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E

long uf.lge,

qu<!

nou

~pprcnon5 ~

jugcr

de~dla3nces

par

la

vue;

&

cela en examinan par le ta les corps

qae nous voyons ,

&

en obferva01 ces corp pla–

cé , différen[('s diltanccs

&

de dilfére01es manie–

res, penda01 que nous (avon que ces corps n

'é–

prou vcnt :lucun changemcnt.

Tous les hommes 001 appris Ce[ 3rt, d

S

leur pre–

miere en(ance ; il (ont eo01inuell('mcn[ obligés de

f.lire auemion la diOance des obje[ ;

&

il appren–

nen[ in (cn{iblcmc01

~

en juger ,

&

dans la (ui[e, ils

(e

pcr(uad~nt

, que ce qui en I'e!fe[ d'un long )Cer-

ice ,en un don de la natu re.

La

maniere do01 {e jt

la

vilion , prouve bi n que la facul[é de juger des

bjc[s que nous voyons en un ar[ , qu'on apprend

p.lr

I'u(; ge

&

par I'cxp ricnce. 'il rene quelque

dOllle

(111

ce pOlm, il {era bie01ó[ dé[rui[ par I'cxem–

pie d'un jcune homme d'cO\liron qU3tOne ans qui

aveuglc , Vil la lumiere pour la premierc fois.

Voici I'hinoire [elle qu'elle eH

rappon~e

par

M.

de

Voltairc.

.. En

[719 , M.

Chi(elden, un de ces fameux

" ch,rurg,cns qui joigne01 I'adreffe de la mai n aux

" plus grande lumiere de I'c{pri[ , aya01 imaginé

, qu'on pouvoi[ donner la vue

a

un aveugle nc! , en

" lui abal ffa01 ce qu'on appelle des

CillaraatS

,

qu'iI

"

(oup~onnoi[

formée dans (¡

yeux pre(qu'3u mo-

.. ment de

fa

naiffanee , il propo(a I'opéra[ion. L'a-

.. vcugle eu t de la peine y eon{entir,

11

ne conce-

,. voit pas

[ro~

que le

flns

de la vue prH beaucoup

" augmenter tes plaili rs. Jn I'ellvie qu'on lui in(pira

" d'apprendre. lire

& :\

écrire, il n'el\[ point deliré

" de voir. uoi qu'il en (oi[ • I'op ra[ion en

111

faite

1>

'

r u/Tit. Le jeune homme d'environ 14 ans , Vil

.. la

hllniere pour In premierc foi. on e perience

.. confirma

10111

ce que Loke

&

Barclai avoien[ /i

j,

bien prevu.

11

ne difiingua de long - tems ni gran–

".Icm ,ni dinanccs , ni Ii[ui\[ions , ni

m~me

¡¡gu–

ti

re . n objel d'un pouce mis dcvant fon il,

&

" qui luí

a

hoit une mai(on, lui paroilloit aufli

JI

grand que la mrufon. Tou[ ce qu'il oyoi[ ,Iui fem–

). bloit d' bord [re fur fe yeu ,

&

le [oucher com–

j .

me le objet du

lUél

[ollchent la peau.

11

ne pou–

)1

oi[ diningucr ce qu'il a oit jllg rond I'"ide de

.. {es

main ,d'avee ce qu'il avoit )ugé angulaire, ni

)' dilcerner ave fe yeu.· . ¡¡ ce que fe mai ns

" \'oiem fenti I!lre en hallt ou en bas

[oi[ en

ti

elTe[ en halll ou en bas.

11

toi[ /i loin de conno\[re

). le grandeur , ql1'aprcs avoir enfin

con~u

par la

,. vue 9ue la m i(on c;[oi[ plu grande que fa charu–

.. brc II nc conee oi[ pas comme01

1,

vue POUVOil

" donncr ccue id e.

e

ne

tin

qu'uu bom de dcux

"moi d'e 'p rienee qu'il put apperccvoir que les

.. table3ux rcpr rentoient de orp tolide ; , 10rC–

.. qu'aprc; ce I ng [3[onncment d'un

flns

nOIlVe~l1

.. en

lui

a

cut rCllli que de corp

non de {urta–

• ce

(~ule

':[oient peint dans le rablcaux' il

, POrt,1 la m3in

hit

Ctonnc de ne poim [rou r

ec te mains ce corp (¡ lide , don[ il commen–

, I/oit. apper evoir le repréfema[ion.

11

deman–

" doit quel étoit le [r mpcur du

flns

du tou h r

, ou

dufons

de la \'ue. ..

i au lémoi. nage de

flns

nóu ajou[on l'ana–

logie ,nOU5 • [r

11

\'er

n unl! nouvelJe preu e de I

" 'me de

(i.

'JnJlo&ie ;¡ p ur fondement e

prin ipe

e :tr

memen[ timple: ,

'l/U

ur.;vt/J

<JI

CilU–

,'1m fllr

da

/01 ¡;.ln¿'ll/ts

6-

Oflj1anltJ,

'n

l

n

\'e~

de

c: miro nnement que nou ldmeuons la

r~¡;le

U1-

,'a nte ,

j_'

Ji

t

tU

fiml-!,.I-/cs ont

ItJ

mtr.us

CJ

tju,

'¡lIal[ de l"analogic: online en e qu'elle nO\lS

~ J~nc

millc: di!' IIli n inmile ,que nO\lS (erions

h ' de r ' ter filr h que orp en p;miculier.

11

uHit

~uc

n u

J

ni n que tOut en uveme p;! r

de I I g ncr.lle';' nflJnt s, pour ilu'e bi n fon-

d

-ire , que I orp qui n

u~

puoilli

nt

fem-

ro

--:1 .\

r,

E

l'

blablc5 ont 1<.'5 m mes propriél s q e le frui[ d'un

m Ole arbre Ont le méme goih •

6-c.

La

certitude qlú

accompagne I'analogie re[ombc (ur les

flr.s

m2m s

qui lui pré[em [OU5 les raifonnemcns qu'elle d dui[,

En p rlan[ de la connoiffancc , nous 3vons dit.

que (an le (ecour de

flns

les homm ne pou r–

roient acquérir 3UCllne connoiffance

d

's cho(es cor–

porelle ; mais nous avons en

'!I~D1e

[cms ob(ervé ,

qu~

les ;<,uls

flns

ne leur

!iIIliC~>reOl

pas , n' ayant

p~lnt

d homme au monde qUI. pu.ille exammer par

hll-meme tou[es les hoCes qUI IUI foOl néceffdires

~

la vil' ; que,

r.ar

con(¡ que01 , dans un nombre infin i

d'occa/ion

lis

IIvoien[ befoin de s'inllruire les

UIU

les aUlres ,

&

de s'en rapponer leurs obCcrva[ion

mutuell ; qu'autrement lis ne pourroient [irer au·

cune mililé de la plOpart des chofes que D ieu Icur a

accordo.:es. D'ou nOIlS ;¡vons conclu , qlle Dieu a

voulu que le [émoignage • quand il (eroil re tu d

cenaine condi[ions , HIt au lli une marque de la ve–

rilé. r,

Ii

le témoignage dans certrune circonf.:.

lances en infaillible , le

flns

doivent I aire au/Ti ,

puifque le [émoignase en fondé Cur les

flr¡j.

Ainft

prouver que le lémolgnage des homme n cen aine

circonnances • en une regle sure de vérné , c'en

prouver la meme chofe par rapport aux

flns ,

(ur

le(ql\els il en néceffairemeOl appuyé.

!> E

o

1/1IU ;

par

lefons commun

on eOlend (

di{pO(lIion que la nature a mife dans tous les hommes

ou manifellemen[ dans la pll'par[ d'eOlr'cux , pour

leu r fdire porter quand ils on[ ;llIei nt I'u{age de la

raifon , un jugelllent commun

&

uniforme, (ur d

s

objel5 difii!ren du (emiment intime de leur propre

percl'plion; jupement qui n'en point la conféquence

d'~ucun

princ'pe aOlcrieur. ¡ I'on veur des exem–

pie de jugemens qui fe vérifient principalemen par

la regle

&

par la force du

fins commun,

on peUl , ce

(emble c¡ter le fuivans.

10.

!l

ya d'aulfts

tun

6-

d'l1utrts hommes 'lUt mol

au mondé.

lo

o.

fI

a '1lulqUt drofo 'lit; s'l1ppdle

véritc , (ageffe¡

pnldence ;

6-

c'tfl '1ud'ltu chofo '1ui n'tfl pas pÚICfmnl

arb;tra;,...

3

o,

/1 fo trouve daM moi '1utlque cho{t que

J

I1pptllc

inteUigence,

6-

'1utl'lue e/1O{t '1ui n'tJl po;nl inu/licen

e

6-

'1u'on I1pptllt

corps.

4

0

Tous

les

Irommu nlfont point d'accord

a

me trom–

ptr

~

ti

m'tnfoirt accroirt.

5·.

t

'1

ui n'tjI poinl ;nul/igtnct m fauroil ¡Jrodll;re

IOUS les eU((s dt frnttll;gtn t, ni des pared/u dt maliue

"mula aU hafard formtr un OIlVT<1Ce d'un ordu

{/

d'uII

moUl'tmtnl "pul;u

,

ul

'111'

un horloge.

Tous ces )ugemens • qlú nous {onl

diélé

par le

flns commlffl

tont des regles de v rilé nu/Ti rcelles

&

3ulli ures que la regle

ur~e

du fen[iment inlime

de no[re proprc percep[ion; non

~as

qu\·Ue emporte

no[re c{prit a cc la meme vivacllé de clan ,mais

avec la m2me n ceflité de con(entement, omme il

m'ell imponible de juger que je ne pen(e pas lortqu

je peo(e a uellement; il m'ell gBlement impo/Tible

de juger ferieuCement que je ois le (cul t!tre au mon–

de; que 10U le hommes 001 confpir , me trompcr

dan t Ul

e

qu'iLs di(en[ ; qu\1O ouvrage de I'induf–

[rie humaine [el qu'un horloge qui montre rcguLi

rement le heures, ellle pur elfel du haf: rd.

'pendarlt il faut avouer <¡u entre le eore des

premlcres" 'ri[ \irées dulenllment intime

[out

autre genre de prcmierc verites

il

(e trou e une

drffi

rence; c'en qu' I'egard du premier on ne peut

imaginer qu'il (011 (ufceptlble d'aucune ombre de

dou[; qu';} l'egard

d~

autres on peut alleguer

qu'iLs n'on[ pas une

~'idence

du genre upreme d'é–

"idrnce, Mal$ iI

U[

(e ou\'enir que ces premiere,

" .ri[és qw ne (on[ pas du premier genre ne [ombant

qu

ur des ObjClS hors de nous

\les nc peuvent

D

J)