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ACT

plt15

modérée que celle des Italiens, efi infiniment

plus vive que celle des Anglois , dont les Sermons [e

rédlú{cnt

a

lire froidement une difiertation Théolo–

gique [ur quelque point de l'Ecriture,[an aucun mou–

vement.

Voye{

DÉCLAMATION, GESTE, PRONON–

CIATION.

ACTION

dlt

poeme.}

f

POEM E

&

EpopÉE.

A CT ION

dans

La

Voye{"\

TRAGÉDIE

&

DRA-

TragUie.

t.

MATIQUE.

X.

ACTlON

en Poijie,

ce qui fait le [ujet ou la ma–

tiere d'un Poeme.

On en difiingue de deux [ortes : l'

aé/ionprincipaLe ,

qu'on nomme proprement

aé/ion onJable. Voye{

FA–

BLE. Et

I'aétion incidente ,

qu'on appelle autrement

Epifode. Voye{

EPISODE

&

EPISODIQUE. Nous ne

traiterons que de la premiere.

Comme le grand Poeme fe divi[e en Epique & en

Dramatique, chacune de ces e[peces a au¡!i [on

ac–

(ion

particuliere. Celle du Poeme D ramatique doit

&tre

une,

intriguée

,

dénouée

&

complete,

& d'nne du–

rée beaucoup moinme que celle qu'on donne

a

I'ac–

tion

du Poeme Epique.

Voye{

DRAMATIQUE, IN–

TRIGUE, DENOUEMENT, UNITÉ, TRAGEDIE,

&c.

L'

aaion

du Poeme Epique doit &tre grande, une,

entiere, merveilleu[e , & d'une certaine-durée.

l°.

Elle doit &tre grande, c'efi-a-dire, noble

&

intéreíf.,nte. Une avanture commune, ordinaire, ne

fomniffant pas de [on propre fonds les infiruétions

que [e propo[e le Poeme Epique , iI faut que

I'aaion

foit importante & héroique. Aínfi dans l'Eneide un

Héros échappé des ruines de (" patrie, erre long–

tems avec les refies de [es Concitoyens qlÚ I'ont

choili polU" Roi ; & malgré la colere de Junon qui le

pour(uit fans relache , íl arrive dans un pays que

ltú

promettoient les defrins , y défait des ennemís re–

doutables ; & apd:s rnille travenes [mmontées avec

autant de [ageífe que de valeur, il Y jette les fonde–

mens d'un puiffant Empíre. Ainfi la conqu&te de

J

é–

nú.,lcm par les Croifés; celle des Indes par les Por–

wgais; la réduaion de Paris par Henri le Grand,

malgré les efforts de la Ligue, [ont le [ujet des Poe–

mes du Taífe,du Camoens,& de M. deVoltaire ; d'oü

il efi airé de conclurre qu'une hifioriette, une intrigue

amourelúe,ou telle autre aventure qui fait le fonds

de nos romans, ne peut jamais devenir la matiere

d'un Poeme Epique, 'luí veut dans le [ujet de la no–

hIeRe & de la majefié.

II y a deux manieres de renme l'

aé/ion

épique in–

téreRante :la prerniere par la dignité & I'importance

des penonnages. C'efi la [eule dont Homere faRe

ll[age, n'y ayant rien d'ailleurs d'imporrant dans (es

modeles, &

qui

ne plÚ¡¡e arriver a des penonnages

ordinaires. La [econde efi l'importance de

I'aélion

en elle-m&me, comme l'établiRement ou I'abolition

¿'une Religion ou d'un Etat, tel qu'efi le [ujet chom

par Virgile, qui en ce point I'emporre fur Homere.

L'aé/ion

de la Henriade réunit dans un haut degré ce

double intér&t,

Le P. le BoRu ajollte une troifieme maniere de jet–

ter de I'imér&t dans l'

aé/ion;

fa

voir,

de oonner aux

leéteurs une plus haute idée des perfonnages du Poe–

meque celle qu'on [e fai t ordinairement des hommes,

& cela en comparant les Héros du Poeme avec les

hommes du lieele préfent.

Voye{

HÉROS

&

CARAC–

TERE.

2°.

L'aé/iondoit &tre une, c'efi-a-direque le Poete

doit [e borner a une (eule & unique entreprife illu[–

tre exécutée par [on Héros, & ne pas embraífer l'hif–

toire de [a vie toute entiere. L'Iliade n'efi que I'hi[–

toire de la colere d'Achille ,

&

l'Odyífée , que celle

dl~

retour d'UlyRe a Itaque. Homere n'a voulu dé–

enre ni toure la vie de ce dernier , ni toute la guerre

de Troie. Stace au contraire clans [on Achilléide, &

Tome l.

ACT

12I

Lncain dans [a Phar[ale , ont entalTé trop d'évene–

mens découfus pour que leurs ouvrages méritcnt le

nom de

Poiimes Epiques.

On lem donne celui d'héroi–

ques, paree qu'il s'y agit de Héros. Mais il f¡lIlt pren–

dre garde que I'unité du Héros ne fait pas l'unité de

l'aélion.

La vie de

I'homm~

efi pleine,d'inégalités; il

change fans ceRe de deífelll , ou pal'lmconfiance de

[es pafllons, ou par les accidens imprévlIs de la vie.

Qui voudroit décrire tout I'homme, ne formeroit

qu'un tablcau bifarre, un contrafie de paffions op–

polees fans liaifon & fans orclre. C'efi pourquoi I'é–

popée n'efi pas la loiiange d'un Héros qu'on fe pro–

po[e pour modde , mais le récit c!'une

aé/ion

grande

&

illufire qu'on donne pour exemple.

II en efi de la Poefie comme de la Peinture. L'u–

nité de

I'aé/io/l

principale n'emp&che pas qtl'on n'y

merte plufieufs incidens particuliers, & ces incidens

[e nomment

Epifodes.

Le deffein efiformé des le com–

mencement du Poeme , le Héros en vient

a

bollt en

franchilTant tous les obfiaeles : c'eíl: le récit de ces

oppofitions qui fait les Epi[odes: mais tous ces Epi–

[odes dépendent de

I'a$on

principale, & [ont telle–

ment liés avec elle & fi unis entre-eux, qu'on ne perd

jamais de Vlleni le Héros,ni

I'aaion

que le Poetes'eíl:

propofé de chanter. Au moins doit-on fuivre inviola–

blement cette regle,fi l'on veut que I'unité

d'aaion[oit

con[ervée.

Diftours

jit,.

le

Poeme Epique

a

la

téte du

TeLemaq. pago

I2

&

I3.

Princip.pour la lea. des Poi–

tes, tome lI.pag.

109.

3°.

Pour I'intégrité de

l'aélion

il faut, [elon AriC–

tote, qu'iI y ait un commencement , un milieu ,

&

une fin: précepte en [oi - meme ailez obfcur , mais

que le P. le Boílll développe de la [orte..

«

Le com–

" mencemcnt, dit-il, ce [ont les cau[es qui influeront .

" [m une

aaion,

& la ré/olution que quelqu'un prend

»

de la faire; le milieu, ce font les elfets de ces cau–

" fes & les difficnltés qui en traver[ent I'exécntion;

" &

la fin , c'efi le dénouement

&

la ceÍlation de ees

" difficultés ".

«

Le Pocte, ajollte le m&me Auteur, doit com–

" mencer [on

aéiion

de maniere qu'il mette le leéteur

" en état d'entendre tout ce qui [uivra, & que de

" plus ce commencement exige néceffairement une

" [uite. Ces deux memes principes pris d'tme ma–

" niere inver[e , auront auffi lieu pour la fin; c'efi–

" a-dire, qu'il fauw'a que la fin ne laiÍle plus rien

¡\.

" attenw'e, & qtl'eUe [oit nécelTairement la [uite de

" quelque chofe qlÚ aura précédé : eMn il fauma

" que le commencement [oit lié a la fin par le milieu,

" qui efi I'elfet de quelque chofe qtti a précédé, & la

" caufe de ce qui va fuivre ".

D ans les caufes d'une

aaion

on remarque deuJ(

plans oppoCés. Le premier

&

le principal efi celui

du Héros: le [econd comprend les deífeins qui nui–

Cent

au profet du Héros. Ces cauCes oppofées pro–

duifent auffi des elfets contraires; [avoir , des elforts

de la part du Héros pOur exécuter [on plan, & des

elforts contrairesde la part de ceux qui le travenent:

comme les caufes & les delTeins , tant du Héros que

des autres perConnages du Poeme, forment le com–

mencement de

l'uRion,

les efforts contraires en for–

ment le milieu. C'efi-h\ que [e forme le nreud onl'in–

trigue, en quoi conhfie la plus grande partie duPoe–

me.

Voye{

INTRIGUE, Nm:UD.

La [olution des obíl:acles efi ce qui fait le dénoue–

ment, & ce dénouement peut [e pratiquer de deux

manieres, ou par une reconnoilTance, ou fans re–

connoilTance ; ce qui n'a lien que ?ans la Tragédie.

Mais dans le Poeme Epique , les dilférens elfets que

le dénouement produit, & les divers états dans le[–

c¡uels illaiRe les perfonnages duo Poeme, partagent

l'aé/ion

en autant de branches. S'II change le fort des

principaux perfonnages, on dit qu'il y a

peripJtie ,

&

alors l'

aaion

eil:

implexe.

S'il n'y a pas de p 'ripétie,

Q