:12
SEN
" plique
a
fon héros ce qui eft dit dans
l'Ecrituíe
a
" l'occaúon de Judas Machabée qui fut
tllé
dans une
" bataille.
" Le pere le Jeune de l'oratoire, fameux miffion–
" naire, s'appelloit
l ean;
il étoit devenu aveugle :
" il
ha
nommé pOUl' precher le careme
a
Marfeille
" aux Acoules ; voici le texte de fon premiel' fermon:
" Fuit homo miffus
a
Deo, cui nomen erat loannes;
" non
era~
ille Lu:c ',
fed
ut ttflimoniom perhiheret de lu–
"mine,
Joan.j.
6.
On voit qu'ilfaifoitallufwnHol1
" nom & a fon aveuglement.
~
II Y
a quelques paífages des auteurs profanes qni
»
font cornme paífés en proverbes ,
&
auxquels on
"donne communément un
flns
détourné, qui n'eft
~)
pas précifément le meme
fens
que celui qu'ils ont
,) dans l'antenr d'oo ils font tirés; en voici des exem·
"pies:
I. .,
Quand on vent animer un jeune homme a
,) faire parade de ce qu'il
úút
,
on bHlmer un [avant
'" de ce <]lI'il fe tient dans l'ob[curité , on lui dit ce
"vers de Perf
t ,
Jat.
j.
27.
Scire
t¡~um
nihil
eJl..,
niji
te
»
Jcire hocJciat a1ur.
Tome votre fcience n'eft rien
,íi
»
les élUtl'CS ne [avent pas combien vous etes favant.
" La penfée de Perfe eft pourtant de blamer
ClllX
qui
)) n'étudient 'lne pour faire enfuite parade ,de ce'gü'ils
" favent:
En pallor,jenillmque
:
o fIlores.' u/que aJeone
S cire tllllln ni/lil eJl
,
nifi te feire hocJciat alter?
" 11 Y
a une interrogation
&
une furprife dans le
)) texte,
&
1'0n cite le vers dans un fens abfolu.
2. "
On d;t d'un homme qui.parle avec cmphafc ,
"d'un fryle amponlé
&
recherché; qne
Projicit ampulLas
&
fiJquipedalia yerba :
»
il jette , il fair fortir de fa boucne des parples en–
" flées
&
des mots d'ur. pié
&
demi. Cependant ce
" vers a un
/ens
tout contraire dans Horace,
,Artpoú.
" 97.
La t,ragédie , dít ce puete, ne s'exprime pas
"toujours d'un ftyle pompeux
&
élevé: Télephe
&
" Pélée, tous deux pauvres, tO\1S de'l.1x chaífés de
" leurs pays, ne doivent pas rec0!1rira des termes
;) enflés , ni fe fervir
de
grands mots : il faut qu'ils
"faífent parler leur douleur d'un fryle fimple
&
na–
" turel, s'ils veulent nous toucher,
&
que nous nous
»
intéreilions
a
lem mauva}[e fonune ; ainfi
proJi–
" dt
,
dans Horace:, veut dire
ii rejette.
Él
tf(lgicusplerumque do
la
flrrnone pedeJlri
Telephus
&
Peleus, cum pallper
&
e:cut uttrque
Projicit ampuLlas
&
feJquipedaLia yerba ,
Si·curat
C(H
JPeélantis tetigiffi querelá.
" M. Boileau ,
Art
poétiq. ch. II/.
nous donne le
" meme précepte :
Que devdht Troie enJl:unme, Hécube dejoNe
N'e
vimne pas poujjér une plainte ampouL.!e.
»
Cette remarque, qui fe trouve dans la plupart
»
des cOl,nme,ntateuts
d'Hor~ce.,
neo devoit point
"
éch~pper
aux auteul'S dos dléhonnalres fur le mot
" proJlcere.
3·
»
Souvent pom excufer les [autes d'un habile
"hom;;ne , on cite ce mot d'Horace,
Art
poét.
359.
" Quandoque
bQl211S
dormitat Homtrus
;
comme
ú
" Horace avoit vOlll'h Jire que le bon Homere s'en–
" dort quelquefois. Mais
quándoq/le
efi la pour
quan–
j)
docurhqw,
(
toutes les foís que) ;
&
bonus
efi pris
»
en bontie
p~rt. ~e
úús faché , dit Horace , tOlltes
»
les f01s .gue ¡e, m apperc;:ois 9\l'Homere, cet exce!–
JI
lent poete, s endort , fe neglige, ne
fe
foutient
,1
paso
Indi~nor
quandoque bonus dormitat HQmeIUs.
)J
M. Danet s'eft trompé dans l'explic:arion
qu~i1
»
donne .de ce paífage dans fon diaionnaite latin–
~
f,nulc;:ols
f~r
c-e mot
quando'11!e.
SEN
~.
»)
Ellfin ptlUr 's'e-'cüfel' qüimd
OA
eH
romb¿ dans
"quek¡ue
fa me ,
011
c;te ce vers de T érence ,
H~aut.
"I.j. ::d.
H omo
flall,
humaTli nihil
a
me aliWlIlII puto,
) comme
f1.
Térence avoit voülu dire
,jeJuis /wmllle,
I>je neJ/lis point exerhpt des foibLef!es dcl'hltlll.wito!;
ce
»
n'eft pas
Jii
lefens
de Térence. Chrémes, t9uché de
" l'afHiéhon 011 il voit Ménédeme [on voifin, vient
(ui
" demander quelle peut etre
la
caufe d'e ion chagrin,
)) &
des peines qu'il fe donne : Ménédeme lui dit
»
brll(quemetlt, qu'il faut qu'il ait biefl du loifir pOllr
)' venir fe meter des affaires d'autrui.
Je
Juis homm(,
" répond tranquilleroent Chrémcs;
rien de tout ce qui
s,
regarde üs autres hommes
1l'1'
étrallger pour moi
,
je
»)
m'i11l1ref[e
a
,tout ce quí regarde mon prochain.
" On doir s'étotll1er , dit mJdame Dacier , que ce
»
vers ait été ú m'al entendu, apres ce que Cicéron en
1)
a dit dans le prerl1ier livre des Offices.
»
Voici les paroles de Cicéron,
l. O.fJic. n.
29.
))
a
lill.
~lX.
Efi
enim difficiLis
Clir.z
rerum alienarum ,
»
quanquam Terentianus
¡!Le
Chremes humani Ilihil
aje
»
aLienum, putat.
J'ajelutérai un paífage de Séneque,
»
qui efi un commentaire encore plus clair de cespa–
" roles deTérence. Séfleque ce philo{ophe payen, ex-
1)
pliqne dans une de fes lettrés comment les hommes
»
doivent honoter la
rnajeíl:é
des dieux : il dit que ce
»
n'efi iu'en croyant
a
eux; en pratiq\Jant de bon–
)) nes reuvres ,
&
en tacnant de les imiter dans leurs
,) perfeéHons, qu'on peut lem rendte un eulte agréa–
,) ble ; íl parle ehfuite
de
ce
que les hommes fe doi–
" vent les uns aux
autré~.
N
ous
de~0hs
tous l10us
»
regarder, dit-il, corhme
étant
les membres d'uri
»
grand corps; la nature nons
él.
tirés de la meme four–
»
ce ,
&
par-la nous a tous faih parens les uos
de~
.>;
atltres ; c'efi elle quí a établi l'équité
&
la juflice.
h
Sclon l'infiitution de la natl.lre , on efi plus
a
plaindre
»
quand
011
nllÍt aux
áutte~
; que guand on en rec;:oit
»
Glu dommage. La nature nous a dt>nné des mains
»
pour nous aider leSunSl'es aLitres; ainíl ayons tou–
)) jours dáhS la bouche
&
dans le trenr ce vets deTé–
" tence ;
j e(uís /wmme
,
ríen de. tour ce qfú regante les
»
hOlfimes n
efl
ecrangerpour mOL
".
Membra jianus c'Orporis thagni
,
natura nos cognatos
edidit
,
daTi
ex iifdem
&
in idem
g¡gn~ret.
Hfec nobis
amorem indidit mUlUum
&
JociabiLes ficit
;
il/a teqtuun
iu{lumqul! compoJuít: ex iLlius conftitmione iniflrius efl
izocere quam lredi;
&
iLLíus imperio parar
re
Junt ad ju–
vandllm manus. Ifle verfus
6·
in peélo;e
&
in ore
Jit,
Horno [um "humani nihil
a
tne aIiehutn puto.
Ha–
beamus in. commune; quod natí Jumus
,
Sénec.
ep.
xcv.
(( JI
eft vrai
en
général que' tes citations
&
les ap–
" plicóltions-doivent etre
lL1fi~s
autant qtt'il eft poill–
»
ble ,
ptlifqu'alltr~ment
elles ne prouveht rien ,
&.
" ne fervent qu'a montter \lne fauífe érudition : mais
,) iI
Y
auroit du rigoi'ifrne
a
eondamner tOllt
fens
" adaptt!.
" Il Y
a bien de la différence entre j'apporter ün
" paífage eothme
mH~
atttorité 'lui prouve, Ol!
úm–
»
plement comme de9 paroles connues , auxqllelles.
" on donne un
flns
noUveau qul convient al! fujet
,1
dont on veutparler: daos le prerhler cas, íl
fu ut
con.
»
fervet le
flns
de l'auteur ; tnais dans le fewnd cas ,
"les
paífages
auxquels
olÍ donne
ilh./m s
diJférent de.
;) celui qu'ils ont dans leur allteur, (Ont regardés
), eomme autant
de
patodies ,
&
eomme
une forte
" d'e jeu dont
il
eft fouvent permis de faite ufage
>1.
IX.
S ÉNS loue/le, SENS equiv()qul!. Lefihs
Iouch~
nait plutot de la ilifpofitioTl particuIiete des mots qui
entrent dall$ une phrafe , qtle de ce ,que les termes en.
font éql' ;3ques en foi. Ainú ce feroít pIntor la phra[e
ql!i cI,
l'
rJit ette appeUée
lcuch"
ú
l'on voulott s'en
)~
lil.t
fuzs
littéral de
l~
métaphore: " car , dit
M~