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S E N

~

du Marfais ,

Tr~p.

pa:f ..

IIf.

arto

v}.

cómme le's

per–

"fonnes louches parolRent regarder d'un coté pen–

" dant qu'elles regerdent d'un autre , de meme dans

" les ,conílruCtions louehes , les mots {emblent avoir

:, un certain rapport pendant qu'ils en ont un autre",:

par conféquent c'eílla phrafe meme qui a le

vi~e

¿'et,re louche ;

&

comme les objets vus par les per–

{onnes louches ne font point louches pour cela, mais

feulement iAcertains

a

l'égard des autres, de meme le

Jens

louche ne petlt pas etre rega rdé proprement

comme louche, il n'eíl qu'ineertain pour ceux qui

entendent ou qui lifent la phra(e. Si donc on donne

l e ,nom

deflns

louche

a

celui

qu¡

réf'ulte d'une difpo'"

íitlOn louche de la phrafe, c'eíl pa'r métorl.ymie que

l'on tran(porte

a

la chofe figni6ée le nom métapho–

Tique donné d'abord

au

úgne. Voici un exemple de

,,~níl:ruétion

&

deJms

louche , pris par M. du Mar–

{als, dans cette chanfon

fi

connue d'un de nos meit–

It:urs opéra ,

TuJais eh,umér;

Tu fais défarme!

Le dieu de la guerre :

Le

dieu du lonnerre

Se laiffe enjlammet.

'((

Le

diert du

tonnerrre ,

dit notre

grammair~eñ

, pat0it

" d'abord etre le terme de l'aB:ion ,de

cfzarmer

&

de

"

difarmer

'cluffi bien que

le ,dieu de L4 guerre:

cépen–

" dant quand 011 continue

a

lire, on voit 'aifément

" que

Le

4iut du lonnerre

eíl: le nominatif oll le [ujet

" defe

Llliffi enflammer

'h

Voici un autre exemple cité par Vaugelas,

Rem,

119.

"

GcrmaniC/ls

, (

en parlant d'Alexandre)

a égafé

~,fa

'IIUtll,

fr

fon bonheur n'a jamais eu de pared .

..•

" On appelle cela, dit il, une

eon/iru8ion Louehc,

par~

" ee qu' He femble regarder d'un coté,

&

elle re–

., garde de l'autre ". On voit que ce puriíle célebre

fdit romber en effet la qualí6cation de

Louche

fur la

conílru8:ion plutot que fur le

fens

de la phrafe, con–

fQrmément

a

ee que j'ai remarqué.

H

Je fais bien,

ajou~

t-il en parlant de ce viee d'élocution,

&

j'adop yolontiers {a remarque:

»

je íais bien qu'il

y

{fez de gens qui nommeront ceci un ferupule

., &

n pas une faute, parce que la leéture de toute

" la péri.ode fait entendre

leflns

,

&

ne permet d'en

" douter ; mais toujours ils ne peuvent pas nier que

" le lKfeur

&

l'auditeur n'y foient trompés d'abord ,

., &

quoiqu'ils ne le foient pas long tems , ii eíl: cer–

H

tain qn'ils ne font pas bien-aifes de l'avoir été , &

)1

que naturellemént on n'aime pas

a

fe méprendre

¡

M.

enlin c'eíl une imperfe8:ion qu'il faut

éviter~

pour

)J

petite qu'elle foit, s'il eíl vrai qu'il faille toujours

»tiúre les chofes-rle la fas:on la plus parfaite qu'il fe

" peut, fm-tout lorfqu'en matiere de langage:: il s'agit

" de la clarté de l'expreffio n

>1,

Lefens

louche nait done de l'incertitude de la te–

lation grammaticale de quelqu'un desmots qui com–

pofent la phra{e. Mais que faut-¡l entendre par un

flns

équivoque,

&

quelle en eíl: l'origine

r

Car ces

cleux expreffions ne {ont pas identiques, quoique

M. du Marfais femble les avoir confondues

(Loe.

cit.)

L

Ji

ns

équivoque me paroit venir fur-tout de l'in–

déterminatiol1 eífentielle

a

certains mots, lor{qu'ils

font employés de maniere que l'application aétueUe

»'en eíl: pas fixée avec affez de préciíion. Tels font

le adje8:ifs conjonaifs

qui

&

que,

&

l'adverbe con–

jonélif

done ;

parce que n'ayant par eux-memes ni

nombre ni genre d 'terminé, la relation en devient

n ~ce{fairem.ent

douteufe , pour le peu qu 'ils ne tien–

n~nt

pas immédiatement

a

leur antécédent. Tels fo nt

n .)s pronorns de la troifieme per{onne ; -

lui, elle,

'1

, 1

,les ,

ils ,

eux, lles, ltur;

paree qu ous les

obj

[S

dont on parle ét¡fnt de la troifieme pertonr

il do' t

Y

,"oír in emtude

{ur líl relation

de

,es

mo.s,

S~N

l

~~s

q;l'il

y

a dans

ie

m~me

difl:ours piuGeúrs

hófu~

u meme genre

&

d~

men:'e nombre,

íi

ron nja

[ola

de rendre 'Cette

relatlo~

bIen feníible p'ar quel

l1éS"

UI1~

,de ces ,m<?yens qul ne manquent guere

a

~'eUK

qUl

favent e,enre'. Tels font enhn les artides poífef ..

[¡fs de la trol[¡eme perfonne

Ion

la

r.es

·i

L

&

i

'

d"

,j'

>J '

,

/'

,

e/ir, (urs '

es purs a ]eétlfs

poífeíIi.fs

de la

m~mé

perfonne

~

Jien, Jienne

~ Jiln~

;

fennes

;

paree que la

troiíiem~

perfonne

dete;ml~ee

a

l~quelle

ils doivertt fe rap–

~~rter,

peut etre II'lcertame

a

leur égard comme

a

1

e.gard des pronoms perfonnels,

&

pour

la.

meme

ral[on.

. J

e

n'e

cit~rai

p'oiot i,ci tine longue.Juite d'exempies

t

J

erenYerra! ceux qUl en defirent ,

a

la

remarque

.54

j

de Vaugelas,

jI!;

en trollveront de toutes les ef–

pe~e5,

avec les corre8:ifs qui

y

conviennent; mais

J'

e

6mral par deux ob[ervations.

,

~a

premiere , c'efi: que phrafe

louche

&.

phraf~

equzvoque,'

fOht des expreíIi.ons, eomme je l'ai déja

~ema~ql1e,

fynonymes ú ron veut, mais non pas

ldentlqu ~s;

elles énoncent le meme défaut de neto

reté, mals

el~es

en,indiquent des fources différentes.

Phrafe

ar:zphzbologlque,

eílun,e

expreíIi.on

plus géné"

rale; qUl comprend

,f0us

fOl les deux premieres,

comme le

g~nre c~mprend

les efpeces; elle indiqne

encore le meme .defaut de netteté , mais

ÜII~S

en aíIi....

gn~r

la, caufe. A1l1[¡,

~es impr~(fions

qu'iL prit depuis

~

qu d tacha de eommunlquer

(¿Ux

Jiens

&c;;.

c'eíl une

phr~fe

!O,uehe ,

pa~ce

qu'il femble 'd'abord qu'Ori

veU1~le

dlí-e,

deplll~

le tems qu'illácha,

au lien que

~~plllS

'eíl employe a.bfolument,

&

qu'on a voulu

(hT~

,

lifquelles

il

lacha;

incertltude que 1'0n auroit

leveé pa,r un &avant,

qu'i~ t~chdt.

LiJias promit

a

fon

p,er" de n

aba~donner{amalsJe~

am,is,

c'~íl

üne phrafe

equwoque ,

parce qu on ne fal! s'il s'aglt des ámis ele

Lyíias , OU,de ceux de ron pere : toutes deux font

amplllbologlqueS.

,

Lafe~onde

remarque,

c~eíl:

que M. du Marfais n'a

pas du clter

co~me ~~e,

phrafe amphibologique, ce

vers ele la premlere edltlOn du Cid.

(II1~

ó. )

L'amoar n'eJl qu'un pLaifir,

&

L'honneur un devoit .

ta ,conílrtiétion de cette phrafe met néceífair(lment

~e

nlveau

t'amo;lr

&

L'honneur~

&

préíente l'un

&

1

autre comme egalement

mépri{a~les :

en un mot

elle a le meme

Jens..

que ceHe-ci.

'

L'amour rz.1efl qu'un plaiJir, l'honneur n'ejl qu'Ult

¿,VOLr.

,

pea éertain que ée n'étoit pas l'intentíon de Cor';

nellle, & M. du Marfais en convient · mais la feule

choFe qui s'enfuive de-la, c'eíl que

~e

grand poete

~

falt l!n

~ontre-fen.s

,

IX

non pas une

amphibologie

;

&

1

acadenue a exprlJTle le

vrrufens

de l'ameur quand

elle

a

dit:

'

L'amour n'eJl 9,u'un pldifir, t'honnertr

ejl

Un

devoir~

11

fant donc prendre garde encore de confondre

amphiboLo~ie

&,

€ontre~ns

:

l'

amphibologie

eíl dans

une phrafe qUl peut egalement fervir

él

":noneer

p~uíieurs

fens

différens,

&

que rien de ce qui la con'

ílltue, ne détermine

a

l'un plutot qu'a l'autre : le

epnm-Jen!

eíl:

~ans u~e

P!lr:fe qui ne peut avoir qu'un

fens ,

méllS qll1 auron du etre eoníl:ruite de maniere

a

en avoir un autre.

I/oye{

CONTRE-SENS.

Réfumons. La

Jignifieaúon

eíl: l'idée totale don'

uh mot eíl le íigne primitif par la déciuon unanime

de l'ufage.

L'acception

eíl: un afpeét partin llier foos leque! la

jignijicaúon

primitive eíl envifagée dans une phrafe.

Le

j ens

eH une autre

Jiffnificatio n

différente de la

primitive, qui eíl ent"ée, pour ainu dire, fur cette

premiere , qui lui

e~

ou analogue ou aceeífoire,

~