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2 0

SEN

§.

I.

Divifion dil

S EN S

liulral.

"

Le

fens

littéral

t,

eíl: done de deux forres.

l . "

n

y a un

fen>

littéral

rigoure~x

;

c'efi le

fens

" propre d'un mot, c'eíl: la leme pn{e a la ngueur ,

"

jlriae.

1.. "

La feconde efpeee de

fellS

littéral , e'efi eelui

" que les expreffio ns

figurée~ ~ont

1.lOUS

avons

p~rlé ,

" préfentent naturellement

a

1

efpnt de

eeu~ q~1l

en–

"tendent bien une langue ; e'eft un

fens

bt,eral

fi–

" "un!

:

par exemple , qlland on dit d'un

l~olitique ,

»

qu·il

feme

propos la. divifton entre j es

~ropm

" enlltlllis ,flmer

ne fe dOlt [las el:tendre a }a ngll; ur

" fe lon

lej i:ns

pr?pr~

' .&

de la meme. mamere,qu o.n

»dit femer du bLc :

mal

5

ce mot ne l;u{fe pas d avolr

" unfins

littéral, qui efi unfills fi guré qui fe pré–

)' fente natu.cllement

a

l'efprit. La lettre ne doit [las

" toujours

~tre

prife a la rigueur ; elle tue, dit faint

" Paul ,

l/.

Coro iij .

ó.

On ne doit point exclure

" tollte

jignijieation

métaphorique

&

figurée.

11

fant

" bien le garder , dit

S.

Auguílin ,

de doElr. ehrifl·

" l.

l/J.

c. v. tomo

lIJ.

Paris,

[685 ,

de prendre a

»

la tettre une

fa~on

de parler figuree;

&

c'efi ¡l cela

" qu'il faut appliquer ce palfage de

S.

Paul ,

la lu cre

"me ,

&

t'elpric dOllne la vie.

lr,z

principio cavendum

" ejl

ne figuratam loeulÍomm

tUi

liaeram accipiaS";

&

" ad hoe m im p" tillec r¡lIod att apojlolus

,

littera oe–

" cidit , {piritus autem vivificat.

" Il

faut s'attaeher

au fens

que les mots exeitent

" naturellement dans notre efprit , quand nous ne

" fommes point prévenus

&

que nous fommes dans

" l'état tranql1ille de la raifon : voila le véritablefills

" litteral figuré ; c'efi celui-Ia qu'il fdut donner aux

" lois , aux eanons , aux tex[es des coutumes,

&

" meme

a

l'Eeriture-fainte.

" Quand J.

C.

a dit ,

Lue. ix.

Ó2. .

ce/ui qui mee la

" main

la c"arrue

&

'fui regarde d. rriere lui, n'ejl

"point propre pour le royalt"'o de D iw

,

e n voit

" bien qu'il n'a pas vOlllu dire qu'un laboureur qlli

" én travaillant toume quelquefois la tete , n'efipas

"propre pOlU" le eie! ; le vrai

fens

que ces paroles

" prélentent naturellement

a

l'efprit , e'efi que ceLlX

., qui ont commencé

a

mener

ttne

v ie ehrétienne

&

" a

~tre

les difeiples de Jefus-Chrifi , ne doivent pas

" changer de eonduite ni de doél:rine , s'ils veulent

"

~tre

ülUvés : c'eíl: done la un

/ws

littéral figuré.

íl

" en efi de meme des autres paífages de l'évangile ,

" oltlefus - Chrifi dit ,

Met.·v.

39 ,

de préfenter la

~,

joue gauehe

a

eelui qui nous a frappé fur la droite ,

" &,

ib.

:1.9 . 30.

de s'arracher la main ou I'reil qui

" efi

\111

íiljet de fcanoale : il fam enrend're ces paro–

" les de la meme maniere qu'on entend toutes les

" expreffions métaphoriques

&

figurees; ce ne feroit

"pas leur donner leur vraifens, que de les entendre

" lelon le

fens

liltéral pris

11

la rigueur ; elles doi–

" venr etre enrendues Jelon la feconde forte de

/ ens

" littéral , qui réduit tolltes ces fac;o ns de parl er

fi–

.' gurées a leur jufie valeur , c'en - a - dire , au

fins

" qu'elles avoient dans I'efprit de celui qui a parle ,

ti

&

qu'elles excitent dans l'ef¡Jrit de ceux qui enten–

" dent la langue Oll l'ex¡:;reffion figurée eíl: autorifée

" par l'urage.

Lorfque 1l0US donnons aU bU le no'" de

" Céres, dit Cicéron,

de nato deor. lib.

JI/.

n

O

. 4 ' .

..

lino xvj.

&

l/U vin le nom de

Bacchus ,

nOUS nous

" fi rvom d'une

fa~oll

de parler ufitée en no"e l({ngue ,

" &

perJollllt

n"fi

afle{ d¿pvurvil de

(ens

pour prendre

" ces paroüs

ti

la rigtuur de la lettre.

• . .

" Il Y

a fouvenr dans le langage des hommes un

" fins

littéral qui eíl: caché ,

&

que les circonna nces

" des chofes déeouvrent : ainíi il arrive rouvent que

"la méme propoíition a un

t el j ells

dans la bouehe

" ou dans les écrits d'un eertain homme ,

&

qu'elle

" en a un autre dans les direours

&

dans les ouvrages

., eI'un autre homme ; mais il ne faut pas légerement

" donner des

fellS

défavantageux aux paroles de ceux

S E N

11

qui rye penfent pa: er: tout co;nme nous ;

il

fal~t

" que ces

fins

caches fOlent íi facIlement développes

" par les eirconfianees , qU'Ul1 homme de bon

fem

" qui n'efi pas prevenll ne puiífe pas s'y méprendre.

" Nos préventions nOU5 rendent touj ollrs injufres ,

" &

nous font

{ouv~nt

préter aux autres des fenti–

" mens qu'ils elétefient auffi íincerement que nous

" les détefions .

" Au refre , je viens d'obferver que le

fim

litteral

"figure efr celui que les paroles excitent naturelle–

" ment dans I'elprit de ceux qui entendent la langue

" olll'expreffion figuré e efi autorifée parl'ufage : ainíi

" pour bien entendre le véricable

Iuzs

litteral d'un au–

" teur, il ne {uffit pas d'entendre les mots particuliers

" dont ils'ea fervi, il faut encore bien entendre les fa.

., c;ons de parler uíitées dar.s le langage de cet auteur;

" ÜI11S

quoi , ou l'on n'entendra point le paírage , ou

" l'on tombera dans des

eomre

-

fim.

En

ran~ois ,

" donner parofe

,

veut dire

promettre ;

ee latin ,

verba

"

dare ,

f~nifie

tromper

:

palnas dare alicui,

ne vem

" pas dire

donner d¿ la

peine

¡¡

quelq;t'un

,

luí fa ire de la

" peine , il veut dire au contraire ,

¿ere

pUlli par

"qudqu'ull ,

luí donner la fat isfaétion qu'il exige de

"nous , lui donner notre fupplice en payement ,

" comme on paye une amende. Quand Properce dit

,, ¡¡ Cinthie ,

dabis mihi perfida palnas ,

JI.

e/egov .

3 .

" il ne veut pas dire,

p crfide

,

vous

m'

alle{ callfer bim

" des tourmm s

,

il lui dit a\l eontraire , qu'il la fera

" repentir de [a per6die.

Perfide , vous me le pay'–

" Te{

:

voila

pe\lt-~tre

ce qui repond le plus exaél:e–

" ment au

dabis mihi pallas

de Properce.

" Il

n'efi pas poffible d'entendre le

jens

littéral de

" r Ecriture (¡¡inte ,

fi

l'on n'a au cune eonnoiífanee

" des hébraifmes

&

des hellenifmes , c'efi-a-dire , des

"

fa~ons

ele parler de

la

langue hébraique

Oc

de la

" lar.gue greeque. Lorfq ue les interpretes traduifcnt

" a

la rigueur de la lettre , ils r endent les mot

&

" non le veritable

fins .

D e-la vient qu'il y a, par

" exemple , dans les pfeaumes ,pluíieurs verfets qu i

" ne font pas intelligibles en latino

Montes D ei , pf.

"35 ,

ne veut pas dire des

momagnes eonf acrées

" D iw

,

mais

d. hauees mom agnes

>l.

V~e{

IDIO–

T ISME

&

SU PERLATIF.

" D ans le nOllveau T eframent meme il y a plllJieurs

" paífages qui ne fanroient étre entenGus , fans la

" eonnoiífanee des idiotiíinds , c'efi-a-dire , des fa–

,,~ons

de parler des ameurs originaux. Le mot hé–

" breu qui répond au mot latin

v rbum

,

fe prend or–

" dinaireme nt en hébreu pour

chofe

íignifiée par la

" parole ; e'eH

le

mot générique qui réponcl a

Ilego–

>1

Limn

eu

res

des Latins.

Tranl'anms u/ que B etlzteem ,

" &

v.id

<amus hoc

r

ER B U

1\1

quod fo llum efl. Luc

ij.

"

r5 .

Paífolls jurqu'a Bethléem,

&

voyons ce qui y

"eil: arrive. Ainfi lor[qu'an ¡roi{jeme vetfet , du chao

" pitre

8

du Deutéronome , il efi dit

( D eus ) dedit

" ab,

" ¡'11m

manna quod Ignorabas

trt

e ..

pacres tui ,

" ut ,,{lenderet tibi qtlod non in folo pane vi vat /zomo ,

" jed in omni verbo qllod egrediw r de ore D ei.

Vous

" voyez que

in omni verbo

íignifie

in omni re

c'efi–

" a-dire ,

detout

ce

que D ieu die

ou

veut qllí ; rve de

. e'

fi .

,

J'

" nourrcture:

,e dans ee meme

fens

que Jefus-

" Chnfi a cite c.e palfage : le démon lui propofoit de

" ehanger les plerrcs en pain ; il n'eíl: pas nécellaire

>1

de falre ce ehangement, répond Jefus-Chrifi

car

" l'/wmme /le Vil p as fiu lement de p ain , il

fe

n: ttrril

"

<neore.de

tout ct qui plaÍt

D iert de lui donner pour

"

Tlourr~ltlre

,

de tOta

ce

que D im die 'fui fervira de

"no~mUlre.

Mat. iv .

4 .

·~oi[¡'t

le

fins

littéral ; eelui

"qu on donne eornmunement a ces paroles n'eí!:

" qu'un jens moral".

'

§.

2 .

Divijion dtt s

EN S

fpirituel.

"

I.,.e

fens

fpiri–

" tuel eCr auffi de plufieurs [e rtes.

l .

Le

S EN S

morato

" 1..

Le

S EN S

aliégori'lue.

3.

Le

S ENS

arzagogir¡ue.

1.

SENS

mbrat.

" Lcjens

moral efi une interpré-