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SUB

julqu'a regardcr comme perdus tous les jours qn'il .a

paOes ians faire du bien;

voil~ d~s moovemcnsfo~lt­

mes

qoi me raviffenr

&

me rran porrenr , & qu• lonr

les feuls done l'ex¡lrcllio n puiffe faire dans le d&ours

le

(tJblime des .fmtimens .

Cependanc comme

la

dilférence do

grtmd

&dofo–

blimt

ell une mariere égale!nenr agréable & •m por–

tanre

il

trairer ,

nou~croyons

dcvoir

13

rendre encore

plus (entibie par des exempJ es .

Commer¡~ons

par en

citer qui ayent rapport an

jitblinu des tmagcs,

pour

venir enfui te

a

ceux qui regardenr le

ji1blm1e dts

.{tth

timms.

·

Longin cite pom

ji1blimcs

ces yers d'Eurypide, ou

le

lolei.l parle ainfi

a

Phaeton •

.

Prms garde qtl'une ardem· trop flole(ft

.t

ta vie,

Ne t'emporte atHicJ!iu de f4ride Libie .

Lt) , jamais d'auCJme etltJ le ji/Ion arrojé,

Ne rnfra1chit mo11 cbpr dans

fa

cotnf .embr11(é.

A u(JÚ&t

d~vant.

toi

;·offrí~unt

fopt itoiles.;

Dreffi par·la ta

cot~1je ~

&

(uls le droit c!umin.

Dejes cbtvatl)( alles, ti bat les flanes

a~1/es .

Les com/iers dtJ .foteil a .fa voix (ont dociles,

lis vont

.

L~

cbar s'floigne,

fj

pl11s prpmpt qu'

11n

eclatr,

·

·

P hletre m un m'oment les va

./fes phamps de

1'

IIÍr!

Le pere upmda11t ptei•1 d'tm trotJU/e (rme(le,

Le voit rouler de loin jitr la plaine ctlejfi,

Luí

montr~

.mcore

/9

'rollte,

§i'

r/tl

pl¡u bq11t de¡

CU/JX

Le ji1ít ntttant qu'il pmt de la voix

&

des _ymx.

lla par-la, /JJÍ dit-il

1

repie11s, détotJrlie, .arrete ,

Ces vers fonF pleins d'ill)ages

1

m3is ils n'ont point

ce

to~,r ~xtraordinai~e

qui fait \le

foblime.:

c'ell un

beau réc1r qu1 nous 1nréreffe pour ·¡e Soled & pour

P~aeton;

on eutre vivement dans

l'inquiétu~e

d'un

pere qui craim pour la vie de ron fils'

IT)~is

l'ame

n'cll point rranfporrée d'admirarion .

Youl~z._vous

riu

vraiji1blime,

j'en rrouvc daos le

~aflag:e

du

P(.

cxiij.

, La mer vit la pu iffance de I'Erernel, & e11e s'en–

" fui

t.

ll

jene res regards' & les nations ront diffi,

,j

pées

, .

Donnons maintenaót des exemples de fentimens

g-rands

'& élevés, ' je les pui(e toujours dans Cor–

neill e .

Augulle

dél iber~

avec Cinna & avec

M~xime ,

s'il

do'r quirrer l'empire ou le garder. Cinna lui cooleille

ce

d~rnier

parri;

arres avoir

~ir ~

ce

prince que

de re défaire de ra poinance '

ce

leroir condamner

routc~

les aélions de fa vie; il ajoute:

On tu renonce point aux grande11rs lég itimes,

On garde .fans remor>'

u

qu'on acquiert fans cri-

1JICS,

Et plus. le bien qu'o11 q11itte efl noble , grand, ex-

quts,

·

Plus qui fofo quitter , le j uge mal acquis .

N imprimez pos , fiignerw, cette ho11teuje marq11e

A ces rnres wrttts q11i vo11s 011t fait monarque.

Pous

1

ten

jttjlement;

&

e'

e{l.fims atte'!tat

Q te

vous tJ'lleZ t:bangé la .for1'!e t!e.

l'état;

.

R ome

di

de.!Jous

v~s

lois par le drott de la guare,

f2!! i.fout les lois de R o<JJe a mis toute fa ter

re.

Vos armes f ont &OIIfJIIÍ{e;

&

to111 les conquértm,·,

Pour h re uforpateurs, 11e '(ont pas des tyrnns.

Q_!urnd ils qntjous leurs loi's affi11'11i du próv Ítlces,

G~uvemant

jti(lmm 1t,

;¡,.

s'en (ont juf!u princu.

C'e(l ce qtte

fit

Cffar; il vo111 fi111t qujourd'lmi

Coudam11er

fo

mémoire, oa

fa

ir~

comme fui.

Si le

pouv~ir

jitprcme efl btamé pa>· Augt•fle,

Céfar

jtlt

1111

tyran ,

&f

fim

trépar fi¡t j u,fl e;

Et vo11s devez artx dte11x comp{e ife tout le.fatt,t

Dont "JOIIS

1

avez Vet?g é pour monter

a

fon ratig.

N'

en ,.,.aig¡¡ez point ,.(iig neur , les tr!flu de(linéu:

Un

plus pui{jimt démon veille.fin· <Vos am1éu.

On

a

dix (oís fi•r vous attenté.fans e(Jet,

E t qui /'a 'vorrli1 pqdre, 011 mhne injftmt /'a fait,

D'un aurre coté ' Maxime qui en d'un avis

COO·

trairc , parle ainfi

a

Augulle:

Rwu ejf

-:;oru, Ji:ig ncur, l'empire

efl

votre bim.

Cbac1111 m libere¿ pcot di/Pifer d11

Ji

en.

lt

le peut.

a

.fim choix. g arder Otl s'en défaire;

Voos je11l ne pourriez pas re qtte pellt le vulgaire ,

f.t firúz devenu, pour avoir tout dompt¿,

·.

SUB

Efllnve des _tra11deurs ou vo111 !tu mont;.

Po(Jédcz·les , feig•uur , fans q11'eller vouspolfodent.

Lom de vouscaptiver,fimtfrez qu'elles ;;ous cedent,

Et

faite~

hautement coni10h ·c

m

li

1

.)

'tous ,

Q!~e

tout ce

qn'

elles.

ont

efl ar1 d :/Ji111s 'te voui.

1/otre /Come autrefou

tJOJIS

donna la

1llltl/imte ,

llous lui vorJitz tjoTJner votre. eoute-putjfima;

J!.t Cnma VOIIS tmpute

a

CTtllJe

copita~,

La libhalit¿ vers le pa_ys 11atal!

'

JI

appelle remors f amour de la pat'rie!

Pnr la haute ver/11, la gloin e{l done (Jitrie,

J!.t ce n'dl gu'ttl) ob)et dig11e de nos 111'fpris,

Si de f es plei111 etfets l'in(an¡ie e(l le prix

r

Je 'llettx bien avoi¡er qt11111e

11

'lio11

ji

be/le

Dorme a Rome bím plus qlu 'IJOIIS 114 tenn d'efle

.

,Mais commet·OII

1111

crime Í11di(ne de pardon,

f2!!and la rer.onnoiflimce

ejf

flll dc(fJS dtt do11

r

S11ivez •. fiúvez, (eigneur, le ciet'qui

VOJIJ'

in.fPire,

Votre g loire redouble

,)

méprifir

1

empire,

J!.t vous firez ft¡umlx rltez la po(lérité ,

MoÍIIS pour l'avoir flcquís , q11e potir l'auoir qt1Ítt6.

Le

~oiJbeur

peut

condrúr~

a la grat1de¡tr .fitfrl:me .

MaJS pour

.Y

renoncer

,

ti

faut

111

v rtu 1//t/1/e,

Et pen de génére11x vont ju.fi¡u

a

dédaigner,

¡lpr?s un .fceptre aequis, la douce11r de regner,

On ne peur nier que ces deux difcours ne foient

rempli6 de noble (fe, de

-$_randeur

&

d'éloquence,

mais il Q'y a poinr

deji1bltmc.

Les fenrimens nobles

c¡u'ils

é~alenr

u

e fonr que des réflexions de l'elprit,

&

non pas des mouvemens aéluels du cceur , qui

rranfportenr !'ame avec l'émotion héro'ique du

fll·

bltme .

. C ependant pour rel)dre encore plus reníible la dif–

férence du

grand

.& du

ji1blime,

j'alléguerai deux

exemples,

bu

l'un & l'autre fe rrouvenr enfemblc

daos le

m~me

difcoors. La

m~me

rragédie de Cinna

me fournira le premier

~xemple,

& celle de Scrto–

rios le

r~cond .

Dans la tragédie de Cinna, Maxime;, qui vouloit

fuir le danger, ayant rémoi¡;né de l'amour

a

Emi–

lie, qu'il tkhe d'engager a fuir avec lui; elle lui

parle ainti

¡

!2J.1oi, tu m'ofls

aimer,

&

tu n'ofts m011rir!

7i1prhend,·w¡peutrop; mai quoi que t11 prhendes,

R ends-toi digne tlu moÍ11s de ce que tu demandes.

Ceffi de fuh· en ltlche

1111

'¡,torieux trépas,

Ou de m'ojfri1· un Ctl'tlr qt¡e ttl fais voir

./i

btU .

1

Fais qtle 1e porte envie

ta vert11 pttrfaite,

N

e te pouvimt aimer, fais que

j~

te re$rette

.

.Montre d'tm vrat romam la dermere •ugumr,

E; tnérite mes pleHrs atJ difaut de 1110n ctrtn·.

Le premler vers en

foblime,

& les

a~tres,

quui–

que oleins

degratldeur,

ne ront pourtant pas du gen–

re

/ubtime .

J);¡ns la rragédie de Sertorius, la reine Viriare par–

le

a

s~rtorius

gui refuroit de l'époufer ' paree qu'il

s'en croyoic inrJigne par

~~

naiOance, & qu i cepen–

dant la vouloit donner

a

l?~rpenna;

& fur

e"

qu'il di–

foi r ql!'il ne vouloit que le nom de ·

crr11ture

de la

reine, elle lui répond :

Si votu prmez

~e

titre, agijfez moint e11 mattrt,

011 m'apprenez d11-moins, ]hgnetlr, par

qu~lle

loi

llo11s

n'ofiz

m'accepter,

&

di¡pifez de mot•f

Accordez le reJPefl

q11e

mo11 trone vous do1111e,

•Avec cr.t attentat

ji~r

,a propre per{omle;

1/oir tfmte

1!1011

eflime,

&

n'en

pll.t

inieux tljtr,

C'en

di

U/J

q11'aucun art 11e fturoÍt dégttiflr.

Tout

cela

ell beau, tout cela ell noble; mais quand

!!lle vient

a

dire immédiatement apres:

Pui{qtte vous le voulez, .foyez

ma

crénttlre;

Et 'me lai(

Jimt

en reine o1·donner de vos v a:11x,

Portez-les

ju.fi¡

tt'tl mui, paree q11e je

le

vmx.

Ces trois derniers vers font íi

foblimes,

& élevent·

!'ame

fi

haur, que les autres vers tour

grnQtls

qu'ils.

font, paroiflent perdre de leur beauré; de tone qu'on

peur d!re que le

grand

difparoír

a

la víl'e

dufoblimt,

comme les allres difparoif!ent

a

la vue du l"oleil.

Cette dilférence du

grand

& du

ji1blime,

me

(em–

ble certaine; elle en dans la nature,

&

nous la fen–

tons . De donner des marques & des regles pour

faire cette dillinCiion, c'elt ce queje n'entreprendrai

pas

1