CHA
d
1
caíl:or
le
gros
& le
fin.
On commehcc par en–
lever de l; pea
u
le gros poi! ; le fin y reíl:e atraché.
Ce travail
fe
fa ic par une ouvriere appellée
arra–
duufi
>
&
l'on procede
a
l'arrachement fans aucune
préparacion de
"la
peáu'
a
moins
qu'elle~e
foic trop
feche ou crop dure; dans ce cas , on la mouille un
·peu du coté de la chair : mais les maltres n'approu–
vent poinr cette manceuvre qui diminue'
a
ce qu'ils
prétendent, la qua!iré du poi!)' & ne ferc qu'a
faci~
lirer le travail de l'arracheufe.
Pour
arraclztr,
on pofe la peau fur un chevalet
tel,
a
peu-pres, que celu.i des ChamoiJcmrs
&
des
Mégiffiers; a cela pres, ·que fi l'on travaille debouc,
le chevalet efl: en plan incliné ; & qu'au conrraire ,
íi l'o n travaille aflis' comme c'efl:
la
coutume des
femmes , les quatre piés du chevalet fonc de la m&–
me hauteur,
&
qu'il efl: horifontal.
V o:r•t.. les anicles
CHEVALET, CHAMOISEUR,
&
MEGISSIER.
La
furfac e fupérieure de ce chevalet efl:
arrond.ie.Pour
a¡¡reter la peau delfus, on a une car
de terminée par
deux efpeces d'étriers, on mee les piés dans ces
érriers, & la carde ferre la
peaufur le chevalee; on
-appelle cette
corde
,ti.re-pié:
ma.isil
y
a des ouvrieres
qui travaillene fan
s fe fervir
de tire-pié, & qui arr&·
tent la peau avec les genoux contre les bords fupé–
r.ieurs du chevalet.
Quand la peau efl: fur le chevaler, on prend un
infrrumenr appellé
plane :
la plane des Chapeliei's
ne ditfere pas de la plane ordinaire,
Voy<{. l'article
PLANE.
C'efl: un couteau
a
deux manches' d'envi–
ron trois piés de long fur quatre
a
cinq doigts de lar–
ge, fort rranchanr des deux cotés; on pafle ce con–
teau fur la peau: mais il
y
a de l'art a cette manceu–
vre; fi on appliquoit la plane fortement
&
tres per–
pend.iculairemenr
a
la peau'
&
qu'on la conduislt
dans cette filllation du haut en has du chevalet, on
enleveroir flll'emenr & le gros po i!
&
le fin. Pour
ne détacher que le premier, l'ouvrier n'appuie fon
couteau fur la peau que mollement, le meut un peu
fur lui-meme,
&
ne le defcend du haut en has de la
peau qu'a plu.fieurs reprifes, obfervant de faire le pe–
-.:it'mouvement circulaire de plane,
il
chaque reprife.
Cette opération fe fait
a
rebroufl'e poi!; ainfi la
queue de la peau efi au haut du chevalet,
&
la tete
efi au bas. Mais comme la queue efi plus diflicile
a
ar–
racher que le refie, on place un peu de biais la peau
fur le chevalet, quand on travaille cette partíe; en–
force que l'aélion de la plane efl: oblique
a
la d.irec–
tion, felon laquelle le poi! de la queue efl: naturel–
ment couché.
On achere les peaux de
c~ fiors
par ballots; le bal–
lot pefe cent-vingt
l~vres
: on donne un ballot
a
l'ar–
racheufe, qui le divife en quatre parties ; chaque
partie s'appelle une
pifie.
La pefée varíe beaucoup
quant au nombre.des peaux; cependant elle en con–
tient ordinairement dix-huit
a
dix-neuf grandes.
u
y a des pefées qui vont jufqu'a trente-cinc¡.
Quand lá peau efl: pbnée, ou l'arracheur conti–
nue l'ouvrage lui-m&me, ou il a une o uvriere par
qui il le fai t concinuer: cette ouvriere s'appelle une
repaffiuft.
Pour cet etfet, la repalfeufe fe place con–
-trequelque ohjet folide, comme un
n1~Jr;
elle prcnd
un petit couteau
a
repalfer' ';\u'on v oitfig,
.20 .
du
P lanches du
Chapdier
,
long d
!JI!
pjé , rond par le
bout, rranchant feulement d'un coté ; ·elle fixe
1\l
peau entre fon genou & l'objet folide, & exécute
·a
rebroufl'e poi! avec le couteau
a
repaíi'er, am< ex–
trémités
&
aux bords de la peau , ce que le pla–
n eur n'a pu faire avec la plane. Pour cela, elle fai–
íit le poi! entre fon pouce & le tranchant du cot¡–
teau,
&
d'une fecouíl'e elle arrache
)p
gros , fans le
couper. L'arracheur &la repaífel)fe , s'lls fo nt ha hi–
les, pourront donner ces deux
fa~óns
a
dcux pefées
par jour. La
repalfe~¡(e
étant obligés; d) ppuyer .íou-
T ome
JI[,
·e
I-i
A
vent le pouce de la rhain dont elle tient le coí.lteau
concre fon rranchant, elle couvre ce doigt d'un bout
de gant, qui l'empeche de fe couper; ce bout de gane
s'appelle un
pouci:er.
.
Le gros poi! qu'on vieht d'arracher rant
a
la plane
qu'au couteau' n'efi bon a ríen; on le,vend quelque–
fo.isaux Selliers,
il.
qui l'ufage en efi défendu. Ce
poi!ne s'arrache pas
íi
parfaitement
1
qu'il ne foit
melé d'un peu de fin : ór ce dernier étanc. fujet aux
vers, les ouvrages que les Selliers en rembourrenr
~
en font promptemcnt piqués.
Les peaux planées
&
repalfées font
liv~ées
a
des
ouvrieres qu'on appelle
coupeufr.s.
Ce!les- ci com–
mencent par les battre avcc des baguettes, pour en
fa.ire fortir la pouffiere '
&
meme le gravier; car
i1
ne s'agit dans tout ce que nous avons dit jufqu'a pré–
fenc, que des peaux de cafior. Apres avoir éré bar–
tues, elles font données
a
un ouvrier' qui les rougit.
Rougir
les peaux, c'efi les frotter du coté du po1l
>
avec une brolfe rude qu'on a trempée dans de l'eau–
forre, coupée a-peu-p1 es moitié par moitié avec de
l'eau. Le rapport de la quantité d'eau
a
la quantité
d'eau- forre ; dépend de la qua!iré de Eelle'-ci. Au
refl:e quelque foible qu 'elle foir, il y a toftjours bien
un tiers d'éau. On dit que cette prépararion fonifie
le poil'
&
le rend en mcme tems plus liant; de m
a~
niere que quand il efl: employé en
chapeau,
le
chapea
u
n'efi pas fujet a fe fendre..
Quand les peaux font rougies , on les porte dan.s
des étuves, Oll On les pend
a
des crochets , deux
a
deux, poil contre poi! ; on les y lailfe fécher ; pi
U$
l'étuve efl: chaude
&
bien conduire , mieux les peaux
fe fechent, & font bien rougies. Au fortir de l'étuve,
elles reviennent entre les mains des qmp"ufes. Ces
ouvrieres commencent par les humeéler un peu du
coté de la chair, avec un morceau
~e
linge mouillé.
Cette maoceuvre fe fait la veille de celle qui doir
fuivre
~
afin qu'elles ayent le tems de s'ampllir. Les
maltres ne l'approuvent pas; mais elle n'en a pas
moins lieu pour cela: car elle facilite
1
1
ouvrage en
ce que le poil s'en coupe plus aifément,
&
augmente
le gain en ce que ['eau ayant rendu le poi! plus pe–
fant' l'ouvriere que le maitre paye
a
la Livrc'
re~oit
davantage pour une meme quantité de poi! coupé.
La
coupeufi
ell: droite ou affife ; le mieux efl: d'etre de–
bout devant un établi: elle a devane elle un ais ou
planche de fapin d'environ trois piés de long,
&
lar-
ge d'un pié
&
demi; ell&élend fa peau fur cette plan–
che, elle prend l?infl:rllment qu'on voir
fifJ!'re
'7·
&
qu'on appelle un
carreltt :
c'efl: une
e{
pece de carde
quarrée, tres-fine; elle pafl'e cette carde fur
la
peau
•
pour en démeler le poi! , ce qui s'appelle
décatir;
car
la peau '!yant éré mouillée quand on l 'a roúgie, les
extrémités-c\es, poils font fouvent collés enfemble ,
ce qui s'appelle
etrecatis,
Quand elle a
carreld
fa peau,
elle
{e
difpofc
a
la couper : pour cet etfet' elle a un
poids d'environ quatre livres, qu'elle pofe fur la peatt
étendue fur (a planche OU aÍS a ('endroit Oll elle Va
commencer
a
couper; ce poids fixe la peau' & l'ell)–
peche de le:.<er
&
de fui vre fes doigts , penda_m
e¡
u'–
elle travaille; elle couche le poi! fous fa mam
gau~
che' felon la dire·a ion naturelle'
&
non
a
rebroulfe
poi!; elle tient de la droite le couteau
a
couper qu'on
voitfigure
.21 .
large, tres-tranchant, e'l'manché,
&
ayant letranchanr circulaire; elle pofe verucalement
le tranchant de ce couteau fur le poi!, elle l'appuie
&
le meut enofcillant , de maniere que tous lespo:nrs
de !'are circulaire du tra¡;chane fonc. appliqués fu c-
_ceílivement fur le poi! , de droire agauche
&
de
gau~
che
a
droire. C'efi ainfi que le poiU:e coupe;
]e cou–
teau avaqce
~
mefure que la maio gauche fe
reti.rc;
le plat du couteau cfl: parallele
a
¡:¿,.,"trémité tle
s dOigts
de cette maín. Le poi! eíf coupé rá;
a
la peau; c'eit
dw moins une·des artentions que doit avoir un
bon~
.
- ,
x·