maniere par l'en–

tendement; quant

a

ce que nous nommons

extafl

,je

laiífe jugerad'autres Gce n'efi point {onger les yeux

ouverts.

L'efprit s'attache quelquefois

a

coníidérer certains

objets avec une G grande application, qu'il en exa–

mine les faces de tous cotés , en remarque les rap–

ports

&

les circonítances

~

&

en obferve chaque

partie avec une telle contention qu'il écarte toute

atltre penfée,

&

ne prend aucune connoiífance des

impreffions ordinaires qui fe font alors fur les fens ,

& qui 'dans d'autres tems lui auroient communiqué

des perceptions extremement fenfibles. D ans certai–

nes occafions, l'homme obferve la (uite des id ' es qui

fe fucc edent dans fon entendement, fans s'attacher

particulierement

a

allcune; & dans d'autres rencon–

tres, illes laiífe paífer , fans prefque jetrer la vue

deífus , comme autant de vaines ombres qui ne font

aucune impreffion fur lui.