S E
N
Quand ('ame
n~
peut fe dérrQmper par les
fiJJ!
ex–
ternes de la non-exHlence des plíanromes que
lesft•u
internes
lui préfenrenr, comme éroir celui qui croyoir
avoir un nez de verre;
ceu~
qui fe perfuadenr trre
obligés de
fuivr~
re[
r~gimenr,
dans
l~idée
qu'ils
y
ont
éré engagés,
&
aurres chimeres; e'el!: daos ce cas une
efpece de manie, mal qui demande des remedes,
&
qui
y cede quelquefois. Qu iconque jerrera les yeux fur
les trilles etfcrs du dérangemenc de l'imagioacion, com–
prendra combien elle ett corporclle,
&
corubieo
e.íl:érroire la liaifon qu'il y a enrre les mouyemens
Yl–
taux
&
les mouvemens animaux.
La mémoire, qui eO:
le fouve.nir des chofes qui
ont fait des traces dans le cerveau, el!: un
.qua~rieme
fint inter11e,
li dépendanr des organeJ du corps, qu'–
elle fe forrifie,
&
s'affoiblir, felon
les chaogemens
qui arrivent
¡\
la rnachine . Ni la converfarion, ni la
connoilrance des cl¡ofes , ni )e fl!ntiment inrerne
de
notre propre exiO:enee ne peuvent réíider en nous
fans la mémoire , Wepfer parle d'un malade qui
avoi~
perdu les idées des
chol~s;
il
prenoir le manche pour
le
creu~
de la cueillere; il en a vu un
~urre
qui ne
pouvoit jamais fin ir fa phrafe, paree qu'il perdoit
d'abord la mémoire du commer¡cemenr de fon idée.
ll
donne l'hilloire d'un croilieme, qui voyanc les
lec-
tres , oe pouvoic plus
l~s
épeler.
.
Un homme qui perdroic
couc~
mémoire, ne feroit
pas
m~me
un
~ere
¡1enfan[; car peuc-on penfer fans
elle ? Cela ne répugne point aux phénome¡¡es des
mal~dies
dans
lelquelles nous voyons
les
rnal~des
iaire pluijeurs aétions , done ils n'orn aucune réminif,
ceoee , lorfqu'ils fonr rérablis; or ce! aélions que
!'ame fait fans connoiOance, fans jugement, doivent
~tr~
rangées parmi les mouvemens aucomatiques qui
re rrouven c parcou c pour conferver la machine.
M.
Jeao le Clerc
li
conou dans la république des letcre!,
~
frere de M. Daniel le Clerc non rnoins célebre par
fon
hij/JJire
de
la
Médeci11e,
a écric que la fievre fuffi–
foit ,pour boul ever(er
cou~es
les rraces des images dans
le
cervc~u,
&
caufer un oubli univerfel;
il
a
éré lui–
m~me
un trille exemple
de
cecee yérité;
apr~s
une pe–
tire fievre de deux ou trois jours, il comba dans l'ou.
bli total de com ce qu'il avoit jamais fai c
&
fu; l'en–
fance
&
l'imbéci llité tuccéderenr: le favanc ne fue plu!
qu'un objer de pitié)
Toucidide raeonre que dans la pelle d'Afrique, plu.
lieurs perfonnes perdireor encieren¡ent
la mémoire ,
Mais ¡ous les jours la perre eje ce¡ce faculté n'eO:-elle
pas
dé¡.>endanc~
el
u
fomrncil, du vin, de l'a poplexie,
de la chaleur excetljve? Re pui!, elle fe récahlit avec
le cen¡s par des ren¡edes convenables. Enfin l'hydro.
cép)lale, la molleije aquetife du cerveau, roures d&
généracions de cecee parrie , une chl1te, un ulcere
rrPp toe fermé, ces caufes
~
plu(ieurs
a
ueres, fonr
perdre
1~
mémoire , fu ivant l'obf'ervacion
de
cous les
auceurs. Cepeotbnt pn ifqu'elle reviene
a
u
(Ji
rnéchani–
C)uement qu'elle fe difiipe, elle apparcient done au
corps, elle el!: done prefque corporelle . Mais alors
quel le place innnirnent petire, tiene la mémoire clans
le
fi!!forír¡m fOI!!n/lllle
f
Cecee
e~iliré
infinie etfrayera
l'in¡aginar.ion <le ceux qui calculeronc les millions de
mues
1
de faics , de dates, de ehofes différenres
1
exi–
fianc~s
dan$
le eerveau de ces hornmes done parle
Bai llet,
li
fameux par. leur mémoire,
&
qui fern–
bloienr ne rien ou()lier , Tant de chofes réfidoienr
done dans )a moele du cerveau
de
ces gens.!
a,
&
ne
l'occupoient pasme!me rouce enriere? Que cecee facul–
té eO: immepfe,
&
queJon domicile etl: réellement
borné)
·
On fait bien des queO:ions infolubles fur les
Jent
internen
en yoici quclques.unes qu'il
f~mble
qu'on
peur réfopdre.
P.ourquoi les lignes corporels qui n'onc rien que d'ar–
birraire, atfeélenc..ils,
ch~ngenc-ils
Ji
torr
les idées?
}J f~J.Joica
['hO!I)rT)e Un gra!Ja nombre de ter!I)CS pour
exp.rrm.erla foule de fes rdées; ces termes qqi font
arbrrra,res
1
devrennenc tellement f.1miliers par l'habi–
tude o
u
l'on en de les prononcer' qu'on ne fe (ouvienr
pas davancage le plus fouvent des idées memes des
thofes , que des
rerm~s
qui fonc des caraéleres
expr~f
lifs de ces rdées;
&
les mor
&
ces i<ft<es font
ti
inti–
mernenc
li~s
enlernhle, que l'idée ne reyienrpoint fans
foA expreaion_. ni le mor fans l'idée. D'airreurs, en
penfant nous lommes moins occupés des mors que des
chofes,
p~rce
qu'il
~IJ
coOre
a
l'imaginacion pour rrou–
ver des idées cornplexes
1
au lieu que les mocs limpies
&
faciles,
fe
préCenrcnc d'eux.mernes.
D'ou vienr que l'accenrion, l'imaginatiQil fufpen.
S E N
deot t•aaion des
fi¡;t
excernes
&
les mouvemens du
.corps
1
Paree qu'alors rien ne ditlrayant les
fin;
ex–
ternes , l'imaginacion en el!: plus vive
&
la
ruémoire
plus heJJreuíe, Ceux qui fonr devenus aveugles , tone
.for~
propres
a
combiner
a
la fois un grand' nombre
d'idées ,
Pourquoi eO:-on
f¡
foiblc lorfqu'on a trop long–
tems, ou forcement exercé les
Jm! inte)'nul
Paree
qu'il s' et1 faic une tres-grande conlornmacion des cf–
prits dJJ cerveau;
&
par la méme raifon, couce
les
parries du corps humain rrop long-cems tendues, fe
fariguenr ,
Pourguoi les alimens, les boilrons, les médrcarnens,
les poifons, les pa(Jions, le repos, le mouvemenr,
l'air, le chaud , le froid,
l'habi~ude,
pourquoi, dis-je,
roures ces chofes onc-elles ranr de pouvoir tur cous
les
fim
t
Parce qu'ils Mpendenr du bon érac, ou
du
mauvais écar des organes du corps, Tour
1~
jufiifie,
l'éducacior¡, les rnceurs, les
lois , les climacs, les
breuvages, les rnaladies, les aveul' de foibleiles
&
de
pai!ions qu'on .fair aux médecins
&
aux ¡:onfefleurs,
)es remedes, les poifons,
&c.
Tour indi<Jue l'empire
de ce corps cerreO:re; couc confirme
l'efclavage,
l'obfcurciírem.enc de cene ame qui deuoir luí com–
m~nder ,
Efl-.ce'¡,)
ce
r11yo'! de
l'effon~e
ji1premt
011e
J'on
nQ//t pemt
ji
1111/1/IJe/IX!
lfl-(e
la
cet
i.fpril jilrviv11nt
¡)
lui-m¡mef
Hélas! on ne reconnolt plus fa fpirirualicé au milieu
du cumulre des appécits corporels, du feu des paf–
lions, du dérangement de l'économie animule. Quel
flamb eau .p our nous condnire, que celui qui s'écclllt
a
<'naque pas!
(Le c!Jeva/ier
DE ] .AvCOVRT. )
S,ENS ( LE BON ) ,
Gour
(LE
BON ) , (
Bellu-Lettru . )
le
bon
fl.11!
&
le
bon goz1t,
ne font qu'un" mt'me
chofe, a les confidérer du coré de la fa culeé. Le
bon
ftnt
el!: une cerraine droirure d'ame qui voit le vrai,
le juO:¡:
&
s'y attache; le
bon gotlt
eO: cene meme
droicure, par laquelle l'ame
voic
le bon
&
l'approu–
ve. La diiTérence de ces deux chofes ne fe tiene que
du cocé des objecs. On rctl:rainr ordinairemem le
bon
fll)t
aux chofes plus feníibles ,
&
le
bon gotlt
a
des ob–
jecs plus fins
&
plus relevés. Ainti le
bonlgoút,
pri'
d:tns
cec~e
ídée, n'eO: auere chofe que le
bo11 /(tu,
rafliué
&
exercé fur des objers délícacs
&
relevés ;
&
le
bon
jCIJt
n'ell: que le
bo1s gotlt,
reRraint aux ob–
jecs plus fenfibles
&
plus macériels . Le vrai el!: l'ob–
¡et du go6t, aum-bien que le bon;
&
l'efprit
a
fon
goOc, au(Ji-bien que le creur.
(D . '}.)
SE S,
(
Gtotr. mod.)
en latin
Agmdicum, Ageti–
neum,
.t1ge1Jniac11111;
vil le de France en Champagne ,
capicale an Sénonois, au confluenr de I'Yonne
&
de
la Vanne,
a
nlieues au nord d'Auxerre,
~
13
au cou–
chant de Troyes,
&
a
2.\'
au fud-efi de. Paris.
Cecre ville aurrefois ca pica le du peuple Sénonois,
fort peuplée
&
connue des Romains, el!: aujourd'hui
affez chétive,
&
concienr
a
peine dans rouce Ion écen–
due lix mil le habicans . lis ne purent arrerer les pro-·
gres des conqueres de Céfar dans les Gaules,
&
fe
rrouverenr mal de leur révolte contre ce "enéral;
mais l'empcreur Julien n'écanc encore que céra'r, fou–
tint avec fucces un fiege dans cecre ville conrre les
Gerrnains . Tolltes les
anciquiré~
de
Smt
fe bornent
aujourd'hui
¡¡
quelques monnoies de Charlemagne
&
de fa poO:ériré, qur
onc
écé baccues
a
Sms .
Ver~
l'an
940
elle écoi c nu pouvoir de 1-lugues le
grand, duc de France . En
10 1 \'
le roi Robert prit
ce
ere
ville,
&
la réunit
ii
la couronne.
L'archcv~ché
de
Stllf
fue érigé, felon M. de Marca, vers
l'~ n
38o;
fon
~rchev~que
prend le cirre de
primat du Gaulu,
mais la primarie el!: derneurée provJfionnellement
il.
l'archev~que
de Lyon . Celui de
Sent
n'a poor futfra–
aans
a uels que les
év~qoes
de Troyes, d'Auxerre
&
~e
eycrs:
il
avoir encore aucrefois les
év~ques
de
Paris, de Charrres, de Meaux
~
d'Ocléans. Son ar–
chev~ché
vaut au moins
70000
livres de revenu,
&
Con
dincefe
el!:
d'une
gr~nde
étendue; car il renferme
fuivant le Pouillé ,
766
cures, tane féculieres que ré–
gulieres;
2.6
abbaycs, tant d'hommes que de filies ;
&
u
chapirres, fans
~omprer
celui de la I)'Jérropole, done
l'églife
a
quelqurs privileges
~ar~iculiers.
.
J,..e chapicre de
Sens
a une
brbllorheque qor renfer–
rne quelques manufcrics,
&
en.rr•aucr~s l'~riginal
d.e
l'ancien office des Fous, rel qu'rl fe chancOJc aurrefo1s
dans l'églife de
Sens .
C'ell: on
i11-(olio
long écroit, écrit
en Jemes alrez menaes,
&
couverr d'ivoire fculpcé:
on
,