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1

6 4

S O P

Le ciRquiem'e faít

ju~er

d'une

chof~

par ce qui

h~

luí convient que par aCCIdento

C~foplúfme

ei1: appelle'

folLacia accidmtis.

11

«onfiíl:e

a

tirer une concluíion

abfoltie, íimple

&

fans refiriétion de ce quí n'eíl:

'vrai que par accident: c:efi .ce que font tant de, pens

<¡ui

décl~me,At

.'contre

.1

antlmome.,

p~ree

qu

e~ant

mal apphque,

11

prOdtllt de mauvalS effets;

&

d

al~tres qui attribuent

a

l'éloquence tous !es maUValS

effets qn'elle produit, quand

on.

en abu(e; on

el

la

Médec;:íne les fautes de quelques ¡gnorans: .

~

'On tombe 'c:I.uffi (ouyent dans ce maUV'c

:I.lS

ral1onne–

ment, quand on prend les íimples

occa~ons pOl~r.les

véritables 'caufes; comme

qUl

accuferolt la

relrgl.on

chrétienne d 'avoir «té la caufe du maífaere d'une

lfi–

fin~té

de per[onnes, qui ont

m

~e.ux

aiin~

(ouffrir la

mort que de

re~~ncer

J

erl~s-Chrlíl:

?

au heu que ce

n'efi ni a la rehglOn chreuenne. ,

m

el.la

conílane.e

des martyrs qu'or't doit attribller ces meurtI'es , malS

a

la feule injuílice

&

a

la feule cruauté des payens.

On voit auffi un exemple coníidérable de ce

10-

'Phi/me

dans le

raifonnemen~'ridicllle ~es

Epicll.riens,

qui concluoient que les dlCUX deVOlent aVOlr une

forme humaine, parce que dans toutes les chofes hu–

maines , il n'y. avoit qlle.l'ho:nme qui

A.'¡~

doué de la .

rauon.

1<

Les dleux , dl{Olent-lls, (ont tres heureux:

»

nul

ne~eut

etre heureux fans la vertu: il n'ya

~

point de vertu

fan~

1<\

rai{o~

,

&

la .raifon ne fe

" trOl1ve nulle part atlleurs qu en 'ce ql11

a

la forme

), humaine: il faur donc avouer que les dieux font en

" forme humaine." Voila qui n'eíl pas bien conelu.

En vérité ce que

M.

de Fontenelle a dit des anciehs,

favoir qu:ils ne

~ont

pas f.ljets, fur quelque

I?a~iere

que ce fOlt,

él

ralfonner dans la dermere perfeébon ,

n'eíl point exagéré. " SOlivent, dit cet auteur ingé–

" nieux, de foibles convel"iances, de petites umili–

»

tudes, des jellx d'e{prit peu folides, des di1C::ours

), vagues

&

~onflls

paífent chez eux pour des p.rell–

»

ves; auili rien ne leur

cou~e

el

prouver; malS ce

»,

qu'un ancien démontroit en fe ¡ouant , donneroit

>, el

l'heure qu'il efi, bien de la peine

a

un pauvre

" moderne; car de quelle rigueur n'eíl-on pas fur

»

les raifonnemens? On veut qu'ils fbient intelligi–

»

ble~,

bn

Veut qu'ils (oient jufles, on veut qu'ils

" cQnduent. On aur!l la malignité de démeler la

»

moindre équivoque ou d'idées ou de mots; on au–

»

ra' la dureté de condamner la chofe du monde la

)1

plus ingénieufe,

fi

elle ne va pas au fait. Avant

M.

" D e{cartes on raifonnoit plus commodément; les

»

íiedes paífés font bi(w heureux de n'avoir pas eu

" cet homme-Ia. "

Le úxieme paífe dti {ens

ciivi{~

au fens compofé"

ou du fens compofé au {ens divifé; l'un de ees

joplziJ–

mes

s'appelle

faiLacia eompofiúonis

,

&

l'autre

foLLacia

divijionis.

J.

C.

dit dans l'Evangile , en parlant de fes

mirades :

les aYeugles yoient, Les bOlteux mare/une droit

~es fourd~ enten~ent.

Il

efi évideht que

~ela

ne pell:

etre vral, qu en prenant ces chofes {eparément

c'eil::"a-dire dans le fens divifé. Car h:s

aveugles. n~

voyoient pas demeurant av ugles,

&

les fourds n'en–

tendoient pas demeurant {ourds. C'eil: auffi dans le

I?el~e fen~ q~'il

efi dit.qans les

Eeritur~s,

que

Diw

Ju(lijie.'es

lmpl~S; ~ar.

cela ne veut pas dlre qu'il tient

P?;~r Juíle~

ceux qm {ont eneore

ímpi~s,' ~ais ~ien

q~1

11

rend ¡ufies , par fa grace, ceux

qll1

etolent lm–

pIes.

I~

y a

~u

contraire,

des,Propo~tions

qui ne {ont

V

!a.le

,s qu en un fens oppofe a

ce~1l1-1a,

qui efr le fens

dlvIfe.

~omme

quand S.

Pau~

dlt: que

les m.édifans ,

les fornzcateurs, les ayares n entrerOJU pome dans

Le

royaume des eieux,

car cela ne veut pas dire que nlll

de ceux qui allront eu ees vices ne feront {au vés

ma!s{eulement que ceux qui y demeureront

atta¡;hé~

ne le feront paso

Le feptieme paífe d,e ce qui eíl vrai

a

quelque

s

O P

égarc1,

a

c~

qUl eíl vrai

fimpleme.nt;

c'ei1: cequ'on

ap~

pelle dans ¡'école,

ti

di[lo Jeeundum 'luid, ad diaU/iz

jimpLiriur.

En voici des

exe~ples. Le~

Epieuriens

prouvoient : 'ncore que

le~. dl~UX ,devole~t

avoir la

forme humame, paree qu

11

n

y.

en a. pomt de plus

belle que eelle-Ia,

&

que tout ce "qm eH beall doir

etre en dieu. C'étoit fon mal raiionner; carJa forme

humaine n'eíl point abíolument une beauté, mais

{etllement all regard des cO'rps ;

&

alnfi n'étant une

perf~él:ion

qll'a quelque égard

&

non úmplement,

it

ne s'enfuitpoint qu'elle doive etre en dieu;parce que

toutes les perfeél:i0ns fOn! en dieu.

N'ous voyons auili dans

Cicéro~ ;.

au

IlJ.liYle dt

ia

naJure des dieux

,

un argument ndlellle de Cotta

c0ntre )'exifienee de Diell, qlli

a

le meme défaur.

H

Comment, dit·il , pouvons-nousconcevoir Dieu,

,) ne lu,i pouvant 'attribuer aucune vertu? Car, di–

»

rons-h9us qu'il a de la prudence , mais la pruden–

" ce eoníiílant dans le chqix des biens

&

des maux

~

" quel befoin peut avoir Dieu de ce choix, n'étant

" capable d'auclln mal? Diron's-nous qu'il

a

de

1

'in–

" teUi<1ence

&

de la

raifon , mais la raifon

&

l'intelli–

"

gen~e

nous ferveat a nous,

a

découvrir ce qlli nOl1S

,) efi inconnll par ce qui nous eíl connll; or il ne

), peut yavoir rien d\nconnu

a

Diell? La juíliee ne

" peut aum etre en Dieu "pltifqu'elle ne regarde que

" la fociété.des hommes; ni la tempéranee, parcé

»

qu'il n?a point de voluptés a modérer; ni la f()rce,

" parce qu'il ri'eil: fufceptible ni de doulenr ni de

" travail;

&

qtl'il n'eíl eXl'ofé

a

allcun péri!. Com-:–

" ment done pourroit etre Dieu, ce qui n)uroit ni

»

intelligence ni vertu

,,?

Ce qu'il

y

a de merveilleux

dans ee

~eau

raifonnement, c'eíl que Cotta ne eon–

clud qu'il n'y a point de vertLÍ en Dieu, que paree

quel'imperfeél:ion qui fe trouve danslavertuhllmaine

n'eíl pas en Dieu. D e forte que ce lui efi une preuve

que Dieu n'a PQint d'intelligence, paree que rien De

hJi

eíl caché; c'eíl-a-dire qu'il ne voit rien, parce

qu'H vóit tout, qu'il ne' pellt rien, paree qu'il peut

tout; qu'il ne jouit d'aucuh bien, parce qu'il poífede

tons les biehs.

Le huitieme enfiri, {e réduit

~

aaufer de l'ambigui–

té des mots ; ce qui fe peut faire en diverfes manie–

res. On peut rapporter

Á

cette efpece de

foplzifme ,

tOllS les fyllogifmes qui {ont vieiellx, parce qu'il s'y

trollve quatre termes, foit paree que le moyen terme

y

eíl pns deux fois partieulierement, ou parce

qu'il

eíl{ufceptible de divers fens dans les deux prémiífes;

OU

fnfin paree qlle les termes de la conelufion nc

font páS ptÍs de la meme maniere dans les prémiffes

que dans la concluíion. Car nous ne reílraignons pas le

mot

d'ambiguité ,

aux feuls mots qui font groffiere..

ment équivoques, ee qui ne trompe prefque jamais;

rnais nous comprenons par-la tOUt ce qlli peut faire

changer du fens

a

un mot, par une altératon imper–

cept;'ble d'idées, paree que diverfes chofes étant

fi–

gnifiées par le meme fon, on les prend pour

la

meme chofe.

Ainíi quand vous entendrez

lefophifme

fuivant:

Les apóeres étoient dou{e,

Judas étole apotre ;

Done Judas

élOit

dou{e.

le fophii1:e aura ueau dire que l'argument eíl en

forme ; pour le confondre, fans nulle difeuffion

iií

embarras, démelez íimplemement l'équivoque du

mot les

apótres.

Ce mot les

apotres

úgnifie

da~s

le fyl–

logifme en queílion, les apotres en tant que pris

tOirS

enfemble

&

fai{ant le nombre de douze. Or dans

cet–

te úgnification, comment dire dans la mineure, or

Judas étoit apóere?

Judas étoit-il apotre en tant que

les apotres font pris tous enfemble au nombre

d~

douze?

'citons encore pour

exempl~

ce

fophifme

burlef–

que.