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388

C H R

Cependant Charles fair une irruptio1

.dan~ !~lie

de

Gotland, af1•le que

Clm!l:opl~e

Ill.

av~1t

la1ffe ,_ par

compallion, au malhcureux

Enc X.

chaffe de fes ccats.

Ch;ijliern

fair reprefenter

a

Charles quc cettc

ile

e!l:

\in domaine du Danemarck, que Valdemar

III.

l'a–

voit fubjuguee !_es armes

a

la main. Charles , pollt

toute reponfe, ta1t entreprenttlre le

liege de W1sby.

Eric

le

defend quelque terns · dans la citade\le : une

flotte Danoife paroit , on r.egocie, on

fe

f6pare, on

Ji:

bat , la negociation

eft

encore renouee

&

rompue ;

e11fin

Chrijliern

arrive en perfonn(!

a

la tete d'une ar–

mee :

ennemi du carnage, ii ofFre aux Suedois une

retra ite a!furee , s'ils vculent renoncer

a

!ems preten–

tions

fur cette lie. s"es propofitions forent rejettees ;

ce refus devint

le

fignal du combat.

Chrifliern

fut

vainqueur, dix-huit cens Suedois perirent dans certe

·action , le refl:e rendit !es armes ;

Chrijliern

traita

ks

prifonniers avcc bea ucoup de douceur, Jes

renvoya

fans exiger de

ran~ons

&

Jes combla de prffens; ii

leur fit entendre qu'il . !cs traitoit, non comme fes en–

nemis, mais comme fes fujets; que d'aprcs !'union de

Calmar, ii avoit des droits inconte!l:abks fur la cou,

ronne de Suede, mais qu'ayant la guerre en horreur,

ii

aimarf tnieux conquerir ce royaurne par frs bien–

faits qoe par fes arlnes.

Ce prince rev int triomphant, mais ii apprit

a

fan

tetour que Charles venoit d'etre couronne

en

Nor–

wege par

~n

parti puiffant.

II demanda une a!Temblee

des deU•X nations

a

Heml!l:at ,

&

s'y trouva en per–

fonhe: douzf deputes Suedois s'y rendirent; Charles

leur avoit ordonne, fi

!'on mettoit en quefl:ion

fes

droits fur la Suede

&

la Norwege, de ne

pr~ndre

d'au.

tres arbitres que l'cmpereur , le Pape ou la guerre:

:nais

Chtifliern

fyllt Jes convaincre par la force de fes

raifannemens ,

&

!es perfoader par le charme de fon

eloquence; ils Jui promitent de Jui faire n:fl:ituer la

couronne de Norwege,

&

de faire jouer taus !es ref.

forts poffibles puur depofer Charks,

&

ne lui laiffa

- que le titre de vice.roi en Sued'.. Ce prince

irrite

traita leur foibleffc de trahi fan,

&

voulut !es punir;

ils trouverent

a

la cour de

Chrifliern

un afyle ·centre

fa vengeance.

• On n'tm vint pas d'abord

a

une guerre ouverte, on

fit de part

&

d'autre des courfcs frequcmes fur

Jes

terres de fon enncmi :

Chtijlier11

&

le Cenat choifirent

ee

parti comme le plus modere; ils fe trornpoient, ces

~ourfes

occafionnent des ravages deplorables; le pa}'s

€jUi

y

efl: expofe ne devient pas un champ de batail–

Je ,

mais un theatre confacre au brigandage , aux

a!faf.

finatS

&

a

tOUS Jes crimes,

&

le Jaboureur feu)

y

pe–

rit, viCl:ime forcee des querelles des rois ; mais

clans

une guerre ouverte

&

reglee , le foldat

feul meurt

clans Jes dangers ,

OLI

ii s'efl: engage librement pour

Jes interets de fan chef: en effot, clans ces irruptions

ou !'on ne fit pas un liege clans !es formes, ou ii ne

fe livra pas un feu l combat, la Suede

&

le Danemarck

perdirent plus d'habitans qu'ils n'auroient perdu de fol–

dats d:ins dix b:itailles rangees. On en vine enfin

a

des operations plus combin6es ; une llotte Danoife affie–

gea Stockholm, tandis que

Chrijlicrn,

a

la tece d'une

armee , penetroit clans la Gothic occidentale,

fe

mon–

troit 3 la fois genfreux

&

terrible , repandant par-tout

)'effroi

&

ks

largeff~s,

faumettant, l'epee

a

la main ,

cc

qui

a~oit

refill:e

a

fes bienfaits : ii entra clans Lo–

clefc , fut proclamt! roi , partit pour de: nouvelles ex–

p editions ,

&

·perdit, clans

fa

retraite une partie de

fon armee. Charles pronta de fes malheurs

&

de

fan

abfence ,

&

la Gothie fc

rangea dc

nouvea~

follS !es

loi>1.

Cependant la Norwege etoic en proie aux factions:

Jes parcifans de

Chrifliern

l'appi:lloient ;

&

s'il

fe

fUt

mantra clans ces circonftances , ii auroi t ete couron–

ne : mais ii fongeoit plutot

a

foum~ttre

la Suede, fur

que la conquete de ce

royaum~

entralneroit ctille de

la Norwe8e. Pour rendre adieux fan ennemi ,

ii le

foryoit , par des mar.reuvres favantes,

a

canconner fes

CHR

troupes diins

Jes villages,

&

l'averfion que !es

pay-.

fans avoienc pour ces hates incommodes , retornboit

neceffairemcnt for Charles

lui-(11eme. Elfsbourg em.

porn! d'affaut , Denholm fortifie pour defen<lre la Sea:

nie comre !es courfes des

Su~dois ,

l'ile d'Oelan con.

quife , la ville de Borkhulm forcee ,

&

le trHor que

Char!tJS avoit cache clans cette place, tombe entre Jes

· n1ains de

Chrifliern

,

commencerent la decadence de

Chatleo

,

la perce de la Finlande accelera

fa

chute,

~

la

revolrn de Jean Sulfl:at, archeveque d'Upfal, porta

le dernier cpup

a

fa

fortune. Affiege dans Stockholm

par ce prclat guerrier, ii s'enfuit,

&

abandonna

fan

crone

a

l'heureux

Chtijliern

qui y manta avcc une

po~- .

pe jufqu'alors ignoree, retablit Jes privileges des clif–

ferens ordres de l'etat, carelTa l'orgueil du clerge ,

partagea avec la nobletTe le fardeau du g

ouve

rnement,

fe

rendit acceffible au peuple , diminua I.es

impcits ,

combla de bienfaits fes partifans , pardonna

a

taus fes

ennemis ,

&

commen\la fan

tegne fous

les plus heu–

rcux aufpices en

1458.

La Norwege fe ham de lui of.

frir la couronne , qu'il reyut

a

Drontheim la meme

annee. La mart cl'Adolphe , fon oncle , lui donna

de

nouveaux etats;

&

ltlalgre !es precentions de plllficurs

princes , ii reunit

a

fon domaine le -Ouche de Slcwigh

i

&

!es cornces de Holfl:ein

&

de Stormarie. La ville

de H ambourg fe trouvoit clnclavee dans la derniere d1

ces fcigneuries ; Jes magiftrats, ehcore jaloux de leur

antiq ue liberte , ne rendirent au roi qu'un hommage

verbal : ii s'e:1 contenta, ffir de Jes forcer, quand ii

le voudroit,

a

une foumiffion plus authentique.

-

L es vertus

&

la gloire de

Chrijliem

fembloient s'ac–

croltre avec

fa

pui(fance : refpecte de fes voifins , ii

fut l'arbitre des difFerend! qui s'eleverent entre !es

villes de Schwerin, de Lubec

&

de Lunebourg.

Chri.–

fliern

n'agit ·point comme la plu part dcs monarques1

que de petits pHnces prcnnent pom juges ent,r'eux;

&

qui terminent la querelle en s'emparant de

1

l'objet

concefl:e ; fon equite lui merita la coufiance de tome

l'Allemagne: ii Jui refl:oit

~ncore

une fqmme confide•

rable

a

payer aux princes qui

lui avoient cede

les

comtes de H olfl:ein

&

de Stormarie ; il alloit meme

un impot fur fcs ecats pour acquitter cette dette , lorf–

qu'il apprit. que Marius Frcgen, Jegat du pape, avoit

vendu des rndulgences en Suede, fous le pretexte de

fai re la guetre aux Tures avec le produit de cette

vence.

La

fommc etoit proportionnee

a

la fottife du

peuple,

&

le prelac alloit emporter du N ord des ri–

cbeffes

immenks.

Chrijliem ,

qL1i

ne pouvoit concei.

voir que Dieu vendit fes gtaces

a

prix d'argent, pour

aIler faire

]a

s uerre

a

dcs hommes qu'iJ avoit Crees,

ft:

fai fit

de

cet argent, acquitfa la dette de

!'eta~ ,

&

la Suede eut

des

indulgences gratis.

La puiffance des villcs anfeatiques donnoit de l'om–

brage

a

Chrij1iern ;

la fplendeur de leur commerce ex–

citoit la jaloufie de fes peuples: ii forma unc ligue

de plufieurs princes Alkmands pour accabkr ces re–

publiques litot qu'clles oferoient troubler

le

repos dll

Nord ,

&

ce trai te fut fi fecre-c, "Jue !es

repL1bliquc~

lo

~oup~onnerent

a

peine. L a

fageffo

de

Chrijliem

qui

avo1t eclate dans rant d'opfrations politiques' echoua

cependant contre

le

parti de Chl!_rlcs. L es amis du

prince detrone ,

rffolurcnt de pcrdrc

I'archeveque

<l'Upfal dans l'

efprit d

e

Chrifliern,

afin de perdre

Chr~flien1

lui-meme

d.ms

l"efprit du ptuple.

Ils

Jui

ye~·

gnirent l'archeveque comme un perfide qui machrno1E

fourdement pour replacer Charles fu r le trone, ou peut–

etre pour

y

mooter lui-meme. L e roi donna dans le

piege ; l'archeveque fut arrete

&

conduit

qi

Dane–

marck : au ffi-tcit Jes accufateurs du prelat dcvinrent

fcs dffenfeurs ; ils perfuaderen t au peuple , que par

ce coup d'etat,

Chrijliern

avoit viole fes

fermens, ar–

tente aux privileges du clerge , quc la caufe de Jelin

Salfl:at devenoit celle de la nation , qu'il falloir _rap–

peller Charles.

11

reparot en effet, fu t couronne de

JHJLIVeaU ,

&

dut Cette revolution au.· viCl:oireS

C]llC

Katill , eveque dciLinkoping,

&

neveu de. l'archev"·