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15G

S

o

N

nous en

(oyo~ av~rt~s

;

qu~ ~aut-il

done pour,

~~re

fon geur? Un etat

ni

fOlble,

ni

VIgoureux; une medlO–

erité.de

vigueur rend l'ébranlement des

file~

ner–

v eux plus faeile

~

la

méd.ioe;it~. d'eCpri,~s

aOlmaux

'fait que leur eours eíl plus reguuer, q';1 lis

pel~v7nt

fournir une Cuite d'impreffions plus faelles a ddhn–

guer. Une eireonílanee qui prouve

maniíle~ent

gue

cette médioerité que j'ai CuppoCée eíl la d¡CP?ÚtlOn

requiCe pour les

jonges

,

c'eíl l'heure

el

.laquel~e

ds.c0nt

plus fréquens ; cette heure eílle matlO. Mals ,

~hrez­

vous c'efi le temS011 nous

Commes

le plus frals, le

plus ;i,goureu:"

&.

011 la tranCpiration des efprits ani–

maux etant falte , lIs font les plus abondans ; cette

obCervation , loin de nuire

a

mon hypothefe, s'y

ajuíle parfaitement. Quand les perfonnes d'une conf–

tituti~n

mitoyenne , (car il.n'y a guere que celles-!a

<¡lui revent) te mettent au lIt, elles font

a-pe~l-pres

epuifées ,

&

les premieres heures du

.r0mJ?~ll

fo?t

celles de la réparation , laquelle ne va Jamals Jufqu

el

l'abondance : s'arretant done a la médioerité , des

que cette médio.crité exiíl 7 , c'efr-a-dire vers le ma–

tin

leslonges

nadrent enfLute,

&

durent en augmen–

tan~ toujo~rs

de c1arté jufqu'au révei!. A.u refie,

~e

raifonne fur les choCes comme elles arnvent ordl–

nairement,

&

je ne nie pas qu'on ne puítre a.voir un

Jongt

vif 11 l'entrée ?u au milieu

~e

la. nuit " fans en

avoir le matin ; maIS ces cas partIculIers dependent

toujour¿ de

~ertains

états

pa~ti~uliers

qui !le font

a~l­

cune exceptlOn aux regles gc:nerales que Je pofe; Je

conviens encore que d'autres caufes peuvent con–

'courir

a

l'origine des

Jonges ,

&

qu'outre cet état

de médiocrité que nous fuppofons exifier vers le

matin, toute la machine du corps a encore 1meme

tems d'autres principes d'aétion tres propres

el

ruder

lesJong.es

;

j'en remarque deux prineipaux , lm inté–

rieur

&

un extériellr. Le premier, ou le principe in–

térieur, c'eíl que les nerfs

&

les mufcies, apres

avoir été relachés 11 l'entrée du fommeil, commen–

cent

a

s'étendre

&

a

fe gonfler par le retour des fluí–

des fpiritueux que le repos de la nuit a réparés, toute

la

machine repl'end des difpoíitions

el

l'ébranlement;

mais les caufes externes n'étant pas encore atre'l. for–

tes pour vainere les barrieres qui fe trouvent aux

portes

des fens , il ne fe fait que les mouvemens in–

ternes propres

a

exciter des aétes d'imagination,

c'efi-a-dire

desJonges.

L'autre principe ,ou le prin–

cipe extérieur qui di{pofe

el

s'éveiller

el

demi,

&

par

conféquent

él

fon ger, c'efr l'irritation des chairs qui,

au bout d.e quelqlles heures qu'on aura été couché

fur le dos, fur le coté, ou dans toute autre attitude,

'commence

a

fe faire fentir. J'avoue done l'exifrence

des chofes caprieieufes que je viens d'indiquer, mais

le

regarde toujours cette difpoíition moyenne entre

l'abondance

&

la difetre d'efprits, comme la cauCe

prineipale des

jonges

;

&

pOltr mertre le comble

el

la

démonfrration, voyez des exemples qui viennent

a–

p ropos. Une perfonne en foibleife ne trouve • quand

dIe revient

a

clle-meme , aucune trace de ron état

ptéeédent; c'eít le profond fommeil de difette. Un

homme yvre-mort ronfle pluíieurs heures,

&

{e ré–

veille fans avoir eu

alleun /Jonge

;

c'eíl le profond

{ommeil d'abondance; done on ne {onge que dans

l'état qui tient le milieu. Voyons a-préfent na'itre un

flnge,

&

afliílons en qllelque forte

a

fa naitrOince.

Je me couche , je m'endors profondément , toutes

les fe-nfations font éreintes, tous les OI'ganes iont

comme inacceffibles ; ce n'eíl pas la le tems des

Jun–

ges,

iI faut que quelques heures s'écoulent , afin que

Ja machine ait pris les principes d'ébranIement

&

d'aétion que nous avons indiqués ci-detrllS ; le tems

étant veml , (onge-t-on auffi-tot,

&

ne faut-iI point

.<le caufe plus immédiate pOllT la produétion

dUJonge,

(jlle cette difpoíition généraIe du corps? Il femblé

. tl'abord qu'on ne puiífeici répondre

fa~i

témél'ité,

S· O N

&

que le

61

de l'expérience ñous

~andonne;

car;

dira-t-on, puifqlle perfonne ne faúrOlt feuIement re–

marquer quan.d

&

co~me,nt

il

s'~n~o~t , ~omment

pourroit-on falfrr ce qUl preíide

a

1

on.l~me

d un

flnge

qui commence pendant notre fommell?

Au fecours de l'expérience , joignons-y celui du

raifonnement: voici donc comment nous raifonnons.

Un aéte quelconque d'imagination eíl tOlljours lié

avec une fenfation qui le précede,

&

fans laqueUe il

n'exifieroit pas; car pourquoi un te! aéte fe feroit-a

dé veloppé pllltot qu'un autre ,s'il n'avoit pas été dé–

terminé par une fenfation? Je tombe dans un douce

r~verie

, c'efr le point-de-vue d'tme riante campa–

gne, c'efr le gazouillement des oifeallx, c'efr le mur–

mure des fontaines qlli

~nt

produit cet état, qlli ne

l'auroit pas atrurément été par des objets etfrayans;

ou par des cris tumultueux ; on convient fans peine

de ce que j'avance par rapport

el

la veille , mais on

ne s'en apperc;oit pas auffi difrinétement

el

l'égard des

Jonges,

quoique la chofe ne foit ni moins certaine,

ni moins nécetraire ; car íi les

fonges

ne font pas des

chaines d'aétes d'imagination ,

&

que les chaines doi–

vent, pour ainíi dire, etre toutes accrochées

el

un

point fixe d'ou elles dépendent, c'eíl-a-dire

a

une

fenfation, j'en conclus que

toutjonge

commence par

une {enfation

&

fe continue par une fllite d'aae9

d'imagination, toutes les· impreffions fenfililes qui

étoient fans effet

a

l'entrée de la nuit deviennent effi–

caces, íinon pour réveiller , au-moins pour ébranler,

&

le premier ébranlement qui a une force détermi–

née efi le principe d'unfongl. Le

[onge

a toujours

ron analogie avec la nature de cet

~branlement

; eíl–

ce, par exemple , un rayon de lumiere qui s'iníinuant

entre nos paupieres a affeaé l'reil ,

notreJonge

Cui–

vant fera relatif

a

des objets vifibles, lumineux? efr–

ce un fon qui a frappé nos oreilles ?

Si

c'efr un fon

doux , mélodieux , une férénade placée fous nos fe–

netres, nous reverons en conformité,

&

les charmes

de l'harmonie auront part

a

notre

Jonge

;

efr-ce au

contraire un fon

per~ant

&

lugubre

?

les yoleurs , le

carnage ,

&

d'autres fcenes tragique's s'offriront

¡\

nous ; ainíi la nature de la fenfation , mere du

¡onge ,

en détermÍnera l'efpece ;

&

quoiqu e cette fenfation

foit d'une foibletre qui ne permetre point

él

l'ame de

l'appercevoir comme dans la veille , Con efficacité

phyíique n'en efr pas moÍns réelle ; tel ébranlement

extérieur répond

él

tel ébranlement intérieur , non

el

un autre ,

&

cet ébranlement intérieur une fois don–

né , détermine la ii.IÍte oe t6us les autres.

Ce n'eíl pas, au reíle, que tOut cela ne foit modi–

fié par l'état aétue1 de l'ame, par {es idées familie.

res, par [es aétions , les impreílions les plus récente$

qu'elle a

re~ues

étant les plus aifées

él

fe renouveller:

de-la vient la conformité ti-équenre que les

fonges

ont

ayec ce qui s'efr patré le jour

précéden.l~

mais toutes,

les modifications n'empechent pas qUe le

Jonge

ne

parte toujours d'une fenfation ,

&

que l'efpece de

c tte fenCation ne détermine celle

dufonge.

Par fen(ation je n'entends pas les feules impreffions

qui

vi~nn ent

des objets du dehors ; il fe patre outre

cela Imlle chofes dans notre propre corps , qui font

auffi dans la

~latre

des fenfations,

&

qui pa·r confé–

quent procllllfent le meme effet. Je me fuis couché

avec

l~

faim.

&

la.foif

?

,le fommeil a é!é plus fort ,

il

eíl vral ,

malS

les mqll1etudes de la falm

&

de la foif

luttent

c<?~tre

lui; &. íi elles ne le détruifent pas,

e.lles p;o?mfent

d~l

molOS

.des.fonges

,

Oll

i-¡

fera quef–

tlon d

a~lm~ns

folIdes

&

lIqUIdes,

&

ou nous croi–

ro~s

fatlsfaue 11 des befoins qui renaitront

él

notre re.

vell; une íimple particule d'air qui fe promenera ddns

notre corps produira diverfes fortes d'ébranlemens

qui ferviront de principes

&

de modification

él

nos

fonges :

combien de fois une fluxion, une colrque ,OIJ.

telle autte affeUion incommode ne naiífent-elles pas