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S O P
Le ciRquiem'e faít
ju~er
d'une
chof~
par ce qui
h~
luí convient que par aCCIdento
C~foplúfme
ei1: appelle'
folLacia accidmtis.
11
«onfiíl:e
a
tirer une concluíion
abfoltie, íimple
&
fans refiriétion de ce quí n'eíl:
'vrai que par accident: c:efi .ce que font tant de, pens
<¡ui
décl~me,At
.'contre
.1
antlmome.,
p~ree
qu
e~ant
mal apphque,
11
prOdtllt de mauvalS effets;
&
d
al~tres qui attribuent
a
l'éloquence tous !es maUValS
effets qn'elle produit, quand
on.
en abu(e; on
el
la
Médec;:íne les fautes de quelques ¡gnorans: .
~
'On tombe 'c:I.uffi (ouyent dans ce maUV'c
:I.lSral1onne–
ment, quand on prend les íimples
occa~ons pOl~r.les
véritables 'caufes; comme
qUl
accuferolt la
relrgl.onchrétienne d 'avoir «té la caufe du maífaere d'une
lfi–
fin~té
de per[onnes, qui ont
m
~e.uxaiin~
(ouffrir la
mort que de
re~~ncer
J
erl~s-Chrlíl:
?
au heu que ce
n'efi ni a la rehglOn chreuenne. ,
m
el.laconílane.e
des martyrs qu'or't doit attribller ces meurtI'es , malS
a
la feule injuílice
&
a
la feule cruauté des payens.
On voit auffi un exemple coníidérable de ce
10-
'Phi/me
dans le
raifonnemen~'ridicllle ~es
Epicll.riens,
qui concluoient que les dlCUX deVOlent aVOlr une
forme humaine, parce que dans toutes les chofes hu–
maines , il n'y. avoit qlle.l'ho:nme qui
A.'¡~
doué de la .
rauon.
1<
Les dleux , dl{Olent-lls, (ont tres heureux:
»
nul
ne~eut
etre heureux fans la vertu: il n'ya
~
point de vertu
fan~
1<\
rai{o~
,
&
la .raifon ne fe
" trOl1ve nulle part atlleurs qu en 'ce ql11
a
la forme
), humaine: il faur donc avouer que les dieux font en
" forme humaine." Voila qui n'eíl pas bien conelu.
En vérité ce que
M.
de Fontenelle a dit des anciehs,
favoir qu:ils ne
~ont
pas f.ljets, fur quelque
I?a~iere
que ce fOlt,
él
ralfonner dans la dermere perfeébon ,
n'eíl point exagéré. " SOlivent, dit cet auteur ingé–
" nieux, de foibles convel"iances, de petites umili–
»
tudes, des jellx d'e{prit peu folides, des di1C::ours
), vagues
&
~onflls
paífent chez eux pour des p.rell–
»
ves; auili rien ne leur
cou~e
el
prouver; malS ce
»,
qu'un ancien démontroit en fe ¡ouant , donneroit
>, el
l'heure qu'il efi, bien de la peine
a
un pauvre
" moderne; car de quelle rigueur n'eíl-on pas fur
»
les raifonnemens? On veut qu'ils fbient intelligi–
»
ble~,
bn
Veut qu'ils (oient jufles, on veut qu'ils
" cQnduent. On aur!l la malignité de démeler la
»
moindre équivoque ou d'idées ou de mots; on au–
»
ra' la dureté de condamner la chofe du monde la
)1
plus ingénieufe,
fi
elle ne va pas au fait. Avant
M.
" D e{cartes on raifonnoit plus commodément; les
»
íiedes paífés font bi(w heureux de n'avoir pas eu
" cet homme-Ia. "
Le úxieme paífe dti {ens
ciivi{~
au fens compofé"
ou du fens compofé au {ens divifé; l'un de ees
joplziJ–
mes
s'appelle
faiLacia eompofiúonis
,
&
l'autre
foLLacia
divijionis.
J.
C.
dit dans l'Evangile , en parlant de fes
mirades :
les aYeugles yoient, Les bOlteux mare/une droit
~es fourd~ enten~ent.
Il
efi évideht que
~ela
ne pell:
etre vral, qu en prenant ces chofes {eparément
c'eil::"a-dire dans le fens divifé. Car h:s
aveugles. n~
voyoient pas demeurant av ugles,
&
les fourds n'en–
tendoient pas demeurant {ourds. C'eil: auffi dans le
I?el~e fen~ q~'il
efi dit.qans les
Eeritur~s,
que
Diw
Ju(lijie.'es
lmpl~S; ~ar.
cela ne veut pas dlre qu'il tient
P?;~r Juíle~
ceux qm {ont eneore
ímpi~s,' ~ais ~ien
q~1
11
rend ¡ufies , par fa grace, ceux
qll1
etolent lm–
pIes.
I~
y a
~u
contraire,
des,Propo~tions
qui ne {ont
V
!a.le,s qu en un fens oppofe a
ce~1l1-1a,
qui efr le fens
dlvIfe.
~omme
quand S.
Pau~
dlt: que
les m.édifans ,
les fornzcateurs, les ayares n entrerOJU pome dans
Le
royaume des eieux,
car cela ne veut pas dire que nlll
de ceux qui allront eu ees vices ne feront {au vés
ma!s{eulement que ceux qui y demeureront
atta¡;hé~
ne le feront paso
Le feptieme paífe d,e ce qui eíl vrai
a
quelque
s
O P
égarc1,
a
c~
qUl eíl vrai
fimpleme.nt;c'ei1: cequ'on
ap~
pelle dans ¡'école,
ti
di[lo Jeeundum 'luid, ad diaU/iz
jimpLiriur.
En voici des
exe~ples. Le~
Epieuriens
prouvoient : 'ncore que
le~. dl~UX ,devole~t
avoir la
forme humame, paree qu
11
n
y.
en a. pomt de plus
belle que eelle-Ia,
&
que tout ce "qm eH beall doir
etre en dieu. C'étoit fon mal raiionner; carJa forme
humaine n'eíl point abíolument une beauté, mais
{etllement all regard des cO'rps ;
&
alnfi n'étant une
perf~él:ion
qll'a quelque égard
&
non úmplement,
it
ne s'enfuitpoint qu'elle doive etre en dieu;parce que
toutes les perfeél:i0ns fOn! en dieu.
N'ous voyons auili dans
Cicéro~ ;.
au
IlJ.liYle dt
ia
naJure des dieux
,
un argument ndlellle de Cotta
c0ntre )'exifienee de Diell, qlli
a
le meme défaur.
H
Comment, dit·il , pouvons-nousconcevoir Dieu,
,) ne lu,i pouvant 'attribuer aucune vertu? Car, di–
»
rons-h9us qu'il a de la prudence , mais la pruden–
" ce eoníiílant dans le chqix des biens
&
des maux
~
" quel befoin peut avoir Dieu de ce choix, n'étant
" capable d'auclln mal? Diron's-nous qu'il
a
de
1
'in–
" teUi<1ence
&
de la
raifon , mais la raifon
&
l'intelli–
"
gen~e
nous ferveat a nous,
a
découvrir ce qlli nOl1S
,) efi inconnll par ce qui nous eíl connll; or il ne
), peut yavoir rien d\nconnu
a
Diell? La juíliee ne
" peut aum etre en Dieu "pltifqu'elle ne regarde que
" la fociété.des hommes; ni la tempéranee, parcé
»
qu'il n?a point de voluptés a modérer; ni la f()rce,
" parce qu'il ri'eil: fufceptible ni de doulenr ni de
" travail;
&
qtl'il n'eíl eXl'ofé
a
allcun péri!. Com-:–
" ment done pourroit etre Dieu, ce qui n)uroit ni
»
intelligence ni vertu
,,?
Ce qu'il
y
a de merveilleux
dans ee
~eau
raifonnement, c'eíl que Cotta ne eon–
clud qu'il n'y a point de vertLÍ en Dieu, que paree
quel'imperfeél:ion qui fe trouve danslavertuhllmaine
n'eíl pas en Dieu. D e forte que ce lui efi une preuve
que Dieu n'a PQint d'intelligence, paree que rien De
hJi
eíl caché; c'eíl-a-dire qu'il ne voit rien, parce
qu'H vóit tout, qu'il ne' pellt rien, paree qu'il peut
tout; qu'il ne jouit d'aucuh bien, parce qu'il poífede
tons les biehs.
Le huitieme enfiri, {e réduit
~
aaufer de l'ambigui–
té des mots ; ce qui fe peut faire en diverfes manie–
res. On peut rapporter
Á
cette efpece de
foplzifme ,
tOllS les fyllogifmes qui {ont vieiellx, parce qu'il s'y
trollve quatre termes, foit paree que le moyen terme
y
eíl pns deux fois partieulierement, ou parce
qu'il
eíl{ufceptible de divers fens dans les deux prémiífes;
OU
fnfin paree qlle les termes de la conelufion nc
font páS ptÍs de la meme maniere dans les prémiffes
que dans la concluíion. Car nous ne reílraignons pas le
mot
d'ambiguité ,
aux feuls mots qui font groffiere..
ment équivoques, ee qui ne trompe prefque jamais;
rnais nous comprenons par-la tOUt ce qlli peut faire
changer du fens
a
un mot, par une altératon imper–
cept;'ble d'idées, paree que diverfes chofes étant
fi–
gnifiées par le meme fon, on les prend pour
la
meme chofe.
Ainíi quand vous entendrez
lefophifme
fuivant:
Les apóeres étoient dou{e,
Judas étole apotre ;
Done Judas
élOit
dou{e.
le fophii1:e aura ueau dire que l'argument eíl en
forme ; pour le confondre, fans nulle difeuffion
iií
embarras, démelez íimplemement l'équivoque du
mot les
apótres.
Ce mot les
apotres
úgnifie
da~s
le fyl–
logifme en queílion, les apotres en tant que pris
tOirS
enfemble
&
fai{ant le nombre de douze. Or dans
cet–
te úgnification, comment dire dans la mineure, or
Judas étoit apóere?
Judas étoit-il apotre en tant que
les apotres font pris tous enfemble au nombre
d~
douze?
'citons encore pour
exempl~
ce
fophifme
burlef–
que.