cou
tues mcme de Jupiter aans certalns jours de fere. Ca.
mille
&
Jes triomphatcurs qui entroient folemnellement
a
Rome, fe peignirent la face en rouge. Pline <ijoure
que de fon temps !es feigneurs d'Echiopie
fe
peignoic:nc
le
corps en rouge.
Les fauvages du Canada fe colorient leur vifage de
qoatre
couliurs.
diffcren.tes ,
&
fe poudren.t
~v~c
du ver–
milion lorfqu'1 ls vont a la guerre.
~ant1te
d'autres na–
tions fe fardent ou fe peignc:nt le corps, les cheveux,
lcs dents
&
les ongles de diverfes
couleurs.
On peut
crouver
a
ce fujet des derails curieux dans I'
Hijloire
ginirale des voyages.
Nous ajouterons uniquement fur
ks ufages modc:rnes , que fur les cotes de Malaba',
on di!l:ingue faci lement les hommc:s de chaque ca!l:e ou
tribu a la
couleur
de leur carnation ; de meme que l'on
diilingue facilement dans ks autrts parries du monde
par la
c~uletir,
les Negres , les Abyffins , ks Caffrc:s ,
les Cara·ibes , les Anglois , !es Efpagnols , ks Fran–
~ois,
Jes D anois,
&c.
(
fl.
A L.
)
CouuuR , (
Peinu:re.
)
Si
les
anciens n'avoient
pelnt que fur la toile
&
fur ls bois, tnous n'au rions
aujourd'bui aucun moyen pour rnettre en parallele kurs
progres dans cet arc avec les talens des peintres mo·
dernes : mais heureufc:ment ih ne tapi!foient pas fou–
vent lcurs apparcemens ,
&
ils Jes faifoient decorer de
mofa'iques ou de peintures
~
frefque; le roi de N aples
a l'enferme dans fon
Muft11um
plus de cinq cens ta–
bleaux de cette efpece que l'on a extraits des ruines
d'Hcrculane. Ccs tableaux nous ont faic decouvrir des
milliers de fairs
&
d'ufages dans l'architell:ure , clans
la
decoration interieure des appartc:mens, clans celle
des jardins, des vilks, des ports,
&c.
en un mot, ii
ell: pcu d'arci!l:es qui ne pui!fent tirc:r des in!l:ruB:ions
de cem: magnifique collttlion. On
y
voit avec eton–
nement que
les anciens fuivoient a. peu-pres les me–
mes ulages que nous ,
&
ils Jes praciqudicm de'puis
Jong.terns. Voill en gros ks obligations qui: nous avons
aux
couleurs
&
aux peintures anciennes.
L'on a decouvert clans H erculane un vafe de cry–
ftal qui contenoit du fard ,
&
plufieurs pots remplis
de
cuu/eurs
brutes pour fervir a peindre en frefque
OU
a
la detrempe. On
y
voit des laques , des ochres,
&c.
des encres noires
~paiffes
, d'autres qui font jaunes ,
rouges oil bleues.
I I
cft dommage que l'on h'ait pas
fa it examiner
&
analyfer par un habile chyrni!l:e cha–
q ue efpc:ce de
co11/e:tr.
Le
anciens employoicnt le jus d'ail pour rendrc:
leurs
co11leurs
fixes. Pline die q ue le fameux Apelles
avoit invente un vern is tranfparent qui garantilfoit Jes
cou/eurs
qc: fcs tableaux des injures de l'air, de la pouf–
fitre
&
de l'hurnidite : ii ajoute que malheureufement
cc iecret ecoit perdu. L'on a cependant trouve dans
H erculane un tableau peint
a
frdque ,
ii ell: imbibe
de cette cfpece de vernis precleux
&
unique. Ce ta–
bleau reprelente une mufe q ui porte fur
l'epaule un
in!lrument de mufique. M. N icolo Vagnucci polfede
ce monument.
Nous obferverons en palfant , qu'a Maire on pre–
tend que le grcs du pays from: ou imbibe du Cuc de
l
'oigr.onde fquille, devient in<1.lterablc par l'air, par
l
a pluie,
&c.
Les
an~icns
eftimoient beaucoup !es cama·ieux, qu'ils
nommoicnt
monuchro11m
ou
peinturtJ d'une Jerde couleur.
La plupart des tableaux_ d'Herculane font
e vrais ca–
rna'ieux : d'ans quelques-uns les figures font pei ntes ou
en rouge , ou en
co11le11r
naturellc, fur un fond noir,
brun, rouge, jaune ou blanc.
Pecront pade avec admiration des monochromes faits
par Apelles
&
par Protogene. Pline ajoute
a
ce fujet
que c'es
fameux peintres n'employoient tout au plus
que .quatre
couleur.s
pour faire des chefs-d'c.cuvre qui
~alo1ent
lcs richdJes d'une bonne ville,
&
qu'il ell:
ctonnant que !es peintres de fon terns em ploienr une
plus grande quantire de
co11/e11rs.
Nous obfc:rverons en
paff~nt,
q oe Jes
carna'ieux
font .utiles pour occuper
Un Jeune peintre qui vc:ut fc perfeetionner dans l'art
_,
d.
d
C 0
u. -
5
91
41C
egra er les
couleurs
par le da1r oblcur : mais les
monochromes font pour le rc:lle des hommes des pein–
turc:s conrre nature:;
ii
n'y a que des yc:ux malade&
qui voient tout vc:rd ou tout rouge,
&c.
.
Pline dit que le blanc des ancic:ns peinrres etoit faic
avec le tripoli blanc , c"e{t .a.dire , l"argille blanche;
leur rouge: etoit foit avec le bol d'Armenie , le fang
de dragoo, ou le cannin, qu'ils appelloient
111inium.;
lc:ur jaune etoit le !l:il attique' c'c:!l:-a dire' une efpece
d'ochre;
1'011
en tiroit auffi d'Egypte , de Syrie
&
d'Efpagne: leur noir etoit fair avcc le vitriol : ils ti–
roient kur
couleur
de pourpre d'une ville de la Grece
ou de .la Getulie, ou de la L aconic.
Les tableaux d'H erculane dernoncrent que les an–
ciens peignoient en detrempe
&
en frefque avc:c une
belle
coulettr
bleue foncee' fonblable
a
notre blc:u de
Pruffc:; ils avoient un b au verd, un violet: ils
fa.
voient parfaiternent imiter les
couleurs
changeantc:s de
la gorge des pigeons
&
de la queuc: dc:s paons.
Apres avoir onne une idec: fuffifan rc: de la qualite
&
du nombre des
couleurs,
&
apres avoir indique la
maniere dont ks ancic:ns
les c:mployoit:nt, ou fu r
la
tot)e,
OU
fur la peau,
OU
fur le: bois,
OU
a
frefquc:,
ou en detrempe,
&
comment ils ks garantiffoic:nt des
injures <le l'air
&
de:
l'humidite par des vernis, nous
devons ajouter fur cc:ttc: matic:n: , que cornme l'on s'ell:
apper\:U depuis plufieurs
ann~es
que toutes les pein–
tures antiques,
a
fn:fque,
OU
en detrempc: , que }'on
avoit trouvees dan, ks tom beaux des.
dfons , de Ci:–
ftius, dans Jes ruines du
Pal~is
dc: T ire ,
&c.
etoient
peric:s en peu d'annees,
&
que ccltes d'Hercul.ane
f~
degradoient, le roi de: Naples
a
charge
le
fignor Mo–
riconi, S1cilien, officier d'artill ·rie, fort habilc: daos
l'art de compofer des vernis , d'en appliquer fur tous
lc:s tableaux que )'on a fait fcier fur les murs d'Hc:r–
culane ; mais le vernis de M. Moriconi
i
beaucu~
cndommage
le
coloris des tableaux.
On peuc fur cette maciere confulter le
Voyage d'
Jra.
/ie,
par M . de la L ande : les .
Lettres.
ft1r_
Herculane,
par M. Seigneux de: Corrt vun,
1mpnmc:e~
a
~v.<:r~on,
~n
1770 ,
2
vol. in
12 :
&
l:s Obfe;vattons pmodrques
fur la Pbyjiqtte ,
I'
Hrjioire nature/le.
&
!es beaux-arts,
aour 1756. On verra clans ce dern1er ouvrage que les
anciens n'avoient pas , cormne nous , la cochen1lle
&
quantite de
couleurs
que n us tiruns de I' Afie
&
de
I'Amerique; mais ils en avoicnc qui ctoient equivi-
k ntes.
,
II nous re!l:e
a
ra porter en peu de mots le juge–
ment que MM. C<Jchin
&
Bc:llicarr ont
po~te
du co–
loris des
tabl~aux
d"Herculane, dans le pem ouvragc
qui a pour titre :
Obferva1io11s fur !es
anti~uites
d'
H~r
c11lane,
in
12,
a
Paris,
1755.
Ccs M\11.. d1Jent ,, qu .en
,, general le coloris des
figu~es
hum_aines. de
c~s
_pern-
tures n'a
n'y
finelfe
m beaute, n1 variece ; ks
:: grands clairs
y
fon t d'affez b nne
couleur
;•
~nais
les
,, demi teintes
y
font depuis )a tete
j~·qu'au
,Pied
.~·~n
,, gris jaunacre ou olivarre, fans agremcnt m variete :
,, le rouge domine dans Jes O'nbres . donr
le con, ell:
,, noiditre : ks ombres des draperies fur tout n ont
" point de force; mais la pei ncure
a
frc:~que
ell:
f~" jette
a
cet
inconvenient. Un autre defaur
q~'po
" pourroit egalement reprocher
a
beaucoup de
!ref–
" ques , menle des m illeurs inaitrcs modernes. de
1
Ita–
"
lie, c'e(\: que la
couleur
des ombres n'e!l:
~omc
rom–
" pue . el le c:!l: la meme que celle des
~urn1eres.
fans
,, avoir d'autre difference que d'avoir moms de
blanc~~~
,, Les peintres d'Herculane fonrloienc rarement k
,,
coule11rs
,
ils peignoient par hacbure_s. Les
t~bleauic
,, en general font peu finis,
&
peints a-peu.-pres
co~
,, me nos decorations de theatre:.;
la
n~aniere in~
:e
,, a!fc:z grande ,
&
la touche fac.Jie: mais
dl~es ~in
,, plus de hardielfe que de favoir,
&c.
"
d'}i -
tres Italiens , au contPairc , regardent lcs
tab~~auo"n t~tr
culane comme des merveilles pour k coloi1s. ,
. P
•
fur la rnatiere des
cottleurs ,
confulter ks
Memoires des
academieJ des fciences
de France , d'Anglererre ,
f:'h,