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CHA

latin

lippicudo,

Cic. cependant

Celf~.

fefert .de ce ter–

m e pour déíigncr l'ophthalnue ou

l

mfl¡u:nmauon de

l'ceil : .mais dans norre langue_ nous, ne confondons

point ces deux cbofes;

&

quo1que

1

ophtha lm1e fou:

fouvcnt accompagnée de

lippitude,

&

ceLle-ci de

!armes

nous les difringuons l'uoe dé l'autre par

des expreffions dilré:enr_es ,

&

nous n':'mmons

c_hq.f–

fte

tme maladie partlculiere des paup1eres,

qm

eíl

plus ou moins co níidérable fuivant fa natttre , feS

dearés, fes fymptomes,

&

fes caufes.

On appers:oir le lo ng du bord intérieur des pau–

pieres , de certains poinrs qui fonr les orífices des

vaif[eaux excréteurs , de perites glandes dont la

groíleur n'excede pas celle de la graine de pavot,

&

qui :font fituées de fuire imérieurement fur une

.meme ligne au bord des.paupieres.

On les nomme

glandes fobacées

de Meibomius :

elles font longuettes , logées dans des ftllons, can–

Jielures ou rainurcs de la fa ce interne des tarfes : el–

Jes onr une couleur blanchilrre; & éranr examinées

avec le microfcope fimple, elles paroiífent comrne

de petires grappes de pluíieurs grains qui communi–

quenr enfemble : quand on les preíl"e entre deux on–

gles , il en forr par les points ciliaires une mariere

febacée o u fuifeufe, & comme une efpece de cire

molle.

Ces perites glandes ciliaires féparent de la maíre

du fang une liqueur qui par une fine onEtuoíiré en–

duit le bord des paupieres,

&

empeche que leur

b atremenr continuel !'une centre l'autre ne donne

atteinre

a

la membrane délicare qui rever le petit

cartilage,

&

ne ['excorie. Lorfque cette humeur s'é–

pa.iJiir, devient gluante , elle produit ce qu'on ap–

pelle

la cha.flie.

O r cela n'arrive que par l'altérarion des pe–

tites glandes que nous venons de décrire, par leur

ttlcération o u ce11e des membranes de

1

'reil, de

l a parrie inrérieme des paupieres , o u de leurs

bords.

En effer la

cha.ffie

eft proprement ou une matiere

purulente qui découle de petits ulceres de l'ceil &

q ui eíl: abreuvée ele larmes , ou le fue nourricier dé–

l ayé par des larmes, mais vicié dans fa nature, qui

s'écoule des glandes ciliaires altérées

&

ulcérées

p ar quelque caufe que ce foir.

La

clui.f!ie

efr ou fimple, produire par une ulcéra–

tion legcre de quelques-unes des glandes febacées ;

ou elle efr coníidérablc, compliquée avec d'autres

rnaladies de l'ceil dont elle émane.

D ans l'ophthalnúe, par exemple, & dans les ulcé–

rations de la cornée

&

de la conjonEtive, il découle

beaucoup de larmes'

&

peu de

chajfie'

a

caufe que

l a matiere de la

chojfie

étant délayée dans une gran–

de quantité d'eau , efr peu feníible, fur-tout quand

ce¡ rnaladies fonr dans leur vigueur :

ma.is

quand

elles commencent

a

décliner, les larme

s dimi

nuent;

elles deviennent alors gluantes ,

&

fe convertiírent

en matiere chaffieufe.

Dans la fifrule lacrymale ouverte du coté de l'ceil,

dans toures les ulcerations de la partie intérieure

des paupieres

&

de Jeurs bords,

&

dans quelques

autres maladies de cetre nature, il fe forme beau–

coup de

clza.ffie,

paree que toutes les glandes ciliai–

res font alors atraquées ,

&

que la quanrité de ma–

riere purulente efi dérrempée dans peu de !armes .

Enfin dans l'ulcérarion des glandes des yeux ou

des paupieres , qui naiírent de fluxio ns qui s'y font

formées, il découle une afrez grande quantité de

ch~[Ji<,

paree que dans les cas de cetre efpece, les

enlices des glandes ciliaires étant o u dilatés par l'a–

bon~ance.

de l'humeur, ou rongés

&

rompus par

l'acnmome de cene humeur

le íizc

nourricier tro u–

vant ces voies ouvertes, s

'écou.le

faci len1ent avec

les !armes ,

&

fe condente

en c/uzff

u.

C

Hr

A

231

La

clza.flie

eft fouvent míHée de !armes acres

&

fa–

lées, qui caufent au bord des paupieres une deman–

geaifon incommode , accompagnée de cbaleur

&

de

rougettr; c'eíl ce que les Grecs ont appellé en un

feul

mo t,ploropluhalmie.

Quelquefois

laahojfic

efi

fe–

che, dure, fermemenr adbérente aux paupieres,

&

fans demangeaifon; alors ils la nomment

filiroplr.–

thalmie.

Mais quand en meme tems le bord des pau–

pieres eíl enflé , rouge ,

&

doulo ureux, les Crees

déíignoient cetre tro1íieme variétá par le nom de

xlrophthalmie.

C 'efr ainíi qu'ils ont rendu leur langue

égalernent riche

&

énergique; pourquoi n'ofons–

nous les imiter? pourquoi ne francifons-nous pas

lems expreílio ns, au lieu d'ufer des périphrafes de

galle de¡ paupieres , gnuelle dure des paupieres , gra–

telú.

foclte des paupieres '

qui font meme des termes

aírez équivoqu es? Mais laiírons-Ja les r éflexions fur

les mots ,

&

continuons J'exarnen de la chofe.

De tout ce que nous avons dit il réfulte que

J¡<

cluzjfie

efr fouvent

_un

effet de diverfes m¡¡ladies du

globe de l'ceil,

&

en particulier un mal des glande)>

ciliaires des paupieres, quien rougit les bords,

&

les colle l'un centre l'amre ; que éerre humeur cha(–

íieufe eH tantot ¡.>lus tantot moins ahondante; quel–

quefois dure

&

leche,

&

quelquefois accornpagnée

de deman&eaifon. Lorfqu'on examine ce mal de pres,

o n conno1t que c'eíl une trainée de petits ulceres

fuperficiels, prefque imperceptibles, rangés le long

du bord ou d'une paupiere ou de tomes les deux

>

tant en-dedans qu'en-dehors.

Puis done que la•

c/za.flie

fe rencontre dans plu–

íieurs maladies des yeux,

il

faut la diíl:inguer de

l'ophthalmie

&

aurres maladies de l'ceil, quoiqu'el–

les foient fo uvent accompagnées de

clza.flie,

&

d'atr–

tant plus que la

cha.ffie

arrive fréquernment fans el–

les : elle nalt fouvent dans l'enfance,

&

continua

toute la vie , quaud elle efr caufée par un vice

particulier des glandes ciliaires, par la perite véro–

le, par quelques ulceres fifruleux, ou autres acci–

dens; a

u

lieu que lorfqu'elle efr une fui re de I'oph–

thalmie, elle ne fubíifre qu'autant que l'ophthalmie

dont elle émane.

On ne doit pas non plus confondre par la meme

raifon la

lippitude

avec les !armes , puifque leur ori–

gine

&

leur conftfrance efr différente,

&

que d'ail–

leurs les !armes coulent fouvent fans erre míHées

de

cha:ffie.

Mais d'oü v ient que pendant la nuit la

cha.flie

s'a–

maíl"e plus abondamment autour des paupieres que

pendant le jour? c'eíl paree qu'a lors les

paupiere~

étant fermées , l'air extérieur ne deíreche & ne ref–

ferre pas la fuperficie des ulceres quila produifcnt:

ainli nous voyons que les pla.ies

&

les ulceres qui

font expofés

a

J'air, ne fuppuren! pas autant

<JII~

lorfqu'on empeche l'air de les toucher.

.

La

clza.flie

étant done aux ulceres des yeux

&

des

paupieres, ce que le pus efr aux autres ulceres, fa

nature

&

fes différentes conftfrances doivent faire

connoltre les différens états des maladies qui la pro–

duifent. Ainíi quand la

cha.flie

eft en perite quamiré ,

&

fort délayée de !armes, c'efr une marque que

l'ophthalmie eíl: dans fon commencement: quand la

cha.ffie

eíl: plus ahondante,

&

qu'elle a tm peu plus

de conftíl:ance, c'eíl: une indication que le mal eíl:

dans fon progres : quand la

cha.flie

eíl plus gluante ,

plus blanche plus égale, alors le mal eíl: dans fon

état;

&

<Jllan'd enfuize la

clza:ffie

diminue avec J?eu de

larmes c'efr un íigne qu'elle tend vers fa

fin.

Mai;

{j

la

cha.flie

efr granuleufe, écailleufe, fibreu–

fe , ou lilamenteufe , inégale, de diverfes couleurs ;

íi elle cefle de couler fans que la maladie foit dimi–

nuée, on a lieu de

~éfumer

que les ulceres donr ell e

découle font virulens , corroíifs, purrides , tendant

a

le devey¡ir, ou

a

~·enflai!]Jller

de nouveau : en tm