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ooo

cou

ra de

varl~tc

dans lo jour qui 1•i:claire.

ee

qui peut

g'etendre depuis la Jumiere directe du foleil le plus

vif, jufqu'aux !imples reflets de

1<!

foible lumiere d'un

jour fombre

&

couvc:n. Ce fera cependant toiljours

·une

co11leur

qu'on nommera

d'icarlate,

parce qu'il ne

foroit pas poffible de trouver des noms di(forens pour

d es nuances qui fe diverfifient

a

l'infini.

La diver!ite des

couleurs locales,

relativement

a

l'ef–

pece

de lumiere foit directc ou . reAechie qui eclaire

)'objct , n'ell: pas moins grandt1. Autre ell:

1<1

lumie–

re folaire, autre celle d'une bougii! , autre celle d'u–

flC

lampe, autre celle du ciel azure. La lumiern clle.

meme

a

fa

co11leur

propre,

OU

dominante; elle ell: en

foi , blanche , ou jaune, ou rouge , ou bleue,

&c.

,Ainli

I<;

corps qui

Ii!

re<;oi~

en prend une teinte ;ina–

Jogue,

Une troifiemti caufe qui concourt

a

detenniner

Jes

~oult11rs

locales.

c'efl:

le

melange de lumieres de diffc–

rentes efpeces. Un objet peut ctre eclaire

a

la fois

Far une lumier-o rouge,

&

par une lumiere bleuittre

1

ce concours produit

n~celfairement

une

couleur

rompue

«1ui

diff~re

de route autre.•

Enfin la

cottleur locale

varie felon la nature do l'ef,

pace qui ell: entre

le

corps colon\

&

l'c:eil. La lumie–

re d'un foleil levant ou couchant ell: differente de cel–

)e

du foleil dans fon midi , parce que la premiere tra.

,-erfe une athmofphere plus -chargec de vapeurs ; un

objet vu

a

travers un verro colore ,

(~

prffrntt: fous

une autre

couleur

que celle qu'il auroit etant vu fim•

plement au travcrs de !'air ;

&

par la meme raifon

fa couleur variera auffi dans l'air feul, folon que

ret air fera plus ou moins pnr,

&

quc: l'eloignement

<le l'c:eil (era plus ou moins conliderable, c'ell:-3-dirt: ,

que la lumiere aura

a

traverkr une malfo d'air plus

ou moins grande,

&

plus ou mo ins denfe.

A

infi , en tcrme de peinture, la

coulmr locale

ell: la

,011/mr

propre de l'objet

p~int,

modifiee

&

determi–

nee par toute11 les circonfbnces quc nous venons de

rapporter ;

&

l'harmonie des

co:deurs

rtfulce de !'art

<le rcunir en une feule malfe de lumiere les

couleurs

locales

de tous ks objets panicu

lir.rs

qui entrent dans

la compofition d'un tableau. De-la ii ell: aif6 de voir

que fans la fcience des

couleurs locales

on ne fauroit

parvenir ' ni

a

l'harmonie des

co11!t11rs

~

ni

a

!'unite

<lu ton , ni par conlcquent

a

donner aux objets le

relief

&;

la rondeur qui prodt1ifent l'cffet de

!'co.

fem

bk

Cette fcience

fe

redult

ii

deux

point~

principaux

I

l'un qt1e la

couleur locale

de chaque objet foit vraie,

c'e!l:-a-dire, qu'elk foit conforme

a

la

couleur

naturelle

du corps reprc!fentb. L'autre qu'elle produifo un ban

cffct

a

l'egard du tom enfemblc.

Le premier point roule fur la fcience de determi–

ner k s nuances de la

couleur

qu'on aura choifie , par

la nature des jours,

&

par l'intenfite de la lumiere.

Suppofons que le peintre ait trouve convenabk de re–

vetir un de fos perfonnages d'une draperie·

d~

couleu1·

pourpre , ii lui refle encore a rrouver le jufle degre

<le

couleur

pompre qu'il doit donner aux endroits eclai.

res ,

&

a

ceux qui tombent dans l'ombrc, Cette que–

ftioo embralfe , comme on le voit , toute la fcience

des reAets , des oinbres ,

&

du melange des

fottleurs.

Mais comme on confidere principalement Jes

couleurs

locales

par rapport

a

l'cffet de l'enfemble, nous ne nous

occuperons ici que du .fecO'lld point.

Le fecond point concerne !'art de faire fervir Jes

touleurs locales

a

l'harmonie

&

au relief de l'enfemble-.

Nous fuppoferons qut: le peintre a fait l'ordonnunce

<le fon tableau ,

&

qu'il l'a deffi nc for la toile. II efl:

prffentemer.t occupe

a

faire un bon cheix de

.co11leurs

pour chaque objet en parciculier. Parmi ces

co11le11rs ,

ii

y

en a qui font entierement arbitraires , telles que

celles des draperies. D'autres ne font arbitraires q11e

jufqu'a un certain point, comme la

coule11r

d'un ciel

ferein, laqudle ne permet que

le

choix du plus ou

moins clair , du plus ou moins

pale.

D'autres

co11-

cou

leurs

enfin n'ont rien d'arbitraire, comme;

par

exem~

pie , la

couleur

du gazon, ou celle d'un feuillage de.;

termine.

P

Jr-tout

0\1

le choix efl: libre, c'e!l: l'harmo.

nie

&

le

plus grand effer du tout qui doivenc

d€<;i.

dcr le peinm:;

&

chacun de ces deux objets foppofa

• peaucoup d'experience

&

de reflexion,

Mais , avant de pouvoir s'occuper des

eouleurs lo.

r:ales,

ii faut que le peintre air exaCl:ernent compalfe

k

genre de coloris qu'il

doi~

employer,

le

lieu de la

fcene, le degre de jom qu'elle adme;:,

&

Jes modi–

fications que la lumiere en

re~oit.

Ce n'efl: qu'apres

s'etre alfure de tous ces points,

&

fe Jes etrc rendui

bien familiers, qu'i} peut palfc:r

a

la rccherche des

COii•

/um

locale/.

La moindre negligence au premier egard,

peut

le

mettre clans la neceltte d'effacer tout l'ou vra.

ge au moment de

k

finir. U ne feule

couleur locale

dif–

cordante detruit tout<: l'harmonie

&

l'cffet de l'enfem–

ble. De meme que

le

compo!ireur, en s'occupant de

la melodie d'une piece de mulique' n'ofo perdre \ln

moment de vue l'harmonie qui doit l'accompagner ;

de meme auffi le peintre , en s'occupant du coloris •

doit continuellement avoir prelent

a

l'efprit tout ce qui

tiC'.nt

a

fon t4bleau

I

l'qrdonnapce,

ies

grouppes

1

ics

jours

, &c.

La matiere etant

fi

compliquee ,

ii

efl:

aifci de fen.

tir que le fucces depend principalement de la longuc

experience

&

de !'imagination bien reglee de l'artifl:c:.

&

qu'il feroit aum inutile qu'impoffible de lui pref–

crire ici des regles de detail. Tout ce qu'on peut faire,

c'c!l: de

le

reridre atrencif

a

routes

ks

circon!l:ances

effcntiel)es, en !es lui indiquanr.

Dans

le

choix des

couleuri lo<ales,

le

peintre con–

fultera done toujours l'harmoine de l'enfernble. Ell:-il.

Clans la neceffite d'appliq\ler

a

la fuire l'une de l'autre

deux

couleurs

qui ne s'unilfent pas \lien, ii tachera de

les unir par des reflets

favorabl~s,

ou de jetter de for–

tes ombres fur l'une de ces deux

co11/eurs,

pour l'a.

doucir. Tout depend prefque ici du choix de la Ju.

fniere ,

&

de

fa

difl:ri bution. Si, par exemple , l'or–

donnance du tableau rendoit le fond

le

plus

recul~

plus clair que celui qui ell: fur le devant, ii faudroit

y remedier , en choi!ilfant pour celui-ci des

co11le111'S

plus claire ,

&

pour l'autre de plus fombres.

~ant

a

}'effh de l'enfcmble,

OU

a

!'art de detacher

ks objecs ,

ii

y

a

ici une regle bien fimple

a

obrer–

ver. Si lc:s jours

15?

!es ombres, dans Jeur j ufl:e degre,

ne fuffifent pas en cercains

en~roits

pour donner

a

l'objet le relief ou l'affailfement qu'il devroit avoir ,

ii

faut

y

fuppleer, dans

le

premier cas, par

le

choii.:

de

c011leur1 lofales

tres-claires ;

&

dans le cas oppofe ,

par de cres-obfrures. Nous avons deja obferve ci-def–

fus que fouvent !es

(Ottlettrs'

claires tiennent lieu d'u:ii

plus grand jour,

&

que' les obkures

fuppl~ent.

au de–

faut des ombres. On trouvera d<lll·s !es reflexions de

{\1.

de Hagedorn fur la peinture, diverfes remarques·

tres-fines fu.r les

coule11rs locales,

qu'il

a

recuillies <le

fes obfervations fur des tableaux qui exi!l:ent actudle–

ment. (

Cet article eft

tire

de la Tbeorie genira/e de

Beau.~-.

4rtJ

de

M.

SuLZER.)

CouL£URS , (

Poi.fie.

) cc font Jes differens moyens ·

que le poece met en ufage pour peindre les objets

ii

!'imagination, enforte qu'ils femblent former un

tablea~

vivan t

&

anime. Ces moyens font entr'autres Jes

ima~

ges , les tropes, !es figures , qui remuent plus force–

ment !'imagination, que ne

pomro~t

le faire une !im:

pie ddcri ption de l'objct, exprim€e par !es termes

pro~

pres d'un langage nature!.

M. Du-Bos etoit dans l'idee que c'etoient !es

cou–

leurs

poeciques qui decidolent du fucces d'un poeme.

Quelques poeres f'em b\em avoir penfe de meme. On

en voit qui, dans leurs peintures poetiques , n'obler.

vent ni mefures ni bo'rnes. Lcur poe!it: n'efl qu'un tilf1.1

continue] d'images

&

de tropes recherches. Ils ne per–

fon nifient pas !implement les vices

&

ks vertus, ils per–

fonniflent encore les notions !es plus accelfoires , enforte

que lcs perfonna(.;eS reels n'ont prefque plus ricn

a

faire,

·

Onj